Ciao Walter une bel idée cadeau pour Noël

 

Pierre Mazeaud, Robert Guillaume, Antoine Vieille et Pierre Kohlmann (de gauche à droite)

Pierre Mazeaud, Robert Guillaume, Antoine Vieille et Pierre Kohlmann sont au bivouac de la Fourche, le 8 juillet 1961 et se préparent pour ce qui peut être le gros coup de l’année : le Pilier du Freney sur la face italienne du Mont Blanc ! Un objectif très convoité. Ils sont donc rejoints à l'improviste par le grand Walter Bonatti accompagné d’Andrea Oggioni et Roberto Gallieni qui visent eux aussi cette première. Il ne leur faut pas longtemps pour faire cordée commune. Sept c’est peut être trop et un peu lent mais après tout, on est au beau milieu de l’été donc il n'y a pas grand chose à craindre. Mais voilà, un terrible orage s’abat sur eux et rapidement, la situation vire au cauchemar, le violent orage se transformant en tempête mortelle.

Ciao Walter est donc un livre d’investigation sur cette tragique tentative d’ascension du Pilier du Freney sur la face italienne du Mont Blanc en juillet 1961. 60 ans après, Corinne Mons qui s’est passionnée pour cette histoire a mené l’enquête, reprenant les récits éparpillés des uns et des autres, étudiant les possibilités, cherchant à comprendre comment quatre des sept alpinistes français et italiens parmi les plus expérimentés n’ont pas réussi à échapper à ce piège ! 

Corinne a remis dans l’ordre les éléments des récits de Bonatti et Mazaud. Elle a tenté d’en apprendre plus de vive voix auprès des protagonistes encore en vie pour nous éclairer sur les parts d’ombre des récits de Pierre et Walter qui ont chacun consacré un chapitre de leur livre sur cette histoire. A force de recherches, elle nous livre dans cet ouvrage (sans emphase excessive si on le compare à celui sorti chez Guérin cette année signée Virginie Troussier), son intime conviction sur la suite d’évènements qui a conduit au drame. 

Pierre Kohlmann

Au delà du fait divers dramatique, la personnalité des survivants, notamment Pierre Mazaud et Walter Bonatti, n'a pas manqué d'alimenter la polémique. Côté français, le décès de Robert Guillaume, Antoine Vieille et Pierre Kohlmann va marquer les esprits y compris chez les bleausards. Pour cause, Pierre Kohlmann est d'un caractère altruiste et généreux. Il s'occupe d'une association pour jeunes aveugles à qui il fait découvrir l'escalade à Fontainebleau et la marche en montagne. Pierre est malentendant et a besoin d'un appareil auditif. Personnalité attachante, chrétien pieux qui a l'habitude de prier en montagne le soir au bivouac et ne raterait pas un office dominical si possible, Pierre à découvert l'escalade à Fontainebleau avec Desmaison, de cinq ans son ainé, alors qu'ils habitent Antony en région parisienne à la fin des années 1940.  Au printemps 1958, il fait la connaissance de Pierre Mazeaud. Devenus grands amis, ils grimpent ensemble notamment au Saussois où ils ouvrent plusieurs voies. En 1961, ils réalisent la première avec René Desmaison et Bernard Lagesse dans la face nord surplombante de la Tre Cime di Lavaredo dans les Dolomites, une voie extrême de l'époque, dédiée à leur ami Jean Couzy). 

​Pour l'anecdote, Pierre Kohlmann double aussi à plusieurs reprises Jean Marais dans des scènes acrobatiques et il mène en 1961 l'équipe d'alpinistes qui participent dans les Gorges de la Jonte au tournage du film de cape et d'épée Le Miracle des loups.

Nous avons donc particulièrement apprécié ce travail de mémoire et de recherches de Corine Mons qui publie là un petit livre très bien fait et facile à lire, écrit et publié à compte d’auteur chez Esope. Un seul regret, cette couverture trop noire à notre gout ! S'il n'est pas disponible chez votre libraire, gageons que le livre devrait être rapidement dans les rayonnage du Vieux Campeur et de la librairie des Alpes (Paris) et dans certaines librairie du Pays de Fontainebleau...