Comme chaque année, l'ouverture de la chasse hivernale fait l'objet d'une large communication de l'ONF. En effet, dans les forêts domaniales du Pays de Fontainebleau très fréquentées, pour éviter tout accident, une note accompagnée de carte est largement diffusée afin de prévenir le maximum de visiteurs des jours à éviter et comme chaque année, à la TL²B, on va critiquer ce plan de communication qui passe volontairement sous silence, les jours de chasse à courre. Donc, grimpeurs, randonneurs, vététistes et autres visiteurs de nos forêt, soyez très prudents notamment les lundis et jeudis ainsi que quelques vendredis du 28 octobre 2019 au 24 février 2020 et les samedis dans les bois de la Commanderie. Par ailleurs, deux battues aux sangliers sont prévues en bordure des villes de Fontainebleau et Avon les 15 et 28 octobre 2019.
Donc, comme tous les ans, l’Office national des forêts (ONF) nous rappelle qu'il veille au maintien des équilibres entre la forêt et les populations animales en organisant la régulation des populations de cerfs, de sangliers et de chevreuils. Des actions de chasse qui outre le fait de préserver les jeunes pousses de nos futures forêts permet d’éviter les dégâts aux cultures et de réduire les accidents de la circulation.
Le plan de chasse 2019/2020 établi en Préfecture pour la partie Fontainebleau prévoit le "prélèvement" de 6 chevreuils, 118 cervidés et un objectif de 300 sangliers !
Des chiffres issus des savants calcules eux mêmes basés sur l'estimation nocturne de la population d'ongulés en forêt domaniale avant la période de naissance, soit pour Fontainebleau entre 650 et 750 cerfs et biches puis 400 chevreuils. "Concernant les sangliers, les effectifs représentent actuellement 800 à 900 animaux pouvant atteindre les 1.400 à 1.500 en septembre. Leur population varie considérablement d'une année sur l'autre en fonction de l'abondance de nourriture. De fait, les fortes glandées se traduisent généralement par des reproductions abondantes."
Comment arrivent-on encore à faire croire au public qu'il y aurait entre 600 et 750 cervidés alors que depuis des décennies, des naturalistes et photographes présents presque tous les jours en forêts estiment la population en très forte régression !?
En effet, tous les ans, en mars, l'ONF recense les grands animaux sur le massif de Fontainebleau, en collaboration avec la Fédération de la chasse de Seine-et-Marne en calculant l'indice nocturne d'abondance (INA). Les relevés s'appuient sur un protocole précis, sur des itinéraires réguliers, effectués à l'identique tous les ans soit 10 tronçons de 20 et 40 km, parcourus 5 fois durant le mois de mars. Équipés de cartes, projecteurs et carnets de bord, les volontaires sillonnent la forêt en voiture à allure très réduite (10 km/h) à la recherche des yeux des cerfs, chevreuils, biches, renards et autres sangliers qui réfléchissent la lumière.
L'an dernier, nos amis du Parisien les avaient accompagné et rapportaient ensuite dans leur article :
« Globalement, cette nuit, nous avons comptabilisé beaucoup d'animaux, grimace Jean-Marc dont les équipes ont recensé 137 grands cervidés, 31 chevreuils et près de 89 sangliers, dont 42 jeunes. Les effectifs semblent malgré tout en baisse par rapport à l'année dernière, ce qui est positif. Les cervidés mangent trop de jeunes pousses. Cela impacte la croissance des arbres, voire les empêchent de se développer. »
Lors de la saison de chasse 2018-2019, il a été tué 106 cervidés au tir, 2 cerfs et une quinzaine de chevreuils en chasse à courre. Comme nos amis photographes et naturalistes qui sortent tout juste de leur période d'observation du brame, nous pensons que le plan de chasse sur la partie des cervidés met nettement en péril la survie de l'espèce en Forêt de Fontainebleau ! Rappelons ce qu'écrivait notre ami Yannick Dagneau au Préfet de Seine et Marne à ce sujet.
" ..., nous souhaitons attirer votre attention sur les constatations faites depuis plusieurs années maintenant, sur la disparition devenue préoccupante des grands animaux. Cette disparition trouve son origine dans différents faits, tel le braconnage (en augmentation constante), la gestion des plans de chasses (également en augmentation), auxquels viennent s’ajouter les accidents routiers.
Cette éradication trouve ses adeptes parmi certains professionnels, dont l’O.N.F. qui constate les dégradations sur les plantations et retire des profits substantiels ‘grâce’ aux chasses organisées, les chasseurs aux principes de gestion non reconnus de tous. (...) La pression cynégétique est très importante en termes de jour sur le massif forestier.
Nous sommes convaincus que les comptages effectués et leurs interprétations, ne reflètent pas la réalité du terrain. Les évaluations faites sont, au final, bien optimistes. Faut-il y voir là le moyen déguisé d’augmenter les plans de chasse ? Ceux-ci, maintenus année après année, ont conduit à une chute particulièrement importante du nombre d’animaux dans le massif.
Madame Nicole KLEIN, qui vous a précédé dans vos fonctions, a demandé une augmentation du plan de chasse 2014/2015, par l’abattage supplémentaire de cinquante têtes de cervidés sur le massif, notamment des biches contre l’avis même de l’O.N.F et de chasseurs. L’application d’une telle décision, entraînerait la disparition à très court terme des cervidés en forêt.
Aussi, le but de notre appel, de notre cri d’alarme, est de vous sensibiliser par rapport aux plans de chasse à venir, à la restauration progressive d’un cheptel acceptable et supportable par tous qui aille au-delà de ce qui est le but aujourd’hui, à savoir pour 100 ha, un cervidé, deux chevreuils et trois sangliers.
De notre point de vue, il convient donc pour l’année prochaine de supprimer du plan de chasse les 50 cervidés ajoutés pour la saison 2014/2015, et de réduire encore de 50 cervidés, le plan de chasse appliqué depuis des années. "
Si on en croit un article de Pierre Doignon publié en 1985, dans le bulletin des Amis de la Forêt de Fontainebleau, la population actuelle de cervidés serait au moins 5 fois plus importante qu'à l'époque ! Et déjà à l'époque, les professionnels de la chasse considéraient que cette population, tout en préservant l'équilibre sylvicole aurait du être d'au moins 214 adultes (voir ci après) ! Qui croire ? De notre côté, nous avons largement confiance en la poignée de photographes naturalistes que nous fréquentons et qui sont tout à fait à même d'estimer la régression du fait de leur observation quotidienne des hardes pendant la période du brame.
"L'Office national des Forêts a procédé voici quelques mois à des comptages de grands animaux en Forêt de Fontainebleau. On a dénombré environ 120 cerfs et biches sur les 18.000 hectares du massif ; la mobilité des sujets ne permet pas une estimation plus précise. C'est une densité très faible comparée au chiffre d'autres forêts de la région parisienne ; à Compiègne, par exemple, sur à peu près 15.000 ha, on compte 600 cerfs et biches.
D'après les propriétaires terriens et veneurs de LAAGE de CHAILLOU et collaborateurs, cités par Clément JACQUIOT («Écologie appliquée à la sylviculture» 1983, pages 144-145) les conditions optimales pour les 17.800 ha de Fontainebleau permettent la présence de 214 adultes (25 dix-cors, 15 sujets 4e et 3e tête, 15 autres 2e tête et daguets, 159 biches produisant chaque année 80 faons).
[...] A l'O.N.F, la chasse à courre est considérée comme un procédé permettant de maintenir la qualité de la race par régulation des animaux faibles ou mal conformés. En effet, depuis sept ans, des plans de chasse sont imposés, qualitativement et quantitativement. L'hiver 1984, par exemple, le plan de chasse a autorisé la capture de 16 cerfs par élimination des moins résistants. Auparavant, les veneurs sacrifiaient 30 bêtes par an sans distinction de qualité, comme c'est le cas par accident ou braconnage. Par contre, l'autre cervidé, familier de la Forêt, le chevreuil, se développe à Fontainebleau ; on en compte actuellement environ 300 (contre 80 en Forêt d'Arminvilliers). Plus frugal que le cerf, il se contente d'une nourriture moins riche et, semble-t-il, occupe les parcelles libérées par le cerf.
Terminons - hors cervidés - par une mention sur le sanglier, hôte instable et voyageur, mais abondant en forêt où il tend à se multiplier. On en compte 250 têtes qui séjournent de jour sous bois et se nourrissent de nuit au détriment des plaines cultivées du bornage. L'O.N.F. surveille avec attention l'évolution des colonies très prolifiques (une laie porte de 8 à 10 petits dans l'année). Des battues au tir maintiennent un équilibre suffisant, mais nécessaire."
Si depuis 1985, la population de sangliers ne cesse de croître, celle des cervidés nous semble, à minima sur-estimée, voir en situation dramatique pour son maintient. Outre les nombreux accidents, les perturbations liées au tourisme et loisirs, la politique d'engrillagement de trop nombreuses parcelles mises en régénération nous inquiète au plus au point.
Mais bon, la chasse est un loisir qui rapporte... beaucoup même ! Car outre la chasse d'été et la chasse à courre et son folkore barbare d'un autre temps, la journée de chasse en forêt de Fontainebleau se facture entre 310 et 380 € par fusil (-50% pour les jeunes chasseurs !) hors trophée de 8 cors et plus. Soit environ 59 000 € pour les battues aux sangliers, 23 000 € pour les journées en rabattage vers les miradors et 100 000 € pour le tir des cerfs !
En attendant, nous vous recommandons vivement d'éviter la forêt de Fontainebleau en dehors des dimanche jusqu'à la fin février ! En effet, comme les saisons précédentes, la chasse à tir sur ce massif fréquenté se déroulera les lundis, jeudis ainsi que quelques vendredis, le samedi matin pour la Commanderie et les mardis et samedis pour la chasse à courre ! Et tous les jours durant cette période dans les forêts privées notamment en Essonne.
Pendant cette période, promeneurs, randonneurs, chasseurs, cavaliers et cyclistes partagent le même espace. En conséquence, Toutes les mesures de précaution seront prises pour garantir la sécurité de tous en forêt. L’ONF invite également chacun à être vigilant et attentif à la signalisation : panneaux et rubalises apposés, voies d’accès coupées. La forêt n’est jamais totalement parcourue laissant plusieurs espaces disponibles où les activités de loisirs et de détente peuvent s’y exercer.
Cliquez ci-dessus pour consulter/télécharger toutes les informations de l’ONF (doc PDF).
ou sur le site de la Préfécture
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