La chasse à courre en forêt de Fontainebleau a bien débuté et on n'aime pas !

La saison de la chasse en forêt domaniale de Fontainebleau et des Trois pignons commence début novembre selon la note ONF diffusée à ce moment. Pourtant, elle débute bien avant, notamment en périphérie du massif et pour la chasse à courre ! Ainsi, ce samedi, le parking du Rocher Canon était-il partiellement occupé par un équipage de chasse à courre aux chevreuils alors que le site était bondé de familles de grimpeurs, ramasseurs de champignons et autres promeneurs. 
Fontainebleau a une très longue tradition de chasse. C'est même sa raison d'être puisque c'est pour la chasse qu'au début du XIème siècle, le Roi Robert achète le comté de Melun et ses quelques bois pour y constituer une chasse. C'est ce domaine forestier royale qui est à l'origine de la constitution du massif de Fontainebleau qui va s'agrandir pour les bons plaisir de nos rois de France. 

Si la chasse est sans doute une nécessité pour réguler la population d'animaux, la chasse à courre reste, pour la TL²B, une survivance inutile et barbare d'une certaine élite ! Et la lecture du livre blanc de la vénerie ne pourra "blanchir" cette activité à nos yeux ! Quand à la chasse tout court, c'est aussi et surtout, un business juteux !

Pour ou contre la chasse ?


La FD de Fontainebleau abrite 3 types de grands animaux qui participent à la vie de l’écosystème : les cerfs, les chevreuils et les sangliers. De nombreux indices révèlent leur présence en forêt, notamment les bouttis de sangliers (sol retourné pour en extraire de la nourriture) ou encore les abroutissements des cervidés (consommation des jeunes pousses des arbres, voir l'article de Jipé), mais aussi les collisions avec les automobilistes trop pressés.

Sans régulation, les populations décupleraient rapidement. En surabondance, les animaux sortiraient de la forêt pour coloniser de nouveaux territoires. Comme la Forêt de Fontainebleau est cernée soit de villes en expansion, soit de terres agricoles, la conquête de ces terres s'accompagne immanquablement d'accidents de la circulation et de dégâts dans les cultures. En l’absence de prédateur naturel, seule une chasse raisonnée et encadrée permet de réguler la grande faune. De ce point de vue, la chasse est donc utile.

Le nombre d’animaux à prélever, par espèces et par zones, est défini à l’avance, chaque année, par un plan de chasse arrêté par le Préfet du département sur proposition de l’ONF.  Pour Fontainebleau, le nombre moyen d’animaux prélevés a oscillé ces dernières années entre 200 et 260 cervidés, 80 à 120 chevreuils et pour le sanglier, il représente entre 600 et 700 par an. Les objectifs pour la saison 2014-2015 étaient de l’ordre de 290 cervidés, 100 chevreuils et de 600 à 800 sangliers. 

Ces chiffres sont-ils conforme au besoin de régulation en forêt de Fontainebleau, massif forestier dont les animaux peinent à s'échapper pour cause d'autoroute, nationales, lignes ferroviaires et autres fleuves et canaux ? Oui, si l'on en croit les comptages de l'ONF, non, si l'on fait confiance aux observations des photographes naturalistes de la région dont Yannick Dagneau qui a écrit au Préfet en leur nom

Deux types de chasses sont, aujourd’hui, pratiqués sur la massif de Fontainebleau : la chasse à tir et la chasse à courre.

La chasse à tir


Sur ce massif forestier très fréquenté par le public, la saison de chasse à tir, se déroule de novembre à février, à raison de trois jours par semaine : les lundis, jeudis et quelques vendredis. Pour optimiser les interventions, le massif forestier est découpé en 2 zones :
- la partie périphérique (12.500 ha) qui est louée à l’année, à des associations de chasseurs,
- partie centrale (9.500 ha) qui est plus fréquentée par le public et présente de nombreux points où le risque d'accidents de chasse est maximal (axes routiers, bords de ville, aires d’accueil importantes, etc.). L’encadrement, l’organisation et la mise en œuvre des actions de chasse sont directement assurés par l’ONF, sous la conduite d’un responsable chasse. Aucune action n’a lieu les mardis, mercredis ainsi que les week-ends et pendant les vacances scolaires dans la zone ONF en dehors de la chasse à courre.

Pour plus de sécurité, l'ONF organise les chasses en battue qui aligne une bonne trentaine de fusils à chaque fois. Bien encerclé et rabattu, le gibier peut difficilement échapper...à la tuerie. 

La chasse à courre


Elle consiste à chasser des animaux sauvages dans leur milieu naturel jusqu'à leur prise éventuelle par les chiens. Aujourd’hui deux équipages pratiquent cette chasse sur le massif : le rallye de Fontainebleau et le rallye Tempête. Le premier chasse les cerfs de plus d’un an tandis que le second traque les chevreuils. Chaque année, les actions de chasse se déroulent, les mardis, mercredis et les samedis d’octobre à mars soit une cinquantaine de jours par an !

La vénerie semble bien résister aux grandes mutations de nos sociétés, aux guerres, aux révolutions et à l’usure du temps. Elle a aussi le soutient d'associations prestigieuses comme l'AFF à Fontainebleau. Il n'y a jamais eut autant d'équipage que depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ! Il y a plus de 390 équipages en France soit 30 000 chiens et 7 000 chevaux de chasse à courre ! Pour une activité qui a fêté ces 1000 ans en 2002 à Fontainebleau, c'est plutôt fort... 
En outre certains voient dans la chasse à courre une occasion de défendre un mode de chasse naturel et écologique, une conception authentique de la nature et un patrimoine culturel considérable. On nous dit que l'animal y a ses chances et que s'il abandonne, il aura une belle mort ! Il est respecté et fêté par les chasseurs. Et bien entendu, on nous rappelle que c'est une chasse écologique qui repose sur les lois naturelles de la prédation...



En publiant son ‘‘livre blanc’’, la Société de Vénerie a souhaité apporter quelques éléments de réflexion sur leurs pratiques, valeurs et  faire connaître l’éthique et les principes dont les veneurs se prévalent.  Si effectivement, ils peuvent prétendre à une très bonne connaissance des animaux et de la forêt basée sur les siècles d'archives de chasses royales, nous ne leur décernerons pas pour autant le titre d'écologiste de l'année.

Vous avez déjà compté le nombre de 4X4 et autres camions diesel qui accompagnent chaque sortie des chevaux et chiens ? Des 4X4 que l'on retrouvent au cœur du massif forestier de Fontainebleau, jusque dans les espaces sensibles et protégés, roulant parfois à plus de 80 km/h !!!

A la fin de la Chasse à courre de samedi 03 octobre 2015 au Rocher Canon


Parmi les pire survivance de cette pseudo-tradition, il y a un "droit de suite", qui permet à l'équipage de tuer l'animal, épuisé, y compris chez vous ! En 2006, une chasse à courre s'était achevée dans la rue principale du village des peintres de Barbizon. Un cerf avait été abattu alors que de nombreux touristes et riverains s'y promenaient. En France, c'est dernières années, plusieurs incidents ont fait polémique. Ainsi, en janvier 2010 à Compiègne (Oise), un cerf avait été tué en pleine ville. En 2007, dans l'Aisne, un cerf avait été achevé dans le jardin d'un pavillon dont un occupant avait été neutralisé et blessé par des chasseurs. Le summum de l'horreur avait été atteint en 2008 dans le Tarn quand un animal poursuivi avait été servi (tué) dans le salon d'une maison après en avoir traversé la baie vitrée ! Enfin, en 2010, une chasse s'était terminée dans l'espace naturel protégé de la Plaine de la Sorque (relire les articles de Jipé sur ce sujet).


Les objectifs pour la saison 2014-2015 étaient de l’ordre de 22 chevreuils et 15 cerfs ce qui, au regard du plan de chasse est assez négligeable et trop faible pour répondre aux besoin de régulation.

Quelle est donc l’intérêt d'une telle pratique alors si ce n'est le plaisir pour quelques cavaliers chanceux de suivre les chiens ?


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1 commentaire :

  1. C'est avec joie que je vais vous donner le change...La chasse a courre, je suis pour...grâce à cet art cynégétique, ancestral,
    jusqu'à l'ombilical, l'homme a trouver le moyen pour aider la nature à se rééquilibrer, sinon les populations déferleraient jusque dans certains territoires, des espaces tels que salons de coiffure, restaurants, un sanglier s'est même présenté à un guichet de la poste...
    Personnellement, j'ai assisté à l'entrée d'un cerf, dans les cuisines du château des MUIDS, en Sologne, çà fait de l'effet quand même,pour le coeur battant de l'amazone qui n'est plus protégée par sa monture, çà vaut le battement de coeur ressenti, lors de la première entrée dans les salons feutrés de la bijouterie Cartier...
    Nassima ISELIN - DUBAÏ

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