Les rochers de Barbizon pris comme support pédagogique de Land Art

Bonjour,

Il y a quelques jours, l’ami William, de passage aux abords du circuit d’escalade pour enfants d’Apremont Bisons découvrait que les blocs avaient servi de support à l’expression artistique d’une classe d’un collège de la région.

Land Art à Apremont Bisons, sept. 2011
photo William Baptiste


Selon Wikipedia, « le Land Art est une tendance de l'art contemporain, utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.). Le plus souvent, les œuvres sont à l'extérieur, exposées aux éléments, et soumises à l'érosion naturelle ; ainsi, certaines ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos. Les premières œuvres ont été réalisées dans les paysages désertiques de l'Ouest américain à la fin des années 1960. Les œuvres les plus imposantes, réalisées avec des équipements de construction, portent le nom d'Earthworks (littéralement terrassements).
Avec les artistes du Land Art, la nature n'est plus simplement représentée mais c'est au cœur d'elle-même (in situ) que les créateurs travaillent. Ils veulent quitter les musées et les galeries avec leurs tickets d'entrée et heures d'ouverture afin de véritablement « sortir des sentiers battus ».
Si les Earthworks sont des altérations durables du paysage, la plupart des œuvres du Land Art relèvent plutôt de l'art éphémère, vouées à plus ou moins longue échéance à la disparition sous l'effet des éléments naturels. »

Art ? Nemours...
Le phénomène n'est pas nouveau. Sans parler des gravures rupestres préhistoriques, les blocs de Bleau ont servi de support à deux nombreuses réalisations plus ou moins artistiques... dans la colonne de gauche, parmi les articles les lus de ce site, le tag des Grands Aveaux avait fait polémique. La situation et le contexte était d'ailleurs très différent. Celui du bloc du Cul de chien dans les années 80, ou celui de Nemours sont eux aussi de tristes souvenirs.

Apremont bisons, sept. 2011 photo : W. Baptiste
Si les photos rapportées par William font un peu mal aux yeux, et montrent parfois que les enfants ont bien compris le sujet et ont de véritables goûts pour la chose, elles soulèvent quelques interrogations :
Etait il judicieux d’apprendre aux enfants à peindre sur les rochers de la forêt de Fontainebleau ?
Ou, comme le dit William :  « A 12 ans les tags avec la bénédiction de l'Education Nationale, à 14 ans la biture et puis on fout feu à la forêt ... »

Les enfants apprennent-il vraiment  à préserver la nature par ce projet pédagogique ?
Le respect de la nature ne passe t’il pas déjà par un respect des réglementations par les organisateurs ?

La signature des œuvres ne laissant aucun doute, William a immédiatement contacté le dit Collège dont voici le courriel d’excuses, sincères.

« Tout d'abord, recevez au nom du Collège nos plus plates excuses concernant les dégradations que vous avez constatées sur le site de Barbizon.
Après avoir reçu les professeurs organisateurs de la sortie il s'avère que :
- les professeurs regrettent de ne pas avoir informé, au moment de l'organisation de la sortie, l'ONF afin de lui présenter le projet.
- les peintures sur les rochers font écho à un projet d'arts plastiques (Land art) qui avait été amorcé il y a plusieurs années par un professeur qui a maintenant quitté l'établissement.
Il s'agissait à l'époque de mettre en valeur un (petit) élément naturel.
Les professeurs ont avoué avoir été "débordés" par les productions des élèves.
- les peintures sont des gouaches et devraient disparaître dès qu'il pleuvra.
- un professeur se rend sur place cet après midi pour essayer d'en nettoyer au plus vite les plus gros méfaits.
- les élèves ont, le même jour, ramassé 2 gros sacs poubelle de détritus laissés par leurs prédécesseurs sur leur aire de pique nique.
- une intervention sera faite dans les classes pour revenir sur la notion de respect de la nature.

Je ne cherche pas à minimiser les dégâts que vous avez constatés, et j'en suis particulièrement contrite.
Les professeurs s'en montrent extrêmement confus.
Les élèves seront informés de l'impact que leur action a entraîné.

Je compte sur votre tolérance pour accepter nos excuses ; il est évident qu'une 3ème sortie (avec d'autres classes) prévue le 7 octobre ne reprendra pas le même projet. »

Merci et bravo.

Apremont Bisons, septembre 2011, photo W. Baptiste

Cette réponse de la Principale est complétée par un post d’un professeur du dit collège (Extrait) :
"Land-art" à Barbizon: il y a peut-être plus grave en forêt? par Ph. A ~ 30.09.2011 00:05
Ce n'est peut-être pas la peine de dépenser trop d'énergie sur cette "affaire" qui ce soir n'en n'est plus une.

Apremont Bisons
sept 2011
photo W. Baptiste
Et si on partait du début: 2 classes de 6ème du collège sont parties un beau matin, à pied, en direction de Barbizon parce que 6 km, ça ne justifie pas un car et toute a pollution qui va avec (vandales mais écolo quand même les collégiens de Perthes), et après un peu de culture à l'auberge Ganne sur les coloristes (ça en a inspiré certains), le groupe a pique-niqué au sommet de la butte des peintres. Pas en bas, là où tous les groupes se posent et où cela est devenu immonde avec 3 emballages au mètre carré (voilà un bon sujet de forum), non, là-haut, où l'on pourra sensibiliser les élèves sur le fait que l'endroit est propre et qu'il est hors de question laisser le moindre emballage, et c'est ce que l'on a fait. 110 gamins y sont passés au total et vous pouvez y monter, c'est même plus propre qu'avant. Oui, nous sommes spécialisés dans l'art éphémère mais pas dans le durable parce qu'un emballage c'est 100 ans. (vandale, mais bien plus respectueux que les hordes de gamins qui larguent tout en forêt à la canche, canon, St Germain sans que ça ne dérange plus que ça les soit disant responsables de ces groupes.

Puis on a poussé un peu plus loin pour faire un peu d'escalade. Sans y mettre des kilos et des kilos de magnésie (voilà un autre bon sujet de forum),alors qu' un simple petit chiffon avec un peu de résine dedans, ça peut être suffisant jusqu'au... aller 7a/7a+, et je peux le prouver à certains sceptiques. Et puis on a fait aussi un peu de land’ art. Quelques amas de bois joliment redisposés , quelques animaux sortis tout droit de la préhistoire, mais là, personne pour les prendre en photo, à par moi, j'ai des photos sympa pour les curieux. Et puis on est rentrés, en bus car l'art ça fatigue.

Et puis 2 jours après, un autre groupe, même programme, même civisme au niveau du mode transport et du pique-nique, mais pas du tout le même sens artistique . Ah, les gouts et les couleurs !!! et les collègues (moi je n'y étais pas ce jour là) qui savent qu'aux prochaines pluies il n'en restera plus traces et qui laissent les peintures en l'état.

Effectivement, il y a eu dérapage et le lendemain je suis venu constater les dégâts avec un collègue qui était de cette sortie ce jour là et nous avons abrégé la vie de ces œuvres éphémères avant que la pluie ne s'en charge. Un peu d'huile de coude et tout est rentré dans l'ordre. (…) Voilà, c'était la réponse d'un enseignant , grimpeur et peut-être plus respectueux de la forêt que certains qui s'expriment sur ce site » (...)

La réponse est claire et tout à fait recevable… Je suis même complètement d’accord sur la magnésie, les déchets… et ce blog regorge d’articles sur ces sujets.
Philippe, le dérapage de votre Collège est donc relevé au même titre que ceux que vous dénoncez. L’incident est clôt.

Mais je reste septique sur l’atteinte de l’objectif pédagogique de ce type de sorties.
Vos deux classes ont participé très activement au nettoyage de la forêt (un grand bravo, sincère, à leur transmettre, de notre part) mais quelques heures après, ces mêmes élèves « taguent » les rochers (au demeurant ceux utilisés par d’autres groupes scolaires dans le cadre de projets escalade).
Sans faire d’amalgame, les enfants ont il bien compris la différence entre l'art éphémère et le marquage de « son » territoire lors de leur appropriation temporaire de espace ? La signature à base de code postale est aujourd'hui le tag le plus rependu dans les transport en commun…

Apremont Bisons,
Sept. 2011
Photo : W. Baptiste
Certaines œuvres (le bonhomme en bois par exemple est une bonne illustration d’une œuvre réussie) me laissent un peu d’espoir.
Les connaisseurs de Bleau, ont peut être aussi remarqué ces magnifiques imitations de peintures préhistoriques réalisées sous un surplomb non loin du Toit tranquille, toujours à Apremont. D’ailleurs, le Land Art est la passion de certains très forts grimpeurs dont la figure de proue est certainement la discrète Catherine Miquel… J’apprécie aussi énormément cette sculpture en bouleau qui marque l’entrée du Parking de l’Auberge de la Feuillardière (à la sortie d’Arbonne). 

Personnellement, je préfère photographier les œuvres de Dame Nature qui nous propose de magnifiques sculpture ou même anthropomorphe.






D’ailleurs, celui-ci, aurait très bien pu faire l’objet d’une photo le mettant en valeur sans pour autant souligner ses caractéristiques de couleurs…

Apremont Bisons, sept. 2011
Photo W. Baptiste


Enfin, je ne pense pas qu'il soit utile de vous rappeler que vous devez solliciter l’autorisation de l'ONF pour les sorties de groupes. Le respect de la nature commence aussi par le respect des règles fixées en collaboration avec l'Inspection Académique (même si on crève de cette paperasse).

Donc, encore un grand merci pour le nettoyage effectué ainsi que le ramassage des déchets laissés par vos prédécesseurs qui méritent les mêmes remontrances.

Avec tout cela, j'ai presque oublié de parler des 200 canettes de bière et du reste de brasier au pied de hiéroglyphe ...
Les bleausards qui se rendront à la collective d’entretien du circuit Saumon se muniront-ils d'un sac pour emporter une partie du très gros tas ?
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5 commentaires :

  1. Intéressant... Je reste cependant convaincu que la magnésie qui disparaît avec la pluie endommage moins les blocs que la résine (pof) qui se colle au rocher et laisse de vilaines traces noires..
    Mais bon, j'imagine que cela a déjà été l'objet de nombreux débats sur ce site...
    Morgan (grimpeur-brosseur)

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  2. Je cite "avant que la pluie ne s'en charge". Oui oui, la pluie va nettoyer et déposer leur "magnifique gouache" dans les sols de notre belle forêt.

    Je ne connais pas la composition de la gouache mais je doute que ce soit très ECOLO !

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  3. Je pense surtout que si le prof qui réagit est également grimpeur, il aurait pu "piloter" le projet et s'assurer que ses collègues n'utilisent pas des blocs qui servent déjà à l'escalade. Dans ce cas là on aurait pas eu de mécontentement....

    Cyril

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  4. Cyril, à moins que je n'aie pas compris le sens du propos ici, le problème n'est pas de toucher à notre terrain de jeu mais de toucher à la forêt...
    Que les peintures soient sur un bloc grimpé ou non ne change rien à la question.

    +1 pour la gouache qui pollue le sol après dilution dans l'eau de pluie.

    Fred

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  5. в дюндель!
    Графов Евгений Львов

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