Les PN, PNR et autres projets remis en question


Bonjour,

L’enquête publique sur le projet de PN des Calanques s’est achevée le 17/11. Sans préjuger de ses conclusions, sans évoquer les campagnes des pros et antis parc, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce projet, lancé il y a 12 ans, ne recueille toujours pas une adhésion massive, preuve de ses incohérences et hésitations… Ailleurs, les autres projets, moins emblématiques soulèvent eux aussi des contestations y compris chez les élus. Enfin, alors que de nombreuses charte sont en cours de révision dans les PN éxistants, de nombreux débats apparaissent sur les modifications de l'outil.

Le Projet Marseillais :



J’ai "voté" contre car je trouve l’outil inadapté à une zone urbaine et industrielle sur fréquentée et aux moyens très incertains. J’ai dis non à un PN qui refuse le respect des traditions et des populations qui habitent dans une zone qu’ils ont choisi…

Je ne suis pas le seul. Parmi les nombreux groupes et associations qui militent pour le « non » on trouve notamment les pêcheurs mais aussi certaine associations des plus écologistes comme la FNE !

Surprenant ? Non car cet outil et le projet construit autour est vraiment mauvais ! Oui, un PN avant la réforme de 2006 était une très bonne chose mais voilà, la Loi a été modifiée et pas forcément comme cela était demandé et attendu. Du coup, même la FNE est obligée de reconnaître que le projet de PN dans les Calanques n’est pas le bon… voici son communiqué.

Jeudi 17 novembre 2011
D’accord pour un parc national des Calanques…mais pas celui-ci !

L'enquête publique dans le cadre du processus de création du parc national des Calanques se termine aujourd'hui. La fédération France Nature Environnement (FNE) et sa fédération régionale l'URVN-FNE PACA ont répondu à cette enquête et ont présenté leur avis concernant le projet actuel de charte prévue pour le parc national des Calanques.
Oui à un parc national pour les Calanques en Méditerranée
Depuis le lancement du processus de création du parc national des Calanques, FNE et l'URVN-FNE PACA se sont fortement impliquées pour réussir cet ambitieux projet, face à de multiples et fortes oppositions.
Le secteur des Calanques en Méditerranée possède un patrimoine naturel et culturel exceptionnel qu'il est nécessaire de préserver. FNE et l'URVN-FNE PACA souhaitent donc fondamentalement la création d'un parc national pour les Calanques qui permettrait de protéger et de valoriser ce site unique.

Non au projet actuel !
Toutefois, FNE et l'URVN-FNE PACA ne peuvent que constater que les propositions qu'elles ont formulées tout au long de ce processus ont été peu prises en compte et peu intégrées au projet de parc tel qu'il est soumis à l'enquête publique. Ce projet est bien en-dessous de ce que l’on pourrait attendre d’un parc tant en ce qui concerne son périmètre que la règlementation et la gouvernance. Nous estimons qu’en l’état, ce parc ne serait pas à la hauteur des enjeux et ne permettrait pas une réelle protection de ce site exceptionnel.
Pour Bruno Genty, Président de France Nature Environnement : "FNE et l'URVN-FNE PACA entendent poursuivre leur implication pour obtenir un parc national des Calanques ambitieux. Si FNE et l'URVN-FNE ont émis un avis défavorable à propos du projet actuel, elles ne remettent pas pour autant en cause l'utilité d'un parc national pour les Calanques mais ne comprendraient pas qu'il ne s'inscrive pas dans le prolongement de ses aînés et des standards internationaux. Nous espérons vivement que les conclusions de l'enquête publique en cours seront l'occasion d'améliorer le projet pour qu'il réponde aux enjeux actuels de préservation de la biodiversité."
C'est pourquoi, FNE et l'URVN-FNE PACA ont émis un avis défavorable concernant le projet actuel de charte pour le parc national des Calanques tel qu’il est envisagé dans les documents soumis à l’enquête publique. FNE et l'URVN-FNE PACA demandent à nouveau que le projet de charte pour le parc national des Calanques soit revu et amélioré selon les remarques et propositions exposées dans leur avis et qu'il intègre les recommandations du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) et l'avis de l'autorité environnementale .
Télécharger ce communiqué en format PDF.

Le Non des Pêcheurs

Du côté des artisans pêcheurs, le non est encore plus catégorique. On peut discuter des heures du pillage des mers par la pêche mais je ne peux que leur donner raison en ce qui concerne leur représentation au sein du conseil d’administration du futur PNC tel qu’il est présenté dans le projet !



« Dans le Conseil d'administration du parc, le pêcheur professionnel est en sursis... Placé entre parenthèse (1 pêche pro), il est en effet le seul producteur de poisson dans cette noble assemblée de 48 mangeurs de bouillabaisse ! » A titre de comparaison : Le projet de parc naturel marin du bassin d'Arcachon avec un conseil de gestion de 47 membres prévoit 12 représentants des organisations professionnelles maritimes (dont 8 pêcheurs et ostréiculteurs)...
Le projet de parc des Calanques prévoit aussi une immense réserve intégrale (+ 4000 ha) sur l'un des rares sites de pêche dans une zone où le plateau continental - et donc les territoires de pêche - sont étroits. La mise en œuvre de ce projet en l'état conduirait à concentrer la pêche dans les zones littorales restantes, désorganisant la pêche entre Marseille et le Cap Sicié. C'est l'avenir de ce secteur artisanal, déjà lourdement sanctionné par des politiques productivistes favorables à la pêche et l'aquaculture industrielles, qui est en jeu. Les petits métiers de la pêche sont pourtant très bien intégrés à leur environnement physique, social, économique et culturel et les Prud'homies méditerranéennes sont un modèle de gestion des ressources marines qui a fait ses preuves au cours des siècles. La profession des pêcheurs demande à modifier les zones prévues et à être intégrée dans la gestion du futur Parc (postes au CA, règlements prud'homaux pour la gestion des pêches...).

Source : L'Encre de Mer. Les propositions des pêcheurs peuvent se lire dans l'Encre de Mer : Parc des Calanques : la profession des pêcheurs artisans réfute le projet et fait des propositions

Parmi les prises de position parfois radicales en faveur ou contre ce dossier, les pêcheurs marseillais qui avaient déjà fait connaître haut et fort leur hostilité au parc, ont confirmé par la voix de leur Premier prud'homme, Michel Meacci, qu'ils lutteraient "par tous les moyens" pour obtenir l'abandon du projet dans sa forme actuelle, jugeant "intolérable" le futur mode de gouvernance de l'établissement public et "totalement inadaptée" la configuration des zones de non-prélèvement (ZNP) où la pêche sera interdite. Comme le soulignait l'épouse de l'un d'eux : "10% de ZNP ne représentent peut-être pas grand-chose à l'échelle du parc, mais ils constituent pour certains pêcheurs 100% de leur territoire de travail". Avec une conséquence qui irait selon eux totalement à l'encontre des objectifs de protection du site : "Pour survivre, nous allons devoir nous concentrer sur certains sites et multiplier les matériels mis à la mer". Or les professionnels affirment qu'il aurait été possible de discuter en bonne intelligence avec les promoteurs du parc pour organiser "la simple mise en jachère de certaines zones"....

Autres articles :

Revue de presse




Nos amis VTTistes s’inquiètent eux aussi (et avec encore plus de raison que les grimpeurs) d’une éventuelle interdiction de leur activité dans les Calanques. C'est en tous les cas ce qui risque de se passer très prochainement car leur activité est reconnue comme très génératrice d’érosion. 
La Mountain Bikers Foundation, qui suit de très près le dossier, précise qu'aucune étude n'a pourtant été réalisée pour démontrer cela et pour accompagner le projet. C'est donc une décision arbitraire et qui ne repose pas sur grand chose qui risque de priver la deuxième ville de France d'un poumon vert pour la pratique du VTT. Étonnant, d'autant qu'ailleurs, d'autres parcs nationaux n'ont pas été jusqu'à interdire le VTT, sans que cela ne pose de problème.
La Mountain Bikers Foundation tente de peser dans la balance pour rectifier le tir. Elle sensibilise les pratiquants sur le problème via un dossier complet sur son site web (à voir ici). Mais elle ne peut pas représenter tous les pratiquants. 
En Charente-Maritime, deux Sénateurs, Michel Doublet et Daniel Laurent, ont une nouvelle fois protesté contre le désir de l’Etat de faire du Golfe de Saintonge un autre PN des zones humides.

Ils ont écrit notamment à Madame Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET Ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement concernant la relance de la procédure de désignation d’un nouveau parc national pour protéger les zones humides.
Ainsi, ils lui ont fait part de leur opposition à tout projet qui viserait à sanctuariser ces territoires tout en rappelant qu’ils étaient particulièrement attachés à la préservation et la valorisation de leurs marais qui n’ont d’avenir que par leur entretien et le maintien des activités rurales.
La réponse de NKM est sans appel !





Voilà pour les projets mais qu’en est il ailleurs ? Vous avez peut être visité notre page (colonne de gauche) consacrée aux débats autour des PN. Vous y trouverez de nombreuses informations sur les combats en cours.

Tous les PN de France se mettent en conformité avec la législation et révise donc actuellement leur charte. C’est le moment choisit par certains élus ou promoteurs soit pour imposer plus d’interdits (vol libre, escalade, alpinisme, course à pied, vélo…) soit pour obtenir des aménagements dans des zones jusqu’ici préservées.

Parmi les différents exemples qui m’ont été remontés, parlons un peu de ce projet de remontée mécanique en pleine zone centrale du PN de la Vanoise à Bonneval sur Arc !

C’est un projet à l’initiative de la commune de Bonneval-sur-Arc qui vise à relier la commune aux pistes de Val d’Isère pour les skieurs venant de cette station puissent non seulement descendre, mais remonter.  Plusieurs associations (FRAPNA SAVOIE, Mountain Wilderness, Vivre au Maurienne, Vivre en Tarentaise) s’opposent au projet. Les projets d’extension de stations et d’urbanisation restent très hypothétiques et soumis aux procédures de droit commun, UTN et permis de construire. Nos amis de la Gela dans les Pyrénées en savent quelque chose eux qui lutte depuyis de long mois pour sauver cette vallée.

En application de la loi de 2006, les Parcs nationaux fonctionnent comme les Parcs Régionaux en suivant les orientations de charte auxquelles doivent adhérer les communes de la zone d’adhésion. Le projet de charte du Parc de la Vanoise est donc âprement discuté depuis de longs mois par les élus et les associations. Les élus ont ici bien compris qu’un PN pouvait être source d’argent facile…et craignent que le simple énoncé de leurs projets en matière de stations puisse les amener à se justifier, à les rendre plus difficiles à mettre en oeuvre, voire engendrer des contentieux, notamment sur des extensions de domaines skiables ou des liaisons entre stations
Les associations dénoncent une manœuvre provocatrice de la commune de Bonneval. Elles invitent la commune et des collectivités éventuellement impliquées à retirer leur projet afin de laisser la démarche d’élaboration et d’approbation de la charte du Parc national de la Vanoise se dérouler sainement sans manipulations ni interférences.

http://www.enviscope.com/News/Thematiques/nature/Mobilisation-projet-de-remontee-mecanique-zone-centrale-du-Parc-de-la-Vanoise-Bonneval-sur-Arc,i15271.html



Dans les Pyrénées justement, plus de 60 participants se sont retrouvés à Laruns pour débattre sur la nouvelle charte du Parc national des Pyrénées. En préambule, Robert Casadebaig, maire de Laruns et président de l'association « Ossau Aspe Vallées de Liberté », a listé les problèmes qui existent dans les parcs nationaux et régionaux. Beaucoup de ces parcs adhèrent au « Collectif National des Racines et des Hommes » créé à l'initiative de l'association béarnaise.

Photo Lionel Moquet

Pour Jean Lassalle, député, une force est en train de grandir, les parcs régionaux viennent se joindre au mouvement de contestation. Et Robert Casadebaig de continuer : « La mission du Parc national est la gestion de la faune et de la flore, et non la gestion des communes ».

Les divers intervenants de cette réunion regrettent que dans le projet de la charte du Parc national, il ne soit pas fait de bilan de l'activité de ces 43 dernières années. D'autres craignent que le Parc ne supervise toutes les activités des communes: urbanisme, circulation, publicité et bien d'autres, mais également que les communes qui acceptent d'adhérer à ce décret de loi ne pourraient pas sortir de cette adhésion. Pour d'autres, le volet économique serait une coquille vide, l'administration du Parc national serait présente dans toutes les collectivités, et toutes les interventions dans les communes devraient être validées par le Parc national.
http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2011/11/16/la-charte-du-parc-fait-debat,218266.php
Bref, on n'a pas fini d'en parler...





Mise à jour du 22/11/2012
Dans mon envolée d’hier, j’ai oublié deux petites choses !

La première, nos amis de la Haute Marne poursuivent eux aussi leur bras de fer avec l’Etat dans le cadre des réflexion du GIP pour la création du PN Champagne Bourgogne qui avait été préféré par le Ministère à la candidature de la Forêt de Fontainebleau ! Un combat dont on peut lire les développement sur le blog
http://campagnes.haute-marne.over-blog.com

Outre les classiques reproches fait au projet, certains notent une volonté certaine de ne pas informer véritablement l’ensemble de la population sur ce qui se « trame ». Preuve en est, la dernière assemblée générale qui a du se dérouler sans la presse à la demande du président du GIP. Y a-t-il des choses à cacher aux habitants ? Ceux-ci ne seraient-ils pas aptes à comprendre et à suivre ce dossier qui les concerne portant directement ? Comme l’écrit très bien Pierre DONARD dans La Voix de la Haute-Marne du 4 novembre 2011 « pour qu’il y ait appropriation d’un dossier par l’opinion publique, encore faut-il que les médias aient la possibilité de faire leur travail d’information ».
Autre oubli, et de taille cette fois, le projet de réserve naturelle des Aravis annoncé par notre Président en février dernier qui fait finalement l’effet d’un pétard mouillé !
Nicolas Sarkozy avait annoncé le 11 février à La Clusaz le « classement du massif des Aravis », au nom de sa « conception du développement durable ». Une annonce visiblement non prévue qui avait provoqué la surprise de l’auditoire et la grimace des élus locaux. Ce classement était assimilé comme “une contrepartie”  à une éventuelle victoire de la candidature d’Annecy aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 !

On comprend ici la conception présidentielle du développement durable… d’un côté l’un des évènements les plus polluants de la planète et le triomphe de l’argent, de l’autre, une campagne tranquille, pas suffisamment protégée de l’urbanisation mais dont certains espaces de montagne présentent un réel intérêt. L’annonce présidentielle aura pesé tout de même moins lourd que la colère sourde des maires concernés qui refusent d’avantage d’interdits.

Depuis, il y a bien eut deux réunions en préfecture sur le projet, mais le refus des élus est franc et massif !. « Rien ne bougera d’ici l’élection présidentielle », dit le député Lionel Tardy, qui a soutenu la cause haut-savoyarde jusqu’au ministère de l’Écologie. Pourtant, le 26 octobre le Préfet présentait aux maires du massif des Aravis une belle carte avec un périmètre visiblement trop important de zone classée car c’est un” refus en bloc” d’après Gérard Fournier (président du Schéma de cohérence territoriale) que nos maires ont exprimé.

Pourquoi ? Les maires se sont vite aperçus que la Direction de l’environnement, de l’aménagement, et du logement (Dreal) imposait de nouvelles restrictions jusque « très très bas dans les vallées » ! Là, nos élus ne sont pas fous et savent très bien que ce classement aurait signifié bien des tracas administratifs pour qui aurait simplement voulu changer une fenêtre, refaire sa toiture, ou construire de nouvelles remontées mécaniques et autres équipements touristiques ! Lionel Tardy rappelle que « Les Aravis sont déjà protégés par une zone Natura 2000, des Scot, des PLU, des PPR qui permettent une gestion responsable du massif. Rajouter de la paperasse n’était une priorité pour personne. Il ne faut pas s’étonner, ensuite, que l’on ne trouve plus d’élus pour se présenter aux élections dans les communes… »


Certes… Ceci dit, les Aravis restent bien peu préservées au regard des autres zones de montagne et très franchement, depuis quand les "Scot" ou "PLU" sont des outils de protection efficaces de l’environnement ?

Faut pas pousser mémé dans les orties tout de même ! On le sait tous, dés qu'un élu souhaite aider une entreprise ou un promoteur à faire construire là où c’est interdit...facile...on modifie le PLU et le tour est joué ! Combien de terrains agricoles et forestiers bordant la Forêt de fontainebleau sont ainsi devenus constructibles ?
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