Suite aux annonces du président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez et de son conseiller "montagne" Gilles Chabert, le 3 mai dernier à Lans-en-Vercors, présentant une politique axée prioritairement sur le développement des canons à neige pour les stations, l'association Mountain Wilderness vient de réagir dans une lettre ouverte que nous publions ci-dessous. Laurent Wauquiez et Gilles Chabert , c'est "Oui-oui à la neige" a réagit Claude Comet, ex-conseillère régionale chargée du Tourisme et de la Montagne, sur France 3 Régions le 4 mai. "La neige à elle seule ne sauvera pas la montagne. Il faut élargir les saisons. 63 % des revenus du tourisme montagnard proviennent des activités de pleine nature, du hors-neige" ! Non seulement la solution des canons à neige est une aberration (encore faut-il qu'il y ai des températures assez basses pour que la neige tienne !) mais c'est aussi et surtout un désastre écologique à l'heure où il convient de s'interroger sur la gestion des eaux de montagne et sur la reconversion des stations de ski... La Tl²B s'associe donc à ce nouveau dossier.
Quelle politique pour les 97% restant des territoires de montagne ?
Le 12 mai 2016, à Grenoble
Monsieur Wauquiez, Monsieur Chabert,
Nous avons écouté avec attention vos différentes déclarations relatives à la nouvelle politique "montagne" de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Vos propositions d'investissements visent à lever 200 millions d'euros sur 6 ans pour financer un "plan neige" axé principalement sur le développement des capacités de production de neige artificielle. Ces investissements concernent les stations de ski de piste soit, moins de 3% du territoire montagnard pour 3 mois d'activité par an.
Qu'en est-il du "reste" des territoires de montagne ?
Ceux-là même qui portent la valeur inestimable d'être parmi les derniers espaces de nature préservée en Europe, riches d'une beauté exceptionnelle et de patrimoines rares, riches d'expériences humaines extraordinaires, garants d'un tourisme 4 saisons, multi-activités et porteurs d'emplois pérennes ?
Qu'en est-il des femmes et des hommes, pluri-actifs, qui vivent et travaillent à l'année au sein de ces territoires et des visiteurs qui s'y rendent tout au long de l'année ?
Nous nous interrogeons sur votre plan d'actions concernant les 97% restants des espaces montagnards. Quelle est votre politique pour ces territoires qui font eux aussi la renommée de nos montagnes dans le monde entier ?
Rappelons que le ratio du chiffre d'affaires de l'activité touristique est de l'ordre de 50% en hiver et 50% en été. Ainsi sur les 11 milliards d'euros dépensés en 2013 par les touristes dans nos montagnes, si 4,81 l'ont été en station, 6,13 l'ont été dans la montagne hors station ! Par conséquent, investir toutes les ressources publiques pour la seule mono-industrie du ski de piste nous semble résolument une vision passéiste et tellement réductrice face aux mutations observées de toutes parts au cœur de nos montagnes et de nos sociétés humaines. Ce serait un véritable gâchis !
Gâchis de ressources énergétiques et de capital environnemental
L'essor du ski connu dans les années 70 et le miracle de l'or blanc se trouvent 50 ans derrière nous. À l'époque, la pratique du ski de piste sur des terrains aseptisés explosait. Aujourd'hui, elle stagne et préfigure une probable régression. Les aspirations humaines sont ailleurs.
Les changements climatiques à l'œuvre modifient fortement la donne en montagne, avec une conscience de plus en plus claire que ce mouvement va en s'accélérant. Le réchauffement des températures, compris entre +1,6 et +2,2°C depuis 1950, est particulièrement sensible dans les Alpes et s'est accéléré depuis la fin des années 80. C'est deux fois plus que la moyenne mondiale et la région des Alpes du nord est celle qui se réchauffe le plus en France. Faut-il rappeler que les canons à neige consomment beaucoup d'énergie et d'eau ? Et que pour être produite et conservée, la neige nécessite des températures froides ?
La montagne, espace de rêves
Les tendances se dessinent de plus en plus clairement autour de motivations à rejoindre nos montagnes simplement, pour respirer, se ressourcer, retrouver un peu de sérénité dans nos sociétés actuelles en pertes de repères, de plus en plus secouées par les tensions et le stress. Aller en montagne, pour s'émerveiller et redécouvrir des sensations fortes a peut-être à voir avec le sens même de la vie humaine. Cette recherche d'authenticité des liens avec la nature explique sans doute la forte progression des pratiques douces de la montagne, en terrains peu ou pas aménagés. Preuve en est la très bonne santé des pratiques de randonnée, à ski, à pied ou en raquettes.
Pour l'avenir de nos montagnes, investissons dans l'énergie humaine !
Hébergeurs, agriculteurs, restaurateurs, guides et accompagnateurs en montagne, gardiens de refuge, garde-moniteurs des parcs nationaux et régionaux, artisans, artistes, bergers, producteurs locaux, acteurs du développement territorial ou encore élus des territoires de montagne : une multitude de femmes et d'hommes font aujourd'hui preuve de créativité et d'audace pour aller vers un tourisme, vers des activités économiques, vers des modes de vie plus en harmonie avec nos territoires montagnards, leurs singularités uniques et leurs véritables richesses. Tournons la page des anciens modèles de développement. Investissons dans les passions et l'énergie humaine !
Monsieur le Président et Monsieur le Conseiller spécial, nous sommes disponibles pour travailler et inventer un autre avenir, l'avenir de la montagne.
Frédi Meignan,
Président de Mountain Wilderness France
Association nationale de défense de la montagne, agréée protection de l'environnement et reconnue d'utilité publique
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