Randonner au pays de Fontainebleau

Le Pays de Fontainebleau peut être considéré comme l'un des "Poumons verts" de l'Ile-de-France. A elle seule, sa réserve Man and Biosphère de l'UNSECO couvre plus de 80 000 ha et son joyau, les forêts domaniales de Fontainebleau et des Trois Pingons s'étendent sur plus de 20 000 hectares. Célèbre pour ses chaos rocheux de grès et ses "déserts" sableux le Pays bleausard offre une extraordinaire variété de paysages et plus de 400 kilomètres de sentiers pédestres balisés. Situé à quelques encablures de la Capitale, cet endroit est donc le lieu idéal pour faire du sport et s'aérer loin de la grisaille urbaine ! Qui plus est, c'est gratuit et ouvert 7/7 ! 

En France, on compte plus de 180 000 kilomètres de sentiers balisés parcourus par plus de 12 millions de pratiquants occasionnels et 8 millions de pratiquants régulier (1 fois par mois) ! En Seine et Marne, le comité départemental veillait en 1997 à l'entretien de 1 585 km de sentiers dont 866 de GR (Grande Randonnée), 399 de GRP (P pour Pays) et 320 de PR (Petite Randonnée). Si la FFRandonnée est délégataire de la pratique de la randonnée pédestre, en définit les normes et entretient le très dense réseau de sentiers sur le territoire national, à Bleau, elle est en concurrence avec d'autres associations dont la célèbre Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau (AAFF) pour des raisons historiques.


Un peu d'histoire : Fontainebleau, les inventeurs du tourisme !

Les premiers déplacements de foules en forêt sont à mettre sur le compte des croyances populaires et religieuses. Ainsi, en forêt de Fontainebleau, le pèlerinage vers la basilique St Mathurin Ã  Larchant déplaçait dès le Moyen Age plusieurs milliers de personnes.  Au cÅ“ur de Bleau, dans nos célèbres Gorges de Franchard, la Roche qui pleure était le théâtre d'un autre pèlerinage chaque mardi de Pentecôte. Bon nombre de personnes venait ici boire une eau réputée soigner les maux d'yeux mais que les auteurs décrivent comme "ni bonne à boire, ni belle à voire".

Quoi qu'il en soit, il faut attendre le début du XVIIIe pour trouver un réel intérêt Ã  la forêt notamment au travers de l'oeuvre des artistes (les Romantiques) qui ont aussi beaucoup milité pour sa protection en la faisant connaître au travers de nombreuses campagnes de presse contre l'administration forestière. Mais plus que les peintres et écrivains, ce sont les Ã©vénements politiques qui ont contribué à l'émergence d'un tourisme bellifontain. En effet, la ville de Fontainebleau et son palais vont attirer beaucoup plus de monde que la forêt alors réservée à une certaine élite socio-culturelle. Le peuple s’intéresse Ã  Fontainebleau car c'est le cÅ“ur de l'action politique nationale. On y suit les mouvements des rois puis de Napoléon. 


Les premiers topo-guides sont publiés en 1820 par Remard puis Jamin en 1834 (Quatre promenades en forêt de Fontainebleau). Ils ont été Ã©crits Ã  destination des visiteurs occasionnels tant français qu'étrangers. Ils seront complétés par ceux de Denecourt (1839) et les guides Joanne. Ajoutons qu'en 1812, dans Le Mercure de France, Senancour regrettait déjà "la fréquentation grandissante des bois et des rochers, parce qu'ils y perdaient leur singularité"

Claude-Francois Denecourt est un ancien grognard napoléonien qui s'installe à Fontainebleau en 1832. Il est né en 1788 à Neurey-en-Vaux. Denecourt est immédiatement fasciné par toutes les curiosités qu'il rencontre lors de ses balades forestières. 
" Cette pittoresque nature ne tarda pas à me captiver et à me consoler de mes croyances déçues, quoiqu'elles m'aient coûté bien des fatigues et bien des sacrifices. Mais l'on est heureux au milieu de ces paisibles déserts, parmi ces arbres géants et ces rochers aussi vieux que le monde ! On y trouve la paix, le bonheur, la santé"... Dans ses Papiers, Sensier rappelle qu'à "Cette époque, le touriste n'apparaissait dans la forêt qu'en de modestes explorations, car les routes étaient rudes et les sentiers n'étaient connus que des bûcherons, des carriers et des gardes." Seul quelques paysagistes avaient su appréhender les mystères de cette forêt.

Plus que les guides et cartes qu'il a pu produire, le chef d'oeuvre de Denecourt réside dans ses sentiers bleus. Amoureux de cette nature et visionnaire, Denecourt créé le premier d'une longue série, en 1842 au Mont Chauvet, puis le second au Mont Ussy en 1847. Notons ici que Denecourt, aujourd'hui célèbre, ne fut pas, contrairement à ce que beaucoup croient, le premier baliseur de circuits à Fontainebleau. En effet, il avait été précédé dans ses oeuvres par un certain Bournet dont l'histoire a été oubliée. On sait toutefois que ce dernier traça le premier sentier du Rocher des Demoiselles vers 1840.

L'oeuvre de Denecourt ne se limite pas au simple balisage de sentiers et à la publication de topo-guides. En effet, jugeant souvent la nature trop simple et pas assez spectaculaire, Denecourt n'hésitait pas à dépenser des fortunes auprès des carriers pour faire aménager certains passages. Ainsi des blocs furent basculés sur d'autres pour créer des passages sous roches. Lorsque cela ne suffisait pas, il faisait creuser tunnels et grottes dont les rebords étaient ensuite maçonnés (Montaigu, Gorges du Houx...) Enfin, pour compléter son oeuvre, il fit graver de nombreuses inscriptions, parfois historiques, souvent poétiques.



En effet,si la majeure partie des "randonneurs" qui parcourent aujourd'hui les sentiers a oublié toutes ces histoires et ne mesurent pas à quel point l'oeuvre du Sylvain fut révolutionnaire, ils ne peuvent ignorer les plus gros travaux d'aménagements des sentiers qui sont eux, bien visibles. L'histoire a retenu le creusement des grottes du serment puis du parjure comme l'illustration de cette dévorante passion de Denecourt. En effet, en 1852, il fait creuser la grotte de la Princesse, l’année suivante, c’est La dernière folie aussi nommée Grotte du serment puisqu’il jura que l’on ne l’y reprendrait plus. Voilà pourquoi la suivante fut baptisée grotte du parjure ! En 1853, Denecourt construit en pavés de grès, une tour carrée non loin de Fontainebleau offrant un magnifique panorama. Appelé "fort l'Empereur" cet édifice inauguré par Napoléon III et l'impératrice Eugénie s'écroula le 28 janvier 1878.
Le Déjeuner sur l'herbe de Claude Monet reflète parfaitement l'engouement de cette époque pour les pique-niques forestiers. Une pratique rendu encore plus populaire depuis le 23 juin 1864, date du pique-nique de l'Empereur en forêt. Enfin, dernière preuve de ce formidable développement du tourisme populaire, la fin du XIXe siècle est marqué par la naissance de deux grosses associations de loisirs de pleine nature. 

En effet, c'est en 1874 que nait le Club Alpin Français (CAF) et en 1890, qu'est fondé le Touring Club de France (TCF). Au passage, notons ce commentaire écrit en 1925 par Eugène Plouchart sur la main mise du TCF sur la forêt, association qui a longtemps regroupée l'élite aristocratique des randonneurs. : "Le public de l'heure présente ne ressemble en rien à celui des foules moutonnières qu'initiait Denecourt et que guidait Colinet dans ses méandres. Il connait et raisonne, il est actif et organisé. Il a siège social, conseil d'administration et facade sur avenue. Aussi riche que quart d'agent de change et omnipotent comme secrétaire d'Etat, il édicte et subventionne, il encourage et blâme. De même qu'il s'était révélé à lui même son propre ascendant, il s'est institué tout seul Haut Protecteur des sites de Fontainebleau, comme il l'était déjà des Paysages, Monuments, Beautés et Commodités de France. Ce public c'est le Tourning Club, superintendant du Touriste - Roi !" En 1878, l'Académie Française accepte le mot "tourisme", officialisant ainsi que l'activité fait désormais partie de notre société.

Mais revenons à nos sentiers. Ceux-ci sont communément appelés "sentiers Denecourt". C'est oublier un peu vite le formidable travail réalisé par ses successeurs au premier rang desquels se trouve Charles Prosper Colinet. Colinet est né à Jouy-en-Josas. Conducteur des Ponts et Chaussées, il tracera de nouveaux sentiers, y aménagera bon nombre de curiosités, restaurera les anciens tracés et leurs aménagements... On parle moins souvent de lui mais les travaux qu'il a réalisé le méritent autant que ceux de Denecourt.

Bien entendu, les deux Sylvains n'eurent pas le temps de tout explorer. Les Trois Pignons, alors morcelés en propriétés privées, ne furent que peu visités. Pourtant, ils regorgent de lieux surprenants et de rochers merveilleux.  En 1947, outre la création des premiers circuits d'escalade, il faut signaler la naissance du premier sentier de Grande Randonnée (GR1). Celui - ci traverse bien entendu les forêts de Fontainebleau, des Trois Pignons et de la Commanderie. Dans les grandes lignes, il ne connut que peu de modifications de tracés si ce n'est pour préserver quelques sites sauvages. Ce succès fut suivi de bien d'autres dont la FFRP est la gardienne. Pour les historiques sentier bleus de la forêt de Fontainebleau, c'est l'AAFF qui est la digne héritière des travaux d'entretien du balisage.
A ceux-ci s'ajoute de nombreux sentiers de promenade créés par les Office de tourisme, l'ONF et même les grimpeurs ! 



Où randonner dans le Pays de Fontainebleau ?

Bleau désigne l'ensemble des sites rocheux d'Ile-de-France et on trouve du grès parfois bien loin du château ! Il y a la Forêt domaniale de Fontainebleau, la domaniale des Trois Pignons, celle de la Commanderie (Larchant) et les environs de Nemours auxquels il faut ajouter de très nombreux sites de l'Essonne (mais dont plus de 80 % sont privés) jusqu'à Orsay et quelques sites plus lointains autour de Rambouillet ! Pour faciliter le repérage géographique, les randonneurs classent donc les sentiers en fonction des vallées (Essonne, Loing, Marne, Seine, etc.) et de leur difficulté.

La randonnée varie dans ses appellations en fonction de la durée de la pratique. 
Plusieurs appellations, qui correspondent à la définition précédente, expriment les différents formats de pratique en fonction de la durée du temps effectif de marche : 
Une promenade est un itinéraire pédestre parcouru en moins de 4 heures de temps effectif de marche ; 
Une randonnée est un parcours pédestre dont le temps effectif de marche est supérieur à 4 heures ; 
Une grande randonnée est un parcours pédestre dont le temps effectif de marche est de plusieurs journées consécutives en itinérance. Pratiqué à l'étranger, cela devient un Trek !

Pour s'y retrouver, vous disposez de nombreux sites internet dont ceux de la FFR, de ses comités territoriaux et clubs et des AFFSur le terrain, nous vous recommandons l'utilisation des topos papiers et cartes en complément des gps et autres applications pour smartphones... Nous n'avons pas encore consacré de page aux tests des topos comme nous l'avons fait pour l'escalade mais cela ne serait tarder. 

Par ailleurs, Bleau c'est aussi le pays aux mille balises

Plus de 300 km de sentiers sont tracés dans notre pays de Fontainebleau et entretenus par des bénévoles. Le réseau d’itinéraires balisés comprend les Sentiers Bleus, les divers circuits de promenade de l’ONF (en jaune), le circuit des 25 Bosses (rouge) dans le Massif des Trois Pignons, le Tour du Massif à Vélo (TMV, vert et blanc), les GR (rouge et blanc)... L'association des AFF a en charge le balisage et l’entretien de l’ensemble des itinéraires balisés en forêt de Fontainebleau (hors GR et PR gérés par la Fédération Française de la Randonnée Pédestre). Elle édite le Guide des Sentiers de Promenade dans le Massif Forestier de Fontainebleau (6ème édition) qui décrit minutieusement les sentiers en donnant des explications et des informations de toute sorte (histoire, géologie, etc.)

Vous trouverez Ã©galement dans notre portail, plusieurs conseils importants à lire en ce qui concerne la santé (allergies aux pollens, chenilles urticantes,  serpentstiques et maladie de Lyme...) ou sécurité.

Le numéro pour les secours et incendies est le 112 ou le 18. Nous avons par ailleurs écrit plusieurs articles sur le déroulement des secours en forêt.

Quand ?

Toute l'année sans restriction ! 

A priori, seul la pluie ou l'humidité peut en limiter la pratique certains itinéraires devenant extrêmement glissants. Ceci étant dit, sans être dans le désert, certains secteurs sont désagréables l'été (trop chauds, moustiques...). Les hivers sont parfois rudes et limitent la pratiques des moins résistants. 

Bien entendu, la randonnée peut aussi se heurter à des obstacles imprévisibles (chute d'arbre, glissement de terrain, inondation, ou même interdiction temporaire liée à un risque ou à des travaux de sylviculture...)

Pour se repérer dans la domaniale, celle-ci est découpée en parcelles forestières dont le numéro figure sur les cartes mais aussi sur de nombreux panneaux aux croisements des sentiers (en général 3 chiffres noirs sur fond blanc) . Si vous êtes perdus, il suffit de trouver un de ces nombreux carrefours ! C'est aussi idéal pour donner un point de Rdv et préciser un lieu pour les secours... 

Pensez à prendre de l'eau (on n'en trouve pas en forêt) et une trousse de secours.


Comment se pratique la randonnée ?

«La randonnée pédestre est une activité physique ou sportive de nature qui consiste à concevoir et parcourir un itinéraire en marchant et sans courir. Elle se pratique sur tous supports permettant un cheminement pédestre sans équipements et/ou techniques de progression liés à l’alpinisme. Cet itinéraire pédestre peut être matérialisé par des éléments de balisage et de signalisation ou non». nous dit la FFR. 

Pour autant, pour profiter pleinement de cette activité libre et gratuite, il faut un peu de matériel : de bonnes chaussures (c'est à dire adaptées à la nature du terrain, résistantes, imperméables...),un sac à dos (plus ou moins important en volume suivant la longueur de la randonnée et l'autonomie des pratiquants), des vêtements adaptés aux efforts, résistants et imper-respirants (on privilégie le mutli-couches) et une carte ou un topo-guide ainsi qu'un téléphone.

Il existe de nombreux clubs et sociétés pour vous encadrer car si la randonnée est un sport individuel, pratiquer en groupe est un gage de sécurité et d'enrichissement culturel.

Un loisir "nature" doit respecter les sites !  

La marche, comme toutes les activités de pleine nature, n'est pas sans impact sur le milieu. Les atteintes au milieu naturel commence dès leur repérage des cailloux ! 

Nous parlons souvent des très gros problèmes d'érosion rencontré à Fontainebleau, mais aussi des déchets et des incendies...

Des impacts qui sont amplifiés ici par une très forte fréquentation, des sol fragiles, un proximité urbaine parfois défavorable et qui s'accompagne de bien des dégradations volontaires que nous vous invitons à signaler avec précision via notre site auprès du des observatoires de l'AFF (notamment sur les sentiers bleus) de la FFRP (pour les GR) ou de l'ONF. 

Donc, s'il vous plait : Respectez les chartes des bonnes pratiques,  préservez la végétation pour limiter l'érosion, ne sortez pas des chemins, remportez vos déchets, ne faites pas de feu (jamais), enterrez vos cacas (si vous ne pouvez pas attendre d'être en ville) ... et ne laissez rien dans les voitures (nombreux vols) ! 



  

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