[ESCALADE] Orpierre poursuit son développement quarante ans après les premiers spits

Les falaises d'orpierre topo 2022
Les falaises qui entourent le petit village d'Orpierre (05) sont sans doute un cas unique en Europe et dans l'histoire de l'escalade ! Ici, au début des années 80, les quelques passionnés qui ont ouverts les premières voies ont aussi persuadé la municipalité d'investir dans l'équipement sportif pour l'escalade. Après avoir été exploitées dans quelques mines, les falaises sont maintenant gérées comme des terres agricoles. Un choix audacieux pour une site petite commune rurale à cette époque mais rentable puisque, aujourd'hui encore, le tourisme assure plus de 30% des emplois de la commune ! En une quarantaine d'années, Orpierre est devenu la référence de l'exploitation raisonnée du caillou et peut « cultiver » son image de village qui grimpe. La saison 2022 n'est pas en reste puisque une via ferrata est venue complétée l'équipement du site ainsi que de nouveaux secteurs à l'ombre !







Le petit village d'Orpierre se blottît au creux des falaises

Le Quiquillon d'Orpierre et sa marne typique
Le Quiquillon d'Orpierre et sa marne typique



Donc, si vous ne connaissez pas encore Orpierre c'est un charmant petit village médiévale du nouveau Parc Naturel des Baronnies Provençales, situé dans la vallée du Céans, au sud des Hautes-Alpes. Ici, la pierre est une amie omniprésente... D'ailleurs, l’ancien nom latin d’Orpierre signifie littéralement « vallée pierreuse » (Vallis Petrosus). Forcément, le village est adossé au Rocher du Gros doigt où se tenait le château et est dominé par trois petites montagnes, le Suillet (1324 m), le Rocher St-Michel (1216 m) et le célèbre Rocher du Quiquillon (1025m) si cher à Rabelais

Ce village médiéval occupait un emplacement stratégique dans cette étroite vallée. Remparts et petit château perché assuraient la sécurité des habitants en contrôlant ce passage obligé entre l’Italie et Avignon, résidence papal sur la Route des Princes d’Orange. Il faut dire qu'à l'époque on n'est pas ici dans le royaume de France et que ce village sera longtemps une terre d'accueil. A l’intérieur du vieux village, il faut imaginer une vie intense où se côtoyaient bourgeois, notables, artisans, commerçants, agriculteurs... et leurs troupeaux, dans des quartiers séparés par d'étroites ruelles : les drailles. S'il ne reste que quelques ruines des remparts et du château, le cœur du village conserve son architecture médiéval en terrasse et de nombreux témoignages de son histoire que l'on découvre en parcourant les différentes drailles, très fraîches en été. 

Orpierre sans l'exploitation de ses rochers ne serait sans doute plus aujourd'hui qu'un petit hameau sans vie. Après l'arrêt des exploitations minières et l'exode paysan, la commune a réinvesti dans ses falaises pour créer un nouvelle activité économique sauvant au passage le petit village. Cette partie de l'histoire débute en 1983, lorsque Dominique Jugy et Pierre-Yves Bochaton ouvrent les premières voies modernes d'Orpierre. Pierre-Yves propose ensuite à Raymond Chauvet, Maire d’Orpierre et Guy Baboulène, technicien au SIVOM, au projet de développer l’escalade à Orpierre pour redynamiser le village qui se meure. Ils sont rapidement épaulés par Nicolas Jeannin, guide de haute montagne et natif du village voisin de Serre et qui s'installe en 1987 au pied des voies avec son magasin Vertige Sport où il développe aussi la marque "Même pas mal". Pierre-Yves et Brigitte Dextreit ouvre bien avant l'heure un restaurant végétarien « le Croq’roc ». Une bel aventure qui va durer plus de dix ans !  Nicolas engage ensuite le regretté Thierry Nief qui fera voler toute une génération de grimpeurs souhaitant se perfectionner et qui développera de nombreuses voies dures notamment dans les secteurs de la paroi jaune et du Puy.

Nicolas Jeannin


Pierre Yves Bochatton


Thierry Nief


Aujourd'hui, deux bars-restaurants, un magasin de sport, un magasin de souvenirs, une superette, un camping, une base UCPA, etc. sont autant d'entreprises qui n'auraient pu vivre sans le rocher et le développement de l'escalade au cœur du village et par le village. Car c'est bien là, la grosse différence avec les célèbres falaises du Verdon, des Calanques ou la toute proche Céüse. Ici, l'escalade s'est développée sous le contrôle conjoint de la mairie et des grimpeurs ! Quarante ans après les premiers spits et quelques 800 longueurs plus tard, la falaise attire toujours les foules de grimpeurs européens en quête d'une escalade "plaisir". En effet, après les premières grandes voies dans le Quiquillon, les équipeurs développent une escalade résolument sportive et sécurisée, sur la falaise du Belleric puis sur les piliers du Château. La grande majorité des voies est alors de niveau 5c/6a. Vient ensuite l'équipement des premières voies dures dans les dévers du Château. Le succès est immédiat ! Les 7b, 7c puis les 8 sont équipés avec le même soucis de sécurité et plaisir. 

Si le succès perdure aujourd'hui encore, c'est donc grâce aux maires successifs qui ont maintenus des investissements importants décennie après décennie. Ce modèle économique est finalement assez proche de celui de certaines stations de ski. Chaque programme d’équipement se fait sur quatre ans et inclut non seulement des nouvelles voies sur des secteurs bien définis, mais aussi les sentiers, les parkings, la sécurisation et la signalétique. C’est ainsi que même lors des périodes de grande affluence, l’harmonie entre les grimpeurs et les villageois a toujours été préservée. Si la vente du topo finance une toute petite partie de l'équipement, les grimpeurs sont aussi invités à participer via un programme de crowdfunding à la mise en place de toilettes sèches au pied de la falaise du Belleric. En effet, la fréquentation du site est telle qu'il devient important de mettre en place cet équipement au pied des voies ! En attendant, merci de redescendre jusqu'au parking du cimetière à 5 minutes pour vos besoins nauséabonds...

Depuis les années 2000, la sécurisation des falaises mais aussi de ses abords est au cœur des travaux. Ainsi, après un programme d’équipement de 160 nouvelles longueurs de 2008 à 2012 incluant la création de nouveaux sentiers, le débroussaillage et une nouvelle signalétique, l’année 2013 à été tournée vers l’entretien du site avec 50 journées de travail financées par la commune et le club d’escalade. Le Plan d’Evaluation des Risques (PER) en vigueur sur le site d’escalade d’Orpierre permet aussi une visite approfondie des falaises et des pentes dominant les voies. Ce programme de contrôle bénéficie de l’expérience et de la connaissance du terrain des précurseurs comme Pierre-Yves ou de Nicolas mais aussi de la jeune génération qui prend progressivement le relais puisque les jumeaux Benjamin et Brice Thomas, moniteurs diplômés d'état assurent les nouveaux équipements !

La commune d’Orpierre s’est également adjoint un Assistant à Maîtrise d’Ouvrage en s'appuyant sur les compétences de Robert Berger, un autre guide de haute montagne spécialisé dans les aménagements sportifs en milieu naturel (sites d’escalade, via ferrata, parcours aventure…chez Prisme Aventure).  D'importants travaux  de sécurisation et de confortement ont été menés du printemps 2016 au printemps 2019 donc vous ne serez pas surpris de voir ici et là, grillages, filets et autres ferrailles luisants au soleil au sommet des falaises y compris au plus loin du village (photos des travaux disponibles sur le site https://www.orpierre-escaladedurable.com/). 

Donc, si depuis le début, l’équipement des falaises d’Orpierre s’est toujours fait de manière concertée pour assurer un développement cohérent du site, que ce soit en termes de fréquentation mais aussi termes d’attention portée à l’environnement, cela n'empêche pas certains secteurs écoles d'afficher complet tout l'été, les grimpeurs cherchant un peu d'ombre ! C'est notamment le cas à la cascade qui est aussi l'outil de travail des professionnels. Si la falaise du Puy ouverte il y a quelques année sur l'autre rive du Céans est aujourd’hui fermée, la petite falaise de la Douce, située un peu à gauche, en contrebas, offre un nouveau secteur d’initiation en face nord. C’est un petit site (13 voies de 4 à 5C) à l’ombre le matin et très agréable l’été, d’autant plus que l’accès à pied n’excède pas 5 mn depuis la place de l’église ! 

On a testé la grimpe à l'ombre cet été !


Topo du nouveau secteur école de La Douce à Orpierre ouvert en 2020
Topo du nouveau secteur école de La Douce à Orpierre ouvert en 2020

Et depuis 2019, la commune a impulsé un nouveau programme d’ouverture de voies dans des secteurs à l’ombre l’été. Après, la microfalaise de La Douce, c'est dans les légers dévers de l'Anticlinal (à gauche de la Cascade) qu'ont été ouvertes 7 nouvelles longueurs entre 6a+ et 7b ainsi que sur l' Envers de 4 Heures (au pied du Pilier de l’Ascle) avec une escalade de niveau 5b à 6b.

On peut grimper à l'ombre le matin à la Cascade (mais c'est aussi là que se trouvent les groupes) et au Belleric jusqu'à 11h l'été. Ensuite, il faut basculer sur le pilier de l'Anticlinal où se trouvent les nouvelles voies. Côté cotation, par rapport au topo ci-dessous, la voie n°4 nous a paru valoir un 6b par rapport aux autres voies de la falaise et sa voisine de droite (n°3) un bon 6a+ Pour la n°1, les avis sont plus partagés car la difficulté réside dans un pas un peu bloc pour sortir du toit mais franchement le 6b nous paraît pas volé...

A partir de 15h, les voies du Château passent à l'ombre et il faut une bonne heure pour que le rocher commence à refroidir. L'idéal est donc de grimper de 16 à 21h. Entre les deux, ce sera sieste, piscine, falaise de la Douce (le Puy étant actuellement fermé) ou via ferrata !

Topo Anticlinal gauche


Topo envers 4 heures


Xav' dans le 6a+


5c+ à l'ombre au Belleric


au soleil dès 11h


A la cascade


Xav' dans un 6a+


de l'anticlinal


Das à la Cascade








Xav4 dans le 6b+


ombragé de


Super Mammouth


Ivan dans le 6a/b


de gauche du nouveau


secteur



On a aussi testé la Via ferrata de Petrule


Mais finalement, la grosse nouveauté, c'est la via ferrata de la Petrule, sur le rocher qui fait face à l'église ! De gros travaux et un bel investissement avec une ligne de vie continue tant sur le parcours sportif que sur la via familiale ! Accessible en 15 minutes depuis la terrasse du Bar des Alpes, le parcours difficile escalade le léger dévers ocre avant de traverser toute la face jusqu'à la tyrolienne d'une trentaine de mètres. Suit un pont de singe et un pont népalais pour se hisser au sommet face au Quiquillon. A l'ombre en fin de journée, l'escalade se déroule dans les thermiques (sensations garanties !) et nécessite parfois encore quelques précautions notamment dans les vires où quelques pierres peuvent encore tomber. Comptez 1h30 avec un groupe dynamique pour aller poser votre pierre sur le cairn sommital. Si vous n'avez pas l'équipement adéquate, vous pouvez le louer au magasin et si vous craignez de ne pas savoir vous y prendre, faites vous accompagner par les pros du village ! A la descente, mettez-les pieds dans l'eau froide du Céans.

Au départ


attention ça monte


et ça monte


Dans la tyrolienne


lâchez vous !


puis pont de singes




et pont népalais


pour danser















Mais Orpierre, ce n’est pas que la grimpe ! C’est un paradis pour tous les sports de pleine nature... De la petite balade à la grande randonnée, à pied, à cheval ou à vélo, dans l'eau (piscine, rivières, lacs) ou dans les airs (parapente), on appréciera les alentours chacun à son rythme ! On a qu’une envie quand on arrive dans le village : poser la voiture et profiter du séjour pour vivre au rythme d’Orpierre, ici tous les secteurs sont directement accessibles à pied au départ du village ! Mais parfois, un petit coup de voiture peut vous ouvrir les portes vers de nouvelles aventures. Les falaises dans les environs sont légions. Vous pouvez aussi faire du canyon, de la via ferrata, du VTT, du trail, bref, vous n'allez pas vous ennuyer. Profitez donc de votre journée de repos pour faire l'ascension du St Michel ou le tour des falaises par les crêtes et découvrez les superbes panoramas sur les Ecrins et le Champsaur

Montagnes des Ecrins et du Champsaur depuis le Saint Michel
Montagnes des Ecrins et du Champsaur depuis le Saint Michel




Orpierre, c'est aussi des produits locaux de qualité (miel, fromages, viandes, pommes...) et depuis quelques années, si vous passez par là en juillet, vous pourrez voir depuis le haut des falaises de jolis carrés violets dans le paysage... ce sont les champs de lavande en fleur de retour dans sur la commune ! Le terroir est idéal pour la culture de la lavande...










Voilà, on vous souhaite à toutes et tous un bon séjour et longue vie à nos ami.e.s d'Orpierre
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