Com' ONF Mieux connaître la forêt : Visages de la forêt à travers l'histoire

Parmi les nombreux documents proposés par l'Office National des Forêts sur son site, nous avons tout particulièrement apprécié celui-ci dont nous ne vous livrons là un appercu mettant en lumière qu'une forêt et le travail d'un forestier s'apprécie sur des siècles à condition que ni les éléments naturels, ni l'homme ne viennent perturber le sycle de croissance de l'arbre !

Il y a 12.000 ans, le retour de la forêt Depuis 4.000 ans, une influence marquante de l’homme Aujourd’hui, des biens et services rendus multiples
L’évolution du milieu forestier à travers le temps n’est pas linéaire. Depuis 12.000 ans, la forêt a effectivement bougé dans l’espace et s’est transformée au fil des siècles en fonction des changements climatiques, puis plus récemment sous l’influence des actions de l’homme.
     
La palynologie
La palynologie est l’étude des pollens et spores fossiles.

Tous les végétaux produisent des pollens ou spores en grande quantité, reconnaissables en fonction de différents critères : taille, forme, structure de la paroi et nombre d’ouvertures visibles sur l’enveloppe.

Dans les milieux où ils sont bien conservés (notamment les tourbières et les sédiments lacustres), ces grains de pollens et de spores peuvent être déterminés et comptés. Ces analyses, couplées avec des datations au radiocarbone, permettent d’avoir un aperçu de la composition du paysage environnant à différentes périodes chronologiques et donc de tracer les grandes lignes de l’évolution du couvert végétal.
La palynologie est l’étude des pollens et spores fossiles.

Tous les végétaux produisent des pollens ou spores en grande quantité, reconnaissables en fonction de différents…
La forêt s'installe progressivement
Après la dernière glaciation et le Tardiglaciaire débute l'Holocène (vers environ - 9700 av. J-C), période de réchauffement dans laquelle nous nous trouvons encore actuellement. Ce réchauffement climatique entraîne un changement dans le couvert végétal, identifié et caractérisé par des analyses palynologiques.
Progressivement, on passe d'un milieu ouvert, composé essentiellement d'herbacées (steppe), à un couvert forestier. La France n'est pas entièrement recouverte, il existe des variations régionales, mais l'environnement est globalement homogène et forestier.
Cette installation progressive de la forêt s'étend sur plusieurs milliers d'années et passe par différents stades de végétation, présentés dans le tableau ci-dessous :
Visage de la forêt à la Préhistoire
Chronozones de l'Holocène
Datation (début)
Caractéristiques
Préboréal
- 9700 av J-C
Développement de forêt de pins et de bouleaux
Boréal
- 8000 av J-C
Les pinèdes sont envahies puis remplacées par des formations de noisetiers, accompagnées d'autres essences telles que l'orme ou le chêne
Atlantique ancien
- 6900 av J-C
Les formations de noisetiers laissent la place à des forêts plus denses dominées par le chêne et associé à l'orme, le tilleul, le frêne, l'érable...
Atlantique récent
- 4700 av J-C
La chênaie mixte va se dégrader et laisser la place à la chênaie-hêtraie ou à la hêtraie-sapinière en altitude
Subboréal
- 3400 av J-C
Le hêtre continue à se développer, toujours associé au chêne en plaine. L'impact de l'homme sur son environnement commence à se faire sentir et se développe de manière sensible à la fin de cette période
Subatlantique
- 800 av J-C
L'évolution naturelle de la forêt est difficilement perceptible du fait de l'anthropisation des milieux de plus en plus importante. On note cependant l'apparition du charme, du châtaignier et du noyer



Les premiers déboisements commencent à partir du NéolithiqueA partir du Néolithique (environ - 5500 av. J-C en France), un changement important a lieu dans l'histoire de l'humanité : l'homme va se sédentariser et passer d'une économie de subsistance basée sur la chasse et la cueillette à une autre basée sur l'élevage et l'agriculture.


Les premiers déboisements importants commenceront donc, pour répondre à des besoins d'espaces (habitat, cultures, pâtures) et de bois comme ressource (construction, énergie). La forêt va petit à petit s'éclaircir.

La forêt celte
Il y a 2.000 ans, la Gaule était recouverte aux deux tiers par une épaisse forêt. L'homme habitait en lisière de cet univers qu'il apprit à exploiter.

La forêt constituait le principal temple de la vie religieuse des Celtes, et par conséquent des Gaulois. Ils avaient des bois sacrés (nemeton) abritant leurs saints, où les druides se rassemblaient pour parler des affaires religieuses et politiques. Le plus connu de ces bois sacrés se trouve dans la forêt des Carnutes, près d'Orléans.


La forêt féodale
Au Moyen Age, période de reconquête forestière après les défrichements gallo-romains, la forêt est très présente et indispensable à la vie. Les villages sont le plus souvent implantés dans des clairières environnées de bois. La forêt est perçue comme un lieu dangereux, car à la peur des animaux sauvages s'ajoute celle des brigands et l'inquiétude suscitée par les travailleurs de la forêt, bûcherons ou charbonniers, considérés comme des marginaux.


Sur les croyances anciennes, païennes (paganisme, du latin paganus désigne le paysan et par extension tout homme qui n'est pas soldat) viennent se greffer histoires et légendes dans lesquelles la forêt tient une grande place : des épreuves initiatiques de preux chevaliers aux hors-la-loi champions d'une cause juste, c'est l'âge des épopées et du fantastique. La période aussi où le « désert » forestier offre un lieu de recueillement aux fondateurs des premiers ordres monastiques.


L’âge de raison
A la Renaissance et à l'époque classique apparaît une nouvelle forêt, rationnelle, organisée par Colbert : la maîtrise des Eaux et Forêts met en place les moyens de surveillance et de bonne gestion des massifs boisés.


De cette forêt au bel équilibre, qui s'éclaircit au lieu de s'assombrir, le loup, le diable et les fées sont peu à peu chassés. C'est l'époque où, grâce à Duhamel du Monceau, naît la science forestière.



On a peine à croire que cette photo fut prise dans les gorges d'Apremont
en 1877 par Balagny


La forêt romantique
Aux XVIIIe et XIXe siècles, la forêt devient le moteur de l'industrie naissante, en particulier pour son approvisionnement énergétique ou en bois d'œuvre. Si les grands massifs forestiers conservent leurs traditions légendaires, on y voit moins de fées, les rencontres avec le loup et le diable s'y font encore plus rares...

Une révolution des idées apparaît : le rationalisme impose une vision logique et scientifique du monde et, avec le « rousseauisme » qui glorifie la Nature et l'apprivoise, la crainte qu'inspire le milieu sylvestre tend à s'affaiblir. La littérature romantique, surtout allemande, s'empare de thèmes légendaires anciens et recrée une culture populaire : roman, musique, opéra, danse, arts plastiques, tout est bon pour ressusciter mythes et traditions d'antan.


La forêt des loisirs

Au XXe siècle, la forêt française regagne un terrain considérable, au point de retrouver son extension de la fin du Moyen Age. La civilisation urbaine cerne désormais de nombreux espaces boisés proches des villes, les isole, les pénètre, parfois au détriment du bon fonctionnement écologique des écosystèmes.

Le citadin utilise la forêt comme un territoire de loisirs même s'il en fait l'archétype de la Nature. L'homme s'aventure donc sans crainte en famille dans le bois. Sans crainte, vraiment ? N'arrive-t-il pas, pourtant, qu'un bruissement réveille en lui comme une peur ancienne ?
Partagez:

Enregistrer un commentaire

Merci d'avance pour vos encouragements, commentaires, informations, témoignages ou critiques. En cas de difficultés, jetez un oeil à la page FAQ ou adressez-nous un mail.

Copyright © Tribune Libre de Bleau et Cie. Designed by OddThemes