La forêt domaniale de Fontainebleau est entièrement inscrite dans la Réserve Man & Biosphère par l'UNESCO depuis 1998 mais, pour les élus locaux c'était insuffisant. Donc, porté par la ville, une autre demande de classement, cette fois au titre du patrimoine mondiale a été faite. Encours d'instruction, cette demande à laquelle l'équipe de la TL²B est plutôt opposée pour diverses raisons expliquées dans cet article, se voit doublé d'un autre projet de classement UNESCO (le troisième donc et sans compter le classement du château depuis 1981). En effet, la ville et l'ONF présente la candidature de Fontainebleau au titre "Forêts primaires et anciennes de Hêtre des Carpates et d’autres régions d’Europe" pour sa seule réserve biologique intégrale (RBI) du Gros Fouteau et des hauteurs de la Solle. Un classement pour lequel nous sommes, pour le coup, hyper favorables !
Depuis 2007, les "Forêts primaires et anciennes de Hêtre des Carpates et d’autres régions d’Europe (site UNESCO)" peuvent être inscrites sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco, qui reconnaît la valeur universelle et exceptionnelle de ces hêtraies d'exception réparties dans douze pays européens. Début 2020, la France a donc déposé un dossier de candidature pour neuf sites naturels, dont un situé en forêt de Fontainebleau.
Ces neuf sites s’étendent sur 2 500 hectares et sont tous classés en réserves : six réserves biologiques, gérées par l’ONF, Gros Fouteau et des Hauteurs de la Solle (forêt domaniale de Fontainebleau), de la Sylve d'Argenson (Chizé), Saint-Pé-de-Bigorre (forêt domaniale indivise avec la commune éponyme), la Brèze (Aigoual), Sainte-Baume (Var), Chapitre Petit-Buëch (Gap Chaudun, Hautes-Alpes). Et trois réserves naturelles nationales : massif du Ventron (Vosges), Massane et Py (Pyrénées orientales).
La réserve biologique intégrale (RBI) du Gros Fouteau et des Hauteurs de la Solle est un véritable îlot de biodiversité. Et pour cause, c'est l’une des plus vieilles réserves intégrales de France. Créée en 1953, elle est une héritière des série artistiques qui avaient permis de protéger de vieilles futaies dès 1861, à la demande des peintres de l’Ecole de Barbizon. Evoluant librement, loin des bûcherons et promeneurs depuis 160 ans, la nature y a progressivement repris ses droits. Une lente évolution vers la hêtraie primaire tel que la décrite Peter Wohlleben dans le célèbre livre utopique La vie secrète des arbres et chère à notre patron qui en publie régulièrement des images sur son blog Fontainebleau Passion.
A l'intérieur de la RBI de la Solle à Fontainebleau |
Décennies après décennies, le sous-bois de cette réserve s’est densifié puis assombri chassant peu à peu les chênes (préférant la lumière) au profit des hêtres, amateurs d’ombre et de sol humide. Tous ces arbres hébergent une riche biodiversité et jouent un rôle crucial dans le maintien de certaines espèces menacées comme certains coléoptères ou oiseaux mais aussi chauves-souris, mousses, lichens, champignons...
Vers le classement de la RBI du Gros Fouteau
Intégrer la prestigieuse liste du Patrimoine mondial de l’Unesco requiert plusieurs étapes. Du 4 au 7 janvier 2021, les porteurs de la candidature des neuf sites français passaient donc leur "grand oral". A cause du contexte sanitaire, seuls trois sites ont pu faire l’objet d’une visite approfondie sur le terrain, dont celui du Gros Fouteau et des Hauteurs de la Solle. Pour l’occasion, une experte de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) s’est rendue à Fontainebleau mardi 5 janvier 2021. Elle a été accueillie par le ministère de la Transition écologique, les équipes de l’agence Île-de-France Est et de la direction générale de l’ONF, en présence de représentants de la municipalité de Fontainebleau et des principales associations locales (Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau (AAFF) et Association des Naturalistes de la Vallée du Loing et du massif de Fontainebleau (ANVL). Après cette étape déterminante, l’UICN émettra un avis, qui sera suivi d'une délibération du Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco. La décision finale devrait intervenir en 2022.
Les experts de l'UICN visitent la RBI du Gros Fouteau (Source ONF) |
Le hêtre est sans aucun doute l'un de nos arbres préférés à la TL2B. C'est aussi un sujet de discorde avec de nombreux naturalistes qui considèrent que cet arbre n'a plus sa place à Fontainebleau et avec l'ONF qui en coupe de très nombreux exemplaires sans en assurer le renouvellement. Alors ce classement, on le voit d'un très bon œil !
Présent en France (il couvre près de 10% des forêts) le hêtre est très sensible à la sécheresse et aux vagues de chaleur, il est considéré dans notre pays comme une des essences les plus exposées au changement climatique. Il avait été repoussé à l’extrême-sud des confins européens il y a 12 000 ans, avant d'entamer son retour vers le nord à la fin de la dernière ère glaciaire, pour coloniser progressivement une grande partie du continent. Environ 2000 ans avant notre ère, le hêtre était encore surtout présent dans les Appenins, dans les Pyrénées, dans les Balkans et en Grèce, d'où il a entrepris sa reconquête. De nos jours, poussé par les températures plus chaudes, son expansion se poursuit vers le nord de l’Europe.
A l'intérieur de la RBI de la Solle à Fontainebleau |
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