Maladie de Lyme : la fausse bonne nouvelle de l'AFP

Fin décembre 2016, de nombreuses rédactions, reprenant une dépêche de l'AFP titrée "Maladie de Lyme : une étude vante les vertus d’une pommade antibiotique" nous laissaient croire qu'enfin une pommade allait nous permettre d'éviter la maladie en cas de morsure ! Ceux qui s'intéressent au problème ne pouvait qu'être séduits par les fantastiques résultats rapportés dans la dépêche : "appliquée durant trois jours 72 heures au plus tard après la morsure de tique, cette pommade a révélé une efficacité de 100%, selon des tests réalisés auprès d'un échantillon de 1.000 patients." On découvre "qu’aucun n’a développé la borréliose de Lyme", alors que "sept infections se sont déclarées dans le groupe traité avec un placebo". Bien sûr, les articles concluaient qu'il faudrait attendre que l’expérience soit confirmée… mais tout de même ! À moins que…

À moins que... une mauvaise interprétation du texte de l’étude transforme une actualité scientifique à en pure fable ! Grrrrrrrr. Faux espoirs donc car effectivement, l'étude dit vraiment tout le contraire !

L’étude a fait l'objet d'une publication dans The Lancet Infectious Disease. Elle offrait toutes les garanties de sérieux scientifique et  avait un critère d’évaluation principal très précis répondant à la question : est-ce que la sérologie de des patients mordus par des tiques, séronégatifs pour la maladie de Lyme au moment du traitement, et qui ne seraient pas mordus de nouveau par des tiques, déclaraient moins cette borréliose s’ils étaient traités par une pommade contenant 10% d’azithromycine que ceux traités avec une pommade placebo ?

Quels sont les véritables résultats ? 

Ils sont précisés dans le résumé de la recherche, accessible en quelques clics : "L’essai a été arrêté de manière anticipée parce que l’amélioration [qui était l’objet du] critère d'évaluation principal, pour le groupe recevant l’azithromycine, n’a pas été atteint. À huit semaines, 11 des 505 patients sous azithromycine (2%) et 11 des 490 patients du groupe placebo (2%) [ont pu constater] l’échec du traitement." Conclusion sans appel des auteurs :  "il n’y a pas d’effet préventif [à l’application de la pommade à base] d’azithromycine".

Donc, que s'est-il passé ? 

Les auteurs ont expliqué que le comité indépendant responsable de la supervision et du traitement des données les a encouragés à formuler de nouvelles hypothèses de travail en se concentrant sur l’un des symptômes (l’apparition d'une tache rouge qui grandit progressivement autour de la morsure. mais qui n’apparaît environ qu'une fois sur deux) chez les 134 personnes pour lesquelles il a pu être confirmé en laboratoire que la tique était porteuse de la bactérie. L’apparition de ce symptôme n’a alors été constaté chez aucun des 62 patients du sous-groupe traité avec la pommade, contre 7 parmi les 72 traités sous placebo, durant les 30 premiers jours suivants. Au mieux, cette étude suggère une nouvelle piste de recherche sur le thème : "Est-ce que la pommade à base d’azithromycine retarde ou limite significativement l’apparition d’un des symptômes courants ?"

Il était donc totalement faux d’affirmer comme l’a fait l’Agence France Presse que
"cette pommade a révélé une efficacité de 100%, selon des tests réalisés auprès d'un échantillon de 1.000 patients".

Dommage ! Pas de "magie de Noël". Heureusement que certains journalistes veillent notamment à  à la rédaction d'Allodocteurs.fr !

Étude : Topical azithromycin for the prevention of Lyme borreliosis: a randomised, placebo-controlled, phase 3 efficacy trial. Michael Schwameis et al. The Lancet Infectious Diseases, 19 décembre 2016.
Etude à lire ici

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