Défense du viaduc des Fauvettes un long chemin de croix (épisode 3)


Bon, après cet épisode, c'est promis j'arrête un peu avec le viaduc des Fauvettes ! Le premier épisode était consacré à la présentation du site de grimpe et l'excellent nouveau topo,

le second à son utilisation et aux difficultés liées au partage d'un espace naturel multi sports (avec notamment un gros point sur la slackline et la highline), ce troisième fera le point sur la défense du site et le maintien de l'autorisation d'y faire du sport.


Le viaduc des Fauvettes est donc un ouvrage d'art construit à la demande de l'Etat pour les besoins de la ligne de chemin de fer Paris en Chartres. Achevé en 1913, son vrai nom est Viaduc d'Angoulême du nom du ru qu'il permet d'enjamber !
Bombardé par les alliés en 1944, il sera touché à son extrémité et restera en l'état, la ligne étant désaffectée en 1953.

Les premiers grimpeurs et spéléo investissent le site aux débuts des années soixante-dix. En témoignait alors quelques vieux pitons rouillés et de nombreuses chevilles autoforeuses. D'une fréquentation très confidentielle au début, le viaduc rencontre un vif succès dans les années 80 et un célèbre magasin parisien finance une partie de son équipement. Le premier topo et les articles qui sortent dans les magazines amènent un regain de fréquentation. On y croisera alors quelques forts grimpeurs avec quelques visites exceptionnelles lors des Championnats de Bercy en 1989. En effet, y grimpent à cette occasion Jerry Moffat, Lynn Hill, Robyn Esberfield !  Même le tunnel est équipé de quelques voies !

Bien entendu, cette mise à la mode entraîne une plus forte fréquentation qui, comme bien souvent en France,  s'accompagne des premières nuisances pour les riverains et donc menaces d'interdiction du site !

La première raison n'est donc pas liée à la sécurité mais aux plaintes répétées et justifiées des riverains, notamment ceux dont la rue est squatée par les voitures des grimpeurs ! Il est vrai que de là, la marche d'approche est réduite d'une bonne dizaine de minutes ! Pour y remédier, un sentier a été  balisé à travers bois depuis le Centre d'optométrie et à travers champs par le bas du Viaduc. Aujourd'hui encore nous vous demandons de ne pas utiliser d'autres parking que ceux signalé dans le topo et dans notre premier article !

Un site Urbain, Kairn
Ensuite, effectivement, une bande de jeunes K... va investir les lieux pour des soirées animées de jeux tous plus stupides les uns que les autres. Tags, feux, alcool mais aussi destruction des anciennes rambardes et jets d'objets en tous genres dont de nombreux caddies !
Une fréquentation que riverains et sportifs n'ont jamais aimé. Le viaduc est aussi à cette époque le lieu d'entraînement du GRIMP, du GIGN, des spéléo-secours... et leurs pratiques un peu spéciales dont le "ponting" débouchent parfois sur de tragiques accidents. Enfin, certains trouvent dans ce lieu tous ce qu'il faut pour en finir avec la vie.

Il faut donc se battre pour maintenir l'autorisation de circuler et grimper sur ce viaduc. Coup de chance, les maires des communes limitrophes sont aussi grimpeurs ! Daniel Taupin, président du Cosiroc puis secrétaire à partir de 1999 va tout faire pour maintenir ces autorisations durant les années 80-90.
L'équipement des voies du viaduc fait peau neuve avec des broches spécialement conçues et posé par Albert Géan (entre autres) de la DDJS 91.

Erosion, Photo Kairn
Mais la DDE, propriétaire de l'ouvrage souhaite s'en débarrasser. Pourquoi entretenir un ouvrage désaffecté ou risqué d'être tenu pour responsable d'un accident survenu sur un objet dont on a juridiquement la garde mais pas la nécessité ? Elle lance une expertise en 1997 dont les conclusions interpelle le Préfet.
L'ouvrage est dangereux ? Ne prenons pas de risques ! Il signe alors un AP de péril immédiat interdisant toute approche !
Les services publiques et clubs sont informés et du coup ne peuvent plus s'y rendre (en cas d'accident, les assurances ne manqueraient pas de souligner l'interdit, ne couvriraient pas le sinistre et les encadrants se retrouveraient derrière les barreaux !) 

Pour rouvrir le viaduc au public, il faudrait :
- refaire la voûte bombardée,
- faire poser des garde-corps sur l'ensemble du plateau,
- s'assurer de l'étanchéité du tablier...
Bien entendu, ce genre de travaux est très coûteux et aucune association ne dispose des finances nécessaires.
Pire, est-ce dans l'intérêt de l'Etat de réaliser de tels travaux ?

Notre regretté Daniel
Commence alors pour Daniel une longue quête et des heures de négociations avec de très nombreux représentants de l'Etat. Je l'y accompagnerai parfois en qualité de Président du Cosiroc (1999-2009). Il faut trouver près de 5 MF ! La Région, le Conseil Général et beaucoup d'autres sont sollicités et, notamment grâce aux efforts du Député Maire des Ulysse, le budget est bouclé ! Reste à lancer les appels d'offre de ce marché publique, assurer la maîtrise d'oeuvre et trouver un accord avec le Préfet, chose faite en 2001. Finalement les travaux démarrent fin 2003 mais Daniel Taupin n'en vera pas le bout et se tue dans un stupide accident de montagne au Rochail le 28 août 2003.




Photos Kairn

Les discussions se poursuivent entre le Cosiroc et la Préfecture autour du protocole d'accord. Deux ou trois points qui mettraient en péril la survie financière de l'association et engageraient probablement sa responsabilité juridique nous conduise à dénoncer le protocole modifié à la dernière minute par la préfecture à quelques jours de la réouverture officielle du site, le 2 octobre 2004 !



Photos Kairn

La cérémonie aura tout de même lieu sous l'oeil des reporters de Kairn (et oui déjà, voir liens bas d'article). La FFME pourtant absente du dossier est dignement représentée et nous profitons de l'occasion avec le Cosiroc pour poser une plaque commémorant la mémoire de Daniel. Discours et réouverture officielle du viaduc en grandes pompes donc mais pas fin du combat pour autant car :
- son propriétaire reste alors la DDE qui souhaite toujours se débarrasser de l'ouvrage,
- le Cosiroc refuse de signer un protocole qui met en danger sa survie et le rend responsable des accidents de circulation au sommet de l'ouvrage,
- la FFME refuse de signer le conventionnement du site...


A force de négociations, le viaduc est finalement pris en charge par le SICOVY, c'est à dire le Syndicat Intercommunal de coulée verte de l'Yvette, en 2008. Non sans mal car certaines communes ne souhaitent pas, là encore, avoir la responsabilité du pont et, encore moins, avoir à payer pour son entretien. Le viaduc et le bois qui l'entoure sont aussi inscrits dans la coulée verte ce qui donne espoir à ses défenseurs. Jean Yves Derouck, pour le compte du Cosiroc, coordonne le rééquipement de certaines voies et réédite le topo en 2007. Les manifestations se poursuivent autour du Viaduc : trail, rassemblement des spéléos... Une trentaine de nouvelles voies sont aménagées et le nouveau topo arrive le 26 mai dernier.

Quel avenir pour ce viaduc ?

C'est là toute la question. Le CD FFME 91 ne souhaite toujours pas s'en occuper prouvant, à celles et ceux qui en doutaient, sa volonté de ne s'occuper que de ce qui peut lui rapporter des liscenciés et donc de l'argent, les SAE ! C'est pour cela qu'il est aussi aux abonnés absents en matière de circuits d'escalade en Essonne.

Le SICOVY va céder le viaduc à la CACPS, la grande et puissante Communauté d'agglomération des communes du plateau de Saclay : une quarantaine de villes et villages) dont le budget est conséquent mais dont on se demande si elles vont accepter de prendre la responsabilité juridique de l'ouvrage et de payer pour son entretien.

Il reste quelques gros travaux à faire comme ceux liés à la lutte contre l'érosion dans les pentes autour du viaduc. Gageons, vue la nouvelle fréquentation du site, que vous serez nombreux à répondre présent lors de ces opérations.

Je vous invite à vous inscrire auprès de Jean Yves à la mail liste de diffusion sur le sujet.

Les anciens reportages de Kairn sur le Viaduc !

Le point à mars 2004
Le viaduc a été remis en état.
L'inauguration du Viaduc des Fauvettes
Les spéléologues à l'entrainement














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4 commentaires :

  1. Comment s'inscrit-on sur la mailing list du viaduc ?

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    1. Bonjour Guillaume,
      la réponse était cachée dans le premier épisode... Il faut envoyer un mail à Jean Yves, l'auteur du topo. viaducdesfauvettes@orange.fr

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  2. Super article. Merci.

    Comme quoi, ça permet de voir que, où qu'on soit en France, il faut vraiment que quelques uns rament comme des fous pour défendre et entretenir les quelques petits prés carrés où l'on peut encore grimper légalement dans ce pays. Prés carrés que fréquente la vaste majorité de ceux qui ne font qu'en jouir.

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  3. Bonjour et merci beaucoup pour votre commentaire qui nous encourage encore plus à poursuivre...

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