Sécurisation au 95.2, les pins morts ont été abattus

Voilà plusieurs années que nous regardions les pins de la place du bas du 95,2 mourir sous l'action combinée de la sécheresse et des insectes xylophages. Mais certains pins morts présentaient aussi un risque important de chute ce qui, dans un site si fréquenté, posait un véritable problème de sécurité. L'info remontée à l'ONF a visiblement été traitée puisque une bonne part de ces arbres sont maintenant au sol. Voici quelques précisions et interrogations...

Les scolytes sont de petits insectes xylophages (qui mange du bois donc) de l'ordre des coléoptères. Ils constituent une grande famille d'insectes dits « ravageurs », les scolytidés(Scolytidae). Ils pondent sous l'écorce des arbres. Les larves se nourrissent ensuite de la sève ce qui peut mener à la mort de l'arbre. Certaines espèces de scolyte  sont attirées par les hormones de stress (phytohormones) émises par des arbres malades ou déshydratés, les autres le sont par l'odeur du bois mort et parcourent de longues distances (plusieurs centaines de kilomètres si nécessaire) pour trouver de tels arbres .

Un arbre en bonne santé dispose normalement d'une batterie de molécules naturellement insecticides, bactéricides et fongicides et de défenses physiques (lignine dure, capacité à immobiliser, engluer et noyer dans la sève ou de la résine tout insecte s'introduisant ou se développant dans la partie superficielle de son tronc). Ce n'est plus le cas chez un arbre fendu, blessé ou déshydraté.

Des successions de canicules ou d'étés chauds et secs suivant des hivers anormalement doux semblent avoir favorisé  des pullulations de défoliateurs et de scolytes, que les monocultures de résineux semblent aussi favoriser.

La monoculture intensive favorise aussi, au stade de forêt mature, le pompage maximal de l'eau du sol par des arbres dont les racines prospectent toutes à peu près la même hauteur de sol (alors que dans une forêt biodiversifiée et où les arbres sont d'âges différents, toutes les couches du sol seraient prospectées). Cette configuration provoque la déshydratation de massifs entiers, et installe une situation très favorable aux invasions, alors que la forêt jardinée, hétérogène et mélangée, gérée en bouquets (méthode prosilva), les limite.


L'écorçage des grumes abattues, ou des arbres tombés après une tempête, permet d'éviter que des scolytes ne s'y installent et y pondent, leurs larves ne pouvant en effet vivre et grandir que sous l'écorce d'arbres fraîchement abattus ou tombés. Les adultes issus de ces larves pourront alors ensuite s'attaquer à des arbres proches et assez affaiblis pour y être vulnérables. En écorçant les grumes après abattage ou suite à une tempête, on évite ou au moins on limite le développement des populations de scolytes.

Au 95,2 où l'attaque semblait terminée, les troncs des pins étaient sujets au pourrissement sur pied et au creusement à leur base par différents prédateurs d'insectes. Après la chute de quelques individus, il a été demandé à l'ONF de sécuriser les lieux et notamment la place centrale autour de l'arrivée du circuit rouge.


Voilà qui est fait depuis quelques semaines comme en témoignent les photos de Greg.





Mais un peu plus loin en remontant vers le sommet du pignon, il semble que le travail soit à poursuivre car de nombreux pins y compris jeune ont été eux aussi victimes du coléoptère !


A quelques mètres des pins abattus, juste sous la place du 30 blanc...


Par ailleurs, en l'absence d'information de l'ONF sur ces travaux, nous nous étonnons que les grumes soient conservées sur place et en l'état. 

Outre le risque d'incendie que renforce cet entreposage de combustible, n'y a t'il pas là un maintien du risque de propagation des scolytes aux autres pins du site ? 
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1 commentaire :

  1. Tu t'es bien documenté ! Quelques petites précisions si je peux me permettre. Deux cas de figure concernant ce ravageur des peuplements résineux : il peut être soit un parasite secondaire (qui "achève" un arbre en état de faiblesse) soit un ravageur primaire (qui s'attaque à des arbres sains et vigoureux) en cas de pullulation de la population comme cela c'est vu dans les Landes suite à la tempête de 2009 (reproduction sur les bois bord de route puis sur les arbres faibles encore sur pied et enfin sur les arbres sains). Il y a une énorme différence dans la capacité de résistance d'une essence à l'autre. Celle ci varie en fonction de sa capacité de cicatrisation par la production de résine (ex : le cèdre de l'atlas n'est presque pas infecté car il produit énormément de résine à l'inverse du pin taeda qui se laisse "bouffé"). En ce qui concerne la monoculture, les peuplement résineux qui ne comporte qu'un essence sont effectivement beaucoup plus sensible. Mais cela semble plutôt lié au fait que la capacité de vol de l'insecte qui n'excède à priori pas plus de quelques centaines de mètre avant que celui-ci ne décède ne soit plus un "obstacle à sa reproduction ... Enfin il existe différent type de scolyte, si la plupart son inféodé au peuplement résineux, d'autre sont les vecteurs des maladies sur des essences feuillus, c'est notamment le cas de la graphiose de l'orme. Voilà, en espérant avoir "un peu" éclairer ce bon article ! Gaëtan

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