La compétition RedBull à Fontainebleau a t-elle eu un impact sur la sauvegarde du site d'escalade du Cul de Chien

Hier se tenait au Cul de chien la première édition du Font & Bleau contest organisé par RedBull et pour lequel nous avions émis quelques réserves. Alors bien entendu Greg est allé vérifier si le site naturel allait en garder des traces et si organisateur et compétiteurs respectaient le cahier des charges transmis par l'Onf tout en profitant du spectacle sportif ! Jacky Godoffe avait commandé du soleil, il l'a eut et rien n'a pu gâcher la fête... 

Nous avions eu quelques jours auparavant connaissance du pointilleux timing mis en place par l'organisation. Un long, très long minuteur de tout le déroulé de la journée du staff qui a débuté bien avant l'arrivée du 1er car et s'est achevée bien après le départ des derniers concurrents.

Sur le site, le balisage est mis en place sur des panneaux en bois qui seront tous retirer au fur et à mesure qu'ils devenaient inutiles. Au pied des blocs une cinquantaine de crashpads, une trentaine de perches télescopiques et le double de brosses en poils de sangliers, autant de paillassons  sont disposés par les DE (Diplômé d'Etat, un moniteur d'escalade quoi !) responsables de la sécurité et les équipes techniques, sous la houlette du directeur de la compétition, Jacky Godoffe.


Matos, RedBull Fontainebleau, (C) Greg Clouzeau
Tapis, perches, brosses, pads et poubelles, tout était prévu !
(C) Photo Greg Clouzeau/TL²B
Pour éviter l'engorgement du parking, et diminuer l'emprunte carbone de la centaine de participants, les grimpeurs arrivent en car depuis les salles de BO. En attendant ceux de Bo2 (seul vrai "problème" de la journée) nous patientons, au frais, sous la tente des taureaux. L'occasion de discuter avec Jacky, Jeremy mais aussi nos amis du Cosiroc dont Antoine (le président), Bernard, puis plus tard, Jean Yves, des conséquences de ce type de manifestations en site naturel, notamment à Fontainebleau. 

Jacky Godoffe, inévitable bleausard (C) Greg Clouzeau
Jacky Godoffe, inévitable bleausard (C) Greg Clouzeau
Comme nous le rappelait Jacky, ce type de manifestation est une évolution inévitable de notre pratique à l'heure du rapprochement vers l'olympisme. ''Donc mieux vaut accepter de participer à son organisation en maîtrisant ce qui peut l'être, que de subir.'' Et franchement, tant l'organisateur que le staff semblait avoir à cœur de faire respecter le site tout en faisant découvrir les joies de Bleau à un public plus habitué à la résine.

Mais la volonté de protéger est-elle suffisante ?


Avant de s'élancer vers la trentaine de blocs de qualification, les équipes de 3 grimpeurs ont donc été briefés dans ce sens : on reste sur les sentiers, on respecte le rocher, on s'essuie les pieds avant de grimper, on brosse les prises avant de partir, on se pare...
Il manquait quand même deux choses à notre goût pour que ces grimpeurs issus des salles parisiennes découvrent vraiment le monde bleausard :
- des "pofs" histoire de montrer le pouvoir de nettoyage de cet accessoire traditionnel local qui permet de réduire sa consommation de poudre blanche (lire ici et

Jacky Godoffe assure le briefing développement durable (C) Greg Clouzeau
Jacky Godoffe assure le briefing développement durable (C) Greg Clouzeau
On aurait pu aussi avoir quelques informations sur les circuits d'escalade et les bénévoles qui les entretiennent et une information sur les risques en forêt et notamment l'érosion ou les morsures de tiques...mais là, on pinaille !

À propos de la magnésie d'ailleurs, était-il bien utile de distribuer une énorme bassine à chaque participant ? Certes elles ne contenaient que deux boules de poudre ce qui limite les excès mais à l'heure où l'on recommande de réduire sa consommation sur nos cailloux ça fait un peu tâche. 

Jérémy assure le briefing sportif et développement durable (C) Greg Clouzeau
Jérémy assure le briefing sportif et développement durable relayé sur les panneaux (C) Greg Clouzeau


Donc est-ce que le brief a été respecté ? Plus ou moins, mais plutôt plus que moins ! Seul quelques blocs de qualification bien tartinés n'ont pas été totalement brossés. Quasiment aucun déchets abandonnés et des poubelles de tris sélectif réparties dans l'ensembles du site qui se sont remplies efficacement. Finalement, seul le bouquet de fougères qui s'était installé dans la fissure Nano aura disparu...


Côté escalade justement !

Chuter du Toit du Cul de chien sur un double
tapis de pads et paré par le Champion de
France de bloc...la classe ! (C) Greg Clouzeau
Les DE, tous bleausards reconnus, dont Pascal Gagneux, actuel champion de France de la discipline, étaient là pour rappeler les consignes, assurer le brossage des prises et enseigner la parade à des grimpeurs plutôt habitués à chuter librement sur les énormes tapis des salles de sport. Au passage, notez que c'est bien la descente qui a posé le plus de difficultés à ces nouveaux venus en forêt.

Quelques belles chutes et aucun accident... Les équipes de secours présentes n'auront finalement rien de grave à se mettre sous la dent... Tant mieux !

Les équipes auront donc eut à enchaîner un maximum de blocs du plus faciles aux extrêmes  Arabesque et la Chenille sur le bloc de l'Autre toit pour avoir une chance de participer à la finale. A ce petit jeu, l'équipe des Chats perchés fait carton plein avec 900 points chacun soit 2700 suivi par celle des vaches bleues à 2500 points.

Une finale grand spectacle sur le Toit du Cul de chien !


Trois équipes vont donc s'affronter sur ce bloc mythique qu'avec un peu d'attention on pouvait reconnaître sur le logo de l'événement. Les organisateurs ont prévu un format de finale atypique : un relais où celle qui fait le plus de points, gagne. 

Chaque grimpeur de l'équipe choisi une voie entre le célèbre Toit (7A), la fissure Nano (un 6A d'une autre époque rarement parcouru de nos jours) et l'angle n°7 du circuit rouge, le Presse Citronégalement en 6A, qu'il va parcourir jusqu'à la chute éliminatoire. Il manquait peut-être une dalle pour faire plus sélectif ? 

Durant les finales, public nombreux composé essentiellement des compétiteurs (C) Greg Clouzeau
Durant les finales, public nombreux composé essentiellement des compétiteurs (C) Greg Clouzeau

Guillaume Glairon Mondet dans son 16ème passage du Toit (C) Greg Clouzeau
Guillaume Glairon Mondet dans son 6ème passage du Toit (C) Greg Clouzeau

Mélanie Sandoz, Fontainebleau Contest RedBull (C) Greg Clouzeau
Après l'élimination de Ludo Laurence, Mélanie Sandoz et Guigui n'ont plus le temps de souffler entre deux runs
 (C) Greg Clouzeau


Baptiste, Toit du Cul de Chien, Fontainebleau Contest RedBull (C) Greg Clouzeau
Baptiste de l'équipe des Chats perchés s'adjugera 33 runs dans le Toit du Cul de Chien ! A qui le tour ?
(C) Greg Clouzeau



Tableau des runs des chats perchés Fontainebleau Contest RedBull (C) Greg Clouzeau
Tableau des runs des
 Chats perchés (C) Greg Clouzeau
En tous cas, les trois équipes ont assuré le show et rarement ces voies auront connu autant de parcours non stop ! La Nano a sans doute été plus grimpée hier que durant toute l'année 2016. 

Si Guigui et Mel de l'équipe des Vaches bleues n'ont pas gagné malgré leur 16 ascensions respectives du Toit et de la Nano, c'est sans doute qu'après la chute de Ludo dans Presse Citron, ils disposaient de moins de temps pour souffler entre chaque escalade. 

Du coup, c'est l'équipe des Chats perchés, déjà en tête à l'issue des qualifications, qui s'adjuge la première place du podium à la 33ème escalade de chaque voie ! Et encore, ils auraient sans doute pu pousser plus loin.

Le classement final est donc le suivant :

1er : Les Chats perchés avec 1815 points obtenus par
Olivier Gagneux dans Presse Citron, Matthieu Breno dans la Nano et Baptiste Bensky dans le Toit.

2nd : Les Vaches bleues avec 730 points obtenus par 
Ludovic Laurence, Mel et Guigui

3eme : Bloc'âge avec 35 points obtenus  par Edouard de Nigs, Quentin Bry et Lucas Chasles.
33ième run de l'équipe des Chats perchés qui a gagné depuis longtemps... (C) Greg Clouzeau
33ième run de l'équipe des Chats perchés qui a gagné depuis longtemps... (C) Greg Clouzeau

33ième run de l'équipe des Chats perchés qui a gagné depuis longtemps... (C) Greg Clouzeau
33ième run de Baptiste dans le Toit... (C) Greg Clouzeau
1er  les Chats perchés, 2nd, Les Vaches bleues, 3ème Bloc'age
1er  les Chats perchés, 2nd, Les Vaches bleues, 3ème Bloc'age
(C) Greg Clouzeau

Donc quel avenir pour ce type de compétition d'escalade à Fontainebleau ?


C'est sûr, pour les compétiteurs comme pour l'organisateur, c'est une réussite !

Et côté sauvegarde du site, franchement, pas grand chose à redire en dehors des commentaires faits plus haut car nul doute que cet événement été bien cadré. Entre le petit tour du site la veille (où il n'y avait que peu de déchets sans doute à cause de la météo exécrable des dernières semaines) et le tour de fin de soirée, bien peu de traces témoignaient de l’événement. Mieux, le toit du Cul de chien a eu le droit à un lavage à l'eau clair jusque dans ses moindre recoins. Quant à l'érosion, elle est très maîtrisable sur un site aussi plat. Reste, peut-être, le vieillissement des prises...mais vu l'état de polissage de certains blocs du Cul de Chien...c'est minime. 

Nettoyage des prise du Toit du Cul de chien, (C) Greg Clouzeau
Nettoyage des prise du Toit du Cul de chien à l'eau et à la brosse en soie
Il faut une quinzaine de pads à plat... (C) greg Clouzeau

Bref, d'un point de vue sauvegarde de l'environnement, on a vu des rassemblements associatifs à Bleau nettement moins respectueux des sites et réglementations ! Si le choix du site était parfait, peut-on le faire ailleurs ? 
Rien n'est moins sûr. D'ailleurs, le format même de la final nécessite un bloc assez atypique... Par ailleurs, il est clair que la discrétion des organisateurs sur le choix du massif a considérablement restreint le nombre de curieux. La même compétition avec un millier de visiteurs, poserait immanquablement des problèmes. Alors, philanthrope RedBull ? C'est pas certain... Quand on investi plus de 70 000 € dans une compétition, on attend en général un retour, non ?

Reste ensuite au moins deux grandes questions. 
Si l'on autorise ça en escalade à Bleau, pourquoi et comment l'interdire aux vététistes et autres sports nature ? A quand les Natural Games bleausards ?
La sauvegarde des sites passera t'elle par des sponsors privés ? Si aujourd'hui RedBull n'a rien payé à l'ONF ou aux associations de défense des sites (en charge du balisage des circuits par exemple), peut être qu'à l'avenir, ce type de manifestation permettra d'équiper et entretenir des sites naturels là où la FFME ne veut pas investir ? 

Enfin rappelons que les produits RedBull sont à consommer avec modération à nos yeux.


Le site se vide et a retrouvé son calme et sa beauté...
(C) Greg Clouzeau


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2 commentaires :

  1. Vous trouverez dans l'article (concernant cette manifestation) publié sur le site cosiroc.fr deux vidéos : la totalité de la finale de l'équipe arrivée deuxième (17'12) et les 22 premiers passages de l'équipe victorieuse (22'17), la carte mémoire de l'appareil se trouvant alors saturée.

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  2. Aujourd'hui il y avait une compétition de Beach Volley sur les sables du cul de chien. Je ne sais pas si ils avaient l'aval de l'ONF, mais franchement leur cris et leur brailleries à chaque fois qu'ils ramassent leur baballe c'était plutôt désagréable. A force d'autoriser ce type d'événements on se demande où va être le limite. Si toutes les semaines on doit subir... Il y a d'autres lieux pour les compétitions sportives, surtout de beach volley.

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