Le pourquoi et comment de cette étude.
En dehors de l'étude nationales sur la fréquentation des forêt conduite par l'ONF, on manque cruellement de statistiques spécifiques à la forêt de Fontainebleau. Pourtant, ces chiffres sont à la base de la politique d'accueil conduite en forêt par l'ONF mais aussi sur tout le territoire du Pays de Fontainebleau. En Avril 2014, l'ONF, la CCI et divers partenaires comme les AFF ou Seine et Marne tourisme lance donc une énorme enquête quantitative et qualitative. Dire que les chiffres précédents dataient un peu serait un euphémisme. En effet, la dernière étude remonte à 1996.Au total, 1500 questionnaires ont été remplis in situ, 10 000 appels téléphoniques ont été passés pour recueillir 500 témoignages d'habitants des communes limitrophes et 13 compteurs ont été installés sur les route, parking et même sur le sentier bleu n°2.
Ces 22500 heures de travail d'une cinquantaines d'enquêteurs volontaires et les 80 000 € dépensés nous ont-ils appris quelque chose que l'on ne savait pas déjà sur la fréquentation de Bleau ?
Et bien oui ! Et même mieux, certains résultats vont sans doute bousculer quelques idées reçus !
Ne dites plus 14 à 17 millions de visites annuelles mais plutôt 3 à 10 !
Cela fait quand même une sacrée différence non ? Comme toujours, les statistiques sont à prendre avec des pincettes. Et dans cette enquête, nous dirons même avec des pinces monseigneur car, soyons honnêtes, la méthode d'évaluation du nombre de visites est parfois un peu hasardeuse...
La fréquentation de Bleau aurait-elle alors baissée ? Non, certainement pas. Mais la méthode de calcul de 1996 reposait sur une enquête déclarative alors que celle-ci s'appuie ne grande partie sur des comptages ! Rien de comparable donc et les chiffres de 96 étaient sans doute sur-évalués.
Nous reviendrons plus en détail sur ces chiffres et les méthodes de calcul mais quand même, avec 10 millions de visites annuelles dans l'hypothèse haute, notre forêt reste une des plus visitées d’Europe et fait jeu égal avec la Tour Eiffel !
Les locaux sont les plus présents dans la forêt !
Alors si comme beaucoup de grimpeurs vous pensez que Bleau n'est plus fréquenté que par des étrangers, vous vous fourrez la main pleine de magnésie jusqu'au coude dans le sac de poudre de votre voisin ! La forêt de Fontainebleau est donc fréquentée par 86 % de français dont 65 % viennent des communes voisines. Les autres franciliens représentent eux 26 % des usagers et les autres français 9%. Ceci étant dit 14 % de visiteurs étrangers c'est déjà pas mal. Pour l'essentiel ce sont nos voisins des Pays Bas (23%) d'Angleterre (21%), de Belgique (20%) ou Allemands (17%) qui viennent nous rendre visite.
Bleau est très fréquenté les week-end mais il y a du monde toute la semaine.
Forcément, avec une fréquentation majoritairement locale, la fréquentation est permanente. Donc si 29% des visites ont bien lieu le dimanche et 17% le samedi, chaque autre jour reçoit 11 % des visites.
Et même la météo ne fait pas fuir les visiteurs puisqu'elle ne fait baisser que d'un tiers leur nombre entre 5 et 10 mm de pluie.
Bleau c'est toute l'année ou presque.
La période de moindre fréquentation (35 % de moins qu'en haute saison) va de mi-novembre à fin février. Ensuite débute la haute saison de mars à fin juin avec un pic à Pâques avant une baisse estivale (-12%). Sur les parking, la fréquentation la plus forte s'étale de 9 h à 17 h avec un pic lors du chassez-croisez de 14h-15h.
Et que viennent faire les visiteurs en forêt de Fontainebleau ?
Les sportifs sont majoritaires puisque 34 % pratiquent la randonnée et 28 % l'escalade.
Les 2 roues non motorisés ne représentent que 4 % et les cavaliers ??? mais les enquêteurs nous ont avoué avoir eu bien du mal à questionner ces deux derniers type de pratiquants ainsi que les coureurs !
A quoi ressemble nos visiteurs ?
37% des visites sont le fruit de sorties collectives des associations du 77 (45%) venues randonner (62%) entre retraités (47%) ou grimper (21%). A ce flot de marcheurs s'ajoute celui des excursionnistes franciliens (31%), plus jeunes (64% de 20-59 ans) venant eux aussi marcher (54%) mais aussi grimper (23%). Les locaux (18%) ont une approche plus balade (72%). Enfin, Bleau reçoit 11% de grimpeurs venus séjourner pour grimper (à 100%) en bande (64%) dont 40 % venaient pour la première fois.
Au cas où certains auraient un doute, 78 % des visiteurs viennent en voitures et 14 % en cars et bus. Le train, sans doute sous estimé par les moyens d'enquête, ne représenterait que 2% des visites.
Que regrettent le plus nos visiteurs lors de leur passage en forêt ?
Les déchets, la prostitution, le bruit...
Les visiteurs sont surtout insatisfaits de la propreté en bord de routes (26%).
Le site du Bas Cuvier (Epine Nord) est fortement critiqué, en particulier par le public de
grimpeurs étrangers, pour ses déchets en cœur de forêt (29%), liées aux
rencontres nocturnes s’y déroulant. Ceci étant dit 93 % du public est satisfait de la sécurité en forêt. Par contre, peu de visiteurs
appréhende le risque lié au milieu naturel : incendie, chute de branche, accident... Le balisage des sentiers satisfait par contre
91% des visiteurs.
Quels sont les enjeux pour l'économie locale ?
Les touristes en séjour fréquentant
la forêt dépensent en moyenne
58 €/jour générant une recette
touristique directe pour le
territoire de 13 millions d’euros
par an, dont 11 millions
exclusivement grâce à la forêt.
En effet, 84 % de ces visiteurs sont
venus en séjour sur le territoire en
premier lieu pour la forêt. Ces chiffres ne semblent pas tenir compte du shopping effectué par les touristes et notamment, on s’apercevrait sans doute que c'est là que réside le potentiel des grimpeurs étrangers comme l'a d'ailleurs bien perçu le centre commercial de Villiers en Bière
Il nous reste donc à évoquer ce que l'ONF en conclue quant à sa politique d'accueil, ce que l'office désigne sous le nom de "déclinaisons opérationnelles". Et là, il y a quelques trucs qui nous font bien plaisir tant nous avons mené le combat en faveur de telles décisions !
Quelques pistes envisagées par l'ONF
1° fermeture nocturne des parking du Bas Cuvier et de Franchard Ermitage
Voici un point qui va encore faire débat pendant un bon moment. Il est clair que même après 20 heures, ces deux parking reçoivent une forte visite. Ceci étant dit, celui du Bas Cuvier (Epine) est aussi situé (malheureusement) en bord de l'ex N7, une route ultra-fréquenté par les poids lourds et automobilistes qui y voient aussi une air de repos !
2 ° Limiter les organisations de manifestations sportives ayant une influence sur la fréquentation des parkings des déjà sur-chargés comme Noisy sur Ecole où Apremont.
3° Revoir le stationnement de Franchard Isatis Cuisinière ! Là, franchement, depuis le temps qu'on le dit, on ne peut qu'y souscrire en ajoutant : que de temps perdu ! La phrase exacte de l'ONF est : "Agrandissement du parking en aménageant 55 places (capacité couvrant 98 % des besoins en basse saison) plus proches de la route départementale. Seule cette partie serait ouverte en basse saison, la partie actuelle servant d’extension en haute saison".
4° Développer l’offre touristique sur le site de la Faisanderie à bonne capacité d’accueil. Là, pour le coup, ont est plutôt contre ! Doit-on rappeler tous les efforts entrepris ces 30 dernières années pour faire baisser la fréquentation sur ce site très touché par l'érosion. C'est l'un des secteurs les plus aménagés de la forêt !
On ne va pas vous faire la liste complète des propositions mais ajoutez y celles-ci inscrite dans la présentation qui nous a été faite :
- "Travailler avec les réseaux de grimpeurs, les éditeurs de topoguides et les bloggers pour veiller à ce qu’ils ne communiquent que sur les sites d’escalade validés en commission « Sites naturels d’escalade » (liste officielle reconnue par l’ONF) afin de préserver le milieu et assurer la sécurité des pratiquants."
- "Communiquer en anglais auprès des grimpeurs étrangers sur les bonnes pratiques et les ofres d’hébergement via les topoguides, la carte IGN, les sites Internet et blogs spécialisés sur l’escalade, ainsi que sur les panneaux d’information des parkings d’accès aux sites d’escalade."
-"Renforcer l’action policière sur les dépôts de déchets en bord de routes, les excès de vitesse, la prostitution et les sports motorisés."
- "Diminuer la pénétration en forêt par la fermeture de route, le développement de la conduite apaisée et la relocalisation des parkings le long des routes publiques."
- "Créer une offre VTT en dehors des sentiers de randonnée pédestre."
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