Bleau, les Calanques, n'y venez pas c'est sale et surpeuplé !

Lors de la création du site de la TL2B, en 2009, nous avons très longuement plaidé CONTRE la création d’un Parc National à Fontainebleau et la politique du développement du tourisme dans le département. Grand bien nous en a pris ! En effet, parmi nos arguments, il y avait le surcroît de fréquentation qu’entraine inévitablement ce type de label très attractif touristiquement et à nos yeux, totalement incompatible avec la protection d’un milieu fragile et périurbain. C’est aussi ce qui nous pousse à réaffirmer notre opposition au classement de notre belle forêt au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour celles et ceux qui douterait encore des conséquences de tels classements, revenons sur le cas du Parc National des Calanques créé dans la douleur en 2012. En 9 ans, sa fréquentation a été multiplié par 3 passant d’un à trois millions de visiteurs par an dont 70% sont des habitants de la métropole d’Aix-Provence ! Un chiffre qui ne va pas sans conséquence pour la faune, la flore mais aussi les usagers eux-mêmes et qui contraint le PNC à revoir sa stratégie de communication pour tenter d'infléchir cette tendance. 

Calanques de Marseille et plage surpeuplée
La réalité des Calanques de Marseille est souvent bien loin de l'image de carte postale
C'était déjà invivable avant la création du Parc national comme ici en mai 2013

A la sortie du premier confinement, alors que les déplacements se limitaient encore à une poignée de kilomètres, la fréquentation de la forêt de Fontainebleau a explosé contraignant les autorités à fermer les parking et contrôler les routes aux abords des principaux secteurs des Trois Pignons mais aussi de Franchard et Apremont. Sur les départementales, il fallait chaque week-end rouler plusieurs kilomètres pour trouver une place de stationnement en bord de route. Avec ces nouveaux visiteurs en provenance de toute l’ile de France attiré par de nombreux articles du web aux titres plus racoleur les uns que les autres, les déchets se sont multipliés comme des petits pains et l’érosion parfois gravement accélérée. 

C’est ce que vivent dès les beaux jours les riverains des Calanques de Marseille. L’été dernier, les calanques de Sormiou ou Envau ont même atteint des pics à 3.000 visiteurs par jour et 2,3 baigneurs par mètre carré de plage. Deux fois plus que l’année précédente. Outre l’érosion, les plages et leurs abords sont vite devenues de véritable déchèteries ! Et là encore, se sont les amoureux du site, les bénévoles de toujours, qui se sont lancés dans le nettoyage. Ainsi, le Collectif My Calanques ont eu tôt fait de ramasser plus d’une tonne de déchets en seulement 2 heures. 

Le vrai visage des Calanques, c'est plutôt ça
Le vrai visage des Calanques, c'est plutôt ça : une petite plage bondée, bruyante et souvent sale !



Alors, pour limiter l’afflux de visiteurs l’été prochain, le Parc National des Calanques a opté pour une stratégie de "démarketing" c’est-à-dire une promotion plus « négative » visant à montrer Les Calanques sous leur vraie visage estivale ! Ainsi, sur leur site internet, à la rubrique "baignade", on tombe désormais sur des clichés de plages bondées, accompagnés de messages volontairement peu flatteurs : "eau froide", "accès difficile", "pour éviter la foule, privilégiez l’automne ou l’hiver". 

"L’objectif n'est pas de dégouter les gens mais de les informer sur la réalité. A long terme, nous espérons voir la fréquentation se stabiliser puis descendre", se justifie Zacharie Bruyas, en charge de la communication auprès de France 3 Région. 



Et là encore, les réseaux sociaux sont dans le viseur ! Rappelez-vous notre long article “Do it for the gram” où nous expliquions comment lorsqu’un spot touristique devient une star d’Instagram il est très rapidement sur fréquenté au point parfois de mettre en péril son existence ! Sur les publications Instagram, les Calanques prennent des allures de paradis sur terre. Mais l'image est souvent plus proche de la fiction ! Trouver un petit coin de paradis en plein été dans les Calanques n'est vraiment pas chose  aisée.

"C’est une vision idéalisée qui fait croire qu’on est seul à la plage. Le selfie en cadre serré ne dit pas que l’accès est difficile et qu’il a fallu marcher des heures sur un terrain parfois technique", alerte Zacharie Bruyas. "Cela peut provoquer des accidents car certains ne sont pas prêts pour cette aventure", poursuit-il. Là aussi, certains influenceurs un brin hypocrites puisqu’ils contribuent grandement à cette promotion ont quand même arrêté de géolocaliser leur prises de vue avec le hastag « Mon geste à moi pour les calanque ». 

Un plan serré et nous voilà avec une vision paradisiaque des Calanques !
Un plan serré et nous voilà avec une vision paradisiaque des Calanques !
La foule est à moins de 100 m... 


Du coup, et comme il y a peu de chance que la communication du PNC suffise à inverser la tendance, Didier Réault, président du parc, dans une interview pour Le Monde affirmait vouloir rendre « l’accès [aux Calanques] plus difficile. L’expérience calanques doit se mériter ». L’occasion aussi d’étudier, comme à l’étranger, un accès payant au Parc ! "Mais pour l’instant, rassurez-vous, ce n’est pas dans la philosophie des parcs français. Peut-être en revanche mettre en place des permis de visite ?", suggère M. Bruyas à France 3 Région.  Voilà qui n'est pas sans rappeler une certaine polémique à propos de l'accès au Prè de Madame Carle ou 



Bref, c’est là que l’on se dit que l’on avait raison de s’opposer à la création d’un Parc National à Fontainebleau quitte à ne pas être dans le politiquement correct local et d’en subir parfois les conséquences dans nos relations avec les élus et leurs représentants ou l’office de tourisme.

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