Nous vous annoncions la sortie de la nouvelle édition du topo Arthaud Fontainebleau, les plus beaux sites il y a quelques jours et nous vous avions promis une critique rapide. Le topo étant maintenant entre nos mains, il est temps de l’éplucher (comme les autres) !
Dans notre premier article, nous vous annoncions la couleur, un topo d’une centaine de circuits (103) répartis sur une quarantaine de sites de Bleau avec une iconographie entièrement revue. Car oui, ce topo n’est pas tout nouveau, c’est la réédition du topo dit « mauve » de Jo, Françoise et Jacky sortie en 1999 et qui lui-même remplaçait les vieux topos Arthaud du Cosiroc édité en 1984. Alors disons le tout de suite, ce topo est un « must have » pour les amateurs de circuits et conviendra tout particulièrement aux nouveaux pratiquants qui souhaiteraient mettre en pratique ce qu’ils ont découvert dans les salles d’escalade. Il a donc un intérêt limité pour les bleausards aguerris.
L'ancien topo de 1999 |
Sa couverture blanche nous change du mauve « old school » et un feuilletage rapide nous laisse une douce sensation de clarté. On se prend même à s’attarder sur certaines images, carte ou information tant elles sont agréables à lire. Y 'a qu'à voir l'ancienne version pour comparer =>
Reste qu’il faut qu’elles soient pertinentes ! Comme tous les topos modernes, les auteurs ont du se plier au petit jeu des contraintes imposées par l’éditeur au premier rang desquelles se trouve la pagination. 240 pages pour décrire la Bleau, c’est peu ! Ce topo ne couvre donc pas l’ensemble des sites et encore moins l’ensemble des circuits balisés (forcément, il y en a plus que de pages !!!)
Mais commençons par le début de l’ouvrage…
Mais commençons par le début de l’ouvrage…
En page 5, à côté de la carte générale, se trouve le sommaire. Sur une seule page vous avez la vision complète des circuits auxquels vous allez pouvoir rendre visite grâce à un astucieux point de couleur correspondant à celle des circuits décrits dans chaque site ! Bravo !
Du coup, on peut vous le dire ce topo décrit, 11 jaunes, 17 oranges, un mauve, 27 bleus, 1 vert, 25 rouges et 12 blancs ou noir. Vous l’aurez compris, 1/3 du topo s’adresse aux grimpeurs de niveau débutant à moyen, 1/3 aux grimpeurs capables d’enchaîner les circuits difficiles (bleu) et 1/3 pour les forts grimpeurs. Car oui, à partir du niveau rouge, ce que vous faite c’est du Très Difficile et nécessite déjà un bon niveau. En dehors de la Roche aux Oiseaux, ce topo ne décrit pas les « hors circuits »…donc, si c’est ce que vous recherchez, passez votre chemin.
Viennent ensuite les pages traditionnelles qui accompagnent la découverte de la forêt. Rien à dire si ce n’est féliciter les auteurs pour leur pages consacrées à une notion trop souvent oubliée et négligée, l’art de la parade. Bravo ! On comprend vite le fonctionnement de l’ouvrage (décrit p18/19). Notons au passage la qualité des nouvelles cartes et schémas de cette édition versus l’édition « Mauve ». Là encore, beaucoup d’informations mais toujours très lisibles en dehors de la variation des points sensée différencier un bis, un ter, un quater et une traversée ! Là, faut prévoir une loupe… Les blocs caractéristiques d’un site sont colorés sur la carte (ainsi que ceux du départ du circuit) et l’on retrouve cette info dans le sur lignage du tableau. Notez aussi que les numéros de parcelles forestières sont aussi indiquées ce qui vous permettra de préciser votre position si vous devez appeler les secours (accident, incendie…)
Voilà, voilà. Heum.
Passons donc aux petites critiques ! Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr !
Il ne s’agit que de points de détails souvent minimes et donc, disons dès maintenant que ce topo est presque parfait… Presque.
Reprenons page 4 à la carte du sommaire. Un petit logo montre 4 emplacements de bivouac avec un étrange pictogramme. Faut aller page 235 pour comprendre qu’il s’agit des aires de bivouacs ONF. On aurait pu éviter cette information car ces sites sont de toutes manières plutôt à éviter.
Le Cuvier est signalé comme « site conviviale adapté aux familles »…Beurk ! Alors certes, le Bas Cuvier c’est plat, sans marche d’approche et dépourvu de végétation ce qui facilite la marche des bébés et le transport des poussettes, mais outre le fait qu’il n’y a rien de facile à grimper (même le orange est à éviter), ce site reste l’un des plus mal fréquenté de Bleau et l’un des plus pollués. Nous aurions mis un avertissement ! A l’inverse, la JA Martin est déconseillé aux familles alors même que le site offre l’ensemble des difficultés en terme de circuit, du blanc enfant au rouge extrême ! En plus le site est sableux à souhait… mais bon pas pratique avec une poussette, très étendu et surtout sensible à l’érosion.
Tient, l’érosion voilà un truc qui fâche et que les remarquables conseils de bon sens distillés tout au long de l’ouvrage ne mettent pas en évidence. Dans le même genre d’idée, nous aurions aimé la présence d’une page récapitulant les 10 commandements et une ou deux phrases sur « comment faire caca dans les bois » sans faire ch… le monde avec ses déchets !
Les photos sont plutôt au top mais beaucoup concernent des voies qui ne sont pas décrites ce qui peut surprendre le lecteur. Par ailleurs, quitte à mettre Jacky dans le 13ème Travail d’Hercule (p 51), il aurait fallu dater le cliché et nous en proposer un de 2012. Ainsi, nous aurions pu juger, non pas de l’évolution du matos, des modes vestimentaire ou capillaire mais de l’impact de notre pratique sur le rocher ! Car c’est certain, il a bien changé ce bloc !!! Même chose pour la photo du célèbre et incontournable Toit du Cul de chien. Un photo d’Eddy boucher à l’ouverture en 1978 et une d’aujourd’hui et on comprend combien les milliers de passages, un tag, et des tailleurs de mensonges ont fait évoluer le bloc.
Eddy, photo de Jo Montachaussé A droite, le même Toit, en 1987 par Eric Lucas Source 7ableau |
A la page 83, vous en apprendrez un peu plus sur le nettoyage des chaussons. Là, nous aurions carrément développé ! Du coup, c’est promis cela fera l’objet d’un article sur la TL2B… le temps de réapprendre à cracher dans les mains pour faire couiner la gomme ! Nous aurions aussi développé les cotations liés aux différentes combinaisons du bloc du Tiroir (p.151). Certes cela n’a rien à faire dans ce topo (pourquoi ce bloc plus qu’un autres ?) mais quitte à y aller , fallait aller jusqu’au bout et montrer à quel point on peut jouer sur trois m² en se prenant la tête sur les cotations !
Enfin, l’ouvrage décrit uniquement des circuits sauf pour la Roche aux Oiseaux. Ce site est superbe certes mais en partie sur des propriétés privées (c’est pourquoi il n’est pas balisé). Dans le même genre d’idée, vous auriez pu nous proposer les circuits jaune, orange et rouge des Rocher de la Saussaie qui se trouve à quelques centaines de mètres… A Cuisinière nous aurions fait la promotion du magnifique circuit noir de droite. Tient, puisqu’on est dans la critique du choix souverain et subjectif des auteurs sur « les plus beaux sites » nous aurions aimés voir un peu plus de massifs essonniens comme Chamarande, massif historique, superbe et accessible en train, La Padôle, la Troche ou encore Videlle, Mondeville ou le Sanglier, histoire d’y conduire un peu de monde pour que les ronces ne s’y installent pas durablement et limiter l’usure des autres massifs.
Bref, à part ces quelques broutilles, ce topo, comme nous le disions en introduction est et sera recommandé par la TL2B à toutes celles et ceux qui ne connaissent pas encore Bleau ou qui y viennent épisodiquement. Nous lui accordons bien volontiers la note technique de 4 étoiles (sur 5) et la note « green climbing attitude » de 4,5/5 également. On vous l’a dit, il est proche de la perfection.
Comme un bonheur ne vient jamais seul, nous vous invitons à lire l'entretien de Jo avec nos amis de Zebleaug. On en apprend un peu plus sur l'homme, ses passion et le topo.
Pour les frustrés du hors circuit, nous vous recommandons les mises à jour du topo Degré 6 de Pépito qui sont téléchargeables sur son site.
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