[BLEAU] Quel avenir pour la pratique de l'escalade en domaniale, les suites de la nouvelle Commission

Fin juin, l’ONF et le Cosiroc réunissaient à Franchard Ermitage la Commission Escalade Bellifontaine (CEB) dans un nouveau format s’intégrant au comité de pilotage de la forêt d’exception dont nous vous avons déjà longuement parlé notamment ici après sa dernière réunion. Une réunion qui avait pour but d’entériner un nouveau mode de fonctionnement pour cette commission dédiée à l’escalade à Fontainebleau après plusieurs versions « ratées » dans les années précédentes (On ne vous refait pas l’historique mais on vous invite à relire au préalable l'article sur le Cosiroc , l'histoire des circuits mais surtout cet article sur la mise en place de la Convention ONF-Cosiroc  et celui-ci). Une réunion un peu mouvementée sur la fin mais tout à fait conforme à nos attentes. Vous trouverez dans ce très long article, le compte rendu de cette réunion tel que rédigé par l’ONF mais aussi la version du journaliste Pascal Villebeuf. Celle-ci est passionnante, un peu caricaturale et parfois en contradiction avec nos opinions sur le sujet mais elle a le mérite d'apporter un autre point de vue. 

Tous les bleausards présents, y compris notre directeur, Grégoire Clouzeau, étaient bien conscients des nombreux problèmes et impacts liés à leur pratique de l’escalade (cf notre page sur les impacts des sports outdoor  et les nombreuses chartes diffusées ici depuis 2009 !) et partageaient, quoi qu'il en soit, la même volonté de protéger le site ! Nous sommes tous bien conscients qu'il va falloir faire des sacrifices et des compromis dans l’avenir. Nous sommes les premiers à faire la promotion des limitations temporaires de pratique pour favoriser la nidification des rapaces par exemple... mais ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs ! Créer un groupe de travail pour interdire des zones et des pratiques comme l’ouvertures de nouvelles voies, de circuits virtuels, ou la diffusion d’informations non autorisées... c'est donner le mot de la fin avant même d'ouvrir les débats. C'est prendre le problème à l'envers et c'est nier le travail des bénévoles grimpeurs qui ont œuvrés à la préservation et restauration des sites depuis les années 60. Et ce d'autant que ce travail a déjà été fait il y a 2 ans, en dessinant sur la carte des parcelles forestières, les zones sécurisées et autorisées au balisage des circuits (les cartes sont ici) ! Cette idée de restreindre les secteur d'escalade à quelques zones repose non pas sur une protection de la nature mais sur la responsabilité juridique de l'ONF en cas d'accident (là encore, nous avons évoqué le sujet à de nombreuses repises et la très récente modification de la Loi protège désormais le gestionnaire de ce type de poursuite)

Alors, pourquoi une nouvelle fois vouloir interdire l'escalade dans certains secteurs alors que l'onf est incapable de faire respecter à minima le camping sauvage sur les parking ?  La fréquentation de la forêt tant par les grimpeurs que les autres visiteurs ne cesse de croître. C’est inévitable ! Concentrer les pratiquants sur des zones plus petites, c’est aussi concentrer les problèmes. Les zones à traiter seront plus petites mais les dégradations plus importantes et les aménagements beaucoup plus lourds ! Ne faut-il pas plutôt penser plus largement, c’est à dire à l'échelle du sud francilien, à l'impact que cela aura dans les sites hors domaniale et dans les départements voisins ? 

Bref, il faut réfléchir, prendre du recul, (beaucoup), ne pas se limiter à la domaniale et repenser toute la politique d’accueil du tourisme vert dans la région et notre rapport à la nature à grande échelle...

Compte-rendu ONF de la réunion de la CEB du 29 juin

Présents : Hervé MICHEL (CAF), Caroline PEYRE (FSGT), Danielle CANCEILL (GUMS), Jean-Pierre CANCEILL (GUMS), Pierre ATTAR (FSGT), Jean-Yves DEROUCK (COSIROC), Patrick JUHEL (COSIROC), Alain CHANGENET (CAF), Philippe LEDUBY (ASL 91), Laurent JOSEPH (Mairie Le Vaudoué), Serge THERR (GUMS), Didier GERARDIN, Gaétane HAY (CLAC), François LESIN, Jo MONTCHAUSSE, Lionel BESNARD (FSGT Vitry), Fabien CHAVANNEAU (FFME Salle Karma + RespectBleau), Guillaume GUIZON (FSGT Lognes), Esteban ACCARIE (CLAC), Eric DERIO (GERSAR), Georges TSAO (GUMS CAF), Loïc BLONDEAU (2APN Grimpe), Marie NERI (CLAC), Fred GAILLOT (Mairie Larchant), Pascal VILLEBEUF (ASABEPI), Hervé BERANGER (CAF Fontainebleau), Grégoire CLOUZEAU (COSIROC), Mathilde GAUCHER (Fontainebleau Tourisme), Cyril MOUILLET (Larchant Animation), Christophe BARRIERE (COSIROC), Clémence LE CŒUR (GUMS), Nicolas DISPOT (GUMS), Sarah CHARRE (ONF), Sophie DAVID (ONF), Nicolas LAURENT (ONF), Thierry MARTIN (ONF), Cyril LANGEVIN (ONF), Morgane SOUCHE (ONF). 

Excusés : Charles DELEGLISE (COSIROC), Pascal ETIENNE, Oleg SOKOLSKI (COSIROC), David LEPAGE, Romain DUPONT (Topo Bleau), François BONAL, Christian CHARREAU, Michèle CHEVALIER, Stéphan DENYS, Pascal GOUHOURY (CAPF), Jean-Louis GUDIN, Jacky GUINOT, Philippe CAMPIONNE, Bart VAN RAAIJ (Bleau Info). 

Introduction par Jean-Yves DEROUCK et Sarah CHARRE

Jean Yves (à gauche) Sophie Charre
Et Pascal Villebeuf (C) Greg Clouzeau

Sarah CHARRE (ONF) présente le nouveau fonctionnement de la CEB : Intégrée au sein du comité de pilotage Forêt d’Exception (organe de concertation), cette commission était, au départ, axée sur la création et l’entretien des circuits d’escalade. Afin de développer d’autres sujets/problématiques, il est proposé de revoir le fonctionnement de cette commission en l’ouvrant plus largement qu’aux grimpeurs et en y intégrant les différents acteurs pouvant être liés aux différents sujets à aborder. Pour ce faire il est proposé de créer des groupes de travail qui permettront d’avancer concrètement sur les problématiques soulevées au fil des réunions de cette commission. Le contrat de projet « Forêt d’Exception » se termine en 2022 et le label prend fin en 2024. Afin de faire coïncider les deux documents, il a été demandé par le Comité national d’orientation d’avancer le renouvellement du label d’un an.

Une étude de la fréquentation du massif bellifontain avait été réalisée en 2015-2016. Afin d’avoir une idée de l’évolution de cette fréquentation et d’avoir des données qui pourront alimenter une future étude globale sur l’accueil du public en forêt, une nouvelle enquête est lancée : 

- Enquête terrain : actuellement 7 jeunes volontaires du tourisme soumettent un questionnaire (similaire à celui de 2015-2016) aux visiteurs qu’ils rencontrent en forêt. 

- Enquête en ligne : ce même questionnaire sera diffusé en ligne prochainement pour toucher un plus large public. Eco-compteurs : en parallèle de ces enquêtes, les éco-compteurs ont été remis en fonctionnement et de nouveaux ont été installés. Ces dispositifs permettent de comptabiliser séparément les véhicules, piétons, vélos ou chevaux qui passent sur les sites sur lesquels ils ont été installés. Ces premiers éléments permettent à Sophie DAVID de présenter un pré bilan de la fréquentation du massif qui sera affiné dans le détail par la suite car les données sont très nombreuses.





Charte des bonnes pratiques

Lors de la précédente CEB, l’ONF avait présenté une première version de la charte des bonnes pratiques, permettant d’avoir un retour sur le contenu. Sur la base de ce travail, un flyer trois volets a été édité (voir diaporama de présentation). Ce document présente de façon simplifiée les bonnes pratiques liées à l’escalade sur la première page ainsi que celles qui s’appliquent à l’ensemble des visiteurs sur un second volet. A l’intérieur, une carte permet de situer et lister les secteurs d’escalade. Ce document a été diffusé auprès des grimpeurs lors du festival d’escalade de Milly, ce qui a permis de noter quelques améliorations à apporter. 

En parallèle, l’affiche A4/A3 sera mise à jour en y intégrant les pictogrammes réalisés pour le flyer. Cela devrait rende le document plus lisible. Une fois ces deux documents bilingues finalisés, ils seront diffusés largement auprès des salles d’escalades, clubs/associations, des offices de tourisme, sur les réseaux sociaux, lors d’événements… Le but étant que chacun s’approprie cette charte, la fasse vivre, la diffuse et la communique. 




La problématique des bivouacs (vans/camions sur parking) et déchets est soulevée par plusieurs participants. Sophie DAVID répond que ces sujets ne sont pas propres aux grimpeurs et seront traités prochainement, lorsque l’ONF aura une vision d’ensemble du problème. Une étude sur la stratégie d’accueil globale sera menée à l’échelle du massif en 2022-2023. Elle permettra de construire une stratégie d’ensemble sur ce sujet et de monter les partenariats nécessaires. Un dernier flyer édité par l’ONF est présenté. Ce document rappel l’interdiction de camping sur le massif et liste les sites d’accueils aménagés pour cette pratique. Il est en général distribué par les techniciens forestiers lorsqu’ils constatent un campement. 



Bilan des entretiens/créations de circuits d’escalade 

Jean-Yves DEROUCK présente la liste des entretiens et créations de circuits réalisés depuis la dernière CEB. Il liste également les projets d’entretiens et de créations. D’autres projets d’entretien et de création de circuits sont évoqués par les participants (Entretien : blanc et rouge du Rocher Canon, jaune et orange (puis les autres) du Mont Ussy et Création : Jaune à Franchard Sablons).

Un circuit vert sauvage a été constaté au rocher des potets. Il sera rappelé à son auteur qu’une demande est nécessaire avant toute création de nouveau circuit, en attendant il lui faudra l’effacer. 

Morgane SOUCHE précise qu’un groupe de travail va être proposé pour suivre ces projets. Cela correspondra à la commission des circuits qui existait déjà. 

Grégoire CLOUZEAU indique qu’il y a besoin d’avoir une vision globale, à l’échelle du pays des grès de Fontainebleau et donc qu’il faudrait y parler des sites d’escalade qui se trouvent en dehors du massif bellifontain. 

Eric DERIO rappelle qu’il est important de se renseigner sur la présence ou non de gravures rupestres avant d’ouvrir un bloc.

 

Constitution des groupes de travail 

Le but de ces groupes de travail est de pouvoir avancer sur des sujets concrets et de trouver des solutions à des problématiques. Ces groupes de travail peuvent être pérennes, temporaires ou voués à évoluer. Ils peuvent être animés, en fonction de la thématique, par le Cosiroc, l’ONF ou d’autres structures/personnes extérieures. Ils seront donc menés en parallèle de la CEB et devront rendre compte des travaux réalisés et des avancées faites lors des réunions de la CEB. 

- Groupe de travail « Création/entretien des circuits » Groupe de travail pérenne qui sera animé par le Cosiroc pour effectuer le suivi sur les dossiers de création et d’entretien des circuits. 

- Groupe de travail « Inventaire topos/sites internet/applications » Le but de ce groupe est d’inventorier les topos, sites internet et applications diffusant des informations sur les circuits d’escalade et leurs propriétaires. Pour, dans un second temps, travailler avec eux afin : o de faire passer les mêmes et bons messages o s’assurer de la bonne diffusion des données (ex : pas de grimpe en RBI, bonnes pratiques…) Le sujet des ouvertures de blocs virtuelles pourra être abordé dans ce groupe de travail. Gaétane Hay se propose d’animer ce groupe. Jo Montchaussé est intéressé d’y participer.

- Groupe de travail « Définition des zones officielles d’escalade » Le but de ce groupe de travail est de définir les zones officielles d’escalade en prenant en compte les besoins et les contraintes et en se basant sur le travail qui avait été réalisé en 2019 par l’ONF et le COSIROC. Ces zones officielles sont les zones d’escalade reconnues par l’ONF, au sein desquelles une sécurisation est réalisée (coupe arbres morts, branches mortes, lutte contre l’érosion…). La création/peinture des circuits y est autorisée. L’idée par la suite est de pouvoir matérialiser ces zones sur le terrain (le balisage à utiliser pour cette matérialisation sera aussi discuté dans ce groupe de travail). 

Ce point a animé de vives discussions par plusieurs participants qui craignent d’être parqués ou limités dans leur liberté de grimper. Plusieurs autres participants estiment que la liberté individuelle ne peut s’exprimer aux dépens de la protection de l’environnement. L’ONF rappelle qu’il est nécessaire de définir des zones officielles d’escalade, permettant d’orienter les pratiquants sur des zones qui peuvent être entretenues et donc sécurisées. Mais également dans le but de conserver des zones de quiétude pour la faune et la flore et de préservation de la biodiversité. 

Ce groupe de travail sera animé par l’ONF et constitué de plusieurs participants : Christophe BARRIERE, Gaétane HAY, Fabien CHAVANNEAU, Philippe LEDUBY, Danielle CANCEILL, Laurent JOSEPH, Esteban ACCARIE, Clémence LE CŒUR, Nicolas DISPOT.

Appel à une prise de conscience des grimpeurs par Pascal Villebeuf. 

"Grimpeurs ! Votre rôle c’est de protéger la forêt de Fontainebleau, pas seulement de consommer du loisirs !

J’interpelle souvent le public sur la protection indispensable, que dis-je, la survie du massif de Fontainebleau. Beaucoup s’en préoccupent, je le vois à travers des dizaines de messages sympas qui m’encouragent à expliquer ce qui se passe  à Fontainebleau derrière la belle vitrine vantée par certains, pour attirer encore plus de touristes consommateurs de forêt. Et il est là le problème des forêts dites péri-urbaines. C’est la consommation de l’espace et non son respect. Tout le monde s’offusque des déchets déposés par des inconscients : dépôts domestiques ou dépôts d’artisans au bord des routes. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt des dégradations qui défigurent peu à peu le drapeau brandit haut d’un massif dit d’exception. Malheureusement l’exception ne concerne que quelques lambeaux de nature, notamment les réserves biologiques, les platières….Mais qu’en est-il des pratiques dites sportives ou de loisirs en forêt de Fontainebleau ? On a beaucoup parlé de la pratique non respectueuse du VTT. Ils semblerait que l’ONF qui voulait à un moment brader les sentiers bleus à cette pratique ait pris conscience qu’il fallait renoncer à cette folie. L’avenir nous le dira.

Mais aujourd’hui, nous allons parler des dérives de l’escalade. Un phénomène qui ne cesse de se développer, notamment à cause de l’ouverture un peu partout des salles d’escalade.  Simplement, la pratique de la grimpe indoor, n’a pour moi, rien à voir avec une pratique dans la nature. Si on dégrade des prises dans une salle, on peut toujours la changer. Si on abîme des blocs de grès, la nature ne va pas rien réparer. Si l’on constelle les rochers de tâches de magnésie, tâches qui finissent par être permanentes, c’est un scandale. Si l’on piétine partout, cherchant sans arrêt de nouveaux blocs, hors circuit, en créant de nouvelles sentes, on dégrade la nature, on érode les sols, on détruit la flore,  et on trouble de plus en plus la tranquillité de la faune, bref, on ne respecte plus nos sites naturels de pratique. Si on dégrade un monument historique comme une église, on est hors la loi. Si l’on dégrade la nature, à la limite, on ne risque pas grand-chose. Est-ce là l’avenir de notre société ? Avons-nous uniquement des droits envers la nature, celle qui nous permettra de survivre, ou avons-nous aussi des devoirs ? Quand on entend cette phrase ridicule : « la forêt est à tout le monde », ou « on n’est plus libre de faire ce que l’on veut » et que l’on voit le bilan, c’est lourd à digérer.

Ce bilan de l’impact des grimpeurs en forêt de Fontainebleau, on l’a bien sous-estimé, ce jeudi 30 juin, lors de la commission escalade (CEB), organisée par l’Office National des Forêts et le COSIROC (comité de défense des sites et rochers d’escalade). Il s’agissait pour l’ONF de remettre à plat les pratiques de l’escalade et de la réglementer, pour éviter les nombreuses dérives enregistrées depuis trente ans et qui ne cessent de s’accentuer, en se plaçant dans le cadre du label Forêt d’exception (FODEX). Il est notamment question de (re)définir des zones d’escalade afin de mieux contrôler cette pratique. Jeudi soir, la salle était remplie de nombreux grimpeurs, des représentants de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail, du Groupe Universitaire de Montagne et de Ski, du Club Alpin Français, de grimpeurs indépendants passionnés, de professionnels et gérant d’entreprise du monde de l’escalade dont le responsable de Karma, la salle d’escalade de Fontainebleau….A ceux-ci étaient associés des élus locaux, l’Office de tourisme, le GERSAR (Groupe d’étude et de recherches et de sauvegarde de l’art rupestre), etc. Il s’agissait pour l’ONF de présenter la nouvelle Charte des Bonnes Pratiques de l’escalade. Le message est clair : « Nous aimons la forêt, protégeons-la ! » J’ai retenu six messages importants à faire passer que je commente ci-après. 

1. « Les grimpeurs doivent pratiquer leur loisir, uniquement dans les sites autorisés ». C’est un des problèmes majeurs des dérives de l’escalade et du drapeau de la liberté individuelle. Escalade des cotations, de l’ouverture de nouvelles voies (déjà 300 000 à BLO), 140 circuits : blanc, orange, bleu, rouge, mauve….Un site : bleau.info détaille ces circuits par secteurs, du Cuvier à Apremont en passant par les Trois Pignons. Les secteurs les plus réputés et sûr fréquentés sont le Bas Cuvier, Noisy sur École (Roche aux Sabots), Franchard Isatis…..

Les problèmes sont nombreux : pratique non contrôlée et non autorisée dans des réserves biologiques, brossage de blocs à la brosse métallique un peu partout, pour des ouvertures de voie. Avec une multiplication des sentes dans les parcelles, alors qu’il est fortement déconseillé de sortir des sentiers balisés. On ne parle pas des nombreuses prises brisées, des perceuses, des déchets non ramassés…Donc, une réglementation plus ferme devient obligatoire. 

 2. Ne pas grimper sur des rochers mouillés. C’est dangereux. Et de plus il n’est pas rare de voir des grimpeurs avec des sèche-cheveux. Une dinguerie ! [NDLR, Bon le sèche cheveux ou autre ventilateur c'est pour sécher les prises et pas les cheveux mouillés mais surtout "dangereux" c'est valable les grimpeurs et les cailloux ;0) voir notre article sur le sujet du grès mouillé qui casse]

 3. Chaussons propres. Essuyez ses chaussons d’escalade à chaque essai sur les voies d’escalade. Pour cela, munissez-vous d’un paillasson. Et frottez le dessous de la semelle avec un chiffon. Les prises doivent aussi être époussetée avec un chiffon.

 4. Magnésie et brossage : usage limités. C’est sûrement l’un des dommages les plus visibles de la pratique de l’escalade. Les Bleausards (grimpeurs du crû) semblent presque tous utiliser la magnésie de façon raisonnable. Mais on pourrait certainement s’en passer. La poupée à pof (colophane de luthier) est préférable pour beaucoup de spécialistes. Le problème c’est qu’une majorité engraisse les blocs de grès fragiles en déposant trop, beaucoup trop de magnésie.  Voilà quelques semaines, à Franchard Isatis, nous avons vu des Suédois plâtrer les prises, soi-disant pour mieux grimper. Rappelons que la magnésie était au départ utilisée par les gymnastes notamment pour mieux adhérer aux barres de fer. La magnésie rassure bp de monde, comme un mantra incontournable, contre la sudation des mains. Mais il faut limiter au maximum son utilisation. Après il est conseillé de nettoyer les prises avant et après avec des brosses douce (pas de brosse métallique ou nylon surtout). Mais le brossage répété, avec la magnésie, lisse les prises de grès et de calcite. La voie peut facilement devenir impraticable. [NDLR : Nous pardonnerons volontiers à Pascal quelques erreurs sur le sujet et nous vous invitons à relire ce document un peu plus scientifique sur la magnésie et la tribologie

 5. Limiter l’érosion. Déplaçons les crash pads (matelas amortisseur) en les soulevant et non en les traînant sur le sable, ce qui aggravera l’érosion des sites. Evitez de piétiner la végétation située tout autour des blocs.

 6. Gravures rupestres. Des gravures rupestres sont quelquefois présentes dans les sites d’escalade. Il faut les respecter et ne pas les dégrader. Certains et de plus en plus sont tentés d’y graver leurs noms ou veulent s’improviser artiste préhistorique.

Cette charte des grimpeurs va être distribuée notamment dans les salles d’escalade. Car c’est là que se situe le problème. On s’interroge pour savoir si les responsables de salles font leur boulot de pédagogie avant que les apprentis grimpeurs et les autres aillent dans la nature. Normalement cette charte (voir photo) devrait être aussi visible sur des affiches.

L’ONF, hier soir a communiqué plusieurs chiffres. L’un d’eux est intéressant. Le nombre de grimpeurs aurait augmenter de 22% entre 2021 et 2022. Entre 2015 et 2022, le site de Franchard Isatis aurait vu sa fréquentation augmenter de 83%. En revanche celle du Bas Cuvier aurait fortement baissé, de 79 796 à 66 203 passages de voitures, selon les éco-compteurs placés sur les parkings. Et au total, la fréquentation touristique serait passé, d’après un calcul approximatif de 11 à 15 millions de visites par an. Des augmentations qui prouvent qu’il est nécessaire de réglementer l’ensemble de l’accueil touristique, avant que la forêt de Fontainebleau, berceau de l’écologie ne devienne un parc d’attraction dans un bois ordinaire. Et on en prend sérieusement le chemin !  Certains, comme le responsable de La Tribune Libre de Fontainebleau ont souligné que l’ONF aurait dû prendre en compte cette problématique bien avant. Il est vrai que les maigres panneaux FFME/ONF qui se cachent sur les parkings sont inefficaces. Il a notamment souligné l’importance de repenser tout l’accueil du public non pas à l’échelle de la forêt domaniale de Fontainebleau mais sur l’ensemble des sites des grès bleausards dans le sud francilien soit en Seine et Marne, Essonne et dans une moindre mesure dans les Yvelines.

Je souhaitais avec d’autres comme François Lesin, Thierry Foiret, Greg Clouzeau et bien d’autres monter des journées pédagogiques sur le thème du « grimper durable ». Mais au vu des discussions stériles d’hier soir, je me pose sérieusement la question. A un moment où l’ONF se décide à réglementer l’escalade, Sophie David, chef de Projet du Fodex a eu le malheur de prononcer le mot zone interdite à l’escalade devant l’assemblée. Et là les protestations  ont fusé, genre c’est un scandale, on ne veut pas d’interdiction. Enfin bref de vrais gamins irresponsables et je pèse mes mots. Bien sûr c’est 3 personnes qui protestent. Mais pour les autres qui ne dit mot consent.

Certains, sûrement de bonne foi, voudrait aménager les zones d’accueil d’escalade. Ainsi à Larchant , grimpeurs et associations se mobilisent depuis plusieurs mois contre les chiottes à ciel ouvert que sont devenus les alentours des parkings. Ce serait une honte. Oui une honte pour les non citoyens. Mais on a l’habitude. Alors il est question de réclamer des toilettes sèches. Pour ceux qui l’ignorent, il s’agit de toilettes dites écologiques. Simplement cette demande qui pourrait se justifier dans un camping ou à la limite dans un bivouac officiel, peut conduire à des dérives. D’abord c’est le début de structures d’aménagement qui vont à l’encontre de l’intégrité environnementale du massif. C’est le doigt dans l’engrenage de la facilité : un problème égal un nouvel aménagement. Qui va financer : l’ONF ?, le département ? la commune ? Reste à savoir qui entretiendra ce genre d’installation, au quotidien ? Et qui va l’utiliser ? Si le grimpeur est à un km du parking, va-t-il refaire le chemin inverse ? Et pourquoi pas des douches, des buvettes partout et pour finir du camping n’importe où, n’importe comment ?

En revanche que sur chaque parking important, il y ait, à la belle saison, un accueil personnalisé et recommandé pour les grimpeurs oui. J’ai envie de dire, chaque grimpeur devrait signer la charte, s’engager. Beaucoup de Bleausards, se sont effectivement engagés ces dernières années dans la pédagogie. Grégoire Clouzeau and co avaient distribué des paillassons, des mini-brosses, faits des affichages. Mais cela ne suffit plus ! Hier soir on a plus parlé de qui avait envie de tracer son nouveau circuit blanc, jaune ou orange que de pédagogie. C’est plutôt et toujours la sacrosainte liberté individuelle que La Défense de la nature. Cette masse de grimpeurs, pas obligatoirement les présents d’hier soir, ont-ils conscience, que de toute façon, un jour, il faudra interdire car tout sera abîmé, détruit, vandalisé. Non, on préfère la fuite en avant et s’offusquer d’une éventuelle réglementation des zones d’escalade. L’ONF veut les encadrer et interdire les hors zones et c’est très bien. Un peu tard. Mais bien. Et ce n’est pas une opinion personnelle. Juste un peu de recul et d’analyse depuis trente ans de reportage.

On a aussi parlé des vans. Ahhhh les vans. Précieuse invention. Car ce n’est pas considéré comme une caravane (vide juridique). Du coup, il n’est pas interdit de stationner plusieurs jours voire plusieurs semaines avec son van en forêt. Et les installations qui peuvent en découler : véranda improvisée, hamac entre les arbres. Difficile de verbaliser dixit l’ONF. Eh oui, c’est là que l’idée des éco-gardes revient. Des éco-gardes ONF bien sûr. Des emplois à créer à Fontainebleau maintenant et pas demain. Monsieur le nouveau député Valletoux, si vous nous lisez ? Si le public apprend que des éco-gardes vont passer régulièrement sur les sites d’escalade, les sites à barbecue, les chemins propices au dépôt de déchets, vous verrez que l’attitude du public changera. Mais on chipote, on ergote, on veut réglementer sans trop réglementer, punir mais les forestiers ne veulent pas passer pour des policiers. Et on peut les comprendre. 

Pour revenir un instant à la création de circuits. Il n’y en a pas assez ? Ou c’est juste pour justifier un besoin pas obligatoire. Exemple, au « Restant du Long rocher », à Bourron Marlotte. Il existe du jaune, du orange, du bleu du rouge mais pas du blanc pour les enfants. Le parking de la Plaine Verte est relativement grand. Mais est-ce utile de créer un aspirateur supplémentaire à public, surtout sur un parking qui n’est pas en lisière, mais un des seuls situés au cœur du massif ? On sait tous que la création d’un besoin nourrit le besoin. Peut-être faut-il tout simplement faire le point sur les circuits blancs et famille, situés ou non près des grands parkings et mieux les indiquer ? Par un panneau par exemple. 

Sophie David (à gauche) et Morgane Souche
(C) Greg Clouzeau


A Apremont, un membre du Cosiroc souhaitait tracer un nouveau circuit au lieudit Apremont chouette. Le chef de triage ONF s’y est opposé. « Il faut garder des zones de quiétude pour la faune. Et préserver la flore locale, comme les lichens et les mousses» souligne Sophie David. Oui car à la loupe, on s’aperçoit que le massif de Fontainebleau est truffé de lichens et de mousses remarquables.  Quand des grimpeurs ouvrent de nouveaux blocs et brossent la paroi, ces raretés sont détruites, avec la plus grande indifférence. D’où l’idée que les Naturalistes de Fontainebleau (ANVL) déterminent des zones rocheuses à ne pas toucher. [NDLR : Nous avions publié il y a déjà pas mal de temps un long dossier sur le brossage des blocs et son impact]

A la fin de la commission escalade, trois groupes de travail ont été créés : entretien des circuits, inventaires des topos, sites internet, applications et création des zones officielles d’escalade. Mesdames et messieurs, amoureux de la grimpe, réfléchissez !! Protéger la nature est une priorité, avant une consommation destructrice !!!! Maintenant, ceux qui veulent lancer un immense groupe de travail sur des journées pédagogiques sur le terrain en 2023, peuvent me contacter. On verra alors qui veut sauver les blocs de grès du CAHOS !!!!!"

Pascal Villebeuf

Reporter, Administrateur de l’ASABEPI, Membre de l’ANVL et du Collectif de défense des forêts d’Ile-de-France et Grimpeur aussi…

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1 commentaire :

  1. N'ayons pas peur d'énoncer le gros problème pour ce qui est de l'escalade en forêt :
    L'explosion des salles d'escalade, avec en ligne de mire leurs dirigeants .

    Il y a un moment, il faut arrêter de tourner autour en rond et énoncer clairement ce qui cloche.

    Je n'ai jamais vu autant de magnésie sur les rochers et sur le sol (straps et j'en passe) depuis ces cinq/dix dernières années. Beaucoup de grimpeurs modernes ( principalement les nouvelles générations qui font leurs gymnastiques sur prises résineuses) sont de gros crados et ont les retrouvent en fôret avec les mêmes comportements.

    Enorme Sac de magnésie , énormes crash pads ....Certains viennent avec 3/4 crash pads voir plus pour essayer un bloc pas toujours expo d'ailleurs parfois même à ras du sol .
    Quelle blague !
    Merci la culture salle !

    Usage abusif de magnésie : La plupart n'ont ni pof ni paillasson .
    A se demander s'il savent ce que c'est d'ailleurs?

    Apparemment non...

    Aucune culture de l'escalade en nature à juste titre. De simples consommateurs sur patte qui viennent essayer les blocs qu'ils ont vu sur Bleau.info ou par le biais de copains/copines qui ont croiter un super 7a/7b ou 8 pieds que sais je?

    Vous l'énoncez bien dans votre article d'ailleurs c'est devenu plus la culture du moi-je à tous les niveaux...

    Oui les dirigeants de salles sont en grosse partie responsable car rien ne leur oblige à mettre à disposition de la magnésie et autres fantaisies dont beaucoup de grimpeurs anciens se passaient.


    Pour en citer un Momo qui s'enchainait le blanc du cuvier sans magnésie et sans.....

    Bref ça fout les boules !





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