Les syndicats forestiers appellent à manifester à Paris le 14 décembre

Il y a bien longtemps que nous n'avons pas parlé ici de la grande maison ONF et de la crise qu'elle traverse ! En fait, la dernière fois, c'était en septembre 2016 pour le second mandat de Monsieur Calluet au Conseil d'Administration. En 2015, nous évoquions pour la énième fois la profonde crise humaine et organisationnelle traversée par l'administration forestière dans l'article "Petite forêts domaniales à vendre" et celui-ci consacré à son plan d'objectifs dont le nouveau avait été adopté en mars 2016 pour la période 2016-2020. Aux difficultés financières et sociales préoccupantes, que nous avions rapportés dans cet article et mais surtout celui-ci daté de 2011) s’était ajouté  6 mois d’absence de gouvernance. On pensait que les choses allaient un peu mieux depuis. Eh bien NON ! Du coup, les organisations syndicales appellent tous les personnels à manifester à Paris, du Ministère de l’agriculture au Ministère de la transition écologique le 14 décembre 2017. Représentant 90% des personnels de droit public de l’ONF, les organisations syndicales CGT Forêt, EFA CGC, Génération Forêts UNSA, SNTF FO, SNUPFEN Solidaires, devant les difficultés de dialogue et la dégradation du service public forestier ont déjà démissionné de l’ensemble des instances de l’établissement en septembre dernier.

La Direction Générale de l'ONF prend en effet des orientations très inquiétantes  d'après Frédéric Bedel du Snupfen : 
- muselage de l'expression et mise en examen de responsables syndicaux
- mépris des règlements malgré les rappels à l'ordre des ministères de tutelle
- privatisation accélérée pour complaire à la filière industrielle
- abandon de la multifonctionnalité et des prévisions des plans de gestion censés assurer l'exploitation soutenable des bois !!
- abandon du martelage des coupes à court terme !!!

Au delà de la défense des personnels de l'ONF, il est aussi question de la défense des forêts publiques dans leur ensemble. Déficitaire, l'ONF est engagé depuis plusieurs années dans d'importantes réformes visant à augmenter sa rentabilité. Des réformes en cours qui passe par une industrialisation forestière accélérée. Cela signifie par exemple : "le remplacement de "feuillus improductifs" par des résineux, dynamisation de la sylviculture, utilisation de "semence forestière améliorée", développement de la biomasse (du bois du Jura est déjà parti alimenter Gardanne et récemment du bois de Seine Nord et parti alimenter une usine danoise) d'après Thomas ABEL forestier, membre du SNUPFEN et Coordinateur SOS forêt Franche-Comté.

A Fontainebleau, l’enrésinement cède parfois la place aux futaies industrialisées de manche à balais 


Une politique qui passe aussi par une déréglementation quand il est possible de faire de l'argent sur la forêt. C'est ce qu'a rapporté Alain Guédé, début novembre 2017 dans les colonnes du Canard Enchaîné avec cet article très inquiétant pour les forêts de Protection abritant certaines ressources dans leur sous-sol ! Heureusement, à Bleau, on nous a promis que les coupes rases, c'est du passé !

"Stéphane Le Foll avait donné le premier coup de hache quand il était ministre de l’Agriculture de Hollande. Emmanuel Macron, lui, prend la tronçonneuse pour tailler dans le statut des « forêts de protection ». Etabli en 1922, ce texte vise à sauvegarder la faune et la flore d’espaces boisés fragiles : aujourd’hui, ces derniers sont menacés par l’avancée des villes et des prédateurs comme les centres commerciaux et les usines. Les plus grands massifs protégés se situent d’ailleurs en Ile-de-France. Concrètement, il est rigoureusement interdit de porter, si peu que ce soit, atteinte à ces écosystèmes. 
Mais voilà, quelques semaines avant la présidentielle, Le Foll avait concocté un projet de décret censé vider ce statut de son contenu (« Le Canard », 22/2), vite bloqué par les associations écolos. Vendredi 24 novembre, un groupe de travail était donc convoqué par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, pour examiner une nouvelle mouture du projet de son prédécesseur. 
Celle-ci offre sur un plateau deux cadeaux aux lobbys : les forêts de protection pourront voir tomber leurs arbres si on y découvre des gisements de gypse ou des traces archéologiques. Les carrières de gypse (ou « plâtrières ») dévastent le paysage. Côté archéologie, tout chantier de fouilles commence par un abattage des arbres suivi de l’arrivée des pelleteuses. « Après leur passage, il ne reste plus qu’à déclasser le terrain ravagé pour le rendre constructible« , râle un défenseur des biches et des oiseaux.
Concession aux écolos : les anciennes forêts de protection, comme celle de Fontainebleau demeurent toujours « sous protection« . Mais malheur à celles dont le classement est récent, tel le bois de Montmorency. Sous cette ravissante forêt se cache une immense carrière souterraine de 30 km2. Il suffira de faire la jonction entre les bulldozers du sous-sol et ceux de la surface. 
Au-delà de ces deux cas (gypse et fouilles), le gouvernement vient, pour la première fois de 1922, d’utiliser l’arme absolue : le déclassement pur et simple d’une parcelle de forêt de protection. Ainsi, en se passant de l’avis du ministre d’Etat Nicolas Hulot, Stéphane Travert à ouvert aux pelleteuses pas moins de 32 ha de la forêt de Saverne, en Alsace, pour faciliter l’agrandissement d’une usine de fabrication de matériels agricoles.
Bienvenue aux défonceurs de la nature…"
Une histoire qui n'est pas sans nous rappeler le cas de la promenade de Gratuel au nord de la Seine et Marne dont nous parlions ici en 2013.

Partagez:

Enregistrer un commentaire

Merci d'avance pour vos encouragements, commentaires, informations, témoignages ou critiques. En cas de difficultés, jetez un oeil à la page FAQ ou adressez-nous un mail.

Copyright © Tribune Libre de Bleau et Cie. Designed by OddThemes