La forêt de Fontainebleau candidate au Patrimoine Mondiale de l'UNESCO

Depuis quelques semaines la presse (locale et nationale) reparle de la forêt de Fontainebleau et des mesures à prendre pour la protéger des sauvages citadins qui la fréquent ! Après le Parisien 77, la République 77, l'Express s'est penché au chevet de nos futaies. Rassurez-vous, rien de nouveau puisque l'on y (re)parle d'une éventuelle candidature au statut de Patrimoine mondial de l'UNESCO, comme en 1991 puis 1998 et 2009 à défaut d'avoir convaincu sur le statut de PN peri-urbain du Grand Paris ! Revue de presse...


Commençons par l'introdutction (formidable) signée de  Gilles Lockhart à l'article du n°3302 du 15 octobre 2014 de l'Express qui résume on ne peut mieux le sujet de la gestion et gouvernance de cette forêt d'exception :

"On peut se perdre dans les allées de la forêt de Fontainebleau. Pas tellement dans ses allées, bien balisées, avec plaques signalétiques aux arbres et cartes minutieuses, mais dans les entrelacs de son fonctionnement. Sous la canopée séculaire, on découvre un pot-au-feu bouillonnant de passions françaises et de débats sans fin. Avec ses 20000 ha de paysages variés et ses 12 000 espèces animales et végétales, Fontainebleau est la plus belle et la plus passionnante des grandes forêts domaniales françaises. Les axes routiers qui la défigurent et les 3 à 4 millions de personnes qui s'y promènent chaque année en font aussi un chaudron à problèmes : trafic infernal de poids lourds, prostitution, érosion des sols due à la fréquentation, conflits entre les promeneurs et les vetetistes... Saupoudrons le tout de polémiques autour de la chasse. Ajoutons-y la surpopulation de sangliers (..) et secouons le shaker du fameux ONF, qui gère la forêt de Fontainebleau depuis 1966. (..) Et ce, en dépit des écologistes qui contestent ceci, des scientifiques qui suggèrent cela, et des centaines de milliers de citadins qui veulent des meubles en bois mais pleurent dès qu'on coupe un arbre."
  
On vous épargnera ici l'historique complet de l'affaire "Projet de Parc National de Fontainebleau" (Vous pouvez la retrouver dans nos nombreux articles sur le sujet -dont celui-ci et cette page). Donc, il y a quelques jours, Le Parisien 77 ouvrait sur une candidature de notre forêt au patrimoine mondiale de L'UNESCO. Rien de nouveau ou sensationnel dans l'article car les positions des différents acteurs sont connues de tous depuis de longues années.


Ainsi dans le Parisien, comme dans La République de Seine-et-Marne, ou l'Express, on nous livre l'inévitable position des AFF favorable au statut UNESCO et la farouche défense du statut de Parc National par l'ANVL. 

A en croire l'ANVL, un PN, c'est LA solution pour que les visiteurs se comportent "mieux" en forêt ! Ainsi, dans l'Express, jean Philippe Siblet, son Président revient sur la question : "Ce que ça changerait ? Demandez aux gens s'ils savent ce qu'est une réserve dirigée ? ... un parc National, tout le monde connaît. le grand public s'approprierait le concept. Et la forêt ne serait plus protégée par des outils auxquels personne ne comprend rien, pas forcément cohérents entre eux, et qui impose une bureaucratie."

Circulez, y'a rien de nouveau on vous dit ! Les mêmes arguments bourrés d'erreurs et d'idées reçues. Il suffit de voir ce qui se passe dans et autour du PN des Calanques pour le comprendre.

Malgré tous les efforts déployés par Frédéric Valletoux, Maire UMP de Fontainebleau, Fontainebleau depuis 2009, sa forêt ne sera pas le Parc National du Grand Paris ! De toutes manières, l'Etat n'en n'a plus les moyens et a s'est rabattu sur la Champagne ! C'est donc logiquement que Fontainebleau demande une inscription au Patrimoine Mondial de l'UNESCO de la forêt qui, elle, soulève beaucoup, mais alors, beaucoup moins de résistance. Que de temps perdu serait-on tenté de dire ! 

Le statut de l'UNESCO c'est quoi ?

D'après Wikipédia, le patrimoine mondial, ou patrimoine de l'humanité, est une liste établie par le comité du patrimoine mondial de l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

Sous certaines conditions, les biens répertoriés peuvent obtenir des fonds de l’organisation World Heritage Fund. À l’issue de la 38e session du Comité du patrimoine mondial, qui s’est tenue à Doha(Qatar) du 15 au 25 juin 2014, 1007 biens y étaient inscrits répartis dans 161 États parties. L'Italie est le pays qui en possède le plus grand nombre (50).

Depuis 2005, tous les critères de sélection ont été fondus en 10 comme suit :

1.: Représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain.
2.: Témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages.
3.: Apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue.
4.: Offrir un exemple éminent d'untype de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine.
5.: Être un exemple éminentd'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer.
6.: Être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle.
7.: Représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles.
8.: Être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la Terre.
9.: Être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l'évolution et le développement des écosystèmes.
10.: Contenir les habitats naturelsles plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique

Donc, si vous récupérerez l'Express du 15/10/2014, vous y trouverez un petit cahier central consacré à notre forêt dans lequel on parle de l'érosion, l'accueil du public, l'intense trafic routier, la chasse et bien entendu, la sylviculture raisonnable de l'office ! Bref, avant de le lire, vous savez déjà ce qui est écrit...
Ah, non, pardon, il y a une nouveauté : on prépare le terrain pour une forêt à accès payant. 
En effet, le Géographe Paul Arnould qui a fait son mémoire de maîtrise sur notre massif forestier conclue ainsi le dossier de L'Express : " Je ferais un PN et j'impliquerais Paris sur le plan financier ! La forêt de Fontainebleau est le centre aéré gratuit des Parisiens. Or rien n'est jamais gratuit : l'accueil entraîne des coûts importants qui sont à la charge de l'ONF, donc de la collectivité nationale. Dans une forêt privée près de Toulouse, le propriétaire a créé des cartes de cueillette des champignons payantes, comme il y a des cartes de pêche. Du coup, les gens pratiquent l'autoregulation, ils font attention à ce que la ressource subsiste d'une année sur l'autre. Et un PN, par ce que c'est le top de la protection de la nature. Mais pas un dispositif sous cloche - un parc pour inventer de nouvelles formes de dialogue et de fréquentation. Je ferais un parc expérimental."

Comme si c'était si simple...
Depuis le temps qu'on vous dit qu'il se trame quelque chose (voir par exemple notre article sur l'enquête de fréquentation parrainée par Seine-et-Marne tourisme et la CCI).





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