Sur les traces du télégraphe de Chappe


Vous vous êtes peut être demandé pourquoi la crête qui domine le site de la Canche aux merciers s'appelle Rocher du Télégraphe ? En Essonne, si vous allez grimper du côté des Grands Avaux où se trouve un autre Rocher du Télégraphe, vous aurez peut être la réponse ! Ces sites font référence à l'emplacement de tours-relais  du Télégraphe de Chappe. Mais au fait, c'est quoi ce truc ? 
Voici quelques éclairage sur ce patrimoine historique français quelque peu oublié...



Lors d'une randonnée sur le superbe sentier bleu n°16 (dit des belvédères) ou d'une sortie sur l'unique circuit d'escalade de ce rempart, les plus observateurs d'entre-vous découvriront certainement cette étrange gravure...

Non, il ne s'agit pas d'une gravure préhistorique (pourtant si nombreuses à Bleau) représentant un extra-terrestre sortant de son vaisseau mais bien d'une représentation de la tour du Télégraphe de Chappe qui se trouvait sur le plateau !



Lorsque survient la Révolution française, l'information chemine encore au rythme des chevaux. En 1793, le pays est bouleversé, le canon gronde aux frontières du nord et de l'est.
Un moyen facile de communiquer rapidement et à grande distance" est proposé aux hommes de la Convention qui, après quelques hésitations, l'acceptent.
 
Il sera ainsi possible "de connaître en très peu de temps les événements nombreux qui se succèdent, de transmettre les ordres... d'annoncer les secours à une ville investie..."
L'inventeur de ce nouveaux moyen de communiquer est un certain Claude Chappe, physicien (1763-1805) originaire de Brulon dans la Sarthe. L'invention est baptisée tachygraphe, puis "télégraphe", du grec thle grajein, TELE - loin, et GRAPHEIN - écrire.
La machine de Chappe est composée de trois "voyants", de forme rectangulaire allongée, en bois et à claire-voie, mobiles dans un même plan vertical en haut d'un mât. Ces voyants sont peints en noir pour mieux se détacher sur le fond lumineux du ciel.

Le voyant central appelé régulateur est long de 4,65 m et large de 0,35 m. En tournant autour d'un axe fixé en son centre, il peut prendre quatre positions (verticale, horizontale, oblique droite et gauche).
Les deux autres voyants appelés indicateurs, longs de 1,94 m, pivotent par leurs extrémités aux extrémités du régulateur, formant des angles aigus, droits ou obtus.
Une mécanique formée de leviers, d'axes, de contre-poids, de poulies, de cordes en laiton est actionnée à bras d'homme depuis l'étage inférieur.

L'appareil fixé sur une tour ou un clocher peut être distingué à environ 10 km grâce à une lunette à longue porté. 


Le télégraphe Chappe, encore appelé télégraphe aérien, bien que réseau privé, restera toujours sous le contrôle de l'Etat pour des besoins politiques ou militaires, à l'exception d'une courte période où il transmit les résultats de la Loterie Nationale ! 




Quelques autres systèmes concurrents - optiques, puis électriques - au système Chappe voient le jour. Mais grâce aux appuis politiques des frères Chappe, le réseau fonctionne encore bien après l'apparition de la télégraphie électrique sur les lignes de chemins de fer d'Angleterre vers 1832. 
Le système Chappe sera encore utilisé en Algérie de 1844 à 1859 et sur le champ de bataille en Crimée en 1855. 


Le réseau formé par ces tours du télégraphe était plutôt dense et passait par les points hauts de nos forêts. Outre cette gravure du Rocher du Télégraphe (Trois Pignons) on peut encore observer des ruines au poste de Beauvais (ou Champcueil). Ce poste reçevait les signaux de Vert-le-Grand, situé à 10 200 m. (Alt 130 m). Venu de Paris par Athis-Mons et Fleury-Mérogis, le signal émis de Vert le Grand passe au-dessus de la vallée de l'Essonne.
Il longe ensuite le plateau séparant les vallées de l'Essonne et de l'Ecole pour atteindre le poste de Beauvais sur l'extrémité Est de ce plateau

" Le poste est situé sur le somais des rochers, très rude pour y monter. Son commerce et culture bois et chataignes; ce poste ne voit que Thurail.
Ce poste a sept pieds sans y comprendre la maisonette... " (MPAR 98111 © Musée de La Poste de Paris )

La base de la tour est encore visible au lieu-dit le Télégraphe, dans la forêt des Grands Avaux, sur la commune de Champcueil (91). La Tour du Buisson, sur le GR 11, n'a rien à voir avec le télégraphe, contrairement à ce qu'affirme la plaque qui y est apposée !

Du télégraphe, seules subsistent des ruines des murs de la base d'une tour quadrangulaire de 4 x 4 x 5,50 mètres. 


L'établissement de la première ligne télégraphique entre Paris et Lille est terminée en 1794. Le poste de Beauvais, placé sur la ligne Paris - Lyon, servit de 1805 à 1850. Deux «stationnaires » y étaient affectés. Pourvus de lunettes d'approche, ils recevaient les signaux venant du Nord  et les transmettaient vers un poste distant de 6,8 km au Sud situé à Fleury-en-Biere (bois des Turelles).


Pour accéder aux vestiges du télégraphe Chappe, il faut partir du parking de la Chaumière, se diriger vers Beauvais puis monter à droite, juste après la sablière, par un large chemin. Arrivé sur le plateau, il faut emprunter à droite un petit chemin jusqu'à son extrémité. 

Pour en savoir plus sur le Télégraphe de Chappe, voici quelques liens... :

http://visite.artsetmetiers.free.fr/chappe.html

http://www.telegraphe-chappe.com/chappe/reseau.html
http://leslivresoublies.free.fr/leslivresoublies/Sciences_et_techniques_muse/Histoire_du_telegraphe.html


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