[BLEAU] Une pétition pour demander l'arrêt de la chasse aux cervidés en forêt de Fontainebleau

Photo Yannick Dagneau
En février dernier, nous vous avions appelé à participer au débat publique sur l'allongement de la période de chasse en France. En cause, les dégâts occasionnés aux cultures et aux forêts selon les rapport de l'ONF et du Ministère de l'agriculture. Si nous ne nions pas la forte augmentation de la population de sangliers sur le territoire français, nous nous inquiétons depuis plusieurs années de la très forte régression des effectifs de cerfs en forêt de Fontainebleau. Un collectif citoyen de naturalistes et photographe a lancé en février dernier, une consultation indépendante de nos amis photographes naturalistes sur leurs observations. En effet, qui mieux que ceux-qui suivent au quotidien la grande faune sauvage, pourrait nous renseigner sur l'état de la population de cervidés à Fontainebleau ? Leur constat est sans appel ! Les cerfs de Bleau vont bientôt disparaître à nouveau. Une pétition a donc été lancée pour réclamer au Préfet de Seine et Marne une baisse d'au moins 70% des prélèvements.

Dans notre article de février 2020 à propos du débat publique, nous avions rapporté ce propos de Renaud Klein de l'ONCFS (l’Office national de la chasse et de la faune sauvage). "Quant au sanglier, il ne causait pas de problèmes en petite densité, mais sa population a été multipliée par six en trente ans". L’évolution du tableau de chasse national des principales espèces concernées de 1976 à 2016 traduit selon l'ONF l’augmentation exponentielle de ces populations. Nous pensons que cela peut tout aussi bien être le reflet d'une sur-chasse !

Toujours en février, nous rapportions que "Tous les ans, la gestion liée à la surabondance des grands animaux en forêt coûte environ 15 millions d’euros supplémentaires à l’ONF, principalement en coûts de plantations pour combler les vides et en opérations de protection des semis et des jeunes plants. Les principaux dégâts forestiers causés par le grand gibier sont l’affouillement par les sangliers (retournement du sol), l’abroutissement (consommation des bourgeons et jeunes pousses) par les cerfs et chevreuils et l’écorçage des troncs par frottis des bois ou par consommation d'écorce (quand il y a sureffectif et peu de nourriture). L’équilibre sylvo-cynégétique est un impératif confié à l’ONF par la loi au terme de l’article L.121-1 du code forestier, "l’Etat veille (…) à la régénération des peuplements forestiers dans des conditions satisfaisantes d’équilibre sylvo-cynégétique" et de l’article L.425-4 du code de l’environnement.

Cerf à Fontainebleau
Photo : Yannick Dagneau
En 2015 déjà, deux photographes animaliers avait adressé au préfet de Seine et Marne un courrier relatif à la disparition des cervidés en forêt de Fontainebleau. (Courrier disponible sur le site de notre ami Yannick Dagneau : http://www.yannickdagneau.com/vers-une-foret-sans-cerfs/)
Ils y dénonçaient la diminution inquiétante des cervidés soumis à une trop forte pression cynégétique depuis quelques années, et proposaient une aide active afin de mettre en œuvre des mesures de protection par rapport à la circulation routière, sujet très souvent évoqué par les préfets pour justifier l’importance des plans de chasse. Le préfet de l’époque, M Jean-Luc Marx, n’avait pas accordé la moindre attention à ce cri d’alarme et à ces propositions. 

Cinq ans après, le problème est évidemment encore plus prégnant.

Si vous êtes un habitué des forêt de Fontainebleau et des Trois Pignons depuis plus de 20 ans, vous avez du remarquer comme nous le nombre de parcelles grillagées par l'ONF pour protéger les jeunes plants de chênes. Nous pensons que ces entraves à la libre circulations des cervidés ont considérablement réduits la surface dont ils disposaient pour se nourrir en accroissant la pression sur des zones où ils ne trouvent pas assez de nourriture (ce qui les conduits inévitablement vers les champs limitrophes). A notre avis, la population de cervidés est si basse qu'elle ne menace en rien la régénération des peuplements forestiers et ce d'autant plus que le nombre de parcelles grillagées s'est considérablement accru ces 20 dernières années. Il est de plus en plus difficile de voir des cerfs en forêt. Mais pour confirmer cette affirmation, plusieurs grands connaisseurs de notre forêt, parmi lesquels  se trouvent des randonneurs et des photographes animaliers et naturalistes, ont participé à une enquête indépendante pour faire un état des lieux de la faune sauvage de la forêt de Fontainebleau. Le constat obtenu est alarmant !

Ce constat est détaillé dans une pétition qui sera adressée au Préfet de Seine et Marne et à la Secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire pour réclamer une baisse d'au moins 70% des quotas de chasse des cervidés ce qui est un minimum si l'on veut pouvoir encore voir des cerfs en forêt de Fontainebleau ! 

Pour la plupart des naturalistes interrogés, diminution du nombre de cervidés est constante  depuis le début des années 2000 et la situation s'est considérablement aggravée depuis 2010 avec une accélération ces 5-6 dernières années. En 2011 et 2012 nous avions déjà relayé la demande des photographes animaliers de l'arrêt de la chasse d'été (en plein brame donc) pour ces mêmes raisons (en plus du danger qu'elle constitue). Il y avait en effet plus d'animaux dans les années 90. Il était commun d'observer une douzaine de cerfs bramant sur une place et des hardes de 15 biches. Une densité qui n'existe plus désormais à Fontainebleau !

Quelques cerfs Fontainebleau Gâtinais
un titre prémonitoire...
La déliquescence du brame en termes d’intensité en est la preuve. Le brame permet en effet de mesurer la vivacité de la population de grands cervidés. Mais, il devient vraiment très difficile de l’entendre. Seul subsiste le brame de nuit, la période est de plus en plus courte et il y a chaque année de moins en moins d’animaux entendus, et même parfois aucun bruit en pleine période. Pour exemple, en 2019, seuls 2 à 3 cerfs ont été entendus et identifiés par ces photographes naturalistes. Les majestueux cerfs de la forêt sont de moins en mois nombreux et les photographes qui les suivent depuis des années sont certainement la source d'information la plus fiable sur le sujet. On vous invite à relire le livre de notre ami Frédérique Reyberolle dont nous parlions dans cet article

Bref, les observations de cerfs deviennent tellement rares que la pérennité de la population nous semble remise en cause. Sans mesure pour enrayer cette diminution et au rythme des « prélèvements » actuels, la population sera quasiment inexistante d’ici 5 ans. Précisons que cela s’est déjà produit par 2 fois sur le massif de Fontainebleau et que des réintroductions ont dû être réalisées pour garantir aux veneurs quelques trophées. Un comble, non !? Cette forêt est décidément une forêt d'exception quelque soit le sens que l'on donne à ce mot.

De son côté, la Préfecture, semble se baser sur les comptages en voiture et de nuit organisés avec le concours de l'ONF pour établir le plan de chasse. Une méthode que nous n'avons jamais trouvé très fiable...

Malgré la faible densité de la population de cervidés observée en 2018, le plan de chasse 2019/2020, établi en Préfecture pour le massif de Fontainebleau, prévoyait encore le "prélèvement" de 6 chevreuils, 118 cervidés et un objectif de 300 sangliers. Au final, 5 chevreuils, 103 cervidés, 304 sangliers ont été tués sur le massif (9 500 ha) toutes chasses confondues, sauf la chasse à courre. (Voir ce lien : https://www.chassepassion.net/chasse-a-la-journee2/foret-domaniale-de-fontainebleau-onf/

Rappelons, pour bien préciser les choses, que la forêt se divisent en 2 zones de chasse ; une partie centrale de la domaniale  (env. 9400 ha) sur laquelle la chasse est gérée par l’ONF et une partie périphérique (env. 12500 ha) où la chasse est gérée par des associations de chasse.
Sur la partie centrale de 9400 ha se déroulent des chasses à tir de l’ONF (en battues et poussées silencieuses vers les miradors) les lundis, jeudis, vendredis (Le plan de chasse à tir ONF 2020-2021 - prévoit 24 battues aux cervidés et sangliers pour la prochaine saison). A cela, s'ajoutent les chasses à courre ont lieu avec le rallye Tempête les mardis, mercredis et samedis toute la journée et le rallye de Fontainebleau les mardis et samedis, le tout pendant 5 à 6 mois chaque année. Et souvent, des dérogations sont données au printemps et en été pour certaines espèces (blaireaux, renards, chevreuils…)

A cela s’ajoute les prélèvements organisés par les sociétés de chasse des environs et les chiffres de la chasse à courre, les accidents et le braconnage ! Ce sont donc plus probablement 200 à 220 cervidés (cerfs, biches, faons, chevreuils, chevrettes et leurs petits) qui ont été tués la saison de chasse dernière sur le massif de Fontainebleau et ses lots proches.

Le plan de chasse (à tir) 2020/2021 prévoit encore d’abattre 12 chevreuils, 114 cervidés et 270 sangliers sur la partie centrale de la forêt seulement.

A ce rythme, l’éradication définitive des animaux sur notre massif et ses environs est devenue imminente ! Mais, peut-être est-ce le but recherché ? En tout cas, c’est ce que nous sommes en droit de penser ! Le futur parc animalier de Fontainebleau aura donc un bel avenir puisque ce sera le seul endroit où les touriste pourront voir les cerfs.

Pour signer et partager la pétition, voici le lien à suivre http://chng.it/hZZvfqTJZg
C'est urgent !

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