[BLEAU] UN PLAN POUR MIEUX ORGANISER ET VALORISER LE TOURISME AUX GORGES DE FRANCHARD

RÉORGANISER l’accueil des touristes aux Gorges de Franchard, mieux mettre en valeur des panoramas historiques complètement bouchés, restaurer la fameuse gorge de la Roche qui pleure, redonner de l’attractivité à l’Arboretum, voilà le but de la réunion qui a été organisée dans le cadre du label Forêt d’exception le mercredi 23 février, avec des cadres de l’ONF, l’ANVL (naturalistes), Amis de la Forêt, ASABEPI, etc. Un projet pourrait déboucher sur d'importants travaux, pendant l’hiver 2022-2023, ce chantier étant  déjà budgétisé. Pascal Villebeuf, notre éco-respondant y était et nous fait un point sur ce projet qui s'inscrit pleinement dans la réflexion sur la reconstruction du schéma d'accueil touristique du Pays de Fontainebleau

Reportage et photos de Pascal Villebeuf

A partir du parking, il s’agit tout d’abord de mieux orienter les touristes qui débarquent. D’après l’ONF on ne pourra pas obligatoirement disposer des fameuses chouettes, les 30 bénévoles, vantés par le Fodex et formés par l’ONF. « A chaque fois, on ne pourra compter que sur 3 ou 4 personnes. On privilégiera d’autres secteurs que Franchard. Le public est plus néophyte dans l’accès à la nature à Barbizon ou dans les Trois Pignons, par exemple » affirme la responsable de l’accueil du public. Et pourtant, quand on voit les dégradations (vandalisme sur les rochers de grès, création de sentes en dehors des sentiers balisés, dégradations du biotope, notamment dans la gorge de la Roche qui Pleure), on peut s’interroger.  Avec les Amis de la Forêt, nous pensons qu’un accueil sur le parking même est incontournable. En tout cas, Franchard reste une des principales entrées au nord de la forêt, notamment par la proximité de l’A6, de l’Essonne. 

D’après une enquête ONF, basée sur des éco-compteurs placés aux endroits des sites les plus fréquentés, pour chiffrer la fréquentation de Franchard, celle-ci serait en baisse. En 2016, le compteur avait relevé 80415 passages et seulement 69124 en 2021. Soit une baisse de 14%. Mais les confinements et déconfinements peuvent expliquer cette baisse. L’enjeu à Franchard est de réorganiser les flux des touristes tout en restaurant les paysages et éléments du patrimoine du début du XXème siècle.

Justement, la visite Fodex a  permis de faire le point sur ce site. Il a fait l’objet depuis les années 90, de nombreuses opérations de réhabilitation (parking en 2011) et de lutte contre l'érosion [NDLR : c'est à en contrebas de la Roche qui pleure que fut expérimenté pour la première fois à Fontainebleau sous l'impulsion de Fred Dulphy, technicien forestier des Trois Pignons,  la technique de l'arrosage de la base d'un bloc à la lance à incendie pour le faire glisser dans la pente jusqu'à ce qu'il retrouve une bonne assise]. En 2007, ce fût même de Grandes Manœuvres. L’ONF décida même de fermer le fameux passage dans un piteux état, afin que la gorge de la Roche qui Pleure retrouve de l’éclat. Notamment pour que la végétation repousse sur les pentes. Car le site de la Gorge à la Roche qui Pleure n’est plus que l’ombre de lui même. Il n’a jamais autant été dégradé. « Ce sont les conséquences néfastes d’une sur fréquentation » souligne alors Céline Maurel, ingénieur à l’ONF et responsable du chantier. A l’époque, la gorge avait été barrée par des troncs d’arbres. Car depuis des décennies, des tonnes de sable avait dévalé la pente, entre érosion causé par l’activité touristique et de gros orages. Ce phénomène déchausse rochers et racines d’arbres provoquant des risques sérieux d’affaissement des éléments de ce décor. A l’époque, l’ONF avait supprimé l’itinéraire balisé pour le détourner par la droite.

anciens aménagements de  lutte contre l'érosion
anciens aménagements de 
lutte contre l'érosion
Depuis, de nombreux aménagements ont dénaturé le site mais l’ont consolidé, comme un pavage du sol et des murets en pavés de grès. Mais quinze ans plus tard, une nouvelle opération de sauvetage est indispensable. Mises en défens de nombreuses pentes où la végétation a disparu et pavage de la seconde partie du sentier me paraissent indispensables. En bas de la gorge, des rochers ou des arbres menacent de "s’écrouler". Le chantier n’est pas à négliger. Un nouveau panneau interdisant les graffitis ou tout autre vandalisme est obligatoire. 

La chargée de mission de l’ONF a émis une proposition qui semblait déjà dans les tuyaux : celui d’installer une reproduction du tableau d’Oudry, représentant la chasse à courre dans les gorges de Franchard. Ou la la !! J’ai signalé que ce serait une très mauvaise idée. Tout d’abord parce que cette vue n’est pas représentative des gorges de Franchard. En revanche, elle glorifie la chasse à courre et représente une scène d’hallali du cerf, cerné par les chiens. Une telle image ne pourrait avoir qu’une réaction négative, notamment des anti-chasse, de plus en plus nombreux à Fontainebleau et dans la région. Cela pourrait même mener à une campagne négative sur les réseaux sociaux !! 


Autre chantier très important, celui permettant de retrouver le panorama que l’on pouvait encore observer voilà une vingtaine d'années, c’est à dire de vrais points de vue sur ce qu’on appelait le désert de Franchard (voir photos). Pour se rendre compte du travail à accomplir, nous nous rendons dans la parcelle 762, en suivant le sentier bleu, après le rocher du Sphinx et le méconnu casque du jockey. Là, une plâtrière et en contrebas, une marée de pins sylvestres, qui cachent depuis longtemps, le canyon de Franchard, dont on devine la vallée, en direction de la plaine de Macherin. Au début du XXème siècle des cartes postales montrent le désert et ses reliefs rocheux, à gauche et à droite. Que peut-on faire pour retrouver une esquisse de cette vue (voir cartes postales) ? Eh bien il n’y a pas 36 solutions : il faut couper beaucoup de pins, notamment les plus gros, pour dégager la vue à 180 degrés.

Gorges de Franchard en 1905

Au départ, lors du Fodex 2021, il était prévu de dégager 12 points de vue sur l’ensemble de ce chaos rocheux. il est probable que l’on se contentera de 3 gros points de vue dégagés.  A l’époque on parlait du désert de Franchard ou du Désert d'Apremont comme on peut le voir sur de nombreuses cartes postales anciennes (voir notre inventaire des CPA). Rassurez vous public, couper du pin sylvestre, n’est pas couper du chêne. D’abord, le pin est un invasif que l’ONF ne contrôle plus depuis longtemps (sauf dans les Landes notamment). Et il re-colonise très facilement. Au vu des très belles réussites de panoramas dégagés : Bourron-Marlotte (parcelle533), Barbizon, rocher de Milly, Apremont et rocher Fourceau (à reprendre), il n’y a pas de raison pour ne pas aboutir un projet qui fera parler du massif positivement. Encore faut-il couper jusqu’à Franchard Isatis pour retrouver l’ancienne perspective. Un logiciel d’aménagement paysager peut y aider. 

Pour en faire une réussite, profitons des grands week-ends d’été, pour informer les promeneurs du projet en expliquant l’histoire des déserts de la forêt, en organisant un martelage des arbres collectivement et en pratiquant le débardage des troncs (grumes) à cheval. 

Et vous connaissez vous Franchard ? Qu’en pensez vous ? 

Pascal Villebeuf

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