Sous le choc, je n'écrirai pas grand chose. Le témoignage à chaud de Jean Mi Asselin, mon ancien patron à Vertical magazine devenu biographe de Patrick avec qui il écrivait un livre à paraître en janvier chez Guérin lève un coin du voile sur la tragique disparition de patrick Edlinger, 52 ans et père d'une petite fille de 10 ans.
C'est à voir ici : http://alpes.france3.fr/2012/11/17/reaction-de-jean-michel-asselin-la-mort-de-patrick-edlinger-145108.html
Le monde la Grimpe s'est levé un peu abassourdi et les témoignages se multiplient. Mes amis de Kairn les ont regroupé dans cet article. Je vous invite à les lire et ne reproduit ici que le dernier, sans doute le plus juste et le plus émouvant, celui de Jean Mi, car c'est certainement l'homme à qui Patrick à le plus donner de soi-même.
"Patrick,
Curieusement, je ne t’ai jamais appelé par un de tes innombrables surnoms. Nous en avions encore ri quelques semaines en arrière quand tu évoquais ces “Le blond, Dieu, Déglingue, et autres homme-araignée....Je subis, me disais tu, mais en réalité je ne suis que Patrick est c’est suffisant.
Quand nous avons commencé ton livre voilà plus d’un an, je m’étais rendu à La Palud sur Verdon dans ta maison de Bonlau. Nous avions mangé sur la terrasse avec tes parents, c’est toi qui avait préparé du poulet, que tu ne mangeais évidemment pas puisqu’une fois encore tu t’entraînais et toi, qui ne pesait que le poids d’un oiseau, il te semblait toujours ne pas être assez mince.
Ce fut un bon moment, un de plus, depuis toutes ces années pendant lesquels je t’ai servi de scribe. J’aimais cela et cela te convenait. Nous n’avions guère besoin de parler, trois blagues dites à la volée et j’avais 30 pages à écrire. Ce jour-là, tu m’as confié une malle énorme que nous avions du mal à porter. Dedans : des centaines de documents , des coupures de presse, des contrats, des lettres de fans, des revues et même des attendus de procès... “C’est toute ma vie ! tu devrais arriver à te débrouiller, j’ai mis tout cela de côté pour ma fille, pour plus tard...”. Je suis reparti lesté et j’ai travaillé...
Pendant des mois nous nous sommes retrouvés, un coup chez moi, un coup chez toi, nous avancions cahin-caha. Une vie d’homme c’est compliqué. Une vie de Patrick, encore plus.
Un jour, je ne t’ai pas trouvé au rendez-vous, un jour j’ai découvert un Patrick en souffrance, en désespérance. Tu as prononcé le mot de dépression. Mais ce n’était pas un mot, c’était une douleur terrible, si terrible que j’ai eu peur...
Tu as parlé pour le livre, tu as parlé comme peu de gens osent le faire, tu as parlé comme un homme qui ose se regarder en face et accepte de dire sa fêlure... Je crois que cela t’a fait du bien.
Tu allais de mieux en mieux, et nous avons beaucoup ri par la suite, se remémorant des histoires de rochers, de filles, et encore de rochers et toujours de grosses truites comme celles qui attendaient dans ton congélateur...
Quand le livre fut achevé, tu as pris le temps de relire, de corriger, de modérer, d’assouplir et tu étais heureux. “On va faire toutes les télés ! Tu verras”
Quand nous avons commencé ton livre voilà plus d’un an, je m’étais rendu à La Palud sur Verdon dans ta maison de Bonlau. Nous avions mangé sur la terrasse avec tes parents, c’est toi qui avait préparé du poulet, que tu ne mangeais évidemment pas puisqu’une fois encore tu t’entraînais et toi, qui ne pesait que le poids d’un oiseau, il te semblait toujours ne pas être assez mince.
Ce fut un bon moment, un de plus, depuis toutes ces années pendant lesquels je t’ai servi de scribe. J’aimais cela et cela te convenait. Nous n’avions guère besoin de parler, trois blagues dites à la volée et j’avais 30 pages à écrire. Ce jour-là, tu m’as confié une malle énorme que nous avions du mal à porter. Dedans : des centaines de documents , des coupures de presse, des contrats, des lettres de fans, des revues et même des attendus de procès... “C’est toute ma vie ! tu devrais arriver à te débrouiller, j’ai mis tout cela de côté pour ma fille, pour plus tard...”. Je suis reparti lesté et j’ai travaillé...
Pendant des mois nous nous sommes retrouvés, un coup chez moi, un coup chez toi, nous avancions cahin-caha. Une vie d’homme c’est compliqué. Une vie de Patrick, encore plus.
Un jour, je ne t’ai pas trouvé au rendez-vous, un jour j’ai découvert un Patrick en souffrance, en désespérance. Tu as prononcé le mot de dépression. Mais ce n’était pas un mot, c’était une douleur terrible, si terrible que j’ai eu peur...
Tu as parlé pour le livre, tu as parlé comme peu de gens osent le faire, tu as parlé comme un homme qui ose se regarder en face et accepte de dire sa fêlure... Je crois que cela t’a fait du bien.
Tu allais de mieux en mieux, et nous avons beaucoup ri par la suite, se remémorant des histoires de rochers, de filles, et encore de rochers et toujours de grosses truites comme celles qui attendaient dans ton congélateur...
Quand le livre fut achevé, tu as pris le temps de relire, de corriger, de modérer, d’assouplir et tu étais heureux. “On va faire toutes les télés ! Tu verras”
Puis tu m’as demandé un jour par téléphone de mettre une sorte de dédicace et des remerciements... C’était des mots un peu, comment dire? un peu convenus, un peu faciles, mais moi j’ai aimé. Ca pouvait ressembler à une épitaphe ou un testament. J’avais le sentiment que ce livre te permettait de passer à autre chose. Comme tu disais “maintenant pour les cinquante ans qui me reste à vivre, je vais sérieusement m’activer !” et c’était parti, dans ta tête tu bâtissais déjà un navire avec Anne-Christine. Un navire pour faire le tour du monde, chercher des falaises inconnues, rencontrer des pirates et pêcher des thons démesurés. Un navire qui contiendrait une salle d’entraînement avec un vrai mur d’escalade.
Et moi, et tous ceux qui t’aimait, on te croyait, on savait ta capacité à rebondir...Tu étais tellement “devant nous”.
Et puis voilà, que s’est-il passé ce vendredi 16 novembre dans ta maison de Bonlau. Le saurons-nous un jour ? Les médiocres et les très forts auront dix mille idées, autant de scénarios et de certitude. Moi, tu vois, je ne veux pas savoir. Je ne veux pas deviner. Je veux juste te dire que je suis allé courir avec ma douce tout à l’heure sur les berges de l’Isère et que c’était bon et que tu n’étais pas si loin que cela... Je veux juste te dire que mon jeune voisin qui fait de l’escalade m’a dit : “la meilleure façon de te rendre hommage , c’est d’aller grimper”.
Voilà qui est dit, et dans les jours qui viennent nous serons certainement nombreux, pour venir te saluer une dernière fois.
Les gens qui grimpent en solitaire ont leur vie au bout des doigts, et si la prise casse, le prix à payer est très fort. Tu as payé cash.
Je te quitte en te laissant le dernier mot, cette dédicace qui ouvrira ton livre. Je suis fier d’avoir été à tes côtés. Si tu vois Berhault là-haut, donne lui le bonjour.
“Je souhaite à tous les êtres, quelle que soit leur activité, de la vivre pleinement en homme libre. La vie est belle, il faut la prendre avec humour et détachement. Il faut savoir rester humble, à l’écoute des autres et s’efforcer de les aider. Peu importe si l’on juge que le monde est peuplé de crétins et de cupides, il se peut que nous en fassions partie, d’où cette idée de penser aux autres et rendre la vie plus belle pour tous. Avec toute ma sympathie !” Patrick Edlinger.
Pour tout revoir sur Patrick Edlinger : www.kairn.com
Une bonne biographie de ses débuts : http://www.grimpavranches.com/les-plus/biographies/patrick-edlinger/
Un bel article sur Grimper :
http://www.grimper.com/news-patrick-edlinger-mort
Les obsèques de Patrick ont eut lieu jeudi 22/11/2012 à Manosque.
Grégoire Clouzeau
Rédacteur en chef de la TL²B
Je suis sous le choc...que dire de plus. Nous venons de perdre un compagnon de cordée, un compagnon d'amour de ce sport si particulier qu'est l'escalade. Merci de nous avoir montré la voie avec ton ami Patrick Bérault. Merci de nous avoir fait rêver. Merci de nous avoir guidé dans certains de nos choix qui ont boulversé notre vie. Salut l'Artiste.
RépondreSupprimerToto de l'I