Parc National à FontaineBleau ? On dit NON

La loi d'avril 2006 a réformé les bases législatives et réglementaires des parcs nationaux. Elle a imposé 2 grandes nouveautés : la modification du décret de création pour les parcs existants et la mise en place d'une charte. Pour comprendre ces changements et pourquoi, beaucoup s’opposent à ce statut à priori très protecteur, il faut prendre le temps (beaucoup) de lire les textes et règlements ainsi que remontés des parcs actuels. Vous trouverez donc sur notre site, de nombreux éléments sur les PN et notamment les référentiels juridiques. Les liens se trouvent en bas de cette page.

L'ensemble des associations d'usagers de la forêt (grimpeurs, marcheurs, VTTistes, équestres...) s'accordent à dire que la Forêt de Fontainebleau est une des plus belles au monde et que sa richesse (faune, flore, patrimoine...) mérite une surveillance particulière.
Pour résumer sans pour autant se taper la lecture des nombreux textes et rapports, voici quelques éléments de base. Ils complètent les différents articles publiés sur ce blog qui sont regroupés sous la rubrique : "débat autour d'un Parc national à Fontainebleau" (11 articles en juillet 2011)

Les Parcs et projets de Parcs nationaux français :

Parcs nationaux français créés sur la loi 1960

Le classement UNESCO des Causses
PN des Cévennes (1967)
Départements : Lozère (48), Gard (30) et Ardèche (07)
Cœur du PN : 93 500 ha
Aire optimale d’adhésion : 278 500 ha
Habitants permanents : 76 000 dans l’aire d’adhésion
PN des Ecrins (1973)
Départements : Isère (38), Gard (30) et Hautes-Alpes (05)
Cœur du PN : 91 800 ha
Aire optimale d’adhésion : 178 400 ha, 61 communes
Habitants permanents : 30 000 dans l’aire d’adhésion, 3 dans le cœur


PN du Mercantour (1979)
Départements : Alpes – Maritimes (06) et Alpes de Hautes-Provence (04)
Cœur du PN : 68 500 ha,
Aire optimale d’adhésion : 146 000 ha, 28 communes
Habitants permanents : 17 700 dans l’aire d’adhésion


PN des Pyrénées (1970)
Départements Pyrénées Atlantiques (64) et Hautes-Pyrénées (65)
Cœur du PN : 450 700 ha,
Aire optimale d’adhésion : 206 300 ha, 86 communes
Habitants permanents : 40 000 dans l’aire d’adhésion

PN de la Vanoise (1963)
Départements : Savoie (73)
Cœur du PN : 53 500 ha,
Aire optimale d’adhésion : 146 500 ha, 29 communes
Habitants permanents : 40 000 dans l’aire d’adhésion

PN national marin de Port-Cros (1963)
Départements : Var (83) Ile d’Hières
Cœur du PN : 700 ha sur terre, 1 300 en mer
Espaces protégés complémentaires : ile de Porquerolles ( 1 000 ha), domaine du Cap Lardier (325 ha), Presqu’ile de Giens (100 ha) et les salins d’Hyères (900 ha)
Habitants permanents : 38 dans le cœur



Parcs nationaux d’outre mer

PN de la Guadeloupe (1989)
Département : Guadeloupe (971)
Cœur du PN : 21 850 ha,
Aire optimale d’adhésion : 94 065 ha, 21 communes
Aire maritime adjacente protégée : 130 800 ha
PN de l’île de la Réunion
Département : Réunion (974)
Cœur du PN : 105 447 ha,
Aire optimale d’adhésion : 87 800 ha,
Habitants permanents : 800 dans le cœur du parc



PN Amazonien de Guyane
Département : Guyane (973)
Cœur du PN : 2 030 000 ha,
Aire optimale d’adhésion : 1 400 000 ha,
Habitants permanents : 8 000



Le projet Marseillais :

Départements : Bouches-du-Rhône (13), Var (83)
Cœur du PN : 11 200 ha, (en négociation) et 78 000 ha en mer
Aire optimale d’adhésion : 34 000 ha, 13 communes sur terre et 145 000 ha en mer
Habitants permanents de Marseille: 1 300 000 dans l’aire d’adhésion


Les chiffres parlent d’eux même mais en l’écrivant c’est plus criant, le PN de Marseille c’est :
- Une zone cœur terrestre 5 à 200 fois plus petite (moyenne 10 fois plus petite) que les PN français traditionnels,
- Une zone d’adhésion 5 à 150 fois moins étendue,
- Une pression humaine 100 à 400 fois plus importante !
- Sans parler de la zone maritime 60 fois supérieure aux précédentes
- Une procédure de classement en PN qui dure depuis 10 ans

Le Conseil National de Protection de la Nature a refusé les deux premières versions mais il sera consacré au Printemps 2012 !


A titre de comparaison, voici quelques chiffres sur le Massif de Fontainebleau, forêt et environs.


La Réserve Man and Biosphère du Pays de Fontainebleau (UNESCO) en 2008 c’est :
- Départements : Essonne (91) et Seine et Marne (77)
- 108 000 ha, 88 communes, 204 000 habitants permanents, 15 000 000 de visites/an

o Dont à l’ouest 64 communes pour 100 500 habitants sur 72 300 ha dont 65 300 ruraux et agricoles, soutenu par le PNR du Gâtinais Français
o Au centre Fontainebleau et la forêt domaniale couvrant 26 000 ha soutenu par de nombreux statuts (RBI, RBD, Natura 2000, ZNIEFF, Forêt de protection…)
o A l’est, 24 communes pour 103 400 habitants sur une surface de 36 2300 ha dont 30 500 sont cultivés ou boisés !

Nous le disons depuis longtemps, du fait de l’exiguïté du territoire à protéger et de sa situation aux portes de la capitale (65 km), mettre en place une structure de type Parc National à Fontainebleau est inopportun et inutile.

Faire rentrer un espace aussi atypique dans le cadre législatif assez rigide des parcs nationaux c’est dénaturer un outil de protection qui a fait ses preuves sur des territoires adaptés.
Les PN, avant la Loi de 2006, ont permis la protection efficace d’un milieu naturelle sauvage en canalisant le flot de visiteurs sur certains sites moins fragiles. A Fontainebleau, c’est impossible et le massif n’a déjà plus rien de naturel et sauvage.
Un PN a pour objectif de « protéger les paysages, la biodiversité et le patrimoine culturel tout en soutenant des activités économiques respectueuses de l’environnement, qu’elles soient traditionnelles ou innovantes. »

Nous proposons de remettre l’église au centre du village, c'est-à-dire de redonner à l’homme sa place dans la préservation active de la nature. Une place qui a permis à la Forêt de Fontainebleau de se développer et de se maintenir au fil des siècles comme le prouve son histoire.
L’objectif pour la protection du Pays de Fontainebleau serait donc : « de permettre et soutenir les activités traditionnelles ou innovantes respectueuses de l’environnement, et de maintenir le patrimoine culturel lié à ces activités tout en protégeant les paysages et la biodiversité du Pays de Fontainebleau ».
Le contenu est certes le même mais l’inversion des priorités introduit une nuance de taille en redonnant aux habitants leur véritable place dans la sauvegarde et la protection du site !

Bien sûr il faudra une réglementation, et même des interdictions, mais toujours limitées dans l’espace et dans le temps et dont les conséquences, sur les activités de loisirs de pleine nature à faible impact sur l’environnement se devront d’être minimisées.
Un Parc National à Fontainebleau c'est :

- un projet qui ne garanti pas la préservation du Pays de Fontainebleau dans son ensemble (périmètre volontairement limité par M. Valletoux aux réserves biologiques actuelles pour le "coeur" et à la domaniale de Fontainebleau) tout en accroissant d'avantage la pression touristique sur les milieux fragiles situés en dehors de la forêt domaniale.
- un outil qui veut revenir sur la protection d’espaces déjà protégés par des réglementations nationales, européennes et internationales (Natura 2000, Réserves MAB...)
- la quasi certitude selon le rapport du CREDOC établi à demande de la Fédération des Parcs Nationaux, d'une forte inflation de l'immobilier local et d'une profonde modification du tissu socio-économique local, (les plus pauvres et les agriculteurs en seront les premières victimes)
- la promesse purement électoraliste et intenable de toucher d'importantes subventions nécessaires au fonctionnement du parc et aux travaux routiers alors même qu'Euro Par et l’Etat nous disent qu'elles sont en forte réduction (-20 à -50% selon les pays).
- de nouvelles injustices, interdictions et contraintes (y compris financières) pour les usagers et riverains (moins d'espaces libres d'accès, moins de pratiques sportives autorisées, maintien de la chasse à courre et exploitation forestière...)
- la promesse d'un commerce juteux pour ceux qui pourront négocier le droit d'exploiter le label PN (qui est une marque commerciale déposée à l'INPI),
- et une atteinte à l'image des plus vieux parcs nationaux français que la Loi protégeait jusque là des spéculations immobilières (accès privatisés et payants aux sites de loisirs, constructions d'infrastructures d'hébergement...)
La création d'un Parc National à Fontainebleau au sens de la Loi de 2006 n'est donc "ni utile, ni souhaitable, ni faisable".

Carrière aux environs de Nemours
Source blog ami
Juridiquement rien ne s'y oppose. Restreindre la zone centrale à un petit ensemble de réserves biologiques sans continuité c'est "faisable" mais sans intérêt car cela n'apporte aucune protection supplémentaire et aucune continuité dans les espaces. A l'inverse, étendre ces zones, comme ce fut essayer à Franchard en 2001, c'est priver les usagers d'encore un peu plus d'espace (un quart à un tiers de la surface) tout en sachant que les réserves biologiques intégrales appauvrissent la biodiversité par colonisation des espèces les plus fortes comme le soulignait déjà en 2003 des membres du Comité scientifique de surveillance des Réserves Biologiques. Pire, les 17 millions de visites qui se font dans la forêt seraient alors concentrées sur un petit territoire, fortement aménagé et soumis à de très fortes pressions humaines.
Ce n'est pas "souhaitable" car, pour arriver à faire un parc digne de ce label, il faudrait faire d'énormes travaux (notamment pour réduire ou détourner le trafic routier) qui, outre les perturbations qu'ils entraîneront, ne manqueront pas de reporter le problème ailleurs. Ailleurs, c'est soit vers le nord est de Melun et Fontainebleau, soit en Essonne, à l'ouest et au sud du massif dans des zones, elles aussi, de grand intérêt. 
Toutefois, nous sommes bien d'accord, il faut faire quelque chose !

Nul besoin d'inventer un énième statut pour cela ! Commençons par donner au gestionnaire de la forêt les moyens d'accomplir sa mission d'accueil du public dans une forêt récréative. Plus de moyens, c'est plus de crédits en sortant d'une logique de rentabilité et d'exploitation sylvicole. Plus de moyens, c'est plus d'hommes et de femmes sur le terrain pour faire appliquer les réglementations existantes. Plus de moyens, c'est aussi soutenir les associations locales qui depuis plus d'un siècle luttent bénévolement pour la sauvegarde des sites et de leur patrimoine, luttent contre l'érosion et la pollution. Enfin, plus de moyens, c'est promouvoir Bleau, sa réserve MAB et organiser l'accueil des visiteurs, leur séjour, leur hébergement... Tout en dynamisant le tissu économique local. Bref, il y a des choses à faire, sans aller chercher très loin et attendre 2020 !
Un Parc National ne souffre pas de compromis hors c’est bien cela que la loi organise en confiant la gouvernance aux élus. D’ailleurs, dès le début des débats, on nous a parlé de compromis, de très gros compromis au détriment d'une réelle protection de l'environnement !

Depuis des années, des associations comme le Cosiroc (Comité de défense des sites et rochers d'escalade de France), l'AAFF (Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau)... se battent pour sa sauvegarde. C'est à leurs combats contre la privatisation (notamment dans les Trois Pignons, le Golfe de Larchant, le massif de Buthiers, les bois de l'Essonne...) que l'on doit l'obtention de nombreux classements, le choix de divers statuts comme celui de la forêt de protection et le classement en réserve Man & Biosphère de l'UNESCO.

En 2011, Bleau est une des forêts de France qui cumule le plus de statuts et projets adoptés pour sa sauvegarde (réserves biologiques, classement Loi 1960, zone natura 2000, ZNIEFF, forêt de protection, Parc naturel régional du Gâtinais, réserve M&B de l'UNESCO, projet de label "patrimoine"...) !
Appliqués à 100%, l'ensemble de ces textes garantissent un très haut niveau de protection. Encore faut il que l'Etat dote le gestionnaire de cet espace (l'Office National des Forêts) de moyens conséquents pour les faire appliquer.

Citons ici un exemple d'actualité : la parcelle privée des Rochers de la Ségognole (Trois Pignons, sur la commune de Noisy-sur-Ecole) qui abritent de magnifiques rochers et trois circuits d'escalade était en vente depuis plusieurs mois fin 2010 (38 000 € négociables pour 7 000 m² de bois inconstructibles et classés). Le Cosiroc a alerté l'ONF mais l'Office n'avait pas les moyens d'acheter cette parcelle dans l'urgence !

Il faut dire que l'ONF dépend du ministère de l'Agriculture et non de l'Environnement. Cela signifie que sa vocation première est de produire du bois (rentabilité) et non de les protéger... C'est donc le Club Alpin Français qui a du se porter acquéreur pour soustraire ces 7 ha à l'appétit des promoteurs.

Bleau reçoit chaque année plus de 17 millions de visites !
Nous sommes situés à 60 km de la capitale et à quelques minutes de très grosses agglomérations (Melun, Evry, Corbeil...). C'est pour tous ces visiteurs  urbains l'un des rares espaces de liberté et de verdure encore libre d'accès et gratuit. Fontainebleau, c'est le poumon vert de l'Île-de-France.
Le débat autour du choix du statut de parc national à Fontainebleau n'a rien de nouveau.

 Il est relancé très régulièrement soit pas des politiques à des fins électoralistes (défendre la nature c'est plutôt vendeur), soit les lobbies naturalistes qui réclament une meilleure protection. Je ne donne pas tord aux derniers mais j'y mets quelques conditions. La première d'entre elle est que cette protection se fasse dans le respect des hommes et des femmes qui viennent ici depuis des siècles en évitant la mise sous cloche de la forêt.
 



Sur ce point, le maire de Fontainebleau semble de plus en plus d'accord comme on peut le lire dans les nombreux communiqués de presse parus entre janvier et février 2011. Mais d'une part il soutient que le statut de Parc National serait la meilleure solution pour accroître la protection de notre terrain de jeux, et d'autre parte part, il affirme que ce statut va permettre de résoudre les principaux problèmes rencontrés jusqu'ici : hyper-fréquentation, intense trafic routier, coexistence des divers statuts...
Là, soit il s'agit des promesses intenables d'un homme politique, soit, d'une méconnaissance totale des textes et budgets de l'Etat.
  
Le rapport du Comité de Pilotage qu'il a lancé en janvier 2010 a été transmis le 07/02/2011 à Madame la Ministre. Malgré ses 200 pages, c'est une vaste coquille vide ! Une promesse démagogique basée sur des conditionnels, des suppositions et de petits mensonges par omission...

Comment peut - on réclamer la création d'un Parc National à Fontainebleau tout en  reconnaissant que l'outil n'est pas adapté et qu'il est encore à inventer ?!


Comment peut - on attendre une sauvegarde efficace de l'environnement sur la simple supposition qu'une fois accordé, le label PN entraînera un changement de comportements chez des visiteurs occasionnels ?!

Comment peut - on prétendre qu'un Parc National changera quelque chose alors que son financement n'est pas assuré, que des dérogations sont déjà attendues pour permettre l'intense circulation routière et l'expansion économique d'une ville de 40 000 habitants ?

Autant de questions dont les réponses ne se trouvent pas dans les textes mais qui remettent à elles déjà en cause le choix d'un tel statut.
 

Contrairement à ce qu'affirme le rapport de ce Comité de pilotage (16 pages, pdf, sans les annexes), la volonté du Ministère est bien de réduire l'accès à différents sites de la forêt (et c'est normale dans un PN). Le Maire de Fontainebleau nous promet qu'il souhaite que ces interdictions se limitent aux seules Réserves Biologiques. Bien. Mais dans cette hypothèse, qu'apporte le statut de PN par rapport à ce qui existe déjà ? Rien ! (voir la page consacrée aux différents textes qui s'applique à Bleau sur notre site). Si, peut être que les RB Dirigées deviendront Intégrales (ce qui interdit toute circulation autre que scientifique). C’est aussi bien mal connaître le texte et son application. Les référentiels juridiques de certains PN actuel montrent très bien que le cœur et la zone d’adhésion sont considérés comme un tout. Ainsi, sur cette base, certains ont interdit toutes les manifestations sportive y compris dans l’aire d’adhésion (Exemple ici)
Mais franchement, le problème n'est pas là !

Le problème c'est le trafic routier (50 à 80 000 véhicules par jour) et la pollution (y compris sonore) qu'il engendre. Avant d'expulser chasseurs, grimpeurs, randonneurs, etc. peut-on s'attaquer au contournement routier de ce joyau mondial de la nature ?!!!

 
Les français le savent bien, les finances de l'Etat ne sont pas au mieux et financer les travaux routiers évoqués par le Maire de Fontainebleau lui sera très difficile. Regardez le long des routes que vous empruntez combien coûte la création d'un modeste rond point ou d'un tunnel et faites le calcul du montant qu'il conviendra d'investir pour détourner le trafic généré par ne serait-ce que par l'ex nationale 7 ! Et François Letourneux, président de l'UICN France d'aller plus loin dans la dépense : "Pourquoi ne pas réduire le nombre de voies, les couvrir ou dévier le trafic ?" (In Le Monde pour Direct Matin le 15 février 2011). Frédéric Valletoux, Maire UMP de Fontainebleau complète dans le même article : "Ces projets sont coûteux, mais l'on ne peut plus faire l'autruche aujourd'hui, le statu quo n'est plus possible !"
Là, c'est un peu le serpent qui se mord la queue ! Il faut détourner le trafic routier en périphérie mais c'est en périphérie que l'on veut exploiter le touriste. On veut canaliser une fréquentation déjà trop forte mais jusqu’ici diluée sur un vaste territoire tout en réduisant ce territoire et en augmentant l'attraction touristique de notre forêt... On est en droit de se poser des questions sur l'intérêt d'un tel Parc qui augmenterait immanquablement la fréquentation sur des sites tout autant fragiles car de même nature géologique, faunistique et floristique !

Bref, faire de la Forêt de Fontainebleau un Parc National (version Loi 2006) sans résoudre avant les problèmes, c'est porter atteinte à l'image des autres parcs nationaux (créé avant 2006). C'est aussi mettre en place un Label touristique attractif qui ne manquerait pas d'attirer plus de visiteurs augmentant encore la pression sur le peu d'espace restant accessible. Mais bien entendu, cela favoriserait un commerce juteux dans des communes en difficulté et qui ne savent pas comment récupérer la manne de toutes ces visites aujourd'hui gratuites ! 




Certains m'ont répondu que l'intérêt du PN est d'attirer des subventions notamment de l'Europe pour financer ces travaux. Bien. Mais les finances de l'Europe ne sont pas extensibles. D'ailleurs, Jean Pierre Giran, Président de la section française d'Europarc, lors de l'Assemblée Générale de l'association (29/09 au 03/10/2010) est intervenu pour alerter sur les incohérences entre l’accroissement des espaces à protéger, les actions à mettre en œuvre sollicités par de nombreux pays d'Europe avec les importantes restrictions budgétaires annoncées qui oscillent entre 20 et 50 % selon les pays. Dans ce cas, faire de Fontainebleau, un Parc National sans moyen d'atteindre ses objectifs, c'est porter atteinte à l'image des espaces actuellement bien protégés par l'ancien statut des PN.

En matière de financement, d'autres solutions sont envisagées :
- la privatisation des accès à la forêt et ses équipements (ce qui est en cours dans le Parc National de la Réunion où l'accès au Piton sera bientôt exploité par une société commerciale),
- l'exploitation commerciale (à outrance) du label PN de Fontainebleau notamment dans la zone d'adhésion.
La liste des arguments en défaveur du label PN est bien trop longue pour que je les évoque tous ici. Vous avez compris l'idée. Encore un ?

Les Parcs Nationaux de France ont commandé fin 2007 au CREDOC une "Etude des retombées économiques et de la valeur des Parcs Nationaux" (à télécharger sur notre site).
En voici quelques extraits pour bien comprendre que la création d'un PN n'a plus comme à leurs débuts une vocation purement écologique mais bien un intérêt économique et qu'elle a aussi un impact sur les villes qui l'entourent qui n'est pas négligeable !

« Les établissements (nda notamment les GIP) sont donc confrontés à la nécessité de convaincre les communes d’une part de la qualité de leur projet et d’autre part de l’intérêt de faire partie du territoire du parc. Pour cela il convient d’élaborer des argumentaires assis, autant que faire se peut, sur des études, des enquêtes et des expériences scientifiquement validées et de mettre en évidence la plus-value apportée par l’existence des parcs à leur territoire: retombées économiques (flux économiques, emplois…) mais aussi éléments de valeur et services écologiques. » (p.1 de la synthèse)


 
« L’évaluation des impôts et taxes prélevés sur l’activité économique imputable à un espace protégé peut rendre compte d’un « retour sur investissement » aux collectivités territoriales ou à l’Etat qui s’interrogent sur l’intérêt de subventionner un projet de valorisation économique de ce patrimoine. » (p.2 de la synthèse) 
« La présence du parc est souvent à l’origine d’une modification de la répartition des richesses dans la population locale (par exemple au profit des professions touristiques) et, parfois même, à des changements involontaires de la structure sociale : remplacement de la population rurale traditionnelle par des classes sociales favorisées, des résidents secondaires ou des retraités. » (p.4 de la synthèse) 
« ∙ retombées économiques indirectes, notamment la création d’emplois induits issus d’effets  multiplicateurs (services et commerces liés à la présence de certains seuils de population : médecins, coiffeurs, garagistes…). Parmi ces retombées, certaines sont indésirables, notamment la modification des prix du foncier qui conduit à des rentes de situation pour certains (maisons non ruinée au cœur d’un parc existant ou résidence juste en limite du parc) ou au contraire des manque à gagner (anciennes terres agricoles ou à construire gelées par l’espace protégé). (p .5)

Pour finir de se convaincre (si nécessaire) des difficultés liées au PN, voici quelques liens vers ceux et celles qui protestent, non sans raison, sur l’application de la loi de 2006 sur les territoires qu’ils ont contribué à valoriser et protéger !
L'application de cette nouvelle Loi 2006 ne va pas sans poser de problèmes :





L'application de cette loi s'est faite à travers les décrets de création de chacun des parcs.
Ce sont ces derniers définissent l'aire du Parc (le Parc, appelé « zone centrale ») et la réglementation spécifique qui s'y applique en matière des protection des animaux, de la végétation, des milieux et des ambiances naturelles, de chasse, d'activités agricoles, pastorales, forestières, commerciales, de circulation du public et de travaux.

Une « zone périphérique » entourant le Parc délimitait un périmètre d'intervention de l'établissement chargé du Parc pour l'aide au développement local.

La
loi n° 2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins réforme les fondements des parcs nationaux.
Un véritable statut est donné à la zone périphérique.
Renommée pour la circonstance « aire d'adhésion », elle devient partie intégrante du parc national, dans un esprit de solidarité et de complémentarité écologique et économique avec la zone centrale qui devient le cœur.
Nda : cela signifie bien qu’un PN est un tout ! Donc quand on interdit dans le cœur, on va aussi interdire en périphérie.

La gouvernance du parc est renforcée grâce à 4 dispositions :
- la composition du conseil d'administration évolue au profit d'une représentation majoritaire des élus et personnalités locales. Le conseil d'administration est impliqué dans la nomination du directeur ;
- un Conseil économique, social et culturel est institué ;
- une charte de protection, de mise en valeur des patrimoines et de développement durable est établie à l'issue d'un processus de concertation ;
- les communes décident librement d'adhérer à la charte et ainsi de faire partie - ou non - de l'aire d'adhésion du parc national.


Le site officiel des neuf Parcs Nationaux
En téléchargement dans cette rubrique, les documents institutionnels de Parc Nationaux de France.
Brochure "Les parcs nationaux à la française" :
Brochure "Les parcs nationaux, territoires de références" :
Contrat d'objectifs :
Rapport d'activité :

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