Topo des circuits de Bleau : Du droit à l'erreur ou de l'art de faire un topo

Dans un précédent article de nous avions testé l'ensemble des topos publiés à Bleau depuis les années 50. Réaliser un topo n'est pas une sinécure et suppose, si l'on veut faire un ouvrage de qualité, beaucoup de rigueur, de nombreuses heures sur le terrain et un gros travail de recherche. Du coup, parfois poussé par un éditeur pressé ou cédant à la facilité, certains auteurs pompent plus ou moins le travail de leurs prédécesseurs.
A Bleau (et on s'en tiendra là pour cette fois) le gros du travail consite à l'élaboration des relevés de blocs, à y positionner les voies et à vérifier la conformité du dessin sur le terrain. Bien évidemment, au milieu des 10 000 passages répertoriés sur Bleau.info, il s'est glissé des erreurs, véritables pièges pour les topographes. Pire, les bénévoles associatifs repeignent et modifient les circuits ce qui peut rendre caduc tout votre travail ;0).

Alors si l'on a le droit à l'erreur, le doute s'installe sur la qualité du travail quand   ces erreurs deviennent très nombreuses. Voici deux exemples d'erreurs pour rétablir la vérité historique sur certains passages.



Guillaume dans le morceau d'histoire de la Paillon directe
Lors d'une discussion au pied de La Paillon, un chef d'oeuvre datant de 1949 sur le bloc de la Prestat au Bas Cuvier, j'eu un doute  quant au nom de la voie du circuit rouge située à gauche. Le topo du jour indiquait Dalle du Baquet, mais Jean Claude et Igor disait la CouppelIl fallait en avoir le coeur net !

Profitant de l'Assemblée Générale du Cosiroc qui réuni quelques vénérables anciens seigneurs du gratton,  la question fut posée et l'ami Bernard mena donc l'enquête pour le Conseil des Sages et son verdict est sans appel : seul quatre topos sur les 11 qu'il a vérifié sont exacts ! Des années que cette erreur se propage sur la plupart des topos décrivant le célébrissime circuit rouge du Bas-Cuvier. En effet, la dalle du Baquet et les grattons du Baquet ne peuvent être sur un autre bloc que celui du Baquet ! Il y a quand même une certaine logique dans la dénomination des voies ouvertes dans les années 50.

Pour s'en convaincre, il suffit de se reporter au premier topo du Cuvier, celui de Maurice Martin daté de 1952. La voie n°239 sortie B s'appelle "La directe du Baquet"  cotée VIa, sa voisine (n°241 sortie A) s'appelle "Les grattons du Baquet" cotée Vsup et celle sur le bloc de la Prestat (n°224 sortie A) s'appelle "La Couppel directe" cotée VIb (VIa avec sortie B). A cette époque, le circuit rouge n'est pas encore tracé.

C'est sur le topo du Cuvier édité par le Cosiroc en 1978 le n°30 rouge est situé sur le bloc de la Prestat, et c'est "la Couppel" et les voies 31 et 32 sont sur le bloc "Le Baquet".



Mais voilà quelques années plus tard une querelle éclate (nous y reviendrons un jour) entre les pro et les anti balisage. S'en suit une période de successions d'effaçages sauvages et de retraçages des circuits du Bas-Cuvier et il semble que la Couppel initialement n°30 soit passée au n°32.

On note ce changement au moins dès 1988 (et non dès 1993 comme écrit dans l'article pour le site du Cosiroc ) dans le topo Arthaud d'un collectif d'auteurs dont le Cosiroc (comme quoi même les Gardiens du Temple se trompent). Je n’ai pas la première édition de 1982 pour vérifier plus avant. (mise à jour : voir dans les commentaires). Le changement de numérotation apparait sur le schéma mais la Couppel devenue le n°32 à gauche de la Paillon reste le n° 30 dans la liste des voies et se retrouve donc sur la gauche du bloc du Baquet ! Du coup la "dalle (ou directe) du Baquet" est passée sur le bloc de la Prestat, ce qui aurait du en surprendre plus d'un !  Cette erreur va alors se propager à la quasi totalité des topos.




Deux topos parus après 1988 ont bien repositionné "la Couppel" : le nouveau topo du Cosiroc (Tome 2- Forêt domaniale de Fontainebleau, édition 2001) et, plus étonnant, le Bleau, Fontainebleau Bouldering de l'anglais Stephen Gough (1997).

On ne s'étendra pas sur les positionnements variables  des voies sur les différents schéma du bloc du " Baquet". Les Grattons du Baquet est le plus à l'est (à gauche quand on regarde la dalle), mais se trouve parfois noté à l'ouest. Dans l'édition de 2012 "Escalade à Fontainebleau - Les plus beaux sites" les auteurs ont pris soin de corriger le schéma (l'édition "mauve" de 1999 avait interverti les deux voies) mais la liste des blocs est restée la même.

Au passage nous regrettons que les auteurs des récents entretiens des circuits bleu, rouge et blanc du Cuvier n'aient pas retracé l'ensemble des numéros notamment sur le bleu ou plusieurs oublis important ont été fait (voir aussi Mise à jour en bas d'article).

Cette petite histoire pose donc la question de la façon dont les topos sont composés. Qui vérifie quoi, qui copie sur qui, de quoi alimenter une incontournable controverse ? Il est tout aussi intéressant de comparer les schémas publiés, et plus particulièrement ce qu'on a pris l'habitude d'appeler les "fonds de blocs". Ça fera l'objet d'un autre article en préparation par d'autres...

Les forums du web sont gavés de messages dénigrant l'auteur ou la cotation des dernières ouvertures au point de parfois faire oublier la beauté de la ligne proposée. Dommage ! Mais les topos participent aussi à ces polémiques stériles, bâptisant et débâptisant les voies à l'envie et au fil des éditions. Ainsi, près d'un bloc sur quatre du circuit rouge du Bois Rond a changé de nom depuis la publication du premier topo dans Paris Cham'. L'idée est toujours la même : un problème d'égo qui vous persuade que c'est votre version de l'histoire qui est la bonne. Ceci dit, je ne sais pas qui détient la vérité !

Toujours pour l'anecdote, cherchez La fissure du soleil et le mur de droite que décrivent presque tous les topos sur le circuit bleu de la Canche aux Merciers... Vous l’avez trouvé ? C'est une bonne blague, non ? En fait, il s'agissait pour le baliseur du circuit et l’auteur de la fiche topo publiée dans Paris cham’ de mettre en évidence le pompage des topos par d'autres sans vérification sur le terrain. La preuve fut faite puisque ces vraies fausses voies sont signalées dans tous les topos... Pour ceux qui voudraient s'y essayer, La fissure du Soleil correspond à un des joints de béton du pont de l'A6 avant d'arriver sur le parking. Pour la dalle de droite, c'est un projet pour l'an 3000... (voir mise à jour en bas d'article).

Sur le tout nouveau site du Cosiroc, la version 3, les auteurs baliseurs ont  l'intention (la prétention ?) de mettre à jour les fiches circuit. En dehors du travail de dessin et de saisie, le relevé et la vérification sur le terrain représentent une tâche considérable qu'il sera difficile de mener à bien sans le concours des grimpeurs !

Je profite donc l’occasion pour saluer une nouvelle fois le travail des bénévoles qui entretiennent ces quelques 250 circuits de Bleau depuis 1947. A tous ceux et celles qui critiquent leur travail et leurs erreurs possibles, je voudrai rappeler que le balisage des circuits à Bleau est une activité non rémunérée et placée sous le contrôle du Cosiroc et de la Commission des sites naturels de la FFME pour la Seine et Marne. C’est là que sont décidées les modifications dont certaines sont justifiées pour tenir compte de l’érosion des sols et des rochers. Ne faites pas de balisages sauvages, c’est inutile et répréhensible. Participez plutôt aux travaux des associations du Cosiroc qui peut vous fournir le matériel et vous guidera dans l’application des recommandations d’entretien en vigueur.

Nous reviendrons aussi bientôt sur un autre aspect des topos : le vampirisme fait par certains auteurs au détriment du financement de l'équipement par les topos des équipeurs ! 

Article rédigé par Greg Clouzeau avec le concours de Bernard Commiot 

Mise à jour :

Mail de JCV :
...
Il y a aussi des erreurs de noms  sur certaines voies toujours en fonction du topo Martin
ex :
Les départs des circuits bleu,rouge et noir sont sur Bloc dénomé " le 1"  donc les voies sont "l'Envers du "1" au lieu du "Un".
"la fausse genouillère" devient "le Pilier" N°10 bleu.
"la Solitude" devient "la Solitaire" N°10 bleu c'est là que passe la route de la Solitude celle du Solitaire est + loin
 " Le K 2" devient "Le faux K" N°17 bis bleu, "le faux K" est la voie sur la gauche du "K" et cette lettrine désigne "Le Rocher de Français" sur d'anciens circuits Denecourt.(voir document joint)
" Le coup  de blanc" devient le "Coup".
etc......

Hum il y a aussi 1 petite erreur sur le topo Martin au niveau  en page 4 "la Claudine" N° 3B qui est localisée au niveau de la fameuse "la Lilli".ouverte par Michel Libert
Et si tu as l'occasion de rencontrer soit Thierry Bienvenu ou Pierre Richard demande le vrai nom donné à "La Ravensbruck" .

Mail de Soleg :

...

la Fissure du Soleil :  une phrase d'"Oleg" dans le Arthaud 1986 " pour les observateurs .................originale". 

C'était l'époque où chacun cherchait son "mur d'escalade" perso(pont SNCF, mur d'enceinte de propriété, prison par l'extérieur, etc). D'où, un jour, une évidence avec Jo en sortant de la Canche avec son Land R. : le dièdre et sa fissure.

Pas si évident que ça : fallait tirer très fort pour que ça tienne, les adhérences de chausson n'étant pas améliorées par la poussière de béton sur la face d'appui; Un souvenir : lorsque j'ai atteins la section horizontale au sommet de la fissure, la fin tant attendue d'une bonne dülfer!, kolossale déception! Y'avait une couche de limon gras, résidus de plus de vingt ans de tous les véhicules  qui passaient au dessus (huiles, sable, et diésel, vraiment cra cra et dégueu!). Après nettoyage, la voie à été franchie sans problème additionnel. 

Je ne sais pas si les autres fissure correspondantes on t été franchies (47, 48, 49 potentiels, mais un peu monotones sauf le sens de la dûlfer)
 
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