Les policiers de l’environnement appellent à la grèves !

Voilà quelques années que le gouvernement nous promet le lancement de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) qui doit regrouper plusieurs organismes actuels dédiés à l’environnement. Des mois aussi que cette mesure suscite polémiques et inquiétudes. Polémiques sur ses futurs pouvoirs et son financement, inquiétudes, de la part du futur personnel ! Autant de motifs qui ont incité l'intersyndicale des personnels de l’environnement – CGT, FO, UNSA écologie, Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU) et Syndicat national autonome des personnels de l’environnement (Snape-Solidaires) – à appeler à la grève ce jeudi 4 février. En première lecture du projet de loi-cadre sur la biodiversité, les sénateurs ont confirmé le 20 janvier dernier la création de l'Agence française pour la biodiversité (AFB), mesure phare du texte dont le lancement a été repoussé en janvier 2017. Les sénateurs ont aussi ajouté dans les missions de la future Agence un rôle d'information et de conseil sur l'utilisation des pesticides.

En effet, les personnels de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), du Conservatoire du littoral, de l’Agence des aires marines protégées (AAMP) notamment, estiment qu'ils ne sont déjà pas en nombre suffisant pour assurer leurs nombreuses mission de surveillance « du patrimoine naturel de la France » que se soit en montagne, en forêt, dans les zones humides, les campagnes, ou le littoral et en mer ! Et effectivement, alors que les annonces politiques s'accumulent sur la stratégie nationale protection de l'environnement, ils ne seraient plus que 1 200 agents rattachés à la future Agence pour contrôler, faire appliquer la réglementation et sanctionner les infractions . A titre de comparaison, le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie emploie lui plus de 55 000 fonctionnaires ! 

Bref, l'agence serait dotée de tout petits moyens humains incompatibles avec ses missions. Dans un article du journal Le Monde, les délégués multiplient les exemples comme celui du chef de service départemental de l’Onema dans l’Aube, qui revendique 188 opérations de contrôle, en 2015, sur un réseau hydrographique de plusieurs milliers de kilomètres. "On est quatre alors qu’il y a une dizaine d’années, il y avait six ou sept postes. Alors, je suis amené à faire des choix. » 

Une pénurie qui affecte toutes les composantes de la future AFB. Ainsi, du côté des aires marines protégées, selon les syndicats, c'est une baisse de 20 % des effectifs qui est prévue. « Deux aires ont été récemment créées, le Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon et le Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis sans qu’on affecte du personnel à leur fonctionnement. A Arcachon, la directrice est seule, sans agent de terrain », raconte Olivier Gallet, secrétaire CGT et représentant du personnel au conseil d’administration de l’AAMP au journal le Monde ! Au ministère de l’écologie, on reconnaît une baisse des effectifs de l’ordre de 2 % par an. Et dire que le ministère s’enorgueillit des  20 % d'espace maritime classés en aire marine protégée !

Du coup, on s'interroge vraiment sur l'avenir de toutes les mesures votées avec la loi sur la biodiversité. De la poudre aux yeux tout ça ?

En effet comme le périmètre de l’AFB n’inclut pas l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), cette agence restera centrée sur les domaines aquatique et marin, mais sans compétence sur la biodiversité terrestre ! Car sur terre, les chasseurs ont jusque là eut gain de cause.  Avant même l’examen de la loi, les chasseurs, défendant leur pré carré, avaient obtenu de François Hollande l’assurance que l’ONCFS garderait son autonomie ! « La chasse ne saurait se résoudre à être un diverticule de la biodiversité de par sa dimension associative, culturelle et économique », ont jugé les sénateurs... Il faut dire que l'ONCFS, richement dotée par l'Etat comme l'a souligné la cours de compte est une sacrée source de revenus pour les chasseurs... (voir l'article de la Buvette des alpages)



Les flics de la nature auront-ils les moyens d'agir ? 

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