Faune, Flores, les richesses de Fontainebleau et de l’île de France

La halle de Milly
Si tant de gens viennent ici, c'est certainement pour de bonnes raisons ! 
Il y a la proximité de Paris et la possibilité de pratiquer de très nombreux loisirs de pleine nature dans un cadre tout a fait exceptionnel. 
Il y a aussi la richesse du patrimoine historique dont le Château de Fontainebleau, les sentiers Denecourt et Colinet ou Barbizon ne sont qu'une toute petite partie.
Mais il y a aussi et surtout un patrimoine faunistique et floristique tout a fait exceptionnel situé dans les derniers poumons verts autour d'espaces de plus en plus urbanisés.
Cette richesse est très menacée. Menacée par le temps qui passe, par l'impact de nos loisirs de pleine nature, par l'urbanisation, la pollution, le trafic routier qui l'accompagne, etc.



"Le monde intellectuel et scientifique s'est ému des agressions graves qui menacent notre massif et dont nous parlerons plus loin, si bien que l'Assemblée Nationale, dans sa séance du 24 février 1957, adoptait une proposition de résolution invitant le gouvernement à défendre activement la forêt de Fontainebleau contre les empiètements de toutes sortes (...) et à rendre à l'Administration Forestière tous les sites (...) qui ne sont pas absolument nécessaires aux autorités militaires." 

Monsieur Deisonnel qui fut le rapporteur de ce dossier à la Chambre des députés déclarait à propos de nos futaies : " Trésor inestimable, miraculeusement échappé à l'emprise des villes tentaculaires, paradis des campeurs, des randonneurs, des estivants, des alpinistes, des mycologues, des peintres et de tous les citadins affamés d'air pur, avides de détente, épris de beauté, la forêt de Fontainebleau devrait être érigée depuis longtemps en Parc National. Ce ne sont pas seulement les amis de la forêt de Fontainebleau qui nous y convient, mais l'étranger lui même qui nous presse de le faire. "

Vous découvrirez au travers des nombreuses pages et articles de de la TL²B une toute petite partie des ces richesses de l'Ile-de-France et de son joyau, la forêt de Fontainebleau. Parmi elles, les futaies, la flore et la faune sont ici tout a fait exceptionnelles pour de nombreuses raisons (nature des sols, influences climatiques liées à la position géographique...). 
Connaissez vous ces plantes et animaux protégés ?
Un petit tour dans nos pages devrait vous aider à en savoir un peu plus.

Greg Clouzeau, fondateur de la TL²B, est aussi photographe et partage sur son blog photographique dédié au Pays de Fontainebleau ses observations naturalistes. 



L'Île-de-France : plus verte de nature !

Parlons un peu de la Région Ile-de-France qui sert d'écrin au Pays de Fontainebleau. Ceux qui n'y habitent pas, ne voient souvent de notre région que l'image négative véhiculée par les médias, complétant une vision amalgamée d'une région fortement urbanisée à l'image de Paris et sa proche banlieue.

Vu de loin, on peine à croire que ce territoire compte quatre des Parcs Naturels Régionaux et près d'une quarantaine de réserves naturelles. Leur surface couvre même 14% de l'Ile-de-France ! Plus surprenant, les espaces naturels (y compris agricoles) occupent près de 80 % des terres franciliennes, les 12 millions de franciliens s'étant entassés dans les 20 % restant !


Les forêts, elles, couvrent près du quart de ces espaces naturelles. Mais l'urbanisation se poursuit et de 1982 à 1999 ces terres vierges de toute construction ont reculées de 1 700 ha par an en moyenne !




Carte des forêt d'ile-de-France
Source IFN (voir page cartes)

Conséquence directe, la biodiversité de notre paradis est mise à mal et reste assez méconnue en dehors de Fontainebleau où elle est étudiée de longue date.
En IDF, on a recensé 228 espèces d'oiseaux sur les 375 observables en France. On estime à 18 000 le nombre d'espèces d'insectes, à soixante celles des mammifères, à dix-sept le nombre de reptiles, 12 d'amphibiens...

Les Franciliens connaissaient Airparif (observatoire de la qualité de l'air) et Bruitparif (pollution sonore). Ils ont découvert Natureparif, la grande agence pour la nature et la biodiversité installée depuis le 30 juin 2008 rue de Grenelle dans le 7è arrondissement. Elle est chargée d'accompagnes les élus en informant les franciliens des lieux remarquables de la région et de leur état de santé.

Natureparif et son réseau suit la disparition de certaines espèces et va tenter de réduire leur nombre. Ainsi, peut être verra t'on revenir le saumon en Seine, les loutres dans la Bièvre ou le faucon pèlerin dans Paris. En favorisant la création de passages pour la faune reliant les anciennes grandes forêts aujourd'hui coupées par les routes, les populations devraient trouver de meilleures conditions pour leur reproduction dans les zones où elles sont en sous effectif. A l'inverse, de tels passages pourraient avoir de graves conséquences sur des populations aujourd'hui menacées comme notre brave écureuil roux chassé de la forêt de Sénart par son cousin gris. En plus, le tamia, d'origine coréenne, transporte avec lui un grand nombre de parasites tel que la tique. Certains individus peuvent paraît - il en porter jusqu'à 500 ! En Seine et Marne, les autorités, devant le nombre croissant de cas de maladie de Lyme, ont mis en place un important dispositif de veille sanitaire.


La forêt domaniale de Fontainebleau et des Trois pignons

En 1890, Bonnier fondait le Laboratoire de biologie végétale, en forêt de Fontainebleau, entre la gare de Fontainebleau - Avon et la tour Denecourt. A cette époque, on croisait en forêt botanistes, entomologistes, géologues... dont certains furent célèbres comme Cosson, Camus, Jeanpert, ou Cuvier...

Parmi les nombreuses associations naturalistes qui luttent pour une meilleure protection de la forêt, l'ANVL (Association des Naturalistes de la Vallée du Loing) compte sans doute parmi les plus importantes et écoutées par les pouvoirs publics. Elle a été fondée en 1913 et fête donc ces 100 ans (voir dans nos articles le programme). Ses travaux, menées par des chercheurs des laboratoires de la faculté d'Orsay et celui d'Avon, font autorité dans le milieu scientifique. C'est à eux que l'ont doit la grande majorité des études sur les RBI, les sols et le méso climat du massif. Toutefois, comme souvent avec les scientifiques, les mesures qu'ils proposent sont très radicales et trop restrictives pour les autres usagers de la forêt... ce qui ne manque jamais de déclencher quelques polémiques.

Le terrain d'étude de l'anvl, centré sur le massif de Fontainebleau, s'étend sur quatre régions (Ile-de-France, Bourgogne, Centre, Champagne-Ardenne) et cinq départements (77, 91, 89, 45, 10) avec, comme limites, à l'Est Romilly-sur-Seine, à l'Ouest la vallée de l'Essonne, au Sud les sources du Loing et au Nord l'agglomération melunaise.
En 1955, les naturalistes avaient dressé le portrait suivant de la forêt de Fontainebleau : 5 061 espèces végétales inventoriées dont plusieurs endémiques ou en dehors de leur aire de répartition géographique habituelle. Parmi ces plantes, on compte : 1 350 Phanérogames, 460 Muscinées, 2 616 Champignons, 675 Lichens et 500 Algues. Une flore si abondante et variée se doit d'être protégée.


La Flore :


Concernant les plantes, sur les 202 espèces protégées dans la région, 110 sont présentes à Fontainebleau et une douzaine ne le sont que sur ce site où elles sont souvent bien loin de leur aire de répartition habituelle comme l'ail jaune de méditerranée ou la très rare sabline à grande fleurs issue des montagnes !

Dans les végétaux inférieurs, outre la multitude d'algues, mousses et lichens, citons les champignons comme le Dryodons coralloide, le Dryodon cirrhatum ou le Phaeolus croceus.
Il y a aussi, à l'inverse, les plantes invasives...
ici le cerisier tardif
Cinq plantes bénéficient d'une protection à l'échelle nationale du fait de leur rareté. Il s'agit de la langue de serpent (ophioglossum vulgatum), de la boulette d'eau (pilulania globulifera), de la pyrole à feuilles rondes (pyrola rotundifolia), de la renoncule à fleurs en boules (Ranonculus nodiflorus) et bien entendu, du célèbre alisier de Fontainebleau (sorbus latifolia), seul ligneux à bénéficier d'une telle protection et dont notre forêt est la plus belle et importante station.





Au niveau régional, c'est plus d'une soixantaine d'espèces de plantes qui est protégée parmi lesquelles se trouvent : l'amelanchier ovalis (amélanchier à feuilles ovales) l'asperula tinctoria (aspérule des teinturiers), Arenaria grandiflora (sabline à grandes fleurs), Genista germanica (genêt d'Allemagne), Erica scoparia (bruyère à balai) ou encore la fameuse Asplenium billotii (petite fougère de rocher)... Cette variété de biotopes a permis d'isoler treize habitats d'un très grand intérêt et constituant un patrimoine communautaire à préserver. Nous vous invitons à consulter la liste UICN des espèces à cette page.

La Faune :

Pour ce qui est du règne animal, on sait par le travail de tous ces savants que plus d'une soixantaine de mammifères occupaient la forêt en 1800. Certaines espèces ont disparu comme le loup. Il faut ajouter à la liste des habitants des lieux près de 200 espèces d'oiseaux, une quinzaine de reptiles, une vingtaine de batraciens, près d'une trentaine de poissons, quelques 5 600 espèces d'insectes, 40 myriapodes, 260 arthropodes, une trentaine de vers et 75 mollusques, répertoriés selon l'inventaire de 1955. Il en reste probablement beaucoup à découvrir et, certaines espèces pourraient disparaître rapidement à cause d'une modification excessive de leur biotope (pollution, érosion, climat, bruits et nuisances...) ou de l'introduction d'espèces concurrentes.

On l'a évoqué à plusieurs reprises, le massif bellifontain constitue un véritable carrefour biogéographique dont la nature des sols et les influences climatiques ainsi que son histoire a permis l'installation puis le maintien de nombreuses espèces rares ou expatriées.

Citons parmi les nombreux insectes l'Osmoderma eremita, la Limonisais violaceus ou le Nominus Pigmaens.


Ensembles, préservons ce patrimoine :


Les mesures de protection du patrimoine naturel et historique sont très nombreuses. Nous avons consacré de nombreux articles à ce sujet et cette page devrait vous aider à comprendre le mille-feuilles des mesures de protection. Par ailleurs qui dit protection, dit hélas interdiction et accès réglementé !
Dans une interview de 2003, Christophe Parisot de l'ANVL expliquait à propos des insectes que : "Certains insectes ne sont recensés qu'ici et dans les Pyrénées ou les Alpes. Ils s'installent dans les milieux les plus froids du massif comme la plaine de Champfroy." Mais l'équilibre de ce biotope est fragile. Le réchauffement climatique l'a déstabilisé et les espèces qu'il abrite pourraient être supplantées par d'autre plus en phase avec l'influence méditerranéenne qui s'installe en forêt. 

Dans les RBI, de nombreuses espèces se sont installées durablement du fait de la non intervention des forestiers. Christian Deconchat, technicien à l'ONF, en charge des réserves biologique en 2003, disait :
"En ne retirant pas les arbres morts tombés au sol, on favorise le développement des insectes qui se nourrissent du bois." Effectivement, cela a permis le maintien en Ile-de-France d'insectes xylophages devenus rarissimes comme le Lucarne cerf-volant ou le grand Capricorne. Qui dit insectes, dit oiseaux prédateurs.

Ainsi, Fontainebleau, grâce à ces espaces protégés et aux nouvelles méthodes de sylviculture comme le maintien de bouquets d'arbres dépérissants dans les parcelles en régénération, est devenu l'une des rares forêts d'Europe Occidentale à abriter les six espèces de pics de plaine. Bien accompagné par des ornithologues, vous aurez peut être la chance de d'y observer (au pire d'entendre leur fuite) l'épeiche, l'épeichette, le pic vert, le pic cendré, le mar et le pic noir dont la première observation à Bleau remonte à 1960 !


Toutes ces richesses se retrouvent étudiées dans des documents parfois complexes (voir notre boite à outils) et doivent être pris en compte par les études d'impact nécessaires à l'élaboration des différentes politiques en faveur du "développement durable" y compris urbanisme (PADD, SCOT, SDRIF, Charte PNR...)

L'engagement de la TL²B 

Une telle richesse floristique et faunistique nécessite d'importantes mesures de protection face aux menaces de destruction. Sur la TL²B, nous essayons de passer le message aux usagers afin qu'ils prennent conscience que leurs pratiques et visites ont un impact sur ce patrimoine. 
On vous invite aussi à de nombreuses expérience de sciences participatives. C'est simple, utile et ludique ! Si vous ne connaissez pas encore l'étendue de ces richesses, nous vous invitons à consulter notre page cartes mais aussi celle consacrées aux différentes zones protégées qui en font l'inventaire pour Fontainebleau et la Seine et Marne (notamment face aux menaces de l'éolien industriel). Pour être le plus complet possible, nous vous ouvrons nos archives et notre boîte à outils offre déjà plus d’une centaine de documents à lire sur Calaméo. 


En voici quelques exemples à feuilleter pour en savoir plus !
A propos de la Qualité paysagère
Etat initial environnement en 68 pages + menaces
PADD
SCOT volet paysage

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