Avec plus de 500 millions de visites par an, la forêt française est un espace de nature très fréquenté. L’accueil du public est l’une des missions de l’ONF qui s’efforce de répondre aux attentes des visiteurs tout en assurant la préservation de la forêt et la gestion des peuplements. Voici donc ce que nous apprend le site de l'ONF sur cette mission d'accueil du public.
La forêt publique est largement accessible. Sa fréquentation réclame une organisation des circulations, un aménagement et un entretien, qu’il est nécessaire d’adapter à des pratiques multiples. Préserver la forêt est aussi de la responsabilité de tous.
Depuis le XIXe siècle, mais surtout depuis les années 1950, aller en forêt est devenu un loisir très prisé par une population qui vit majoritairement en ville. Organiser cette fréquentation est une nécessité pour garantir l’équilibre entre les différentes fonctions de la forêt.
D'après des enquêtes récentes, on estime à environ 500 millions de visites par an la fréquentation des forêts en France, dont 100 millions pour la seule région Ile-de-France.
Ces chiffres s'expliquent par la présence de la forêt sur tout le territoire français et l'attractivité de ses différents visages :
1. Les forêts périurbaines tout d'abord, qui complètent les parcs urbains et constituent, des espaces de « vraie » nature facilement accessibles
2. De même, les forêts proches de la mer, des stations touristiques de montagne ou des sites naturels et historiques très fréquentés, forment un écrin de verdure et un lieu apprécié pour randonner, pique-niquer à l'ombre ou trouver un peu de tranquillité
3. Enfin, les bois et forêts sont des éléments indissociables de l'identité et de la vie des campagnes. La forêt et la filière bois participent à l'économie locale. Les habitants vont faire leur bois de chauffage, chasser, cueillir le muguet ou les champignons, mais aussi, tout comme les citadins, se promener. C'est aussi un atout pour un tourisme vert à la recherche d'espaces préservés.
Sur fréquentation à Bleau (Bas Cuvier, octobre 2012) Photo : Greg CLOUZEAU |
A chaque forêt sa fréquentation et ses publics
La fréquentation d'une forêt dépend d'abord de conditions qui lui sont extérieures. L'importance de la population environnante, l'attractivité touristique des espaces proches (mer ou montagne, parcs naturels, monuments ou sites renommés) sont alors les facteurs les plus déterminants.
Mais des facteurs propres à la forêt jouent aussi un rôle : près des grandes agglomérations, c'est la simple présence d'un espace naturel dans un environnement urbanisé qui est recherchée ; dans d'autres lieux, ce sont les sites, paysages et éléments remarquables qui attirent le visiteur ; plus rarement, des possibilités d'activités particulières, comme les parcours acrobatiques en hauteur intéressent un public spécifique.
Au total, si la quasi-totalité des forêts publiques sont fréquentées, l'importance et les caractéristiques de cette fréquentation varient beaucoup.
Accueillir tout en préservant les autres fonctions de la forêt
Espace de nature, la forêt abrite une faune et une flore riches et diversifiées. C'est également un espace géré pour procurer à ses propriétaires publics (l'Etat et les collectivités publiques : communes, départements...) ou privés, et à la société, des ressources renouvelables de qualité (bois, eau...). De plus, dans de nombreux endroits, c'est un milieu qui participe à la protection des populations contre les risques naturels (érosion, inondations...).
Il appartient aux gestionnaires forestiers - l'ONF en forêt publique -, d'organiser la fréquentation et la gestion forestière pour que la forêt puisse tout à la fois assurer ses différentes fonctions dans la durée (c'est le principe même de la « gestion durable »), mais aussi mieux répondre aux besoins variés des visiteurs et des populations riveraines.
Identifier les attentes des visiteurs
Les visiteurs en forêt sont très nombreux et leurs motivations forcément très différentes (voir l'enquête de 2010).
Des enquêtes de fréquentation sont organisées pour mieux connaître les publics, leurs habitudes et leurs besoins : savoir d'où ils viennent, comment, pour combien de temps, pour quoi, s'ils sont satisfaits de l'existant... Les études à l'échelle des principaux massifs sont souvent réalisées avec les collectivités territoriales afin d'actualiser ensemble la politique d'accueil.
Avec des partenaires scientifiques, l'ONF mène aussi un programme de recherche national sur les relations entre la forêt et la société en France afin de mieux connaître les attentes des usagers de la forêt. C'est le meilleur moyen de répondre aux besoins des visiteurs tout en leur proposant une information sur la gestion de la forêt.
Fontainebleau. Diaz 18.. |
Les grands principes
75% des Français peuvent aller en forêt en moins d’une demi-heure. La plupart profitent de cette facilité puisque 71% s’y sont rendus au moins une fois en 2004. Les 1,7 millions d’ha de forêt domaniale et les 2,8 millions d’ha de forêts publiques appartenant aux communes ou départements sont, sauf exception, accessibles au public. Ce principe est édicté par la loi. Mais toutes les forêts ne sont pas naturellement faciles d’accès ou accueillantes sans un minimum d’aménagement et d’entretien.
Faciliter l’accès à la forêt pour tous
La majorité des visiteurs vient en voiture. Leur rendre la forêt plus accessible consiste d'abord à les orienter dans leur trajet jusqu'à la forêt, améliorer la signalétique, organiser le stationnement. Pour les autres, faciliter l'accès à la forêt, ce sera créer des liaisons non motorisées depuis le centre-ville ou rendre possible l'accès en transports en commun. Ces améliorations peuvent être proposées par l'ONF dans le cadre d'une étude globale mais ne peuvent se réaliser sans une politique volontariste des collectivités.
Il faut aussi, en périphérie de la forêt, aménager des parkings bien dimensionnés, à proximité desquels un site d'accueil permet de se détendre ou pique-niquer.
Un réseau de chemins et sentiers en boucle, adaptés à différentes pratiques et à différents publics, permet de se promener ou de découvrir la forêt. L'accès pour les poussettes, personnes âgées ou personnes en fauteuil roulant est également de plus en plus souvent pris en compte.
Toutefois, si la majorité des visiteurs est plus rassurée en suivant un balisage, d'autres préfèrent organiser eux-mêmes leur parcours avec une carte et découvrir des lieux plus sauvages. Un zonage de la forêt permet de préserver des cœurs de forêt peu aménagés pour favoriser ce contact plus direct avec la nature.
Ces aménagements sont les plus discrets possibles afin de respecter l'esprit des lieux. C'est le sens de la politique forestière et c'est aussi le souhait des visiteurs qui viennent rechercher un espace de nature souhaité le plus... naturel possible !
Toutes ces initiatives sont coûteuses, qu'il s'agisse de l'installation des équipements ou de leur entretien. Un coût pour les collectivités, l'ONF dans le cas des forêts domaniales, et parfois d'autres partenaires, qui doivent donc s'impliquer dans la durée pour que ces projets voient le jour.
Parfois limiter l’accès, pour protéger la forêt et les visiteurs
La gestion de la forêt peut imposer de limiter voire d'interdire l'accès de certains secteurs, soit temporairement, soit de manière permanente. Une signalétique permet alors d'assurer l'information du public.
Ces limitations d'accès ne concernent toutefois, pour les visiteurs non motorisés, que quelques pourcents de la surface des forêts publiques qui est dans sa très grande majorité accessible à ceux qui veulent la parcourir.
Voici quelques exemples de limitations :
* des « réserves biologiques intégrales » sont conservées sans aucune intervention humaine, afin que les scientifiques puissent étudier l'évolution naturelle de l'écosystème forestier. La fréquentation y est interdite pour raisons de sécurité, mais surtout pour éviter les perturbations d'origine humaine
* des activités de gestion de la forêt, comme l'exploitation forestière ou la chasse, imposent des limitations temporaires d'accès. Une signalétique provisoire est installée à l'entrée des zones concernées
* lors du renouvellement des vieux peuplements, des parcelles forestières peuvent être clôturées. Le plus souvent, c'est surtout pour éviter que cerfs ou chevreuils, trop nombreux, ne mangent les jeunes plants ; dans d'autres cas, c'est pour empêcher la destruction de la végétation au sol par le piétinement des visiteurs
* dans certaines forêts méditerranéennes, des interdictions règlementaires d'accès en période estivale font partie intégrante de la prévention contre les risques d'incendie.
L'homme promeneur
Au milieu du XIXe siècle, de nouvelles pratiques de loisir se développent dans les forêts proches de Paris, en même temps que naît le tourisme moderne.
Les forêts s’ouvrent à de nouveaux visiteurs
La chasse, activité aristocratique, se pratique certes depuis bien longtemps dans les forêts, mais c'est l'arrivée du chemin de fer dans les villes proches de Paris qui va donner une nouvelle dimension aux usages de loisir en forêt.
L'exemple de Fontainebleau est tout à fait représentatif. En 1849, le train permet à la bourgeoisie parisienne d'accéder en une heure à un massif forestier que les peintres de Barbizon et les intellectuels de l'époque contribuent à faire connaître.
Simultanément, Claude-François Denecourt, ancien soldat de l'armée napoléonienne, épris de Fontainebleau, va y créer des parcours balisés de flèches bleues, « mettre en scène » la forêt pour faire découvrir aux visiteurs les endroits les plus pittoresques : sentiers sinueux tracés entre les rochers, points de vue, grottes et tunnels aménagés. Il va jusqu'à donner des noms évocateurs à certains sites : « Roche éponge », « Caverne des Brigands »...
Même si les choix de Denecourt sont critiqués par quelques intellectuels, les guides qu'il publie ont beaucoup de succès et font l'objet de nombreuses rééditions.
Ces aménagements se rapprochent de ceux effectués à la même époque dans les parcs parisiens (Buttes Chaumont, Parc Montsouris) sous la houlette de Alphand, dans l'esprit du courant hygiéniste de l'époque (les pratiques d'hygiène recommandées incluent une activité physique dans un environnement « sain »). Les Bois de Boulogne et de Vincennes sont aménagés sur le modèle des parcs urbains anglais avec des installations telles que « chalets » et buvettes.
La forêt contribue aussi à l’attrait des montagnes
Certains voyageurs quittent ces sites devenus trop familiers pour se lancer à la découverte de nouveaux espaces : ainsi prend naissance le tourisme de montagne au moment où la politique de reboisement, initiée par les forestiers, bat son plein.
Des associations telles que le Club alpin français ou le Touring club de France sont créées. Elles s'engagent aux côtés des forestiers en faveur des reboisements réalisés dans le cadre des lois de restauration des terrains en montagne (RTM) et du développement du tourisme.
Dans cette optique, la forêt participe largement à l'attrait des sites, soit sur un modèle plutôt urbain à proximité des stations avec la création de sentiers de promenades bien équipés (bancs, aménagement de cascades et belvédères...), soit comme élément indissociable d'un paysage montagnard décrit et pérennisé dans les guides touristiques.
Un espace imaginé (l'article complet sur le site de l'ONF)
Les forêts s’ouvrent à de nouveaux visiteurs
La chasse, activité aristocratique, se pratique certes depuis bien longtemps dans les forêts, mais c'est l'arrivée du chemin de fer dans les villes proches de Paris qui va donner une nouvelle dimension aux usages de loisir en forêt.
L'exemple de Fontainebleau est tout à fait représentatif. En 1849, le train permet à la bourgeoisie parisienne d'accéder en une heure à un massif forestier que les peintres de Barbizon et les intellectuels de l'époque contribuent à faire connaître.
Simultanément, Claude-François Denecourt, ancien soldat de l'armée napoléonienne, épris de Fontainebleau, va y créer des parcours balisés de flèches bleues, « mettre en scène » la forêt pour faire découvrir aux visiteurs les endroits les plus pittoresques : sentiers sinueux tracés entre les rochers, points de vue, grottes et tunnels aménagés. Il va jusqu'à donner des noms évocateurs à certains sites : « Roche éponge », « Caverne des Brigands »...
Même si les choix de Denecourt sont critiqués par quelques intellectuels, les guides qu'il publie ont beaucoup de succès et font l'objet de nombreuses rééditions.
Ces aménagements se rapprochent de ceux effectués à la même époque dans les parcs parisiens (Buttes Chaumont, Parc Montsouris) sous la houlette de Alphand, dans l'esprit du courant hygiéniste de l'époque (les pratiques d'hygiène recommandées incluent une activité physique dans un environnement « sain »). Les Bois de Boulogne et de Vincennes sont aménagés sur le modèle des parcs urbains anglais avec des installations telles que « chalets » et buvettes.
La forêt contribue aussi à l’attrait des montagnes
Certains voyageurs quittent ces sites devenus trop familiers pour se lancer à la découverte de nouveaux espaces : ainsi prend naissance le tourisme de montagne au moment où la politique de reboisement, initiée par les forestiers, bat son plein.
Des associations telles que le Club alpin français ou le Touring club de France sont créées. Elles s'engagent aux côtés des forestiers en faveur des reboisements réalisés dans le cadre des lois de restauration des terrains en montagne (RTM) et du développement du tourisme.
Dans cette optique, la forêt participe largement à l'attrait des sites, soit sur un modèle plutôt urbain à proximité des stations avec la création de sentiers de promenades bien équipés (bancs, aménagement de cascades et belvédères...), soit comme élément indissociable d'un paysage montagnard décrit et pérennisé dans les guides touristiques.
Un espace imaginé (l'article complet sur le site de l'ONF)
Elément fondamental de l’environnement de l’homme, la forêt est le théâtre de nombreux mythes et croyances. Elle constitue aussi un support de l’histoire dont elle conserve des traces, et tient une place importante dans les arts picturaux et le cinéma.
La forêt a toujours inspiré de nombreuses croyances. Crainte ou exploitée, familière ou perçue comme sauvage, elle évolue dans une dimension qui dépasse l’homme et l’interroge. Les forêts abritent parfois de précieux vestiges ou des arbres extraordinaires. Avec les noms de lieux, ils constituent des repères et racontent l’histoire, parfois la guerre. La place de l’arbre et de la forêt en peinture a considérablement évolué selon les époques, témoignant du rapport de l’homme avec la nature. Enfin, la forêt joue un rôle important dans de nombreux films, tantôt décor, tantôt propos.
Sources ONF
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