En mai dernier, nous avions poussé un coup de gueule (que vous avez été près de 25 000 à lire !) contre le Parc National des Calanques et ses gestionnaires après les poursuites en justice entamées contre certains équipeurs des falaises... Face aux très nombreuses réactions, aux différents articles, aux soutiens de renom... le 16/07/2018, le PNC s'est enfin décidé à communiquer sur cette affaire en publiant un communiqué de presse de 6 pages qui dresse un portrait bien noir des grimpeurs-équipeurs.
Certes, ces derniers n'ont pas respecté la très lourde réglementation imposée par le PNC dans un territoire où l'escalade est historiquement très ancrée. Certes, le Parc réaffirme dans ce communiqué son attachement à notre pratique qui fait partie de l'ADN de ce territoire, enfin, oui le Parc a instauré une Commission Escalade le 04 juillet dernier pour officialiser ses relation avec le monde des grimpeurs et des protecteur de l'environnement mais dans cette affaire, une nouvelle fois, les grimpeurs-équipeurs prennent des allures de David contre Goliath !
Nous publions ici des extraits commentés du Communiqué du Parc que vous pouvez lire intégralement en bas de page. Le PNC se dit victime "d’une campagne de désinformation, visant à le présenter comme l’ennemi des pratiquants de l’escalade." Sans doute. Mais ce Communiqué présente lui aussi tous les ingrédients d'une campagne visant à faire passer les grimpeurs en général pour de très vilains destructeurs d'espaces naturels. Avec ça, on en oublierai les boues rouges et autres pollutions du Parc...
Alors nous le réaffirmons, une nouvelle fois : Monsieur de Directeur du Parc National des Calanques, les grimpeurs comme les randonneurs ou les vététistes... sont avant tout des amoureux de ces espaces naturels pour lesquels ils s'investissent parfois beaucoup dans la protection !
Agiter le drapeau des risques juridiques de poursuite des propriétaires en cas d'accident ou celui de la destruction de la faune et de la flore en tentant de discréditer les travaux d'aménagement des accès à un site d'escalade (qui sont fait pour sécuriser le site et limiter l'érosion) ou ceux de sécurisation d'une falaise (la purge d'écailles instables et menaçantes par exemple) n'est certainement pas la bonne solution. Quant à faire passer ces équipeurs que vous poursuivez en justice pour de dangereux criminels incendiaires, parce que vos agents ont trouvé sur place un mégot et un briquet, permettez nous de vous rappeler que juridiquement c'est un peu mince comme preuve.
Escalade dans les Calanques de Marseille Photos : Greg Clouzeau |
Extrait du Communiqué de Presse du Parc
Droit de réponse
Protéger la pratique de l’escalade dans les Calanques
en mettant fin à des pratiques dangereuses pour le territoire
"Le Parc national des Calanques a été, au cours des dernières semaines, la cible d’une campagne de désinformation, visant à le présenter comme l’ennemi des pratiquants de l’escalade. Cette campagne fait suite à l’incompréhension de grimpeurs réagissant à l’interpellation d’équipeurs ayant ouvert des voies sans autorisation en coeur de Parc national. Afin d’assurer l’anonymat et la protection des prévenus, le Parc national des Calanques n’a évidemment pas communiqué sur cette procédure en cours. Contrairement à ce qui a été relayé dans la presse, les prévenus n’ont jamais été menottés.
Face à la publication d’articles partiellement documentés et aux messages de soutien reçus de la part de nombreux grimpeurs, le Parc national a décidé d’apporter des éléments de clarification par le présent communiqué de presse sur quelques éléments de fond sur le dossier de l’équipement des falaises. "
[...]
Décennie après décennie, la pratique de l’escalade dans les Calanques s’est étoffée. Les grimpeurs, portés par un vent de liberté et une soif de conquérir de nouveaux sites, ont ouvert un grand nombre de voies. Si bien qu’aujourd’hui on recense plus de 5 000 voies sur le territoire du parc national des Calanques, soit une quantité et une densité de voies d’escalade exceptionnelles à l’échelle française (voire internationale) pour un massif si restreint.
[...] Un chiffre qui interroge aussi sur le bien-fondé de continuer à ouvrir de nouvelles voies et de nouveaux sites.
Note de la TL²B : En 2004, on comptait, suivant les sources, environ 3400 voies dont seulement 2400 d'équipées. Le chiffre de 5000 voies nous paraît un peu exagéré (mais bon, on est à Marseille, non ?) Les espaces en cœur de Parc s'étendent sur environ 8 500 hectares pour la partie terrestre et 2 630 hectares pour l'aire d'adhésion.
A titre de comparaison, dans les gorges du Verdon, un autre site d'escalade français réputé mondialement, on dénombrait en 2014 plus de 2 500 voies d'escalade sur un territoire nettement plus petit et tout aussi riche en biodiversité, en patrimoine... attirant plus d'un million de touristes par an.
L’EQUIPEMENT SAUVAGE DES VOIES : UN DANGER POUR LE TERRITOIRE
Face au très grand nombre de voies ouvertes au fil du temps et à l’augmentation du nombre de pratiquants comme des exigences de sécurité, l’équipement et l’entretien des voies ne peuvent plus répondre aux logiques qui avaient jusqu’alors prévalues et qui visaient à ouvrir le plus grand nombre de voies à la faveur d’initiatives individuelles.
Les règles encadrant l’équipement ont changé et continuent d’évoluer au niveau national : le Parc national est déterminé à les faire appliquer pour protéger la biodiversité et la sécurité des personnes.
[...]
Les projets d’ouverture de voies sont quant à eux gelés, en concertation avec la FFME et la FFCAM dans l’attente des travaux de la commission Escalade multipartite (propriétaires, grimpeurs, naturalistes, Parc) qui a été instituée en juillet 2018.
UNE ATTEINTE GRAVE A LA BIODIVERSITE DES FALAISES
Les falaises des Calanques constituent également un milieu naturel extrêmement riche. Une des richesses écologiques les plus évidentes est la présence de nombreux oiseaux protégés extrêmement sensibles au dérangement humain : aigle de Bonelli, faucon pèlerin, cormoran huppé… Cet enjeu est bien compris d’une majorité de grimpeurs qui respecte les mises en défens temporaires élaborées par le Parc national en concertation avec les fédérations et les clubs de pratiquants. Et c’est même spontanément que certains grimpeurs s’imposent d’eux-mêmes des restrictions de grimpe sur certains sites.
Les impacts de l’équipement sur la biodiversité sont loin de se résumer à la pose d’un ancrage. La pose de tels équipements, en apparence anodin, implique en effet une série d’actions préalables et consécutives aux conséquences désastreuses pour le patrimoine naturel et qui conduisent à une véritable stérilisation du milieu naturel.
LA PRATIQUE DE LA PURGE ET LA DETERIORATION DES ANFRACTUOSITES DE LA ROCHE
En purgeant les falaises, les équipeurs ont détruit l’habitat de nombreuses espèces sauvages. Une importante micro-faune (oiseaux, chauves-souris, insectes, amphibiens, etc.) trouve en effet refuge dans les anfractuosités des falaises, même les plus étroites.
Le travail de finition de la purge implique également de passer une brosse métallique sur les falaises afin d’éliminer la terre présente sur la roche et sur laquelle les grimpeurs peuvent glisser. Or, la terre et l’humus permettent le développement de la flore des falaises. La retirer implique une stérilisation de la falaise sur le long terme.
NdTL²B : Là encore, rappelons que la purge des blocs et écailles se limite souvent au strict nécessaire et répond à des impératifs de sécurité tant pour les grimpeurs que pour les autres usagers qui circulent sur les sentiers en contre-bas des falaises ! En général, il s'agit de blocs ou rochers instables qui seraient éliminés si une inspection de sécurité était programmée dans un plan de prévention des risques. Ils sont d'ailleurs susceptibles de tomber naturellement...C'est l'érosion... Quant au brossage, il est loin d'être systématique ! A la TL²B, on préfère la souffleuse et une bonne pluie. La terre s'accumule alors au pied des falaise et participe à l'enrichissement du sol.
NdTL²B : Là encore, rappelons que la purge des blocs et écailles se limite souvent au strict nécessaire et répond à des impératifs de sécurité tant pour les grimpeurs que pour les autres usagers qui circulent sur les sentiers en contre-bas des falaises ! En général, il s'agit de blocs ou rochers instables qui seraient éliminés si une inspection de sécurité était programmée dans un plan de prévention des risques. Ils sont d'ailleurs susceptibles de tomber naturellement...C'est l'érosion... Quant au brossage, il est loin d'être systématique ! A la TL²B, on préfère la souffleuse et une bonne pluie. La terre s'accumule alors au pied des falaise et participe à l'enrichissement du sol.
LES COUPES D’ARBRES ET PLANTES
La coupe des arbres poussant à flanc de falaises est d’autant plus problématique que les parois abritent les plus vieux spécimens d’arbres des Calanques. Protégés des feux de forêts, les arbres des falaises ont en effet une durée de vie plus longue. Porteur d’un patrimoine génétique rare du fait de leur ancienneté, leur intérêt écologique est de premier ordre. Leur étude intéresse également les scientifiques pour retracer l’histoire climatique des Calanques.
L’AMENAGEMENT DE CHEMINEMENTS SAUVAGES POUR ACCEDER AUX SITES
Pour accéder aux sites nouvellement équipés, les équipeurs ont aménagé des sentiers sauvages. Terrassement et arrachage des végétaux sont d’autant plus problématiques que la flore du bas de falaises présente des espèces extrêmement fragiles et intéressantes d’un point de vue écologique, car poussant sur des sols uniques, constitués des dépôts issus de l’érosion des falaises. Les équipeurs ont également laissé des branches sèches au sol, concourant ainsi à accentuer le risque incendie.
ATTEINTE A L’INTEGRITE DES LIEUX
Une brosse métallique accrochée à un tronc d’arbre et des déchets prouvant l’usage du feu ont été retrouvés sur le site nouvellement équipé… Ces éléments dénotent une attitude irrespectueuse de l’intégrité des lieux et le non-respect des mesures de base en matière de limitation du risque incendie (interdiction du feu et de fumer).
NdTL²B
Mais rien ne prouve que ce mégot et ce briquet aient appartenu aux équipeurs. L'occasion pour nous de rappeler que le feu sous toutes ses formes (donc cigarettes, réchauds...) est strictement interdit dans les Calanques mais aussi dans bon nombre de sites naturels et qu'il existe plein de manières de rapporter chez soit les mégots de cigarette ! C'est ce genre d'incivilités qui conduisent à des interdictions massives. Grimpeurs, grimpeuses, merci de ne laisser aucune trace de vos passages.
Pour échanger sur l’ensemble des enjeux sus-cités avec l’ensemble des parties prenantes (propriétaires, gestionnaires, grimpeurs, naturalistes, scientifiques, mouvement sportif) et co-construire l’avenir de la pratique, le Parc national a acté, lors de son conseil d’administration du 4 juillet 2018, la création d’une commission Escalade.
Cette commission officialise les relations existantes depuis des années avec les acteurs clés de la grimpe sur le territoire. Elle permettra de préciser les conditions d’une pratique durable de l’escalade (à la fois pour les grimpeurs, les autres usagers et l’environnement), en s’inscrivant dans une réflexion plus large concernant l’ensemble des sports de nature pratiqués dans le Parc national.
Pour en savoir plus sur le Parc national : www.calanques-parcnational.fr
ou
Magnifique la mauvaise foi : "Quant au brossage, il est loin d'être systématique ! A la TL²B, on préfère la souffleuse et une bonne pluie. La terre s'accumule alors au pied des falaise et participe à l'enrichissement du sol." Merci aux grimpeurs d'enrichir les sols ! J'ai été grimpeur. La réalité : l'homme est une espèce invasive et nuisible, qui colonise tous les espaces naturels pour sa jouissance personnelle. Quelques hommes, ce n'est pas destructif, en masse, c'est la planète qui périclite. Ouvrez les yeux.
RépondreSupprimer25 pour cent de espèces vivants en France sont menacés de disparaître à cause de l'humain malgré toutes les réserves protégées, les parcs nationaux... Les grimpeurs ont envahi les dernières espaces isolés naturellement et forcément ils contribuent à la destruction de l'espace naturelle par pour eux, un nouveau bloc, une nouvelle leur appairaient plus important qu'un lichen, une bergeronnette, ou un rapace... C'est ainsi et c'est dommage, les grimpeurs ne sont pas près à renoncer à une partie de leurs activités comme l'industrie alimentaire ne renonce pas à la chimie pour tant tueuse de bien des espèces.
RépondreSupprimerBonjour, bien entendu la nature se porterait beaucoup mieux sans les activités humaines industrielles ou de loisirs. Maintenant, dans le cas de Marseille et ses Calanques, les grimpeurs sont très loin d'être la principale menace écologique ! Ensuite, contrairement à ce que vous indiquez, les grimpeurs renoncent très régulièrement à certaines lignes pour préserver la faune et la flore. Il n'y a qu'à voir le nombre de secteurs concernés par les arrêtés de biotope avec limitation de pratique. Ce que l'on dénonce, c'est la mise sous cloche et l'absence de concertation (depuis on a avancé sur ce point...)
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