Attention, Massacre des bouquetins du Bargy en cours !

Depuis hier matin (8/10/2015), la préfecture de Haute Savoie a lancé sa seconde opération d'abattage des bouquetins du massif du Bargy malgré la très forte opposition des associations écologistes, des habitants et visiteurs mais surtout du monde scientifique ! Pire, le préfet précipite les choses alors que la date du recours en justice est fixée au 19 octobre ! Donc, comme en octobre 2013, puis en 2014, le préfet a décidé d’employer la manière forte pour tenter d’abattre presque tous les bouquetins du massif. Mais sans faire de sensiblerie animalière inutile, on peut valablement s'interroger sur l'efficacité de la méthode pour lutter contre ce foyer de brucellose ? Visiblement, en Préfecture, on n'a pas tiré les leçons du coûteux massacre d'il y a deux ans et on préfère, une fois encore, ouvrir le parapluie d'une idéologie sécuritaire au nom du sacro-saint "principe de précaution" !


Retour sur ces tueries :


Suivant les estimations, environ 450 bouquetins demeurent actuellement sur le Massif du Bargy (Haute-Savoie). En été, les troupeaux d'ovins et bovins montent dans les alpages et peuvent donc cohabiter avec les bouquetins.  En 2012, deux cas de brucellose ont été détectés chez 2 bovins et 2 jeunes humains. En réaction, la Préfecture, malgré de nombreuses études scientifiques donnant un avis contraire, ordonne le massacre de 350 bouquetins. Après examen, une forte proportion d’entre eux étaient en parfaite santé ! 

La brucellose est une maladie sérieuse, dont le traitement dans les rares cas humains nécessite une forte antibiothérapie. Par ailleurs, elle porte un préjudice économique important aux élevages infectés et à leur production. Il faut bien entendu que des mesures soient prises pour protéger les élevages et pour éradiquer l’infection.

Les bouquetins (espèce protégée au niveau national et international que l'on a eut quelques difficulté à réintroduire)  représentent-ils un risque de santé public si fort qu'il faille les éliminer ?

Non, répondent inlassablement tous les experts consultés depuis 2012 !


 Les 14 experts européens indépendants, dont 13 vétérinaires, qui ont travaillé entre octobre 2014 et juillet 2015 sous l’égide de l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES), sont unanimes pour affirmer que les bouquetins du Bargy ne représentent pas un danger significatif pour le cheptel domestique (niveau « quasi- nul » à « minime ») et que le risque actuel pour l’homme est « quasi-nul ». Selon eux, ce risque « est très inférieur au risque lié à la brucellose importée qui représente plus de 80 % des cas de brucellose humaine en France chaque année ». 

Pourquoi les abattages massifs ne sont pas la bonne solution ?


L’abattage de 350 bouquetins ces deux dernières années n’a pas permis de réduire le taux d’infection de la maladie. Et pour cause ! Comme partout dans le monde, à chaque fois que l'on tente de maîtriser des épizooties en éradiquant les animaux sauvages, cela fonctionne très mal. Plus la pression des tirs augmente, plus les animaux sont effrayés et fuient le territoire. Du coup, le remède est pire que le mal car l’infection se disperse ! Dans notre cas, plusieurs bouquetins du Bargy sont déjà passés dans les Aravis, et le mouvement va certainement s’amplifier, au risque de contaminer le massif des Aravis.

Les 2/3 des bouquetins encore vivants sur le massif du Bargy sont sains, et à part une poignée d’animaux marqués en 2015, tous vont être abattus sur ordre du préfet ! Pire, la soixantaine de cabris nés en 2015, vont y passer !

Le Préfet de Haute- Savoie ne veut laisser que quelques dizaines d’animaux et parle de « compromis », alors qu’il s’agit d’un abattage d’animaux protégés sans discrimination. 

L’abattage non sélectif est la plus mauvaise des solutions !


Les experts du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) ne s’y sont pas trompés pas en donnant un avis défavorable à la demande du préfet de Haute-Savoie. Les études conduites par les experts ont permis de démontrer que l’abattage massif, rapide, non différencié, loin de réduire la maladie, a pour conséquence d’augmenter les risques de diffusion de l’infection notamment par l’éparpillement des animaux, dans notre cas vers les Aravis. 

On sait distinguer les bouquetins sains des bouquetins séropositifs grâce au test de dépistage in situ de la brucellose. Ce test est simple et d'’une grande fiabilité. Les agents de l’ONCFS ont démontré qu’il est parfaitement possible d’identifier les animaux séropositifs, qui sont euthanasiés sur place par des vétérinaires. Il est donc possible de traiter le problème sur plusieurs années tout en préservant les animaux sains.


Un préfet, représentant de l'Etat français qui visiblement n'a que faire de la justice !


L’audience du référé suspensif que les associations de défense ont lancé au tribunal administratif de Grenoble est programmée pour le lundi 19 octobre à 10h30. Le préfet n’a semble-t-il pas attendu le verdict du juge et ne veut probablement pas attendre quelques jours. 

Les associations sont donc contraintes à la contre-attaque et appellent à témoigner par des photos et reportages des opérations qui vont probablement être lancées. Mais surtout ne vous interposez pas entre les bouquetins et les tireurs ! 
L'abattage massif des bouquetins du Bargy a commencé le jeudi 8 octobre 2015. ©ERIC PIERMONT / AFP

Carole Toïgo, qui a consacré sa thèse à l'étude des bouquetins, a  démontré que l'évaluation du nombre de bouquetins était toujours sous-estimée. En réalité, on ne verrait que la moitié des bêtes lors des comptages directs. 

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1 commentaire :

  1. Après 48 h la mesure d'abattage a été suspendu jusqu'au jugement au grand soulagement des associations de sauvegarde très mobilisé sur le sujet. Loin de toute sensiblerie animal, il nous paraissait essentiel que le Préfet, représentant de l'Etat français, patiente jusqu'à ce que la justice se prononce !

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