La nouvelle gouvernance de la forêt de Fontainebleau est-elle compatible avec la protection de la nature ?

La nouvelle gouvernance de la forêt de Fontainebleau est-elle compatible avec la protection de la nature ? 
C'est en tous cas la question que se pose notre ami Jean Poule Debleau sur son blog et vous devinez aisément sa réponse : non ! 
Dans un long billet, il revient sur la nouvelle composition du COPIL ou Comité de pilotage que nous avons largement commenté et dénoncé en 2013 ! 

Pourquoi y revenir ? Simplement pour souligner et démonter à quel point cette nouvelle gouvernance laisse peu de place à la voix des usagers et autres protecteurs de la nature notamment au moment, et croyez-nous, ce n'est pas un hasard, où s'élabore le nouveau Plan d'Aménagement forestier. Bref, nous partageons les inquiétudes de notre ami quand à l'avenir...


Donc, pour compléter le propos de Jipé, inutile d'écrire un nouvel article sur la TL²Bleau. Il suffit de puiser dans les archives... car il va de soit que cette nouvelle gouvernance a bien été mise en place pour casser ce qui avait été obtenu après les polémiques de 1998 à propos du projet de PN et notamment une commission préfectorale bien plus représentative avec des représentant des usagers (dont les grimpeurs, les randonneurs, les cavaliers...) et des naturalistes.

Ainsi, à propos du schéma de gouvernance nous avions souligné les "limites" dans cet article puis, quelques jours après, dans un nouvel article, poursuivi sur ce sujet !

Comme ce cher Jipé, nous vous avons aussi alerté sur le décalage entre le discours et les actes notamment dans ce billet suite à la coupe rase du 03/07/2013 PF776 signalé par Le Parisien 77 sur indication du professeur Tournafond.

Enfin, en avril 2014 nous étions déjà pessimistes lorsque nous annoncions la préparation du nouveau plan d'aménagement.

Et il y a peu, nous revenions sur le sujet suite à la lecture de la Voix de la forêt, le bulletin des AFF, seul représentant des "USAGERS" dans les Copils dont la position, notamment sur l'abaissement de l'âge d'exploitation des arbres nous avait quelques peu interpellé !

Toutes les réglementations de protection des espèces n’auront aucun effet si on ne traite pas la cause essentielle qu'est la destruction du milieu par la sylviculture. 

La matière bois est essentielle au développement de bon nombre d'espèces mais elle est éliminé de l'écosystème forestier par la sylviculture (un comble !) et le résultat en est la disparition des organismes dont c'est l'unique ressource. Gérer une forêt c'est aussi accepter que des arbres y meurent, tombent au sol et y soit décomposés. Or, à chaque stade de son développement, la forêt est épurée, déstructurée, traitée, parcellisée par espèces et tranche d'âge incompatibles avec le maintien d'une biodiversité. 

Schématiquement, rappelons qu'une forêt naturelle comprend de nombreuses espèces ligneuses, arbustives, herbacées. La strate ligneuse réunit tous les stades de développement de chaque essence depuis la plantule jusqu'à l'arbre mort. La régénération se fait alors par petites places dispersées suivant la chute d'arbres liées à leur vieillissement ou d'accidents climatiques ( tempêtes, sécheresse...). 

En se substituant à la nature, le forestier élimine certaines structures naturelles et les espèces qui en dépendent. Il est bien loin le temps où le forestier imitait la nature et hâtait son oeuvre.

Contrairement à ce que certains peuvent penser, la sylviculture, même raisonnée, est bien loin du processus de régénération naturelle et présente plusieurs différences fondamentales. En voici un exemple :

Dans un milieu naturel comme les réserves biologiques intégrales, les arbres tombés, quelqu'en soit la cause et le nombre, restent sur place et protègent le sol du lessivage. Par ailleurs, l'enchevêtrement des branches et des troncs assure une protection aux semis contre les herbivores, les gelés et offre un couvert maintenant l'humidité. Enfin, le bois rapidement dégradé par les xylophages restitue au sol ses éléments nutritifs.




A l'inverse, lors de la coupe rase, la quasi totalité de la masse ligneuse est évacuée et rien n'est laissé aux nombreuses espèces qui ont pour rôle le recyclage du bois. L'effondrement du nombre d'espèces est spectaculaire. 
En l'absence de protection naturelle, le forestier a recours à des manchons plastics de couleur vive et à l'engrillagement...

La coupe rase vise à remplacer une forêt hétérogène par un peuplement d' une seule classe d’âge et en général d’une seule essence pour des raisons économiques induites par la mécanisation et des notions de productivité... Bref, la futaie régulière est à la forêt, ce que le champ de maïs est à l'agriculture. 


Imaginez que ce champ de planche n'est qu'à quelques dizaines de mètre d'un des plus beaux chênes portés par cette forêt : le Jupiter auquel, par soucis de sécurité, les forestiers ont retiré la ramure

La biodiversité est anéantie au profit d'un boisement dont l'unique objectif est de produire de belles planches. Rien ou presque dans les différents Plans d'Aménagement n'est fait pour inverser la situation. 

Au mieux quelques bouquets de vieillissement sont-ils laissés ici et là mais leur nombre est très insuffisants ! Mais la conservation de trois ou quatre vieux arbres au milieu d'une coupe rase n'offre aucune chance de survie à long terme aux insectes ou oiseaux de cavité car, à la chute de ces arbres, aucun remplaçant ne leur succède sur plusieurs hectares à la ronde. 

Une situation que ne nie pas bon nombre de forestiers sous couvert d'anonymat. 
Mais voilà, leur ministère de tutelle ce n'est pas celui de l'environnement...


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