Faut-il poursuivre la politique française de protection des espaces naturels ?

A la TL2B, nous avons pris position contre le projet de Parc National à Fontainebleau ou celui des Calanques. Nous avons aussi soutenu les ZADistes du Morvan contre le projet de mega-sccierie, évoqué les défenseurs de Calames et bien d'autres combats. Nous nous sommes abstenus de vous parler du désormais tristement célèbre projet de barrage de Sivens et nous ne parlerons pas du projet de parc de loisirs à  Roybon qui détruira 110 ha de zones humides précieuses pour l’alimentation en eau potable de la région sous couvert de création d’emplois, mais l'actualité des Zones à Défendre mérite quand même quelques commentaires d'autant que plusieurs autres projets concernent des sites d'Ile de France où nous sommes implantés. 

Peut-on concilier "préservation de la biodiversité" et "développement économique des territoires" ? Cette question qui anime des débats passionnés pose un autre problème : celui du financement des PN et PNR, dans un fort contexte de réduction du budget de l'Etat !



En effet, et contrairement aux pays comme les Etats-Unis, où de vastes territoires sont restés à l'état sauvage, il ne reste que peu d’endroits de notre pays qui ne soit pas marqué par une forte présence humaine. Une implantation humaine qui a une histoire bien plus longue que celle des ricains et qui a fortement modelé les paysages.

Progressivement, la gouvernance des espaces protégés français a donc du évoluer pour intégrer cette composante humaine et en 2006, par exemple, la Loi sur les Parc Nationaux français était réformée pour en tenir compte. A leur demande, les acteurs locaux ont davantage été associés à la gestion de ces territoires, qui eux-mêmes ont été davantage ouverts sur l'extérieur. Le développement récent des trames vertes et bleues résulte également de cette idée. La loi sur la biodiversité attendue pour le printemps 2015 va elle aussi créer de nouveaux outils de protection. Une prise de conscience se fait jour sur la nécessité de dépasser les mesures de protection limitées à certaines espèces ou zones géographiques. Mais encore faut-il assurer le financement de ce véritable mille-feuilles juridiques qui, en plus, commence à ne plus avoir beaucoup de sens...

Ainsi, les parcs naturels régionaux ont beaucoup évolué depuis leur création, il y a 45 ans. D'abord en nombre. Ils sont aujourd'hui 51 et couvrent plus de 15% du territoire français ce qui constitue la première infrastructure écologique du pays. 

La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a annoncé le 8 décembre avoir signé le décret de création du Parc naturel régional (PNR) des Baronnies provençales. "Au carrefour des influences alpines et méditerranéennes", ce PNR abrite "une faune et une flore d'exception" avec 10 sites Natura 2000, 5 espaces naturels sensibles et des espèces emblématiques telles que le sabot de Vénus, le chou sauvage, la loutre, l'écrevisse à pieds blancs, précise le ministère de l'Ecologie. Ce parc rassemble 86 communes (52 communes de la Drôme et 24 des Hautes-Alpes) pour une superficie totale de 1.560 km². 
Voilà 15 ans que ce territoire faisait l'objet d'une procédure qui, c'est le moins qu'on puisse dire, n'a pas soulevé beaucoup d'enthousiasme ou d'opposition virulente. 

Cette labellisation pose pourtant une nouvelle fois les limites de l'action des gouvernements successifs en matière d'écologie et de respect des populations locales.

En effet, comment a t'on pu imposer ce PNR avec seulement 82 % d'opinions défavorables lors de l'enquête publique, avec 44 communes refusant d'adhérer, avec la plus grande des villes du projet, Montélimar  qui n'a même pas daigné délibérer sur le sujet, avec une charte totalement inapplicable du fait du morcellement  du territoire ou enfin avec l'avis négatif du Conseil National de Protection de la Nature (13 contre 9 pour, 1 abstention) ?

A l'heure où après les combats de Notre-Dame des Landes et le drame de Sivens, les ministres se succèdent devant les médias pour nous vanter les vertus de la démocratie et d'un débat apaisé, une telle décision est tout simplement hallucinante. 



Stéphane Le Foll interrogé sur les oppositions au projet de Roybon fustigeait la radicalisation des ZADistes et le développement de l'eco-terrorisme français. Certes, c'est regrettable, mais que faire quand un gouvernement impose ses desseins envers et contre tous, au nom de l'économie ? Le financement des PNR est assuré par les collectivités territoriales : principalement les régions, suivies par les départements et les communes...autrement dit, avec nos impôts locaux !

Dans le même registre, après l'abandon du projet de PN de Fontainebleau, nos voisins de Champagne et Bourgogne ont hérité du projet de 11ème PN français sur le plateau de Langres. Sans doute croyait - on dans les ministères que les quelques paysans du coin et leurs représentants allaient y adhérer sans se battre ? Raté ! 

Depuis le début des travaux du GIP, le rang de anti-Parc ne cesse de croître ! Ainsi le collectif national des Racines et des Hommes et sa branche locale ne cesse de dénoncer ce projet qui commence à créer de vives tension entre les pros et les antis PN. Mais là encore, la question du financement se pose déjà officiellement...


Les PN et PNR engloutissent des sommes colossales sans pour autant véritablement sauvegarder ces espaces ! Le PN des Calanques en est une illustration criante avec ses décharges, égouts et autres rejets polluants en mer. Ne voudrait-il pas mieux se concentrer sur quelques sites encore préservés  et vraiment exceptionnels, très peu étendus, que poursuivre cette stratégie française visant à couvrir son territoire de PN et PNR  ? 




Enfin, la France se bat pour la protection de ses terres agricoles au nom de la biodiversité. Ce qui peut paraître comme une bonne idée a pourtant eut une conséquence fâcheuse : la destruction des grands parcs et jardins en ville où l'on autorise maintenant à construire pour densifier le tissu urbain comme compensation à la protection des terres agricoles limitrophes aux villes. 

Ainsi, dans quelques années, les vieux arbres des jardins du XIXè siècle auront tous disparus et avec eux bon nombres d'espèces liées les unes aux autres, du coléoptère aux oiseaux en passant par les petits mammifères. Mais y aura t'il seulement des agriculteurs pour s'occuper des terres ? 


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