On a testé les mousses (alcoolisées) de Bleau

S'il est un trait d'union entre tous les sportifs de la forêt de Fontainebleau (en dehors de celle-ci) c'est la consommation d'une bonne bière après l'effort ! Toutefois, ce n'est pas parce certains nom de villages se terminent par "en-Biere" que cette boisson est produite localement ! A la rédaction, cela fait longtemps que l'on voulait aborder le sujet des mousses (pas celles qui poussent sur les cailloux et pour lesquelles on vous renvoie au site photo du patron) mais encore fallait-il trouver des bières locales et les tester. C'est chose faite (avec modération) et voici notre podium.

Avant de vous révéler notre classement des mousses bleausardes‎, parlons un peu de cette boisson. 

La bière est une boisson alcoolisée (à consommer avec modération donc) dont on sait qu'elle est fabriquée depuis au moins 8 000 ans ! L'histoire de la bière est en effet, intimement liée à celle de ses ingrédients et celle des premières cultures de céréales, notamment de l'orge et de l'épeautre (une variété de blé) attestées en 8000 avant J.-C. en Mésopotamie. Tous les ingrédients étant disponibles dès cette époque, la bière pouvait donc exister et l'on estime son invention à 6000 ans avant J.-C. Ceci dit, cette boisson n'avait rien à voir avec nos bières actuelles.

Pour produire de la bière, il faut  :
- de l’eau de très bonne qualité : l’eau constituant 80 à 90 % de la bière, sa qualité est donc très primordiale et à l’origine de la clarté et du goût de la bière.
- du malt (essentiellement d’orge mais également de froment, et parfois d'avoine)
- du houblon : c'est cette fleure qui contient des acides qui stabilisent la bière et lui procurent son amertume, ainsi que des huiles essentielles qui enrichissent ses arômes. En outre le houblon est un conservateur naturel.




Il existe quatre types de fermentations et donc de bières : les bières de fermentation basse, les bières de fermentation haute (Ces dernières ont des arômes plus complexes et peuvent atteindre un degré d’alcool plus élevé et sont généralement fermentées grâce à des levures de cultures) ; les bières de fermentation spontanée (fermentées grâce à des levures sauvages présentes naturellement dans l’air environnant) et les bières de fermentation mixte combinent la fermentation haute et la fermentation spontanée.
Ensuite, certaines bières, notamment en Belgique, subissent une nouvelle fermentation après la mise en bouteille. Une levure, potentiellement différente de la première, peut être ajoutée à cette occasion. Contrairement à ce que l'on peut penser les bières triples ne sont pas des bières ayant subi une triple fermentation, mais des bières pour lesquelles on a ajouté du sucre par rapport à une bière classique.

Les bières sont naturellement troubles (comme le cidre), cependant, la tendance actuelle tend à généraliser la filtration de la bière en post-fermentation, ce qui explique leur limpidité et l'absence de dépôt. À l’opposé de cette logique de marché, certains brasseurs continuent de produire des bières non (ou peu) filtrées. 


Les Français ont l’embarras du choix lorsqu’ils souhaitent s’offrir une bièrePlus de 2 000 marques se disputent leur faveur. Au début des années 1980, il ne restait plus que 22 brasseries dans l'Hexagone, et ce n'est qu'en 1985 qu'apparaissent deux micro-brasseries (production de 300 à 1000 hecto-litres par an), la Coreff en Bretagne et Les trois brasseurs à Lille. En 2010, c'est le renouveau : on dénombre 339 brasseries en France, puis 442 en 2012. En 2014, il en existe 600, soit près de deux fois plus qu'il y a quatre ans. Selon les chiffres publiés, en 2015, par Brasseurs de France, la consommation est en hausse de 2,8 % en volume, 19,9 millions d’hectolitres ayant été vendus en 2014. Cela place la France au 26e rang dans l’Europe des 28, avec une moyenne de 30 litres par an et par habitant. Mais la France délaisse le populaire demi-pression pour se tourner vers des bières plus tendance... En effet, depuis une dizaine d'années, le phénomène est très net car si depuis trente ans, le marché global de la bière s'érode, le segment spécifique des bières "tendance" ou premium connaît une augmentations de 15 % par an depuis au moins huit ans. Sur ce créneau, on trouve de plus en plus de bières artisanales, locales et même bio !

La Mousse de Bleau : 100 % bio, 100 % artisanale, 100 % locale
Robert Dutin, auteur du Guide des Brasseurs et Bières de France, relativise la mode du bio : "Une bonne bière est produite avec des produits sains. Qu'ils soient bio cela ne change rien au goût", déclare-t-il avant de préciser aussi que l'"on trouve le meilleur comme le pire dans les brasseries artisanales". Pour nous, une chose est sûre : le temps de brassage d'une bière artisanale dure de six à huit semaines, contre cinq jours en moyenne pour une bière industrielle ! L'impact sur le goût est inévitable, sans parler des correcteurs pour la couleur et des additifs ajoutés pour faire en sorte que la mousse tienne mieux... Bref, une bière artisanale, c’est un peu comme les légumes de jardin : pas toujours très beaux mais plus de saveur !  . 

Une situation qui n'échappe aux grandes firmes qui se sont lancées massivement dans la production de bières aromatisées et dans une communication plus jeune ! Une telle croissance, c'est aussi l'assurance de voir se développer de fausses bières locale ! A ce sujet, sachez que la bière de Marseille ou du Pays Basque semblent être de belles arnaques comme le raconte le site Happybeertime.com dans cet article

Enfin, question sport, les légendes autour de la bière sont multiples ! Parmi elles, la célèbre "bière de récupération" qui voudrait que la bière permet de mieux détendre les muscles, et contient suffisamment de minéraux pour une réhydratation plus efficace après une effort. FAUX !!!! Aucune de ces allégations n’a été démontrée. Pire, la liste des défauts est plutôt longue pour les sportifs !
L'alcool bloque l'élimination de l'acide lactique qui est le déchet produit par le muscle lors d'un effort ce qui, en escalade ou VTT n'est pas terrible. L'alcool limite la réhydratation. D'ailleurs, consommée en grande quantité, la bière est rapidement éliminée et l'eau avec ! La quantité d'urine est supérieure à la quantité de bière ingérée. Les calories liées à l'ingestion de l'alcool ne sont pas exploitables lors de l'effort musculaire mais produisent au contraire une sur-intoxication de l'organisme. L'alcool ne favorise pas un sommeil récupérateur. Et enfin, l'alcool est inscrit sur la liste des produits dopants dans certaines fédérations sportives pour ses vertus destressantes, désinhibitrices potentiellement nocives pour le sportif et ses adversaires !

En revanche, personne ne nie que la bière contienne de bonnes choses pour l’organisme. Riche en vitamines B6 et B12, la bière est efficace dans la prévention des maladies cardiovasculaires (pour les bières non alcoolisées du moins). 


Photos Greg Clouzeau
Mais revenons à notre Pays de Fontainebleau et ses environs. ‎

Depuis quelques années (2000), on trouve assez facilement une bière "locale" nommée la Gatine qui est déclinée en blonde, ambrée, blanche, brune... Notez les guillemets à locale. En effet, si elle est brassée assez loin des cailloux, elle élaborée  à partir d'une production locale de céréales et de miel. Une initiative de quelques agriculteurs soutenus dans leur projet par le PNR du Gâtinais français. Aujourd'hui, cette production médaillée au Salon de l'agriculture en 2007 s'exporte et sa distribution y compris en grande surface. Bref, c'est une bière brassée à "l'ancienne", de terroir mais ni bio, ni artisale.


Comme chez les grimpeurs, on cherche souvent du "bio" et du développement durable et ne trouvant pas de bière correspondant à ces 2 critères, nos amis de la Team de Globe Climber et Bleauboulders ont lancé cette année une petite bière blonde et bio : la biosarde que l'on a pu découvrir à BO3, au Gîte d'Arbonne et bientôt au contest de Blo'Cage et de Karma.‎ 

Mais là encore, la brasserie se trouve à une cinquantaine de kilomètre au sud de la forêt domaniale (Sens). Donc on a cherché encore plus local et en farfouillant un peu plus, la cordée de la TL²B a fini par découvrir LA bière locale : La mousse de Bleau. Lancée en juillet 2014, cette bière bio brassée artisanalement par une autoentrepreneuse de Bois-le-Roi se décline déjà en blanche, blonde, ambrée, brune et cuvée spéciale !



Il ne restait plus qu'à déguster tout ça (toujours avec modération) pour vous livrer notre classement !

Les bières bio sont naturellement troubles. La Biosarde et la Mousse de Bleau le sont. Elles sont refermentées en bouteille, ne sont pas filtrées et ne sont pas pasteurisées à la différence de la Gâtine. Du coup, elles présentent toutes deux un dépôt important qu'il convient d'éliminer en les versant délicatement dans un grand verre. Comme toutes les bières, elles se dégustent fraîches, à une température de 10 ° C.
Le bulles sont fines et irrégulières. 
Nous avons testé toutes les blondes (disponibles chez les trois marques), les ambrées et blanches de la Gâtine et de la Mousse de Bleau, ainsi que la bière de Mars de cette dernière. Les discussions furent animées mais voilà notre podium final !

N°1 recommandée par la TL²B : La mousse de Bleau ambrée

Sans doute la plus équilibrée, pas trop crémeuse, dense en bouche, avec une amertume pas trop marquée en finale. Bref, une bière originale, assez complexe dans ses arômes et saveurs, plutôt douce et pas trop persistante en bouche. ­Affichant 6 ° c'est une très bonne bière à même de satisfaire les connaisseurs disponible en 33 cl et 75 cl

N°2 recommandée par la TL²B : La blonde Biosarde

Blonde, dorée, avec une mousse abondante et légère, un nez fleuri, presque fruité, elle reste en bouche avec une fine amertume, très persistante. Affichant 6,5°, c'est une blonde de caractère hélas uniquement disponible en 25 cl et encore très peu distribuée.

N°3 - la Mousse de Bleau Blanche
Avec une mousse peu abondante et légère, un nez fleuri, elle est très douce en bouche avec une fine aciditée. Très désaltérante, cette blanche bio a du goût ce qui est assez rare. Elle affiche quand même 6,5°, ce qui est plutôt fort pour une blanche. Disponible en 33 cl et 75 cl

Voilà pour notre trio de tête. C'est une affaire de goût. Les autres bières y compris les plus traditionnelles comme celles de la Gâtine sont très bonnes mais nous ont moins séduit ou marqué. A vous de les découvrir.

Pour la Mousse de Bleau :
Micro-Brasserie Bacotte
18 rue Julien Coquement
Bois le Roi en Forêt de Fontainebleau (77).

Horaires

Ouverture les lundis, mardi, jeudis et vendredi de 16h30 à 19h et le samedi de 10h à 18h30 (sauf en cas de marché ou foire. Nous vous conseillons d’appeler avant au 06 28 33 73 43.)
Prix unique pour tous les types de bière
À l’unité  75 cl 4,80 € et 33cl à 2.80 € en 2015
ou en carton 6 bouteilles 17€ et 12 bouteilles 32 e

Quelques liens complémentaires:


L'ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE. A CONSOMMER AVEC MODÉRATION

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4 commentaires :

  1. Bel article qui donne envie de se faire une petite mousse bien fraîche. Bravo !

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  2. Bravo pour cet article bien documenté sur le brassage de la bière ... qui mérite des éloges..

    La bière est hélas déconseillée à ceux qui éliminent mal l'acide urique et comme dit par ailleurs, l'acide lactique également, d'où crampes et inflammations diverses. Enfin surtout pour une consommation excessive évidemment.

    Personnellement, je ne reconnaît pas la Gâtine comme une bière locale par le fait que c'est une bière "à étiquette" brassée sur commande à façon par une brasserie qui a plusieurs produits à son actif. Même si l'orge provient du sud 77, l'eau et le houblon n'en sont pas. Cela dit, Kronembourg ou Heineken comme d'autres bières industrielles, utilisent l'orge de brasserie du Gâtinais qui est l'une des principales zones de production... des bières locales ? Ma dernière dégustation de Gâtine blonde m'a surpris, en effet, le miel a été largement diminué (selon la personne au stand du SIA) pour satisfaire des consommateurs qui la trouvaient trop sucrée. En fait, cela a enlevé le caractère original de cette bière

    La Mousse de Bleau revêt donc le seul caractère local, tant par son implantation que par sa fabrication par un artisan brasseur qui a créé sa recette et engagé ses fonds propres pour cela. Tout à son honneur et sa passion pour la bière.

    Pour l'anecdote, nous avons brassé à Tousson, pour les 33 ans de la Tête des Trains café-musiques et bar à bières, une spéciale IPA, (Indian Pale Ale) donc bien houblonnée et épicée à la menthe poivrée de Milly et... au poivre noir du Vietnam. Evidemment, brassin confidentiel dont il ne reste que quelques flacons 33cl ....

    Amitiés
    Pierrot
    La Tête des Trains bar à bières et Café-musiques associatif

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    1. Bonjour Pierrot,
      un grand merci pour ton témoignage et plus globalement pour le travail effectué pour ce vénérable établissement qu'est la Tête des Trains (à Tousson, près de Milly-la-Forêt) pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas ! Dans ce cas, chers lecteurs, une visite s'impose !
      Bleau ardemment
      Greg pour la TL2B

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    2. Très sincèrement, l'article est fort documenté, je l'ai partagé sur la page des Amis de la Bière Ile de France.
      Pour la mousse brassée dans la cour de la TDT, j'ai omis de signaler que c'était un brassin réalisé par Jean-Michel de la pico-brasserie Lambière de Léouville (45, près de Pithiviers) qui avait apporté tout son matos pour l'occasion. La pico-brasserie est tout à fait mobile.
      Un très beau brassage. La recette inventée pour ce brassage a été reproduite pour ses propres bières, elle s'appelle "la Menteuse"...

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