[BLEAU] Les parking du massif forestier de Fontainebleau sont interdits la nuit

Nous ne reviendrons pas sur la nécessité de prendre une telle mesure pour face aux problèmes rencontrés ces dernières années en forêt (notamment à Franchard)  et donc, depuis août dernier, un arrêté préfectoral interdit tout stationnement nocturne tout en rappelant, sans trop de précision, l'interdiction de camper ou bivouaquer en forêt. Tout juste est-il fait mention du classement en forêt de protection comme justification. 

Le bivouac est pourtant une activité historique dans cette forêt et des générations de grimpeurs s'en sont donnés à cœur joie pendant des décennies y compris sous occupation allemande ! Pourtant, dormir en forêt, si l'on respecte un certain nombre d'impératifs (pas de feu, pas de bruit, pas de déchet) ne fait pas de mal. Dans la notice de gestion de la forêt de protection de Fontainebleau publiée en 2016, le mot bivouac n'apparait que cinq fois au fil des 104 pages notamment page 62 pour rappeler qu'il existe des terrains de bivouac localisés dans le PV de classement mais surtout, page 21, à propos de la gestion des terrains militaires, où il est rappelé qu’aucun campement n’est autorisé en dehors des zones de bivouacs acceptées par la direction départementale des territoires ou l’ONF. La notion de bivouac n'est d'ailleurs pas évoqué dans le DOCOB (document d'objectifs Natura 2000) du Massif de Fontainebleau.

Caravaning sur le Parking de la Croix Saint Jérôme il y a quelques années !

Si on en est là aujourd'hui, c'est très certainement la faute à tout ces grimpeurs qui viennent dormir dans leur véhicule dès les beaux jours malgré les nombreux rappels de l'interdiction (débat dès 2011 sur la TL²B) et la mise en place de panneaux explicites sur les parking dès 2013. 

Mais c'est aussi et surtout la faute de nos dirigeants pourtant alertés depuis des années sur l'incapacité du territoire à accueillir ces hordes de touristes qu'ils ne cessent pourtant de vouloir attirer. Vingt ans plus tard et malgré de très nombreuses réunions de leurs diverses commissions et heures d'audit très chèrement payées, le constat reste le même dans le Pays de Fontainebleau : on est incapable d'héberger nos visiteurs ! Et les dernières études ne font que le confirmer. Le secteur et sa forêt reçoivent entre 10 et 15 millions de visites par ans (visites et pas visiteurs). Pire, on veut en attirer d'avantage à coup de label UNESCO. C'est pourquoi, à la TL²B, on est opposé à un tel classement de la forêt.

Arrêté préfectoral 2023

interdisant le stationnement

de nuit et donc le camping

Dans les constats du projet de territoire lancé par la communauté d'agglomération il est très clairement noté que Fontainebleau est : "...Le deuxième massif boisé de France après Orléans, mais aussi le premier spot d’escalade de bloc d’Europe. 38 % de ses visiteurs y pratiquent la promenade, 34 % la randonnée pédestre, 28 % la varappe, 19 % viennent pour se reposer et jouer en forêt, 4 % pour faire du vélo et 3 % pour promener leur chien. Les touristes en séjour fréquentant la forêt dépensent en moyenne 58 €/jour, soit une recette touristique directe de 13 millions €/an pour le territoire, dont 11 millions grâce à la forêt, 84 % des visiteurs motivant leur venue en premier lieu pour la forêt."

Toujours dans les constats, il est aussi rappelé  que : "Si les 200 gîtes et chambres d’hôtes semblent composer une offre en phase avec cette identité touristique, la Communauté d’agglomération ne compte « que » 5 lits pour 100 habitants, contre 33 à l’échelle nationale (total de 3400 lits pouvant accueillir les touristes) : les capacités d’accueil actuelles ne la classent pas parmi les territoires touristiques français. Cette limite de l’offre de l’hébergement révèle un territoire largement fréquenté dans le cadre d’excursions non traduites en nuitées, et un potentiel renforcement des retombées de cette attractivité. La montée en puissance d’un tourisme international, potentiellement dopé par la labellisation UNESCO de la forêt en cours, la croissance des « city-breaks» et les appétences accrues pour le terroir et la gastronomie, appellent au renforcement d’une offre d’hébergement singulière pour ce territoire."

Fort de ces constats, nos dirigeants ont prévu de "développer et favoriser le slow tourisme à destination de tous les résidents du territoire, passagers ou habitants" (objectif n°3) avec l'élaboration d'un schéma directeur de l’offre d’hébergement touristique et notamment, un soutien aux hébergements à destination des touristes itinérants. Nous évoquions déjà il y a deux ans de l'urgence à revoir le schéma d'aménagement touristique du Pays de Fontainebleau.

La carte des richesses naturelles de l'Ile-de-France met en évidence la nécessité de prévoir les passerelles et hébergements dans le sud francilien notamment de Rambouillet à Fontainebleau

La mesure d'urgence de fermeture des parking de la forêt est donc le constat d'échec de la conduite de cette politique d'accueil des touristes depuis plus de dix ans. Elle révèle aussi les erreurs du passé concernant le SCOT (que nous avions dénoncé dès 2012) et les errances des différents comités de pilotage voir, les querelles entre certaines entités du département (notamment Seine et Marne Tourisme et Attractivité 77). Bref, il serait grand temps que nos élus élargissent la concertation à d'autres acteurs et lancent les investissements nécessaires. 

En attendant, il y a fort à craindre pour les années à venir que, puisque l'hébergement est impossible pour les vans et autres campings cars autour de la forêt de Fontainebleau, ces touristes et grimpeurs trouvent refuge hors de la domaniale, dans les bois privés du sud Seine-et-Marne et Essonne, où les secteurs d'escalade ne manquent pas. Le problème va donc se décaler en périphérie (mais ça l'ONF s'en moque) causant au passage quelques pertes économiques pour le Pays de Fontainebleau mais surtout, en risquant de générer déchets, incendies et conflits, dans les autres forêts de la région. Les grimpeurs locaux risquent donc de se voir interdire aussi ces secteurs à très court terme ! On le répète, la solution ne peut se cantonner au périmètre du Massif forestier de Fontainebleau car si nombre de secteurs réputés se trouvent effectivement en domaniale, il y a bien longtemps que nos grimpeurs étrangers visitent les autres forêts du pays des grès, en Seine et Marne et en Essonne. A Fontainebleau, avec un peu de bonne volonté, en territoire ONF, des solutions existes. Nous en avons proposés par exemple deux à plusieurs reprises : le déclassement d'une bande de 20 mètres parallèle à la D409 pour la transformer en parking aménagé et la transformation en camping forestier (payant) de l'ancien terrain militaire en bord de la D607, à la sortie de Fontainebleau, près du Rocher de Bouligny (actuellement occupé par un petit centre canin).

L'aménagement du stationnement en forêt le long de la D409 permettrait de résoudre nombre de problèmes à Franchard mais nécessite de déclasser une partie de la forêt !