Devoir de mémoire en Forêt de Fontainebleau

Nous avons déjà évoqué dans nos articles quelques uns des actes de résistance locaux lors de la Seconde Guerre mondiale et les monuments qui en témoignent. Ce 21 juillet 2014 est donc un bien triste anniversaire puisqu'il y a 70 ans, l'occupant exécutait 22 personnes dans une carrière de la plaine de Chanfroy (Arbonne-la-Forêt).  Découverts le 7 décembre suivant, les deux charniers renfermaient aussi les corps des fusillés du 17 août. Ils n'ont jamais été rebouchés. A ces tragiques dates, il faut hélas en ajouter d'autres dont les monuments en forêt sont l'une des rares traces de ce bien triste devoir de mémoire.

Nous avons déjà évoqué les charniers d'Arbonne, pudiquement rebaptisés Plaine des fusillés dans un autre article en faisant notamment référence à l'article le plus complet sur le sujet diffusé par notre ami photographe Jean Poule Debleau. Cette fois, c'est à Olivier Blaise, un autre photographe de Bleau que nous allons nous raccrocher. Dans son article, (dont provient la photo d'ouverture) il évoque très sobrement ce dramatique anniversaire. Pour préparer le débarquement, la résistance est à pied d'oeuvre. En juin 44, Melun et ses environs sont soumis à de très intenses bombardements. Voilà ce que nous rappelle Olivier :

"Plusieurs groupes sont à l’œuvre. Le maquis Bara de Moisenay, village près de Melun, est dirigé par un carrier, André Perret. Le groupe est arrêté le 11 juillet, suite à l’infiltration de faux résistants. 
Le maquis de Villebéon, village à l’est de Nemours, formé par les rescapés des maquis de l’Yonne Victoire et Liberté et Paul Bert, est démantelé le 7 juillet. Le maquis d’Achères-la-Forêt est fondé par André Prenant en avril 1944. Parmis ses résistants, le garde forestier Laurent Poli connaît parfaitement la forêt et cache des volontaires venant de Paris dans une grotte située au Rocher de la Reine, tout près de la plaine de Chanfroy. Ce groupe comprend aussi Robert Rius, Charles-Jean Simonpoli, Germinal Matta, les frères Ménégoz, tous issus du mouvement Surréaliste. Ce minuscule maquis, constitué de jeunes poètes, espère un hypothétique parachutage d’armes venant de Londres. Ils sont arrêtés le 4 juillet, suite à un guet-apens monté par la Milice et la Gestapo."

Le 19 août 1944, la troisième armée américaine pénètre dans Achères-la-Forêt et le 23, Fontainebleau est libéré juste avant la Capitale. La plaine de Chanfroy devient une base arrière pour l'armée américaine et sera bientôt un terrain d'entraînement pour leur aviation.
Le 7 décembre 1944, alors qu’ils viennent chercher du sable des soldats américains en creusant trouvent les premiers corps. Alertées, les autorités françaises découvrent alors deux charniers dont 36 corps sont exhumés. Ces corps sont ceux des civils et résistants exécutés les 21 juillet et 17 août 1944, le 14 décembre, des funérailles nationales se déroulent dans une chapelle spécialement aménagée sous le marché couvert de Fontainebleau.


Exhumation des corps du charnier de Chanfroy, le 7 décembre 1944.

En ce 21 juillet 2014, rappelons nous donc de ces "Justes" morts pour la France auxquels il faut ajouter les noms des 5 autres patriotes sommairement abattus par les allemands le 8 novembre 1941, sur le champ de tir de Fay, près de Chailly-en-Bière (PF n° 817) et bien entendu celui de George Mendel (sur Wikipédia), exécuté par la Milice française le 07 juillet 44, toujours en forêt de Fontainebleau (voir l'article d'Olivier Blaise sur ce sujet). De son vrai nom Louis Georges Rothschild, fut un homme politique majeur de l’entre-deux-guerres et un résistant très actif dont le souvenir est entretenu par ce monument au bord de la D607 (ex N7) inauguré en 1946. A noter, suite à la remarque d'Olivier Blaise que l'élève garde forestier Poli, lui aussi abattu le 21 juillet 44 dans la Plaine de Chanfroy est également honoré par l'ONF avec un monument et carrefour situé PF n° 688.





Loin de tout ((parcelle 532)),vous trouverez aussi une stèle à la mémoire des aviateurs tués en mission lors du "crash" de leur avion le 12 novembre 1944... 



Aujourd'hui, la plaine de Chanfroy est d'avantage reconnue comme un site naturel remarquable que comme un lieu de mémoire. Ce vaste espace plat s’étend vers l’est jusqu’aux hauteurs des « Gorges de Franchard ». Il est délimité par deux barres rocheuses : « le Rocher de Corne Biche » et le « Rocher de la Reine ». Cette plaine a des allures de steppe. Son sol jusqu’au début des années 80, était exploité comme carrière de grès et de sable. Désaffectée  la friche abrite maintenant des mares très sensibles qui ont été grillagées pour préserver la faune et la flore qui les ont envahis ! La nature mise sous cloche !!! Il faut dire que la configuration du lieu permet ici la présence d'un micro-climat considéré comme plus froid que le reste de la forêt en hivers et plus chaud l'été... A l’automne, la brume matinale y est persistante et l’été, la réverbération des rayons du soleil sur le sol sablonneux fait croître la température du cirque.
















Partagez:

3 commentaires :

  1. Laurent Poli est fusillé le 21 juillet, plaine de Chanfroy, avec ses 21 autres camarades. Il est donc à inclure dans listes des morts de ce jour.

    RépondreSupprimer
  2. Il existe des ruines de batiments "assez récents" sur les pentes du rocher de la reine au sud de la plaine de Chamfroy (on les voit indiquées sur la carte IGN parcelle 84), ont-elles un rapport avec la plaine ? Car ça ne semble pas être un héritage de carrier qui construisaient de petits abris non cimentés

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Nicolas,

      Nous allons poser la question à nos spécialistes de l'histoire du lieu mais il peut effectivement s'agir d'installations militaires cette zone ayant servi longuement aux exercices...

      Supprimer

Merci d'avance pour vos encouragements, commentaires, informations, témoignages ou critiques. En cas de difficultés, jetez un oeil à la page FAQ ou adressez-nous un mail.

Copyright © Tribune Libre de Bleau et Cie. Designed by OddThemes