L'eco pastoralisme de retour à Fontainebleau ?

Nos paysages ont été façonnés par les activités de l’homme, comme la sylviculture, l’agriculture, l’extraction, la chasse, le pâturage, le tourisme... Au milieu du XIXe, la forêt de Fontainebleau est encore très disparate et les milieux ouverts à semi-ouverts secs y sont très nombreux, principalement constitués de grandes étendues de callune, de pelouses et chaos rocheux. Le pâturage était un des droits d’usages les plus anciennement reconnus aux riverains de la forêt. Ces milieux agropastoraux accueillent une multitude de communautés végétales et une diversité floristique exceptionnelle à l’échelle régionale voir nationale. Ils sont aussi utilisés comme zones de chasse pour les chauves-souris, de reproduction pour la Fauvette pitchou et zone de refuge pour un certain nombre d’espèces animales. L’abandon de cette activité agropastorale au XXème siècle a favorisé le retour de la dynamique naturelle de colonisation des pelouses ou des landes par les végétations buissonnantes et arborées. Le milieu a donc progressivement évolué en milieu forestier. Un "mal" auquel les forestiers n'ont pas trouvé d'autres remède que la grande coupe rase pratiqué dans certaines réserves biologiques dirigées afin d'y maintenir ce type de biotope. Ce fut le cas sur la platière du Télégraphe, du Coquibus, et sans doute, au vu l'évolution du paysage, un jour dans la Plaine de Chanfroy. A moins que l'on revienne à nos moutons !


Cette éventualité, abordé à de très nombreuses reprises ces 25 dernières années dans les milieux autorisés ne semblait pas trouver preneur.  
Finalement, à en croire l'offre de marché publique lancé par l'ONF, on y vient ! Car le pâturage est devenu petit à petit, "l’éco-pâturage", une méthode alternative et / ou complémentaire à l’entretien mécanique des espaces paysagers clos, en milieu urbain et péri urbain, centrée sur la production de services. Il , bénéficie de la prise conscience générale de réduction des impacts environnementaux et de la nécessité de mieux conserver la biodiversité.

Le but principal de l’éco-pâturage n’est pas la rentabilité économique mais le maintien ou la restauration du milieu tout en limitant les coûts de gestion. Mais c'est aussi un vrai business !






Petit rappel sur l’influence du pâturage sur les platières de Fontainebleau

"Jusqu’au début du XXe siècle, comme pour la platière, les versants étaient incendiés afin d’étendre les zones de pâturage selon les besoins et l’importance des périodes de sécheresse. 

Puis, durant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, cette zone à fait l’objet des vastes incendies de la part des Allemands pour déloger les résistants qui s’y cachaient transformant la platière et les versants en un écorché minéral ce qui peut être considéré comme un point zéro pour comprendre les dynamiques de la platière et celles d es versants (Figure 5). 

Cette affirmation est possible grâce à l’analyse des photographies aériennes de la mission de 1947. Une étude diachronique a été ensuite effectuée sur l’ensemble des missions aériennes qui se répètent à intervalles réguliers depuis cette première date et complétée depuis 1972 par des relevés de terrain. Après l’arrêt du pâturage et au lendemain de la phase destructrice de la Seconde Guerre mondiale, une reconquête végétale s’amorce avec le développement d’un tapis discontinu et ras d’herbacées piqueté de quelques bouleaux et de pins. 

Mais, dès les années 1960, le développement d’un tourisme de masse apparaît en forêt de Fontainebleau et ce sont des centaines de milliers de promeneurs qui fréquentent la platière d’Apremont et ses environs. Cette fréquentation provoque un piétinement, qui dans un premier temps écrase la végétation qui peu à peu disparaît remplacée par des plages de sol nu qui deviennent peu à peu des sentiers de plus en plus empruntés. 

Ces espaces dénudés sont repérables sur les photographies aériennes 1963, 1978, 1981 avec une augmentation progressive de leurs surfaces. Lors de fortes pluies d’orage, l’eau se concentre dans les zones dénudées engendrant des rigoles de quelques centimètres qui s’approfondissent peu à peu. Petit à petit, la couverture végétale se réduit et le phénomène de « peau de chagrin » s’enclenche. Les arbres en bord de ravins, qui maintiennent pendant un certain temps le sol, basculent brutalement lors d’un violent orage, entraînant avec eux un paquet de sols important. Alors le creusement des ravins s’accroît, ils s’élargissent par sapement latéral et parfois plusieurs ravins se rejoignent par coalescence entraînant la disparation totale du couvert végétal des interfluves. La poursuite de la fréquentation touristique entretient le processus. Sur quelques interfluves assez larges, des bouleaux et/ou des pins se maintiennent présentant une répartition harmonieuse des individus dans toutes les strates depuis les jeunes plantules de quelques centimètres aux arbres de sept mètres, voire davantage. Selon la densité des bois blancs, des arbres forestiers différents vont s’implanter, à savoir : sous forte densité, les faines germent facilement tandis que sous couvert clair, ce sont les glands et les graines de pins qui germent abondamment. Mais quelle que soit l’essence colonisatrice, un couvert forestier se reconstitue spontanément."
Extrait de Vertigo : Intérêt de l’approche systémique pour l’étude de formations végétales en milieux forestiers : l’exemple de la Forêt de Fontainebleau par Micheline Hotyat

Dynamique des versants du XIXe siècle à nos jours
Zoom Original (png, 264k)
Source Marché Public
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