Parmi les nombreuses activités pratiquées dans la forêt de Fontainebleau, il en est une dont vous ne soupçonnez sans doute pas les ravages qu'elle provoque sur la faune : l'équitation !
En effet, certaines molécules antiparasitaires utilisées pour traiter les chevaux ont des propriétés pesticides susceptible d'affecter une faune dite "non-cible" et notamment les bousiers. Une toxicité mal connue et mal évaluée qui, en raison de la sensibilité de certaines espèces de coléoptères, a nécessité des dispositions spéciales liées au classement de la domaniale au titre de Natura 2000.
En effet, certaines molécules antiparasitaires utilisées pour traiter les chevaux ont des propriétés pesticides susceptible d'affecter une faune dite "non-cible" et notamment les bousiers. Une toxicité mal connue et mal évaluée qui, en raison de la sensibilité de certaines espèces de coléoptères, a nécessité des dispositions spéciales liées au classement de la domaniale au titre de Natura 2000.
Le territoire de la Réserve Biosphère de Fontainebleau, dans le sud de la région Ile-de-France, est le lieu d’accueil de plus de 3 000 chevaux chez plusieurs dizaines d’entreprises (éleveurs, hippodromes, écuries…). C'est aussi un territoire très important pour les insectes. En effet, 312 des espèces qui y sont présentes sont protégées ou figurent sur une liste rouge. Parmi elles, on trouve notamment une trentaine d’espèces de lépidoptères (papillons) et de nombreux coléoptères (3500 espèces) ont également été recensés dont 88 sont des espèces menacées en Ile-de-France et figurent sur la
liste rouge de l’UICN (ARBFG, 2009).
Vous ne le savez peut être pas mais les chevaux d'élevage sont sujets au parasitisme et ce, d'autant plus que leur confinement et un mode de vie si différent de leur milieu d'origine conduisent à une infestation quasi constante. On en distingue deux types : les parasites externes (mouches, taons, moustiques et tiques) qui, comme pour nous, peuvent provoquer outre l'agacement, des démangeaisons et maladies (notamment maladie de Lyme) et, les parasites internes sont des vers dont il existe des dizaines d'espèces (strongles, ascaris, anguillules...) Contre ces parasites internes, les chevaux sont traités avec des vermifuges puissants (il s'agit en fait de "vermicides" qui tuent les adultes mais pas les œufs) car l'infestation peut être fatale en cas de non traitement.
liste rouge de l’UICN (ARBFG, 2009).
Vous ne le savez peut être pas mais les chevaux d'élevage sont sujets au parasitisme et ce, d'autant plus que leur confinement et un mode de vie si différent de leur milieu d'origine conduisent à une infestation quasi constante. On en distingue deux types : les parasites externes (mouches, taons, moustiques et tiques) qui, comme pour nous, peuvent provoquer outre l'agacement, des démangeaisons et maladies (notamment maladie de Lyme) et, les parasites internes sont des vers dont il existe des dizaines d'espèces (strongles, ascaris, anguillules...) Contre ces parasites internes, les chevaux sont traités avec des vermifuges puissants (il s'agit en fait de "vermicides" qui tuent les adultes mais pas les œufs) car l'infestation peut être fatale en cas de non traitement.
Du coup, les traitements préventifs des chevaux contre les vers sont quasiment devenus systématiques. En France, un cheval sur deux reçoit un traitement sans avis vétérinaire (Micoud, 2012). L'usage de ces médicaments est tellement répandu que l'on observe un développement préoccupant de résistances : les molécules perdent de leur efficacité.
Les médicaments strictement "vermifuges", qui tuent les
parasites internes (donc des vers), ont peu de propriétés insecticides.
En
revanche, les molécules "endectocides" (littéralement "qui tuent
à l'intérieur et à l'extérieur", c'est-à-dire les parasites internes et
externes), beaucoup plus utilisées, ont des propriétés insecticides. Ils
sont neurotoxiques pour les parasites externes, mais aussi pour les mouches,
les papillons, les coléoptères, etc. car les insectes ont tous le même système
nerveux. Ces molécules appartiennent aux familles des Avermectines et des Milbemycines,
et leurs représentants les plus connus sont l'Ivermectine et la Moxidectine.
Sur notre territoire, ces molécules représentent 72% des traitements
administrés aux chevaux.
Vous voyez où l'on veut en venir ?! Ces molécules toxiques peuvent se retrouver dans l'environnement.
Les processus par lesquels ces molécules endectocides sont
métabolisées et stockées dans l'organisme de l'animal sont complexes mais on sait
maintenant qu'elles sont rejetées dans l'environnement en continu, pendant un
certains temps, par les urines, des crottins et les poils de l'animal. Les
études montrent par ailleurs que c'est bien la molécule-mère entière qui est
rejetée, et qu'elle n'a pas été dégradée lors de la métabolisation.
Les crottins des chevaux, facilement minéralisables, attirent les insectes coprophages (bousiers, mais aussi mouches...) qui s'en nourrissent, vivent dedans, etc. Ils les dilacèrent et les enfouissent dans le sol. Ce faisant, ils enrichissent le sol et accroissent sa capacité à être végétalisé. Ils transportent également sur eux des bactéries et des champignons du sol, participant ainsi de la vie du sol et de la surface.
La molécule se retrouve dans le crottin pendant plusieurs jours
voire plusieurs semaines après l'administration du médicament au cheval, et une
fois au sol, le crottin reste toxique également pendant plusieurs jours
(l'Ivermectine est sensible aux UV à condition d'y être directement exposée).
Les insectes coprophages, mais aussi indirectement l'ensemble des insectes du
milieu fréquenté par les chevaux et leurs prédateurs peuvent donc être exposés
à ces molécules toxiques.
Si
des études en laboratoire, mettant directement l'insecte en présence de la
molécule, ont montré que cette toxicité agit surtout sur les insectes à l'état
larvaire (avec un effet létal) et au stade jeune adulte qui voit sa
croissance ralentie (condamnant sa capacité à se reproduire), qu'en est-il des
effets de ces molécules telles qu'elles sont utilisées, après avoir été
métabolisées par l'organisme du cheval, et qui se retrouvent dans
l'environnement naturel ?
Si les DOCOB (Documents d'objectifs) de la forêt de Fontainebleau (mis à jour en 2013) en préconisent l'interdiction, on peut s'interroger sur comment organiser un traitement antiparasitaire des chevaux garantissant à la fois leur santé et la préservation des milieux naturels et des espèces de l'écosystème ? Une question à laquelle s'est attaquée Marion Micou en 2012 (voir plus bas) dont les travaux ont été suivis par la Réserve MAB. En attendant, plusieurs propriétaires privés rencontrés dans le Pays de Fontainebleau ne semblaient pas informés du sujet...
A lire :
Impact des produits antiparasitaires administrés aux chevaux
sur les coléoptères coprophages de la forêt de Fontainebleau. Mémoire de Master
2 Ecocaen "Gestion et valorisation agro-environnementale". Micoud Marion (2012) - Télécharger le document
Effets des antiparasitaires sur les insectes coprophages - N° 255 / Mai 2005 / Le Point Vétérinaire
Après les grimpeurs et la magnésie, les randonneurs,les vttistes voilà que les chevaux sont de la partie.
RépondreSupprimerBientôt on interdira aux chevaux de chier en fôret.
ça deviens franchement insuportable ces articles écris par des bobos qui se la joue super écolo mais qui ne se rendent même pas compter que ceux sont souvent eux qui polluent le plus , les esprits surtout...
L'écologie ça va un moment, mais le degré de connerie abyssale n'arrêtera décidemment pas certains.
Excusez mon emportement mais quand c'est trop c'est trop.
Bonsoir Christian,
RépondreSupprimerC'est qui les bobos pour toi ?!
En tous cas, souhaitons que ce ne soit pas les membres de la cordée de rédaction de la TL2B car c'est loin d'être le cas !
Nous ne faisons que relayer ici une information sérieuse et méconnue mais qui a entraîné certaines prescriptions dans les DOCOB de la forêt à la demande des naturalistes ! La Tribune a été créé aussi pour informer, faire prendre conscience des impacts de nos pratiques mais aussi pour dénoncer certaines réglementations visant à mettre sous cloche la nature, à nous l'interdire ou à l'exploiter.
Le Christian il a une dent contre les coléoptères coprophages on dirait et tout particulièrement ceux de la forêt de Fontainebleau... C'est pas courant une telle aversion pour les bousiers.
RépondreSupprimer