Parc National des Calanques : autorisation préfectorale de polluer aux boues rouges

C’est un nouveau revers pour les défenseurs de l’environnement et pour la ministre de l’écologie dans l’affaire des boues rouges du Parc National des Calanques ! En effet, mardi 29 décembre 2015, le préfet de région a autorisé la société Alteo à poursuivre l’exploitation de ses usines sur le site de Gardanne et donc, à rejeter en mer, pendant encore six ans, les effluents aqueux résultant de la production d’alumine, les fameuses "boues-rouges", en plein cœur du Parc national. Une décision aussitôt dénoncée par la Ministre Ségolène Royal. « Je désapprouve cette décision. ... Je pense que c’est une mauvaise décision qui est essentiellement suscitée par le chantage à l’emploi », a-t-elle ajouté. Une sortie de la Ministre qui a obligé Matignon à réagir en expliquant que la décision du préfet était fondée sur l’avis favorable émis par Conseil supérieur de prévention des risques technologiques (CSPRT) du 22 décembre.

En 2013, nous publions notre premier article sur ce sujet sur les indications de Françoise Degert. En juillet 2015, nous évoquions l'enquête publique lancée par la Préfecture pour répondre à la demande d'Alteo sur la poursuite de son activité après le 31/12/2015. En effet,depuis bientôt cinquante ans, ce site de production d’alumine, situé près d’Aix-en-Provence, bénéficie d’un droit d’expédier des résidus en mer, à 7 km au large de Marseille et Cassis. Plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont été ainsi déversées sur les fonds marins de la fosse de Cassidaigne.


Site de production de Gardane Alteo, F.Degert
Site de production de Gardane Alteo, F.Degert




C'est donc l'avis favorable du Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques (CSPRT) (arrêté rendu le 22 décembre 2015) que le Préfet a retenu pour rendre sa décision et accorder à Alteo le droit de continuer à rejeter pendant six ans des produits polluants dans la mer. A un détail près ! Ce ne sont plus les boues rouges elles-mêmes qui seront rejetées à partir du 1er janvier 2016, mais la partie liquide de ces effluents qui sera toujours envoyée dans la grande bleue comme le rappelait France.info.

Joint par francetv info, les élus locaux se défendent et soutiennent cette décision ! Claude Jorda, conseiller départemental communiste du canton de Gardanne, se dit "satisfait" que la ville conserve
"cet outil industriel pour la production d'alumine". Indispensable aux ordinateurs ou aux smartphones, cet alliage, rappelle le député des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert, est "le troisième métal le plus produit au monde".

Et Claude Jorda rappelle au passage que cette production pourrait être délocalisée"dans des pays moins regardants" sur les normes environnementales. Allusion à la catastrophe survenue en Hongrie, en octobre 2010 où, à la suite d'un accident dans une usine de bauxite-aluminum, un million de m3 de boues rouges s'était déversée sur sept villages du pays et avait fini par atteindre, rappelle L'Obs, les eaux du Danube. Et l'élu de conclure : "Il faut poursuivre les deux combats : ce n'est pas l'emploi contre l'environnement, ou l'environnement contre l'emploi, mais les deux de front."

Dans le même registre, il n'est pas imaginable, pour le maire de la ville, Roger Meï, d'ajouter "700 demandeurs d'emplois de plus" aux 1900 déjà inscrits à l'agence de Gardanne. L'usine d'alumines d'Alteo emploie directement 440 personnes et indirectement 250 sous-traitants.

Enfin, les élus insistent aussi sur le pas en avant pour l'environnement, et le laps de temps donné pour une dépollution totale, sous peine de fermeture. "Il est nécessaire, martèle Claude Jorda, que la commission de suivi du site fasse son travail. Six ans pour trouver une vraie solution à la pollution, c'est à la fois court et c'est long. On avait avant une pollution qui rejetait la totalité de rejets en mer. Au premier janvier 2016, plus aucun rejet lourd ne devrait aller en mer, mais il restera encore des métaux. Il existe des procédures qui pourraient permettre que l'eau soit dépolluée, mais il faudra faire un effort financier. C'est un double défi : continuer à produire l'alumine indispensable à nos ordinateurs et nos smartphones et arriver à une pollution zéro. L'entreprise doit passer au bassinet. Il ne faut évidemment pas laisser faire pendant six ans, mais respecter les échéances fixées par le parc national des Calanques avec un comité de suivi du site associant ONG, industriels, élus, salariés."
Ceci étant dit, l'entreprise a eu tout le temps nécessaire pour trouver une alternative et on ne voit pas bien en quoi, ces 6 années supplémentaires de droit à polluer vont changer quelque chose au problème de l'emploi sur ce secteur. Bref, on se moque du monde et des conséquences à long terme sur la faune et la flore du PNC, voir, des habitants en cas d'accident.

Pour Ségolène Royal, "il aurait fallu avoir le courage d'imposer à l'entreprise une mutation du site et une dépollution". "Là, l'entreprise a obtenu une dérogation pour continuer à polluer", a-t-elle ajouté, espérant "qu'il y aura des recours pour que toute la clarté soit faite".

"Les dernières enquêtes de l'Anses (Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire) publiées il y a quelques jours ont bien montré qu'à l'endroit des rejets, il y avait une contamination beaucoup plus forte, notamment en mercure", une pollution "dangereuse pour la santé", a-t-elle noté.

Il est impensable qu'un site naturel classé doive continuer à subir la pollution par une entreprise en toute légalité, malgré les nombreuses protestations et pétitions  , et ce dans un Pays qui vient de faire signer les Accords de Paris lors de la COP21 !









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