Natura 2000, Aigle de Bonelli, un bon prétexte pour déséquiper une falaise dans le Gard


Source EscaladeMag, Laurence Durand
y compris pour les citations.
Mais voilà, le site des Concluses est un site protégé par arrêté préfectoral de protection biotope depuis 1992 et par conséquent le site a été équipé en toute illégalité ! L'APPB a été pris pour protéger l'Aigle de Bonelli. Dans un article précédent, nous avions justement abordé le cas des limitations de pratique de l'escalade dans le cadre de la nidification des rapaces. Sans remettre en cause leur justification, notamment pour cette espèce menacée, on peut s'étonner qu'ici, l'interdiction ne soit pas simplement limitée à la période de nidification et entraîne le déséquipement du site. Et pour cause, il n'y a pas de couple nicheur !

Voici ce qu'a expliqué Rachel Peltier Muscatelli chargée de mission Natura 2000 sur les garrigues de Lussan à Laurence Durand : il y a une légère remontée de la population de cette espèce qui pourrait re-coloniser les sites historiques de l’aigle de Bonelli.
« Nous sommes dans une politique de préservation des sites vacants des aigles dans l’optique de les faire revenir. Ces deniers reviennent toujours dans une ancienne aire historique. Grâce à un suivi GPS, nous savons que les aigles présents utilisent le nord du site pour s’alimenter. C’est sûr que déséquiper ne suffit pas, mais il faut savoir que le dérangement pour les aigles est plus fort dans un espace de verticalité qu’en bas d’une paroi. Ce sont pour eux des espaces de refuge. »

Cette affaire n'est pas sans rappeler l'interdiction de la falaise de Lourmarin dans le PNR du Lubéron ! A l'époque, Pierre Duret avait été condamné avec astreintes au déséquipement du site, pour protéger la possible nidification des rapaces. Là il y a bien un oiseau mais il ne niche pas directement sur la falaise mais à plus de 600 mètres du site... Mais cette interdiction, régulièrement transgressée par les grimpeurs, cachait certainement d'autres raisons (stationnement en bord de route, conflits d'usages...) !

Xavier Dumas qui a assisté aux réunions du Copil Natura 2000, et y a proposé de stopper  l’équipement de nouvelles voies et de sacrifier certains secteurs, explique qu’il a eu affaire à « des gens en totale opposition à quelconque négociation et aujourd’hui l’arrêté est voté pour le déséquipement des lieux. La mairie n’est pas contre les grimpeurs, Natura 2000 s’est servie de cet arrêté pour faire peur aux élus !!! Car nous n’avons pas de convention FFME, la falaise appartient à la municipalité, qui est donc responsable… »

Dans les deux cas, il faut noter l'absence de concertation, le manque de moyens (et parfois de volonté ) des comités territoriaux de la FFME face à la puissance d'écolo-intégristes peu enclin au dialogue et la peur des élus !  

Toujours dans l'article de laurence, on notera égallement le propos suivant de Rachel Peltier  : « L’application de cet arrêté s’effectue dans un plan national d’action en faveur de l’aigle, l’État a désigné un site de Natura 2000 sur 21 communes, sur ce site, il y a Lussan avec deux arrêtés biotope dont celui des Concluses. Nous sommes donc en train de travailler sur certaines zones où la réglementation n’était pas respectée. Réglementairement parlant toute l’intégralité de la falaise est interdite sur les Concluses de janvier à juin. Ce site a été équipé de manière sauvage, nous avons à faire à des individus qui revendiquent une possession du lieu qui ne leur appartient pas ! Pour le site des Concluses, il n’y a pas concertation car c’est réglementaire.

J’ai reçu des gens représentatifs de la pratique de l’escalade au sein du comité de pilotage pour leur expliquer notre démarche. Le site Natura 2000 va faire intervenir l’État et l’ Europe pour payer le déséquipement des voies estimé à 32 000 euros, de février à mars aura lieu l’appel d’offres, en attendant on ne verbalisera pas par manque d’information sur le site. Une fois déséquipée il y aura un suivi de ce site sur plusieurs années. »

Encore une représentante de l'état à qui l'on peut conseiller la lecture de cette article de Jean pierre Mounet sur les différentes manière d'aborder ces problèmes que nous avion reproduit ici !

Outre le gachi financier, ce cas est symptomatique du fonctionnement des COPIL Natura 2000. Nous en avions parlé ici à propos de Fontainebleau et des dérapages de certains naturalistes. c'est aussi pour éviter ce genre de situation que nous fustigeons depuis des années la politique environnementale en France. 

Notre FFME ne peut pas jouer efficacement un rôle dans la défense des sites naturels naturels d'escalade. C'est une fédération sportive et pas une association de défense de la nature.

Nous l'avons répété il y a peu dans le cas de Fontainebleau avec l'éviction des grimpeurs des différents COPIL préféctoraux, force est à la Loi et le monde de l'escalade n'est pas organisé pour se défendre. Faut réagir les amis ! Commençons par Bleau, signez la pétition !

Article Source : http://www.escalademag.com/exit-la-grimpe-aux-concluses-de-lussan

Débat sur le forum de Camptocamp

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7 commentaires :

  1. intégrisme, oui c'est le mot qui me vient à l'esprit quand je lis le sujet.
    Si l'on se comportait nous aussi de manière intégriste on pourrait par exemple souhaiter qu'ils n'y ait plus aucun aigle de Bonelli, il n'y aurait alors plus de raison de vouloir interdire l'accès aux falaises..............natura2000 s'est-il seulement posé cette question ?

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  2. peut être que si les grimpeurs se comportaient de manière intégriste, ils équiperaient sauvagement dans leur coin sans concertation en passant outre les arrêtés ...
    qu'est ce qu'il attendait qu'on lui dise merci d'avoir équiper un site interdit ?

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    1. Bonjour et merci pour votre commentaire.

      Dans cette affaire on peut certainement reprocher à l'équipeur son travail bénévol mais pas plus qu'à la Mairie (qui elle ne peut ignorer l'existence d'un APB) qui ne s'est pas opposée à cet équipement. enfin, on peut quand même s'étonner que cette décision viennent 20 ans après et de sa disproportion avec la protection envisagée ! Dans bon nombre de sites où des rapaces viennent nicher, l'APB définie une période d'interdiction (en général de février à juin) et n'entraîne pas le déséquipement du site !

      Ensuite il y a bien une volotonté integriste des écolos à vouloir mettre sous cloche ce bout de cailloux alors que l'équipeur, en Copil Natura 2000, avait proposé des limitations et ouvert le dialogue...

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  3. juste pour que chacun soit bien informé sur le sujet
    Arrêtés préfectoraux de protection des biotopes

    Articles L.411-1 et L.411-2, R.411-15 à R.411-17 du code de l’environnement.
    Circulaire n°90-95 du 27 juillet 1990 relative à la protection des biotopes nécessaires aux espèces vivant dans les milieux aquatiques.

    L’arrêté de protection de biotope a pour objectif la préservation des milieux naturels nécessaires à l’alimentation, à la reproduction, au repos ou à la survie des espèces animales ou végétales protégées par la loi. Un biotope est une aire géographique bien délimitée, caractérisée par des conditions particulières (géologiques, hydrologiques, climatiques, sonores, etc).
    Il peut arriver que le biotope soit constitué par un milieu artificiel (combles des églises, carrières), s’il est indispensable à la survie d’une espèce protégée. Cette réglementation vise donc le milieu de vie d’une espèce et non directement les espèces elles-mêmes.

    L’arrêté de protection de biotope est actuellement la procédure règlementaire la plus souple et la plus efficace pour préserver des secteurs menacés. Elle est particulièrement adaptée pour faire face à des situations d’urgence de destruction ou de modification sensible d’une zone.

    Régis par les articles L 411-1 et L. 411-2 et la circulaire du 27 juillet 1990 relative à la protection des biotopes nécessaires aux espèces vivant dans les milieux aquatiques, les arrêtés de protection de biotope sont pris par le Préfet de département. Cet arrêté établit, de manière adaptée à chaque situation, les mesures d’interdiction ou de réglementation des activités pouvant porter atteinte au milieu (et non aux espèces elles-mêmes relevant déjà d’une protection spécifique au titre de leur statut de protection) : pratique de l’escalade ou du vol libre pendant une période définie, écobuage, circulation des véhicules à moteur, travail du sol, plantations, etc.
    L’arrêté peut interdire certaines activités, en soumettre d’autres à autorisation ou à limitation.
    Il s’agit d’une mesure de protection qui, par son caractère déconcentré, peut être rapide à mettre en place. En vertu des textes, seuls deux avis simples doivent être recueillis : celui de la commission départementale compétente en matière de nature, de paysages et de sites, et celui de la Chambre d’agriculture. L’avis de l’Office national des forêts est également recueilli si le territoire est soumis au régime forestier.
    Des arrêtés modificatifs peuvent être pris pour adapter la protection à la modification de l’environnement comme l’apparition de nouvelles menaces ou l’évolution de l’intérêt biologique. Elle ne comporte toutefois pas, en elle-même, de moyens spécifiques de suivi et de gestion des milieux.

    L’inobservation des prescriptions de l’arrêté de protection de biotope est répréhensible du seul fait que l’habitat d’une espèce protégée est altéré. Les infractions sont des délits punis des peines prévues à l’article L.415.3 du code de l’environnement pouvant aller jusqu’à 9000 euros d’amende et six mois d’emprisonnement.
    Il n’est pas nécessaire, pour emporter condamnation, de démontrer que des spécimens ont été détruits (CA Rennes 2 juillet 1992, Salou n°1021/92). Cette jurisprudence a été confirmée par la cour de cassation dans un arrêt du 12 juin 1996.

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    1. Je vais finir par bouffer de l aigle. Comme ca on sera tranquille
      Signe un ami de la nature pourtant

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  4. Merci d'avoir relayé l'article.
    Laurence Durand

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  5. Bonjour Laurence,
    C'est plutôt nous qui te remercions de l'avoir écrit.
    Il fait assez sensation notamment sur le forum de c2c !

    Peux tu me contacter assez rapidement via mail car j'ai quelques questions à te poser en privé. Je rédige actuellement un article pour Grimper sur les sites naturels et leur défense.
    Merci d'avance.

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