Depuis mars 2018, la situation des oiseaux en France est enfin considérée comme préoccupante. Pour cause, le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ont publié, mardi 20 mars, les résultats des deux grands réseaux de suivi des oiseaux sur le territoire français et évoquent un phénomène de « disparition massive », « proche de la catastrophe écologique » ! « Les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse, précisent les deux institutions dans un communiqué commun. En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en quinze ans. » Parmi les très nombreuses espèces menacées figure l'Alouette Lulu dont il ne subsiste qu'une quarantaine de couples en IDF dont la moitié en forêt de Fontainebleau. Paradoxe écologique, pour assurer leur conservation, l'ONF se doit de réaliser des travaux de maintient des milieux ouverts en coupant des arbres et a choisi le Réserve biologique de Champ-Minette pour le faire.
Situés sur les parcelles 129, 130 et 131, ils s’étendent sur 30 hectares. Objectif : assurer la conservation d'une espèce d'oiseau en déclin en Île-de-France, l'Alouette Lulu. L'opération repose sur les orientations du plan de gestion de la réserve conformément aux objectifs du site Natura 2000.
- L’Alouette lulu : un oiseau en déclin en Ile-de-France
L’Ile-de-France compte une quarantaine de couples d’Alouettes Lulu. Sur le massif de Fontainebleau, les observations ornithologiques indiquent une diminution de leurs effectifs depuis les recensements faits en 2000. A l’époque, les suivis révélaient la présence d’une trentaine de couples, contre 16 à 21 couples en 2014. En même temps, les observateurs constatent une réduction des sites où l’espèce se cantonne. La fermeture progressive des milieux ouverts l’explique en grande partie.
Ce constat est d’autant plus dommageable car la population bellifontaine représente aujourd’hui la moitié de l’effectif régional.
Conserver leurs habitats devient nécessaire afin que l’espèce se maintienne durablement dans la région. Au regard de ces enjeux, l’ONF déploie un plan d’actions qui s’appuie sur 4 volets :
- restauration et maintien des milieux ouverts en forêt (landes, pelouses)
- amélioration des connaissances par une étude bibliographique
- inventaire et suivi de l’espèce
- information et sensibilisation du public.
Le coût du projet qui s’élève à 150 000 euros, échelonnés sur 2 ans, fait l’objet d’un mécénat de la Société Générale.
- Première phase automne 2018 : travaux d’entretien réserve biologique de Champ-minette
Les travaux dans la réserve biologique de Champ Minette (pelouse sèche de 17 ha) sont effectués en automne-hiver, en dehors des périodes sensibles de reproduction pour la faune. Les équipes de l’ONF s’affairent à broyer les prunelliers, débroussailler puis couper les jeunes pins. Une précaution particulière est portée sur l’enlèvement des résidus issus du broyage.
Toutes ces opérations consistent à ralentir le reboisement du site dans le but de faciliter le retour à la bruyère, plante caractéristique des pelouses. Des bouquets d’arbustes et îlots de végétation sont également conservés sur place assurant une mosaïque de milieux.
Durant l’été 2019, le pâturage sur la zone contribuera à son entretien.
Les pelouses sèches abritent une faune et une flore rare et singulière. Leur végétation basse offre gite et couvert à de nombreuses espèces. Bien que reconnus comme habitat d’intérêt européen, ces paysages non boisés se raréfient, notamment en Île-de-France. Sans intervention, la végétation s’y développe, laisse place à un fourré (prunelliers, aubépines…), puis les pins s’installent refermant peu à peu le paysage. Pour la biodiversité, cette dynamique naturelle n’est pas sans conséquence. Certains oiseaux protégés, comme l’Alouette Lulu, inféodés à ce milieu se trouvent menacés.
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