Projet de Parc National en Forêt de Fontainebleau, une promesse électoraliste !

Depuis le début de la semaine, de nombreux médias relayent le communiqué de presse fait par le Maire de Fontainebleau et le Président de l'UICN. Le rapport qui sera rendu aujourd'hui à Madame la Ministre, malgré ses 200 pages, est une vaste coquille vide ! Une promesse électoraliste basée sur des conditionnels, des suppositions et de petits mensonges par omission...
Comment peut - on réclamer la création d'un Parc National à Fontainebleau tout en  reconnaissant que l'outil n'est pas adapté et qu'il est à inventer ?!
Comment peut - on attendre une sauvegarde efficace de l'environnement sur la simple supposition qu'une fois accordé, le label PN entraînera un changement de comportements chez des visiteurs occasionnels ?!
Comment peut - on prétendre qu'un Parc National changera quelque chose alors que son financement n'est pas assuré, que des dérogations sont déjà attendues pour permettre l'intense circulation routière et l'expansion économique d'une ville de 40 000 habitants ?
Rassurez-vous, l'opposition existe. Hier, le collectif "Des racines et des hommes" lancé par le député Jean Lassalle se réunissait à l'Assemblée Nationale pour la contre attaque sur les différents projets de PN.



Un Parc National à Fontainebleau c'est  :

-  un projet qui ne garanti  pas la préservation du Pays de Fontainebleau  dans son ensemble (périmètre volontairement limité par M. Valletoux aux réserves biologiques actuelles pour le "coeur" et à la domaniale de Fontainebleau) tout en accroissant d'avantage la pression touristique sur les milieux fragiles situés en dehors de la forêt domaniale.
- un outil qui confie aux élus locaux à la place des experts scientifiques les décisions sur les espaces déjà protégés par des réglementations européennes et internationales (Natura 2000, Réserves MAB...)
- la quasi certitude selon le rapport du CREDOC établi à demande de la Fédération des Parcs Nationaux, d'une forte inflation de l'immobilier local et d'une profonde modification du tissu socio-économique local, (les plus pauvres et les agriculteurs en seront les premières victimes)
- la promesse intenable faite par certains élus de toucher d'importantes subventions nécessaires au fonctionnement du parc et aux travaux routiers alors même qu'Euro Parc nous dit qu'elles sont en forte réduction (-20 à -50% selon les pays).
- de nouvelles injustices, interdictions et contraintes (y compris financières) pour les usagers et riverains (moins d'espaces libres d'accès, moins de pratiques sportives autorisées, maintien de la chasse à courre et exploitation forestière...)
- la promesse d'un commerce juteux pour ceux qui pourront négocier le droit d'exploiter le label PN (qui est une marque commerciale déposée à l'INPI),
- et une atteinte à l'image des plus vieux parcs nationaux français que la Loi protégeait jusque là des spéculations immobilières (accès privatisés et payants aux sites de loisirs, constructions d'infrastructures d'hébergement...)

La création d'un Parc National à Fontainebleau au sens de la Loi de 2006 n'est donc "ni utile, ni souhaitable, ni faisable".

Juridiquement rien ne s'y oppose. Restreindre la zone centrale à un petit ensemble de réserves biologiques sans continuité c'est "faisable" mais sans intérêt car cela n'apporte aucune protection supplémentaire. A l'inverse, étendre ces zones, comme ce fut essayer à Franchard en 2001, c'est priver les usagers d'encore un peu plus d'espace (un quart à un tiers de la surface) tout en sachant que les réserves biologiques intégrales appauvrissent la biodiversité par colonisation des espèces les plus fortes.

Ce n'est pas "souhaitable" car, pour arriver à faire un parc digne de ce label, soit il faudra faire de gros compromis au détriment d'une réelle protection de l'environnement, soit il faudra faire d'énormes travaux (notamment pour réduire ou détourner le trafic routier) qui, outre les perturbations qu'ils entraîneront, ne manqueront pas de reporter le problème ailleurs. Ailleurs, c'est soit vers le nord est de Melun et Fontainebleau, soit en Essonne, à l'ouest et au sud du massif dans des zones, elles aussi, de grand intérêt.

Toutefois, nous sommes bien d'accord, il faut faire quelque chose. Nul besoin d'inventer un énième statut pour cela ! Commençons par donner au gestionnaire de la forêt les moyens d'accomplir sa mission d'accueil du public dans un forêt récréative. Plus de moyens, c'est plus de crédits en sortant d'une logique de rentabilité et d'exploitation sylvicole. Plus de moyens, c'est plus d'hommes et de femmes sur le terrain pour faire appliquer les réglementations existantes. Plus de moyens, c'est aussi soutenir les associations locales qui depuis plus d'un siècle luttent bénévolement pour la sauvegarde des sites et de leur patrimoine,  luttent contre l'érosion et la pollution. Enfin, plus de moyens, c'est promouvoir Bleau, sa réserve MAB et organiser l'accueil des visiteurs, leur séjour, leur hébergement... Tout en dynamisant le tissu économique local. Bref, il y a des choses à faire, sans aller chercher très loin et attendre 2020 !


Le Communiqué AFP dans la presse :

Forêt de Fontainebleau: "inventer le Parc national des années 2020"(AFP) – Le 26/01/2011

PARIS — Le projet de Parc National de la Forêt de Fontainebleau doit préfigurer un nouveau type de parc qui permette de respecter autant la nature que ses quelque 17 millions de visiteurs par an, selon le président du comité de pilotage François Letourneux.

L'idée de la relance du projet était "d'inventer le parc national des années 2020", selon M. Letourneux, président du Comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Le rapport du comité de pilotage, composé d'élus locaux, scientifiques et usagers, devait être remis jeudi par le maire de Fontainebleau, Frédéric Valletoux, à la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.

Si certains s'inquiètent de la gestion d'un accroissement du flux touristique avec la création d'un Parc national, le rapport note que "ce label d'excellence pourrait susciter chez les visiteurs des comportements plus respectueux" et de citer, entre autres, les rochers et les sentiers trop utilisés, car très appréciés des grimpeurs et des randonneurs, qui s'effritent."Résoudre l'équation entre une fréquentation en hausse constante de la forêt et la préservation de la qualité de la nature ne peut être faite avec les outils d'aujourd'hui", a souligné M. Valletoux.Ce massif forestier de plaine de plus de 28.000 hectares est à 80% sur la commune de Fontainebleau et quelque 40.000 personnes y vivent en permanence. Il abrite une diversité biologique remarquable et est notamment traversé par une autoroute. L'Office national des Forêts (ONF) en assure la gestion et l'explotation sylvicole.

L'ONF a bien instauré des "réserves dites intégrales", des zones inaccessibles par exemple aux chasseurs, "mais pas aux meutes de chiens suivant le cerf lors des chasses à courre", a rappelé M. Letourneux.

La prochaine étape sera la création, par l'Etat, d'un Groupement d'intérêt public (GIP), ce qui serait un signe encourageant, selon M. Letourneux car "le gouvernement crée généralement un GIP là où il veut un Parc National".
Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés.






Le projet du parc national de Fontainebleau entre les mains de NKM
Extraits à lire ci-dessous ou en suivant le lien pour l'intégralité
http://www.environnement-magazine.fr/presse/environnement/actualites/2133/nature/le-projet-du-parc-national-a-fontainebleau-entre-les-mains-de-nkm

Le rêve du maire de Fontainebleau de créer un parc national sur la forêt va-t-il enfin devenir réalité ? Le comité de pilotage qui planche depuis un an sur la faisabilité du projet remettra son rapport jeudi 27 à la ministre chargée de l'écologie, Nathalie Kosciusko- Morizet.

(...) « Depuis 2002, l'UICN défend la création de nouveaux parcs nationaux en France. Le Grenelle avait arbitré en faveur d'un nouveau parc en forêt de plaine et exclu Fontainebleau à cause notamment du rapport Dorst. Ors, cette forêt même très anthropisée reste l'une des plus belles forêts de plaine d'Europe et son classement permettrait d'adopter une vision moderne de la nature, en interaction constante avec l'homme ».

(...) En 1999, le rapport Dorst se prononce défavorablement sur le sujet en invoquant (...), la présence sur le massif de nombreuses coupures écologiques (autoroute, nationales) et la concentration d'activités humaines (plus de 15 millions de visiteurs/an). Depuis, la législation a évolué- la loi de 2006 sur les parcs nationaux donne plus de poids à la gouvernance locale- et les sensibilités ont évolué. « Le label serait aujourd'hui valorisant pour les élus locaux, juge Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau, mais il permettrait surtout de parer aux difficultés futures auxquelles sera exposée la forêt devant la hausse de visiteurs. La gouvernance actuelle du massif empile les statuts de protection ; le parc national serait un gage de cohérence pour assurer sa préservation à terme ».

L'argumentaire des « pro » sera-t-il appuyé par l'état via la création d'un groupement d'intérêt public qui poursuivrait l'exploration de la démarche jusqu'à la possible élaboration d'un décret ? A voir. La création d'un parc national à Fontainebleau ne pourrait être envisagée sans déroger à certaines règles en vigueur sur les 9 parcs existants. Quid de cette distorsion? Et la question des financements qui viendrait en supplément du projet du futur parc national de forêt de plaine retenu entre Bourgogne et Champagne n'a même pas été abordée. « Fontainebleau, ce n'est pas la Vanoise ; on n'est pas dans l'urgence, précise François Letourneux. L'idée, c'est d'avoir le soutien de l'état pour lancer la démarche et créer un nouveau parc à l'horizon 2020. Ce serait vraiment un projet de protection innovant en phase avec les évolutions de la société ».

Pour en savoir plus :

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Lien vers le projet sur le site de la ville

Article du journal Le Parisien


Avec 15 à 20 millions de visites par an, la forêt de Fontainebleau, si proche de Paris, peut-elle obtenir le statut de parc national ? C’est le souhait de Frédéric Valletoux, maire UMP de la cité impériale. Il remet demain un rapport en ce sens à Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie et du Développement durable.
SUR LE MÊME SUJET (ancien)
« On s’est inspiré du Grenelle de l’environnement et notre comité de pilotage comptait quatre collèges avec des élus, des associations d’usagers, des environnementalistes et des acteurs économiques. »
Le projet ne date pas d’hier. Dès sa création, en 1948 à Fontainebleau, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a souhaité que la forêt de Fontainebleau soit classée en parc national. Mais rien. En 1999, le rapport Dorst s’est prononcé contre, en raison de l’opposition des élus locaux, mais aussi à cause du réseau routier (l’autoroute A 6, la N 7…) et d’une forte concentration d’activités humaines sur le massif.

Un projet inquiétant pour les associations d’usagersPourquoi relancer le débat ? « La loi de 2006 sur les parcs nationaux introduit une notion plus ouverte. Avant, on mettait les territoires sous cloche. Maintenant, l’homme n’est plus un intrus, mais un élément de l’environnement, explique Frédéric Valletoux. En outre, un parc clarifierait la gouvernance du massif, actuellement suivi par un empilement de dix-sept mesures et statuts différents ! Les élus auraient une responsabilité. » Enfin, selon lui, « il faut se projeter dans l’avenir. Comment concilier une fréquentation toujours croissante du massif avec la fragilité de cet espace ? Il s’agit de la première forêt européenne en termes de qualité de biodiversité. L’idée du parc, c’est un meilleur accueil et plus de pédagogie pour le public ».
Du côté des représentants d’usagers, vététistes, chasseurs, cavaliers, etc., le projet inquiète. C’est le cas de l’Association des amis de la forêt de Fontainebleau. Son avis est partagé par le Cosiroc, fédération nationale d’associations de grimpeurs qui représente 80000 passionnés. Même point de vue au Coderando, qui regroupe 75 associations de randonneurs seine-et-marnais.
Frédéric Valletoux se veut lucide. « Dans le comité de pilotage, orchestré par François Letourneux, président de l’UICN, on est arrivé à un point de consensus : la poursuite du débat au sein d’un groupement d’intérêt public (GIP). On doit trouver un point d’équilibre entre la préservation du site et l’accès aux usagers. J’espère que l’Etat dira son intention de rentrer dans ce débat et de participer au GIP ! »
Le Parisien

CONTRE

« Un projet inutile et inadapté »

DENIS BAUCHARD président de l’Association des amis de la forêt de Fontainebleau

S.B. | 26/01/2011, 07:00 | Mise à jour : 05:22
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«La création de ce parc est d’abord inutile : il existe déjà le statut de forêt de protection qui interdit d’élargir les routes ou de construire dans le périmètre, etc. Le massif est aussi classé...

« Empêcher l’utilisation industrielle du massif »

OLIVIER TOURNAFOND président du comité de pilotage Natura 2000

S.B. | 26/01/2011, 07:00 | Mise à jour : 05:21
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« Nous sommes favorables au parc national pour des raisons de mise en valeur et de préservation du massif. Beaucoup de choses existent pour protéger la forêt. Elles empêchent l’abattage et le...

Les parcs nationaux de Fontainebleau et de Calanques sont en bonne voie


Nature / Ecologie  |  28 Janvier 2011  |  Actu-Environnement.com (extrait)
Le comité de pilotage qui planche depuis un an sur la faisabilité du projet du parc national sur le massif forestier de Fontainebleau, a remis son rapport jeudi 27 janvier à la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.

La ministre s'est réjouie hier de la "volonté des élus locaux d'approfondir la réflexion" sur un nouveau statut pour la Forêt de Fontainebleau. Elle s'est dite favorable à la constitution d'un groupement d'intérêt public (GIP) d'études qui aura pour objectif de poursuivre l'étude du projet. ''La question des continuités écologiques, des traversées routières, et la question de la gouvernance du massif, qui cumule aujourd'hui plus de quinze statuts juridiques différents, devront ainsi être traitées prioritairement'', a précisé Frédéric Valletoux, Maire de Fontainebleau et conseiller régional d'Ile-de-France, qui a remis le rapport.

De son côté, le ministère de l'Ecologie a également précisé que le GIP devra se pencher sur le statut final de la structure de gouvernance (parc national, grand site de France, patrimoine mondial de l'Unesco,…). Les élus devront en outre traiter de la fréquentation et la régulation du massif , ou encore de la chasse et de l'exploitation forestière.

La prochaine étape pour M. Valletoux sera de ''solliciter la participation de la Région et du Département, aux côtés des élus locaux et des services déconcentrés de l'Etat, au GIP d'études qui pourrait être crée courant 2011'', avec comme objectif de créer un nouveau parc à l'horizon 2020.

Bientôt un parc national des Calanques
Près plus de deux ans de débats, le parc national des calanques devrait quant à lui voir le jour fin 2011, selon l'AFP. Le parc, qui concerne cinq communes dont celles de Marseille, Cassis et la Ciotat, s'étend sur 11.200 hectares sur terre et 48.000 en mer. C'est le 11 février que l'assemblée générale du GIP devra trancher. "Nous nous acheminons vers des points de convergence" de nature à finaliser la charte du parc, a indiqué le député (UMP) Guy Teissier.
Mais avant, 200 acteurs locaux seront concertés et une enquête publique sera lancée. La délimitation de zones marines protégées doit être encore réglée. Alors que l' Etat veut des réserves correspondant à 10% de la surface en coeur de parc, les pêcheurs professionnels y sont contre.
Rachida Boughriet
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