Bonjour,
LTL²B, c'est aussi la Tribune des autres sites de pratiques que ceux du Pays de Fontainebleau ! Alors quand nos amis de l'autre bout de la France nous font part de leurs difficultés à maintenir le droit de grimper sur le sites naturels, on ne peut que s'associer ! Nous reviendrons très vite sur le problème de fond, à savoir le conventionnement des sites et la politique de la Fédération Française de Montagne et d'Escalade (FFME) dont on peut déjà dire qu'elle est contraire à l'intérêt du plus grand nombre des pratiquants !
Le problème est apparu avec la dénonciation des conventions liant la FFME et les communes sur les 12 sites d’escalade naturels des Hautes Pyrénées. Cette dénonciation pose le problème des moyens humains et financiers mis en place pour l’entretien et de l’équipement des falaises écoles (c'est à dire équipées conformément à la Norme) ainsi que celui de la responsabilité des propriétaire en cas d'accident.
Un article de la Dépêche suivi d’un entretien sur Kairn de Frédéric Nardin
président du CD 65 rappelle quelques fondamentaux mais passe aussi sous silence quelques éléments… On y apprend que l’entretien des sites naturels d’escalade doit être le fruit d'une réflexion collective et d'une politique publique c'est à dire réalisé en coordination avec les services de l’état…
président du CD 65 rappelle quelques fondamentaux mais passe aussi sous silence quelques éléments… On y apprend que l’entretien des sites naturels d’escalade doit être le fruit d'une réflexion collective et d'une politique publique c'est à dire réalisé en coordination avec les services de l’état…
Nos amis de La Maison de la Montagne (du 65) ont écrit un très bon article sur le sujet dont voici quelques gros extraits :
Qu’est-ce qu’un site d’escalade ? Peut-on considérer qu’ils ont toujours existé ? Qu’ils ont toujours été gérés par les communes ? Conventionnés par la fédé ? Qu’est ce que le Col d’Ech, Trassouet, Pibeste, Pène Haute, Troubat, Granitic océan, La Devotas ? Sinon au départ qu’un tas de cailloux vierge, sans intérêt touristique et économique ? Et qu’est-ce qu’un équipeur ? Sinon qu’un grimpeur isolé, porté par la recherche de la colonne parfaite, du mur bleu déversant, du bombé criblé de trous ?
La plupart des sites ont été découverts, équipés, entretenus, défrichés par des bénévoles sur leur temps libre à une époque où la gestion de l’équipement était assuré par les grimpeurs pour les grimpeurs. C’est à dire GRATUITEMENT.
[...] Puis vint Altissimo, Oloron, les grandes SAE et les petites de poche, pans persos, salles de blocs.
Grimpe sous cloche, pierre philosophale de l’entrainement, laboratoire d’un autre idéal, de l’escalade de podium, de championnat et d’olympisme.
Escalade : sport comme un autre ? A l’égal du tir à l’arc, du plongeon, du ball trap ? Oui a-t-on répondu en cœur. Olympisme, quête du graal, mot qui ouvre les portes du financement éternellement renouvelé.
Les sae ont fabriqué les nouveaux grimpeurs extraordinaires, mutants génétiques et la cotation a fait un bon phénoménal en avant. En contrepartie, la liberté a fait elle un bon vertigineux en arrière.
L’escalade de mode de vie et manière d’être est devenue un sport, appelant le Ministère de tutelle et draguant les subventions.Appâtées et abandonnant la haute-montagne, les fédés ont cadré. Les pros s’y sont mis. Pour équiper une falaise, on se devait d être diplômé. Faire une déclaration d’équipement. Un cadre pouvait à tout moment venir valider le travail.
Là où avant seul le chemin des prises guidait le désir de découverte et d’équipement, les voies étaient typées et leurs caractères uniques. Grimper c’était d’abord transgresser la norme et les règles. [...]
Arriva l’heure des magazines et des exploits pleine page, de la professionnalisation de la pratique et comme un caillou frappant l’eau, les ondes induites de la mode naissante touchèrent de plus en plus de monde. Carillonna alors l’heure du tourisme et du vieillissement des équipements. Il allait falloir passer à la caisse !
[...]Les mairies propriétaires des sites virent d’un mauvais œil leurs responsabilités enfler proportionnellement au nombre de camions garés au pied des falaises.
Néanmoins, à défaut de soutenir ce tourisme chevelu et sportif, en autosuffisance alimentaire, ils encouragèrent en loucedé la pratique à travers le site internet de l’office du tourisme ou du camping communal. Rubrique : Que faire aux alentours ? Pêche, cyclotourisme et…escalade.
C’est là que ça se corse. Ces bouts de caillou, [...] sont pris d’assaut dès les beaux jours du printemps par des grimpeurs, des familles, des pros avec des clients, des gosses de colonies de vacances. Les gens se pendent sur des cordes, qui se pendent sur des chaines, qui se pendent dans le vide. Et si ça pète ce bordel ? S’il y a un accident ?… Ces voies ouvertes par des initiés souvent pour eux-mêmes avec des plaquettes artisanales et des chaines de supermarché qui les gèrent ? Dès fois les grimpeurs eux-mêmes sont allés taper les mairies.
Alors, au bout d’un moment, celles-ci se sont retournées vers la fédé, ou bien c’est la fédé qui… [...]
Résultat, des douzaines de falaise ont été conventionnées. Des pros ont été payés pour réequiper. Ils ont évidemment préféré réequiper d’abord les 8 parce qu’il y avait moins de travail et moins d’herbe à enlever…
Aujourd’hui, le cd dénonce ces conventions parce qu’il comprend que les centaines d’heure des grimpeurs fureteurs qui cherchent la ligne, le spot, la dalle, personne ne peut vraiment les payer. Personne n’a vraiment les moyens d’honorer ces conventions vu ce que rapporte l’escalade en général. Et les mairies qu’ont-elles à y gagner à par des emmerdes ?
[...] Résultat, dans le 65, 3 sites d’initiation “historiques” Beaudéan, la grotte du Loup, le Pic de Jer sont interdits jusqu’à nouvel ordre… les autres ne vont pas tarder à tomber.
Convention : piège à cons ? En viendra-t-on à payer l’accès aux falaises comme sur de vulgaires pistes à raquettes à neige pour soutenir le réequipement des falaises ? 5, 10, 15 € la demi-journée ? A obliger les grimpeurs à afficher leurs cotisations à jour comme en SAE ?
Les mairies face à leurs responsabilités toléreront-elles longtemps l’accès à leurs sites d’escalade où l’équipement vieillit et devient douteux ? Va-t-on les interdire ? Il y a effectivement des risques.
En tous cas, les grimpeurs qui devraient gérer ces espaces vont perdre comme toujours une partie de leur liberté en échange d’un équipement inox et de beaux panneaux stratifiés. Ils continueront à aller en montagne ou sur les sites qui ne sont pas aux normes donc non conventionnés et continueront à grimper tranquillement sous le couvert des arbres, à leurs risques et périls comme des grimpeurs adultes et pas des usagers.
Décidément on vit une époque formidable !Le topo artisanal aux croquis noir et blanc à 6 francs pour payer les points de l’équipeur fut remplacé par le topo couleur à 15€ édité par le club local, la mairie, la communauté des communes. Mais qui pour remplacer l’équipement donné généreusement par le magasin de sport local, la perceuse du menuisier, les cordes dépareillées ? On avait oublié cette ligne dans le prévisionnel.
La suite ?
Vendredi 13 juillet, des grimpeuses et des grimpeurs des départements des Pyrénées Orientales et de l’Aude se sont rassemblés et regroupés en « Collectif de Sauvegarde de l'escalade dans les Pyrénées Orientales». Ils souhaitent par cette action se faire entendre afin de trouver des solutions et surtout d'alerter sur le risque réel de fermeture définitive des voies d’escalade du projet de « La route de la grimpe » par leur neutralisation physique, c'est à dire le cisaillement des 2 premiers points et arrachement des relais.
S’ils n’ignorent pas les raisons qui ont mené les autorités à prendre cette décision, ils comptent attirer l’attention des élus locaux sur le fait que les sites des Fenouillèdes et des Corbières sont hautement connus dans l’escalade française et européenne, grâce au travail de plusieurs générations de grimpeurs.
Le projet de « La route de la grimpe » regroupe sous ce vocable les voies d’escalade de la vallée de l’Agly et des Corbières. On dénombre environ 1000 voies sous cette appellation dont 182 nouveaux itinéraires créés qui viennent compléter les voies déjà existantes – soit 80% du label Route de la Grimpe - connues sans aucun incident notoire depuis maintenant 30 ans. Ce qui le place en très bonne position dans le classement national des sites d’escalade français.
Référencé dans de nombreux topos et brochures touristiques, ce beau projet a permis d’attirer un nouveau public de pratiquants venus d’Europe entière ; ce qui permet d’animer et de développer encore plus le tourisme local d’un territoire loin de la mer et de la montagne
Le collectif nouvellement créé souhaite s’associer pleinement à la réflexion, apporter sa contribution pour trouver les solutions afin de garantir la sécurité des grimpeurs et conduire à la réouverture raisonnée de nos sites de pratiques.
« Collectif de Sauvegarde de l'escalade dans les Pyrénées Orientales »
Pour les soutenir, deux actions ! Primo, signer leur pétition. Secundo, écrire à la FFME pour dénoncer sa politique (nous y reviendrons) de gestion des sites naturels... Vous pouvez contacter le Collectif à cette adresse : collectifescaladepo[arobase]gmail.com
Photos : La Maison de la Montagne
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