Hier nous avons consacré notre premier volet sur le dossier du Nouveau Plan d'aménagement forestier de Fontainebleau et des Trois Pignons à sa première caractéristique : la Sylviculture.
Mais ce document qui fixe les règles de gestion de la forêt domaniale pour les 20 prochaines années comprend aussi un volet consacré à l'accueil du public. En effet, le massif de Fontainebleau, situé aux portes de la Capitale a une fonction sociale sur-développée par rapport à sa fonction économique.
En clair, c'est d'avantage une forêt de récréation péri-urbaine qu'une forêt de production sylvicole. L'ONF y dépense plus d'un million d'euros en travaux divers et retrait des détritus ! Du coup, avec ses 17 000 000 de visites annuelles, c'est aussi un espace naturel très menacé et une source de conflits entre usagers mais aussi avec les défenseurs de la nature.
Après la présentation du volet sylvicole, Sylvain Ducroux a amorcé la présentation du volet accueil du public en rappelant que cette forêt doit rester accessible librement et gratuitement, doit permettre le partage des espaces en privilégiant les activités les moins traumatisantes pour l'environnement et les plus naturellement intégrées à la forêt, le tout en conciliant les impératifs de sauvegarde de l'environnement, de sécurité des usagers et de gestion sylvicole.
A la demande des associations de défense de l'environnement dont l'ANVL, nos forestiers se sont fixés plusieurs objectifs dont celui d'agrandir les zones de quiétudes pour la faune et la flore. Mais on se demande bien avec quels moyens ? D'ailleurs Sylvain Ducroux n'a pas caché les limites de l'exercice quand on a aucune certitude sur le financement des mesures sur 20 ans. Le plan d'aménagement sera donc une feuille de route pour l'ONF définissant quelques grands principes mais détaillant assez peu les mesures à prendre, celles-ci étant soumises à une recherche de financement et à divers réglementations extérieurs. Toutefois, trois objectif ont été un peu détaillés.
La première mesure concerne la limitation du balisage. Il n'y aura sans doute pas d'autorisation de création de nouveau sentier et probablement quelques suppressions. Cette mesure concerne donc directement les randonneurs et promeneurs mais aussi sans doute les circuits d'escalade, bien qu'à aucun moment l'escalade n'est été citée (contrairement à ce pourrait laisser croire l'article de Pascal Villebeuf du Parisien qui évoque en parallèle le problème de la magnésie sur lequel nous reviendrons en janvier). Ainsi, il a été rappelé la nécessité, outre les RBI (Réserves biologiques intégrales) de préserver au maximum de tout aménagement conduisant à une augmentation de la fréquentation des secteurs comme le nord des Trois Pignons ou le Coquibus.
Les randonneurs auront tout de même eut en 2015 leur 20e circuit bleu (Recloses) et les cavaliers, la nouvelle boucle du PNRGF. Reste donc l'épineux problème des vététistes qui, finalement, a soulevé bien peu de commentaires lors de cette présentation.
D'un côté on leur interdit l'usage des sentiers piétons et notamment les célèbres sentiers bleus, de l'autre on leur fait miroiter de possibles nouveaux sentiers...
Il y a là deux contradictions. La première vient du fait que l'ONF a rappelé dans sa présentation qu' "une activité ne doit pas conduire à un usage privatif et exclure les autres même s'il peut y avoir des espaces ou itinéraires dédiés" ors, ici presque 100% des itinéraires sont "exclusifs" ! La seconde tient au fait que l'ONF s'est engagé vis à vis des vététistes mettre en place un ou plusieurs sentiers de test. Mieux, l'ONF fait les yeux doux aux organisateurs du projet de Roc Bleau, un énorme rassemblement très contesté par les autres usagers, pour obtenir des financements substantiels.
Deuxième idée, refouler les aires de stationnement aux abords des réseaux routiers secondaires tout en préservant sécurité et accessibilité. A ce stade, même les forestiers s'interrogent sur sa pertinence. Et on les comprend !
D'après l'ONF, un parking en bord de route fréquentée devient inévitablement "une annexe du réseau routier", comprenez une aire de repos pour routiers et automobilistes fatigués, un lieu de rendez-vous coquin et ou une décharge potentiel, bref, un carrefour de l'Epine bis (parking du Bas Cuvier). C'est une des raisons invoquées par l'ONF pour refuser le déplacement du parking d'Isatis Cuisinière en bordure de la départementale...
Troisième et dernier objectif du plan, redonner de la profondeur aux paysages forestiers. On a évoqué le sujet hier avec les coupes mais il y a aussi l'idée d'abandonner une trentaine de kilomètres de chemins et allées forestières. Rassurez-vous, la forêt en compte plus de 1500 km. En effet, du fait de la constitution de nombreux carrefours en étoile nécessaires aux chasses à courre royale, certaines parcelles rectangulaires ou triangulaires offrent très peu de profondeur. On peut facilement y voir au travers et observer d'autres promeneurs sur un chemin parallèle. L'idée est séduisante mais aussi notablement insuffisante selon l'avis Jean Philippe Siblet, président de l'ANVL qui voudrait plus de grands espaces vierges et peu fréquentés, ou inutile et préjudiciable notamment aux vététistes selon d'autres avis.
En outre, avec cette mesure, l'ONF devrait économiser un peu sur son deuxième poste de dépenses : l'entretien des routes et chemins forestiers (environ 250 000 €/an), le premier étant celui consacré au retrait des déchets en très forte croissance. Les déchets d'ailleurs devraient aussi grâce à l'abandon de certaines allées, trouver moins de lieu de dépose (on peut rêver) !
Bref, ces trois mesures laissent quelques questions en suspend et notamment celle des moyens accordés à l'ONF pour conduire sa mission d'accueil du public ! Pour conduire les travaux de restauration des sentiers, d'aménagement des parking, de lutte contre l'érosion... l'office se tourne systématiquement vers des partenaires financiers extérieurs dont le réseau européen Natura 2000, la Région, l'Agence des Espaces Verts... D'ici là, peut être que l'UNESCO en prendra aussi une partie à sa charge...
Mais surtout, en off, l'aménagiste croit que la solution passe aussi par une intensification des opérations des bénévoles sur des modèles associatifs anglo-saxons ou américains tel que l'access fund. Actuellement, la lutte contre l'érosion, la lutte contre les invasives, et même la lutte contre les déchets ou le balisage avancent grâce aux efforts des bénévoles associatifs et individuels. Demain, il faudrait qu'ils soient plus nombreux et surtout plus structurés...
Mais ce document qui fixe les règles de gestion de la forêt domaniale pour les 20 prochaines années comprend aussi un volet consacré à l'accueil du public. En effet, le massif de Fontainebleau, situé aux portes de la Capitale a une fonction sociale sur-développée par rapport à sa fonction économique.
En clair, c'est d'avantage une forêt de récréation péri-urbaine qu'une forêt de production sylvicole. L'ONF y dépense plus d'un million d'euros en travaux divers et retrait des détritus ! Du coup, avec ses 17 000 000 de visites annuelles, c'est aussi un espace naturel très menacé et une source de conflits entre usagers mais aussi avec les défenseurs de la nature.
Après la présentation du volet sylvicole, Sylvain Ducroux a amorcé la présentation du volet accueil du public en rappelant que cette forêt doit rester accessible librement et gratuitement, doit permettre le partage des espaces en privilégiant les activités les moins traumatisantes pour l'environnement et les plus naturellement intégrées à la forêt, le tout en conciliant les impératifs de sauvegarde de l'environnement, de sécurité des usagers et de gestion sylvicole.
A la demande des associations de défense de l'environnement dont l'ANVL, nos forestiers se sont fixés plusieurs objectifs dont celui d'agrandir les zones de quiétudes pour la faune et la flore. Mais on se demande bien avec quels moyens ? D'ailleurs Sylvain Ducroux n'a pas caché les limites de l'exercice quand on a aucune certitude sur le financement des mesures sur 20 ans. Le plan d'aménagement sera donc une feuille de route pour l'ONF définissant quelques grands principes mais détaillant assez peu les mesures à prendre, celles-ci étant soumises à une recherche de financement et à divers réglementations extérieurs. Toutefois, trois objectif ont été un peu détaillés.
Moins d'équipement et moins de sentiers balisés.
La première mesure concerne la limitation du balisage. Il n'y aura sans doute pas d'autorisation de création de nouveau sentier et probablement quelques suppressions. Cette mesure concerne donc directement les randonneurs et promeneurs mais aussi sans doute les circuits d'escalade, bien qu'à aucun moment l'escalade n'est été citée (contrairement à ce pourrait laisser croire l'article de Pascal Villebeuf du Parisien qui évoque en parallèle le problème de la magnésie sur lequel nous reviendrons en janvier). Ainsi, il a été rappelé la nécessité, outre les RBI (Réserves biologiques intégrales) de préserver au maximum de tout aménagement conduisant à une augmentation de la fréquentation des secteurs comme le nord des Trois Pignons ou le Coquibus.
Les randonneurs auront tout de même eut en 2015 leur 20e circuit bleu (Recloses) et les cavaliers, la nouvelle boucle du PNRGF. Reste donc l'épineux problème des vététistes qui, finalement, a soulevé bien peu de commentaires lors de cette présentation.
D'un côté on leur interdit l'usage des sentiers piétons et notamment les célèbres sentiers bleus, de l'autre on leur fait miroiter de possibles nouveaux sentiers...
Il y a là deux contradictions. La première vient du fait que l'ONF a rappelé dans sa présentation qu' "une activité ne doit pas conduire à un usage privatif et exclure les autres même s'il peut y avoir des espaces ou itinéraires dédiés" ors, ici presque 100% des itinéraires sont "exclusifs" ! La seconde tient au fait que l'ONF s'est engagé vis à vis des vététistes mettre en place un ou plusieurs sentiers de test. Mieux, l'ONF fait les yeux doux aux organisateurs du projet de Roc Bleau, un énorme rassemblement très contesté par les autres usagers, pour obtenir des financements substantiels.
Ré-étudier l'emplacement des parkings
Deuxième idée, refouler les aires de stationnement aux abords des réseaux routiers secondaires tout en préservant sécurité et accessibilité. A ce stade, même les forestiers s'interrogent sur sa pertinence. Et on les comprend !
D'après l'ONF, un parking en bord de route fréquentée devient inévitablement "une annexe du réseau routier", comprenez une aire de repos pour routiers et automobilistes fatigués, un lieu de rendez-vous coquin et ou une décharge potentiel, bref, un carrefour de l'Epine bis (parking du Bas Cuvier). C'est une des raisons invoquées par l'ONF pour refuser le déplacement du parking d'Isatis Cuisinière en bordure de la départementale...
Redonner de la profondeur à certaines parcelles
Troisième et dernier objectif du plan, redonner de la profondeur aux paysages forestiers. On a évoqué le sujet hier avec les coupes mais il y a aussi l'idée d'abandonner une trentaine de kilomètres de chemins et allées forestières. Rassurez-vous, la forêt en compte plus de 1500 km. En effet, du fait de la constitution de nombreux carrefours en étoile nécessaires aux chasses à courre royale, certaines parcelles rectangulaires ou triangulaires offrent très peu de profondeur. On peut facilement y voir au travers et observer d'autres promeneurs sur un chemin parallèle. L'idée est séduisante mais aussi notablement insuffisante selon l'avis Jean Philippe Siblet, président de l'ANVL qui voudrait plus de grands espaces vierges et peu fréquentés, ou inutile et préjudiciable notamment aux vététistes selon d'autres avis.
En outre, avec cette mesure, l'ONF devrait économiser un peu sur son deuxième poste de dépenses : l'entretien des routes et chemins forestiers (environ 250 000 €/an), le premier étant celui consacré au retrait des déchets en très forte croissance. Les déchets d'ailleurs devraient aussi grâce à l'abandon de certaines allées, trouver moins de lieu de dépose (on peut rêver) !
De nombreux chemins et routes forestières n'ont pas forcément une grande utilité. Voici par exemple quelques routes de notre choix (Carte IGN) |
Bref, ces trois mesures laissent quelques questions en suspend et notamment celle des moyens accordés à l'ONF pour conduire sa mission d'accueil du public ! Pour conduire les travaux de restauration des sentiers, d'aménagement des parking, de lutte contre l'érosion... l'office se tourne systématiquement vers des partenaires financiers extérieurs dont le réseau européen Natura 2000, la Région, l'Agence des Espaces Verts... D'ici là, peut être que l'UNESCO en prendra aussi une partie à sa charge...
Mais surtout, en off, l'aménagiste croit que la solution passe aussi par une intensification des opérations des bénévoles sur des modèles associatifs anglo-saxons ou américains tel que l'access fund. Actuellement, la lutte contre l'érosion, la lutte contre les invasives, et même la lutte contre les déchets ou le balisage avancent grâce aux efforts des bénévoles associatifs et individuels. Demain, il faudrait qu'ils soient plus nombreux et surtout plus structurés...
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