Le grès humide c'est fragile...très fragile


L'ancienne prise de pied du départ du 24 blanc du 95,2
Les grès bellifontains sont des rochers fragiles qu’il convient de brosser certes mais pas avec n’importe quelle brosse. 
Qu’il s’agisse d’une ouverture de voie ou du besoin de retirer le magnésie accumulée entre les interstices des grains du rocher, le brossage de nos cailloux doit se faire avec délicatesse et sous certaines conditions. 

Cette article n’est qu’une première approche de la chose et sera suivi d’une fiche technique comme celles que nous avions faites pour le pof ou la parade. 

Toutefois, en ce début d’automne très humide (et bien que nous soyons toujours en sécheresse dans cette partie du département !!!), il nous est apparu essentiel de rappeler la fragilité du rocher au travers de quelques exemples de dégradation de voies… au 95,2 notamment.



Quand il fait un temps mitigé, Bleausards et étrangers rongent leur frein un certain temps avant de craquer et de se ruer sur les cailloux à peine secs des secteurs réputés "quick drying" que sont le Bas Cu, le 95,2 ou le Rocher de la Reine. Les plus impatients vont même jusqu’à sécher les prises à la magnésie ! Outre le fait que cela ne donne pas de bons résultats en terme d’adhérence, la pollution visuelle que cela engendre et l’encrassement des prises qui en résulte devrait conduire chacun d’entre nous à bannir totalement cette pratique. Mais le pire résulte certainement dans la dégradation des prises suite à des brossages « agressifs » notamment par temps humide.

Nous recommandons de ne pas grimper à Bleau lorsque les blocs ne sont pas totalement sec. Vous risquez la casse d’une prise et la chute qui va avec peut être dangereuse (notamment dans les sites du sud de la forêt où en plus d’être plus fragiles, les blocs sont plus hauts !) Et encore, nous ne parlons là que de la roche mais les mousses et lichens mouillés peuvent êtres eux aussi la cause d’un retour au sol douloureux !!

En plus de votre sécurité, nous pensons à tous ces blocs plus ou moins abimés par notre pratique. Ainsi, tout récemment, la première prise de pied de l’angle du 24 blanc au 95,2 à cédé. Et la deuxième s’est tellement effritée qu’elle est 5 cm plus basse qu’avant. Côté 5c à l’origine, ce passage valait un bon 6a depuis quelques années et devra peut être remonté à 6a+ pour « grand » dans un avenir proche à moins qu’une grosse marche ne se creuse !


Toujours au 95,2, sur le pignon principal, le P’tit Toit, un problème côté 7a/7a+ jusqu’aux débuts des années 2000 avait été descendu à 6b+ suite au creusement des bosses sous l’action de brosses métalliques et de brossages intensifs. Pire, dans le toit, la grosse bosse présente une fissure qui ne manquera pas d’entraîner prochainement l’arrachement de ce morceau. On pourrait ici citer d’autres exemples de brossage creusant des prises comme le monodoigt de la Nescafé qui est maintenant un gros tri évolutif, le pouce de la pince main droite des Bretelles (toutes deux au Bas Cuvier) ou l’histoire de la prise de pied de Fata Morgana.


Le Petit toit
Le Petit toit 
Le petit toit 
Attention, celle-là ne va pas tarder !
L'arête du 24 blanc, le pied manquant

La prise manquante !!!
Le mono de la Nescafé !!! 
Le sica des années 80 au Bas Cuvier part... 


Vous nous direz que des remèdes existent certainement. C’est pas faux. 

Ainsi, pour certains blocs, nous recommandons l’usage d’un fixateur incolore dont l’Ibodur est le meilleur représentant (d’autres produits ont donné de bons résultats mais ont tendance à jaunir ce qui n’est pas des plus esthétique). Cette opération est à réserver à des cas extrêmes et devrait être laisser aux bons soins des associations. 

Dans tous les cas, ne pas utiliser de sica ou autres résines type Hilti. C’est produit sont des colles hydrofuges et n’empêchent dont pas les infiltrations. En les utilisant, sans parler de l’aspect esthétique, on ne règle pas le problème (l’eau s’infiltre entre la plaque de sica et le support).

Celui-ci fonctionne aussi pas mal.


Sur les plaques de quartzite, vous pouvez brosser, pas de soucis,  sur les grès « pif » et « paf » ça passe encore en évitant les jours humides et la brosse métallique, mais sur le « pouf », mieux vaut s’abstenir de tout brossage ! Du coup, pour enlever la magnésie, reste à recommander une brosse assez souple comme celle en soie de porc et assez large pour moins creuser (dont on vérifiera qu’elle n’est pas pleine de sable)… Autant que faire ce peu, mettre moins de magnésie, c’est probablement la meilleure solution…

Nous reviendrons bientôt sur le sujet du brossage !

L’humidité des prises est liés à plusieurs facteurs possible. Il y a les précipitations, le brouillard qui, s’il reste assez longtemps, mouillera les blocs pour le reste de la journée, le dégel et la condensation. Le mot condensation décrit le phénomène physique du passage d'un gaz à un état solide et par abus de langage, elle désigne aussi le passage d'un gaz à l'état liquide, mais le terme exact dans ce cas est liquéfaction.

La « condensation » est donc le phénomène naturel qui se produit lorsque le différentiel de température entre l’air ambiant et les parois est tel que l’humidité de l’air se condense sous forme de gouttelettes sur les parois. En fait, c’est le même phénomène que la condensation qui apparaît lorsque vous prenez une douche très chaude, laquelle réchauffe l’air plus rapidement que les murs. A Bleau, le phénomène peut être observé en plein été (même si c’est rare) et résulte d’une savante combinaison qui le rend assez imprévisible mais que les bleausards expérimentés « sentent » assez bien. Donc outre le différentiel de température, parmi les autres facteurs générateurs de condensation figurent la mauvaise ventilation d’un site, une exposition au nord et le taux d’humidité... C’est un phénomène classique en automne et hiver quand les blocs deviennent froids et que l’aire se réchauffe très vite (en général, plus de 8° C d’écart). Dans ce cas, il y a peu de chance de sauver votre séance et par pitié, ne grimpez pas sur rocher humide car le rocher, devenu fragile, risque de casser.


Pour en savoir un peu plus sur la géologie du site :

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2 commentaires :

  1. salut Greg, En fait je me suis toujours dis (est ce que je me trompe?) que la brosse métallique, utilisée le moins possible et uniquement pour les ouvertures et l'entretien, a un impact sur le rocher très faible ( je met de coté bien sur le problème écolo des mousses et lichens et l' utilisation pour enlever la magnésie ce qui est tellement stupide que j'ai du mal à y croire!). Par contre l'emploi de la brosse à dent, très à la mode en ce moment, est a mon avis à proscrire absolument. Il faut imaginer l'effet d'un brossage répété des milliers de fois ( je pèse mes mots!) sur une petite réglette de grès tendre avec en plus un abrasif la magnésie! ça c'est catastrophique. Une expérience intéressante et très facile à faire serait de prendre des empreintes ( à l'alginate puisque l'on parle dentiste!) d'une réglette à plusieurs mois d'intervalle?
    Pour conclure, tu as parfaitement raison Greg, plus la brosse est large moins il y a de risque et l'utilisation du chiffon reste pour moi le must!
    Amicalement Hugues.

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    1. Salut Hugues,
      Je partage assez le constat sur les brosses métalliques dès lors que l'usage en est maîtrisée et qu'il ne s'agit pas de grès tendre (là, un seul coup peu avoir un impact !!!)
      je ne suis pas d'accord avec la deuxième partie de ton commentaire mais l'expérience mériterait d'être menée. Cette histoire de brosse à dents sableuse qui abimerait le rocher fait d'ailleur débat au sein du Cosiroc.
      Nous ne sommes pas des spécialistes en tribologie mais la brosse nylon ne peut ou ne génère pas assez de grains de sable (qui en plus partent avec le brossage) pour polir et abraser le roche. En revanche, sur grès humide, avec une brosse dure et fine...

      La semelle tendre d'un chausson laisse le sable s'incruster dans le caoutchouc et peut (peut être)faire office de papier abrasif dès lors que le pied glisse un peu, d'où le polissage des prises de pied dans certains sites. C'est ainsi que l'on procède en mécanique pour usiner des matériaux très durs: un support tendre imprégné d'un abrasif très dur.

      Ceci dit, là encore, nous recommandons :
      - un usage limitée des brosses métalliques (sur le lichen),
      - un usage limitée des brosses à dents en recommandant tout particulièrement les modèles en soie beaucoup plus efficace que les modèles nylon,
      - un usage modérée de la magnésie,
      - un usage de brosse en soie large et souple.

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