Hélas, on ne gagne pas tous ses combats... C'est par le site Bleau.info que nous avons appris la triste nouvelle : le décès d'Eric Jarkoff, bleausard discret mais ouvreur de très beaux passages (et il est loin de les avoir tous signalé) bien connus des Bleausards. Ses cendres ont été dispersées dans la forêt qu'il aimait tant. Nous adressons, nous aussi à Valérie, son épouse, et à ses proches, toutes nos condoléances. Nous lui rendons hommage en reproduisant ci dessous le très beau texte écrit par Philippe Audin que seul les grimpeurs bleausards peuvent comprendre.
Salut Eric... |
Salut Eric,
On ne va pas te faire le coup du mur des lamentations mais évoquer une dernière fois avec toi ta passion que tu partageais avec beaucoup d’amis grimpeurs ici présents.
Contrairement au non initié, celui qui parcourt le massif un grand tapis dans le dos et une brosse à la main comprendra vite ce petit clin d’œil :
On ne va pas te faire le coup du mur des lamentations mais évoquer une dernière fois avec toi ta passion que tu partageais avec beaucoup d’amis grimpeurs ici présents.
Contrairement au non initié, celui qui parcourt le massif un grand tapis dans le dos et une brosse à la main comprendra vite ce petit clin d’œil :
Pour nous tous, ton départ est une vraie onde de choc. Aujourd’hui point de croix, ton guide c’était plutôt ton topo, n’en déplaise à «l’abbé Résina». Mais des croix, tu en as fait beaucoup dans cette forêt. Les bêtes pouvaient dormir tranquilles car tu étais chasseur, mais chasseur de prises uniquement.
Bon bien sûr tu te faisais parfois remonter les bretelles en rentrant un peu tard et tes excuses étaient un peu douteuses : «je n’arrivais pas à sortir de la fosse aux ours», j’ai eu du mal à trouver la baleine, «Corto Maltèse» m’a donné du fil à tordre, l’ange naïf m'a retenu. Mais tu étais vite pardonné.
La belle noiseuse, Marion des roches, la Lily, miss KGB, sans parler de la défroquée rendaient bien un peu jalouse ta Valérie mais elle savait que tes maîtresses de pierre comptaient beaucoup également pour toi.
Pour te faire pardonner tu partais avec ta liste de course : charcuterie, boucherie en passant à l’abattoir, un kilo de beurre, mais beurre-marga, Jus d’orange, chicorée.
Avec toi, point de compétition, tu te contentais facilement de la médaille en chocolat et après une perf, tu payais ta bière «rubis sur ongle».
Mais jamais trop d’excès, éventuellement une petite Marie-Rose, une petite poire ou une fleur de rhum, un(e) nescafé, et au lit. Ton 20 Rouge préféré c’était à Canon et le seul cigare que tu t’accordais c’était celui du 95.2.
Mais jamais trop d’excès, éventuellement une petite Marie-Rose, une petite poire ou une fleur de rhum, un(e) nescafé, et au lit. Ton 20 Rouge préféré c’était à Canon et le seul cigare que tu t’accordais c’était celui du 95.2.
Quelquefois le biceps mou ou un angle incarné mais rien de bien grave, alors quand le mal t’a frappé on pensait que ce n’était qu’une parenthèse.
Jusqu’au bout du jour tu allais de bloc en bloc… jusqu’au dernier…
Cet âpre mont, tu n’as pas réussi à le franchir, tu aurais préféré les 12 travaux d’Hercule comme épreuve. On espérait tellement que tu réussisses ton rétablissement mais tu viens de prendre une dernière fois l’hyper plomb. Maintenant, après la fissure de la liberté, c’est une grande traversée qui s’annonce, bien continue, mais qui sait, elle est peut-être belle, et en lévitation là-haut, dans ton rocking-chair, tu nous donneras peut-être la méthode en nous disant : «carpé diem».
Source texte et images : Bleau.info
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