[MATOS] Comment fabriquer le célèbre POF du bleausard

Fabrication d’un POF bleausard
Modèle « haut niveau »
Temps de réalisation 10 minutes, niveau : facile
Après deux ans d'utilisation, mon vieux pof commence à lâcher (bouts de tissu qui partent, fuite à l’élastique...). C'est l'occasion pour moi de vous montrer comment construire un bon gros pof de compétition !

On appel le « Pof » la boule de chiffon renfermant la résine de colophane* que les grimpeurs de Fontainebleau utilisent pour :
-          Augmenter l’adhérence des prises,
-          Retirer le sable et la poussière des blocs et chausson.
Son nom provient du bruit produit par la frappe de la boule contre le rocher.
Pour faire un pof, il faut de la colophane.
 Vous pouvez trouver de la poudre de colophane dans divers endroits car elle a de nombreuses applications (nettoyage des façades, sur les parquets de danse, par les violonistes ou pour plumer poules et faisans)...
Ne jamais utiliser de mélange avec de la magnésie dans le « pof ».

La colophane semble ne pas détériorer  le rocher, contrairement à la magnésie, notamment du fait de son imperméabilité. L'impact visuel est indéniablement moindre.
Certains s'intérrogent sur le fait qu'elle augmentrait les traces de gomme de chaussons... à voir.

Ensuite, il nous faut du tissu. Les dimensions minimum sont 50X50 cm. Il doit être très résistant. Le top est donc ce bon vieux coton dans un grammage lourd (drap, torchon, nappe, toile de chaise longue...) 



Bannissez les vieux T-shirt et autres tissus mélangé à de l'élasthanne, le velours...
Pour plus de résistance, j'utilise trois épaisseurs. Un vieux torchon pour l'intérieur et une toile de 160X80 cm pliée en deux.
La trame du tissu agira comme un tamis pour que ne sorte du pof que les éléments les plus fins. Plus les particules qui se déposent sur le rocher sont grosses plus on risque de se trouver avec un excès de pof qui nuirait à l'adhérence recherchée...



Verser au centre de la première couche la dose de colophane nécessaire. J'aime les bons gros pofs donc je mets au moins 250g...
Rappel, c'est un gros pof, libre à vous de le faire plus petit et moins lourd.

Placer le pof obtenu dans le deuxième tissu. Dans le cas présent, il n'est pas centré de manière à avoir un côté un peu plus long. Cela sera plus efficace pour retirer la poussière, le pollen, l'excès de pof... Par contre, c’est un peu moins pratique pour poffer en hauteur.
Supprimer un maximum de plis car ils constituent des points de faiblesse de l’ensemble.


L’assemblage est assuré avec une cordelette que l’on enroule sur au moins 3 cm ou, mieux avec un très gros élastique type, recyclage de pneu, vieille attache de raquettes à neige ou joint de bocal à confiture !





Voilà ! L’étape suivante c’est apprendre à l’utiliser sur le terrain !


Nous verrons cela au prochain épisode mais c’est très simple. Le chiffon pour épousseter les prises et essuyer la semelle des chaussons, la boule pour se mettre de la résine sur les mains, parfois le rocher.

Les gros morceaux devront être concassés avant utilisation (sinon, ils percent la toile et c’est à refaire !).



Les plus gros morceaux seront placés sur le haut du tas afin qu'il ne trouent pas la toile lors de la frappe contre le rocher.

Constituer la boule au centre du torchon.
Puis, après avoir serré (mais pas trop) en faisant tourner un peu la queue du torchon .


Fermer celui-ci avec une cordellette plate (lacet par exemple) ou un gros éllastique.
Pour éviter toute fuite lorsque le pof vieillira, j'assurre la fermeture avec plusieurs tour de stap'



Variante : Le petit modèle traditionnel

Historiquement, les circuits s’enchaînant sans mettre un pied au sol, les bleausards faisaient de petits pofs qu’ils coinçaient dans la ceinture pendant l’escalade.
Dans cette optique, vous remplacez le torchon par une vieille chaussette de sport (non  trouée). Vous faite un nœud puis vous l’emballez dans un petit chiffon  fermé par une ficelle. Certains puristes se contentent même de la chaussette nouée glissée dans l’élastique du short… pas top mode mais efficace et j’en ai vu qui se balade dans le 7è degré à Bleau !






 
Mise à jour au 21 juin :
Pensez à lire les commentaires car il y a débat sur l'utilisation de ce produit...






*La colophane (voir Wikipédia pour en savoir plus) est le résidu solide obtenu après distillation de la térébenthine, oléorésine (appelée aussi gemme), substance récoltée à partir des arbres résineux et en particulier les pins .
Le nom vient de Kolophon (une cité grecque antique de l’Asie mineure) d’où l’on tirait cette substance. Dans les Landes de Gascogne, où elle était produite en quantité, la colophane portait le nom gascon d'arcanson, qui est à l’origine du nom de la ville d’Arcachon.
La colophane est solide et cassante à température ambiante. Sa couleur va du jaune très clair au quasi noir en fonction essentiellement de la conduite de la distillation. La colophane ne fond pas mais se ramollit avec la chaleur, son point de ramollissement se situant autour de 70 °C.
La colophane est composée à 90% d’un mélange d’acides organiques de la famille des di terpènes appelés acides résiniques, qui répondent à la formule brute C20H30O2. Ces acides résiniques sont des isomères. La proportion des différents acides résiniques dans la colophane est variable suivant l’espèce de pin à partir de laquelle la colophane a été obtenue. Sous forme pure ou par ses produits de dégradation, elle peut être un irritant et un allergisant pour la peau et les voies respiratoires comme la magnésie.[
Les principaux débouchés de la colophane sont basés sur des formes chimiquement modifiées de cette dernière. Elle entre dans la composition de savon, mais aussi dans de nombreux domaines industriels où l’on recherche des propriétés de collant et d’hydrophobicité tels que les vernis, les peintures, les adhésifs, les encres, les colles de papeterie, les cosmétiques (cire à épiler), les chewing gums, mais aussi des propriétés de décapage comme pour les flux de soudure.
Cette résine a les propriétés de coller et d'imperméabiliser. Elle fait partie des liants utilisés dans les peintures limitant la fixation sous la coque des bateaux des algues et parasites où elle se substitue au tributylétain interdit (antifouling)

Mise à jour du 29 juin

Une bonne âme (merci Bernard) s'est collée à la traduction en anglais ! Bon, il manque un paragraphe qui, à mon avis,  peut se rédiger comme suit :

Hi, you will find under an english translation ! We forget a part of the construction witch be translate like that (I'm not good in English...) You have to read it after §6 "so I put at least 250 g."

Do the ball in the center of the final layers.
Then, after shaking (but not too) just by turning the tail of the first layer.
Close it with a flat yaw (for example)  or a big string (elastic).
To prevent leakage when the pof ages, I m’ encircle the node with a stapping.





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5 commentaires :

  1. L'ami Oleg, un "ancien" au sens noble du terme, m'a fait parvenir les commentaires suivants :
    L'adhérence avec le pof (doigts prises, semelles)est bien meilleure en présence d'une très légère humidité (pour les chimistes : formation de liaisons par pont hydrogène avec les molécules d’eau retenue par la surface du grès). Cela marche aussi avec la transpiration des mains. Du coup, par temps sec et froid le rocher étant complètement asséché et le pof est alors l’équivalent de millier de petites billles qui roulent sous le pied et vont à l’inverse de l’effet recherché. Reste que certains transpirent quand même des mains donc cela fonctionne encore sur celles-ci.

    La colophane et la magnésie
    ne détériorent pas (au sens pas d’action chimique) le grès (avant, pendant, après la silice reste toujours de la silice sans évolution chimique ou physique). La seule liaison existante se fait avec l’eau présente adsorbée par la surface et c’est une liaison faible. Une goutte de pluie ou même le vent (exp : quand on souffle sur ses doigts) la rompt et la colophane est éliminée. Par contre la magnésie colmate les pores du grès en formant un ciment grâce au peu d’eau présent (sans compter celle qui est apportée par la sueur). Les liaisons chimiques sont dans ce cas très fortes et la plaque de magnésie à beaucoup de mal à être détruite. La preuve : la stabilité des plaques blanches caractéristiques actuelles.

    L'augmentation des traces de gomme pourrait s'expliquer facilement de la manière suivante : d’abord les grimpeurs montent légèrement plus haut grâce à l’adhérence supplémentaire de la colophane, donc s’ils glissent et ne peuvent se retenir (et même s’ils arrivent à stopper la glissade, ils laissent une trace plus longue que ce qui se serait produit sans). De plus toujours grâce au pof, la semelle frotte plus et perd plus de matière.


    Enfin, petit conseil technique qui anticipe un peu sur l'utilisation, prévoir de laisser une longueur de tissus libre suffisante pour s’essuyer les semelles ( 15 à 20 cm).

    Merci

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  2. Pour les étrangers, il faudrait traduire en angliche et poster à JPR sur bleau.info ?

    Bravo pour toutes vos infos sur Bleau.

    JP l'alsaco-garchois

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  3. Beaucoup de pays et spots de blocs interdisent la collophane, justement parce que son
    pouvoir collant associé à la friction de la gomme des chaussons finissent par "vitrifier"
    le rocher. Est-ce que tu as déjà essayé de nettoyer les plaques de pof ?

    Dommage, il y avait moyen de ne pas faire l'apologie de la collophane, de même que je
    pense qu'il n'y a pas de doutes sur les méfaits de la magnésie, mais le discours n'évolue pas.

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  4. pof ou magnesie sont dans le meme combat , il suffirait que le grimpeur apres s'etre rassasié de grimpe , respecte et nettoie ce support qui nous est si precieux. combien d'entre nous ont ce comportement egoiste qui est de nettoyer les prises avant de grimper sans le faire apres , sauf qu'entre son passage et le prochain et le sien la pluie et la rosée feront qu'accélérer le processus de platrage.
    alors quoi ? un peu de bon sens !!!

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  5. J'ai lu qqpart (je ne sais plus où, c'était il y a longtemps) que la colophane pouvait vitrifier le rocher quand il n'y avait pas d'eau pour l'évacuer, d'où son bannissement dans des sites tels que l'extrême sud des Etats Unis, où il ne pleut quasiment jamais. A Bleau, il pleut.
    Info à vérifier.

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