Robert Paragot, l'alpiniste bleausard rejoint le Cercle des bleausards disparus

C'est par un court message de son fils Christophe que nous avons appris hier après midi (jeudi 24) la triste nouvelle du décès de Robert Paragot, bleausard émérite, falaisiste de talent, alpiniste accompli, et himalayiste célèbre. Depuis hier les hommages se succèdent et retracent la vie de l'ancien du mécano devenu Président de la Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade. Nous y associons bien volontiers et célébrons ce dernier voyage du bleausard qui, avec son pote Lulu (Lucien Berardini), a durablement marqué les esprits des grimpeurs parisiens 


Robert, c'était un parisien. Un de ceux qui rivalisèrent avec les montagnards pur jus. Il compte parmi ces conquérants de l'inutile. Il est de ceux qui ont permis la conquête de nouvelles difficultés tant à Bleau (essayez donc « La Forge » du Cuvier ouverte après un duel avec Michel Libert ou la fameuse « traversée Paragot » sur le noir Trivellini qu'en falaise (du Saussois au Verscors) puis sur les montagnes du monde (Makalu, Aconcagua,  et Alpes bien entendu...).

Il s'est éteint après une longue lutte contre la maladie, chez lui, en région parisienne, dans ce "camp de base" vers lequel il revenait toujours.


Pierre et Henri Lesueur, Lucien Bérardini et Robert Paragot à Chamonix - collection Paragot

Dès 1950, les bleausards débarquent dans « la capitale mondiale de l’alpinisme » : Chamonix. La forêt de Fontainebleau ne leur a jamais donné l’occasion d’enfiler une paire de crampons ? Qu’importe ! Robert Paragot et Pierre Lesueur se lancent dans l’ascension du Grépon (3 482 m) par le glacier de la Mer de Glace et pour leur troisième course, ils se lancent sur les traces de Pierre Alain, le plus célèbre des Bleausard en s'attaquant aux Drus. Rien que ça ! Deux ans plus tard, Robert gravit avec Edmond Denis et les frères Lesueur l’éperon Walker dans la face Nord des Grandes Jorasses (4 208 m).Puis l’année suivante avec Lulu, Robert signe la première française de la face Est du Grand Capucin (3 838 m). Un échauffement avant la conquête de la haute-altitude leur première à la face Sud de l’Aconcagua en 1954, point culminant des Amériques. Après cinq bivouacs terribles dans un froid polaire, l’équipe parvient au sommet, exténuée mais des six membres de l’expédition, seul Robert Paragot reviendra d’Argentine avec l’intégralité de ses doigts et de ses orteils… 

Robert Paragot aurait sans doute pu s'expatrier en haute-montagne mais il n’a jamais voulu quitter Paris et Fontainebleau. Si ces dernières années son état de santé ne lui permettait plus de venir nous voir grimper avec son fils sur les blocs du Cuvier, il ne s'est jamais désintéressé de Bleau. 
Adieu Robert ! Tu rejoins le grand cercle des Bleausards disparus où tu vas sans doute reformer ta mythique cordée avec Lulu.



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2 commentaires :

  1. j'ai eu l'occasion de le croiser avec Lucien au pied de l'arrête Larchant; c'est un grand bonhomme qui s'en est allé. Il aura laissé sa trace de pof sur le magnifique grès de Bleau

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  2. Robert Paragot,un grand Homme qui restera à jamais dans nos mémoires de grimpeurs : un géant qui a su conquérir aussi bien les plus hautes cîmes du monde que le cœur de ses fidèles copains de cordée
    Blocs, falaises ou haute montagne, rien ne résistait à Robert Paragot. Il a fait de l’alpinisme un art et de l’escalade un mode de vie à part entière : l’alpinisme perd un héros et les grimpeurs de Fontainebleau pleurent un maître.
    Son grand coeur et sa rage de vivre ont toujours été des moteurs qui ont inspiré beaucoup. Quelque soit la difficulté, il ne laissait jamais un proche derrière, même dans les situations les plus exposées ou les moments d’épreuves les plus rudes. Une belle leçon de vie à jamais gravée dans ma mémoire.
    Mais quelle époque ! L’alpinisme et l’escalade étaient peu pratiqués ; Robert Paragot a tracé un chemin pour chacun d’entre nous dans cette passionnante connexion de l’Homme avec les plus difficiles traits de Dame Nature. Combien de voies ont vu le jour grâce à ses talents ? Je ne les compte pas mais ma mémoire retient chaque prise tenue comme les notes d’une partition de musique. Dans le respect le plus total, il a été un chef d’orchestre en la matière et m’a guidé bien des fois où je m’égarais dans des chemins sans issue, toujours avec la même constance amicale, une bonne humeur et une joie de vivre qui résonnent en moi toujours aujourd’hui comme une musique réconfortante.
    C’était un leader qui brillait par son humilité, un Homme de conviction généreux et profondément humain. La montagne élève ; il a su entraîner derrière lui toute une génération, acceptant même de grimper « à l’ancienne » sur les falaises du Saussois avec Berardini. l’arabe aux pieds nus que je suis né l’oubliera jamais. Dans l’effort, il n’y avait plus de classes, plus de couleur de peau ni d’origine mais seulement des hommes avec la même rage de vivre et une énergie folle qui me rappellent la chance que j’ai eu, Robert, d’avoir pu suivre tes voies et d’être aujourd’hui infiniment redevable pour tout ce que tu m’as apporté.
    Douchka,mes enfants et moi sont tristes
    Momo

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