Menaces sur la sylviculture dans le PNR du Morvan



Contrairement à ce que beaucoup pensent, la grimpe dans le Morvan ne se limite pas à la falaise dite de Vieux-Chateau, et le rocher n'est pas toujours granitique. Evidemment, ce n'est pas le Verdon et pour ce qui est des gros dévers ou des voies super longues faudra pousser un peu plus loin ! Mais le Morvan c'est surtout des sites tranquilles, plantés au milieu des forêts, au bord de lacs ou de rivières... Bref, un cadre super sympa offrant du granite au nord (Avallon, Dun, Vieux-Chateau, Charras, Lormes,...) à des choses plus étranges comme la rhyolite (roche volcanique que l'on peut observer à Montreuillon), ou encore des gneiss, migmatites ou quartzites (roches de Velée). Le Morvan, c'est aussi un superbe PNR couvert de forêts qui regorgent d'espèces menacées et protégées.

En effe, le coin est couvert par environ 50 % de forêts dont environ 50% de feuillus (peuplement d’origine) et l'autre moitié de résineux  implantés pour la sylviculture industrielle à partir des années 70, (dont 2/3 de Douglas) Alors, on ne va pas refaire le procès de la filière bois et vous reparler de l'enrésinnement comme on l'a fait pour Bleau il y a 30 à 40 ans mais juste vous proposer de soutenir le combat de quelques hommes et femmes pour sauver leur forêt !

Si l'industrie du bois est une très belle filière, elle nécessite une réflexion et une gestion sur le long terme. Est-ce pour satisfaire aux exigences politiques et économiques dont nous avons parlé à quelques reprises en 2011, mais les grandes coupes rases ont mis à mal la capacité de production du Morvan à moyen terme ?
En 2011, des études prévoyaient, avec la prise en compte des récoltes plus précoces (âge moyen 40 ans), un pic de production maximum de 1,2 millions de m3 /an sous écorce dès 2020 et une régression continue ensuite. À partir de 2020, l’exploitation industrielle de la forêt conduit à une baisse de la ressource pour aller vers un trou de production de 30 à 40 ans… D'ici là, le Morvan et ses paysages aura bien changé : économiquement, écologiquement... Bon, c'est pas très réjouissant...




Et voilà que depuis 2010, comme si cela n'était pas suffisant, c'est aux portes du PNR que certains souhaitent l'installation d'un drôle de projet  baptisé ERSCIA.
Le projet Erscia est une méga scierie dotée d’un incinérateur autorisée à bruler 75% de déchets de bois non assimilables à de la biomasse.
D’une puissance thermique de 53,4 MWth et électrique de 12 MWél, qui sera alimentée par du bois naturel (connexes de scieries, bois forestiers résineux et feuillus) et du bois en fin de vie.

En 2011, ERSCIA France a reçu par arrêté ministériel l’autorisation d’exploiter une centrale de production Par ailleurs, cinq procédures d’autorisations soumises à enquête publique ont été menées positivement : 1. L’autorisation d’Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE), qui permet d’encadrer et de contrôler l’impact sur l’environnement, délivrée à l’industriel 2. Le permis d’aménager délivré à l’aménageur 3. Le permis de construire délivré à l’industriel 4. Le permis de défricher délivré à l’aménageur 5. L’autorisation d’exploiter au regard de la loi sur l’Eau qui assure que le fonctionnement de l’entreprise ne remet pas en cause la qualité et la quantité de l’eau.

Mais à quoi cela sert il ?


Elle produira un biocombustible sous forme de granulés en bois. Ces pellets seront ensuite vendus comme matière première dans d’autres centrales de production d’électricité, ou pour contribuer à l’alimentation du bois énergie pour des chaufferies collectives ou pour des particuliers utilisant ce système de chauffage en développement. La production du site de Sardy atteindra 250 000 tonnes de granulés bois (la plus importante sur le territoire français). Le PNR a impulsé depuis longtemps une stratégie locale de valorisation énergétique de la biomasse forestière, privilégiant les circuits courts, via de petites chaufferies collectives (200KW) alimentées par des plaquettes forestières. La filière bois bûche est par ailleurs exportatrice vers d'autres régions.
Mais les chiffres, de la plaquette de présentation cela donne le vertige :
Scierie, grumes entrantes : 300 000 m³/an de capacité, 500 000 m³/an à partir de 2020 • 167 000 m³/an de sciages produits (281.500 m³/an à partir de 2020)
• Chambres de séchage : 100 000 m³/an de capacité totale (3 chambres)
• Unité de cogénération : 53,4 MWth de puissance calorifique installée
• Production d’électricité : 12 MWél de puissance installée
• Pellets en bois : 250.000 tonnes/an
• Efficacité énergétique : environ 90 %
• Investissement : 148 millions d’euros Hors Taxes
• Création d’emplois : 120 directs et environ 250 indirects
• Superficie 61 hectares pour le site d’ERSCIA France
• et 110 hectares pour l’ensemble du site
• Mise en service du site d’ERSCIA France : automne 2014

Vous devez vous en douter, un tel projet, ne peut que susciter de vives réactions ! Nous pensons, comme beaucoup de locaux, que l
a ressource en bois n’est pas compatible avec les ambitions d’Erscia. Son implantation est prévue pour traiter près de 1 900 m3 par jour, l'équivalent de la coupe quotidienne de 3 hectares, (en moyenne une parcelle de Fontainebleau par jour !) soit l’équivalent de 4 terrains de football toutes les 24 heures ! Et pour faire quoi ? Des granulés pour chaudières ! Ce n'est pas notre vision d'une industrie du bois responsable !

Compte tenu de ce que nous avons écrit en introduction sur l'état des forêts du Morvan, et après relecture de la plaquette du projet, il va falloir allimenter cette super scierie par du bois prélevé ailleurs dans un rayon de 300 km ! Cela représente quelques camions par jours !

Bref, de telles installations conduisent inévitablement l’ensemble de la forêt bourguignonne et française à une industrialisation massive de la sylviculture avec tous les désagréments que l'on peut imaginer en terme de biodiversité, pollution, changement de paysage...

Nous n'évoquerons pas les polémiques politico-économiques locales. Peu nous importe. C'est pour la forêt que nous nous battons et soutenons celles et ceux qui résistent et occupent le terrain comme à Notre Dame des Landes !

Parmi eux, deux collectifs qui en plus d'occuper le terrain, ont lancé une pétition (près de 50 000 signatures) déposée ce matin et porté l'action en justice. Ils écrivent :
"La justice nous donne raison
Pour la 3e fois, l’arrêté de destruction d’habitat d’espèces protégées est suspendu par le tribunal administratif de Dijon suite au recours déposé par maître Blanchecotte à la demande du collectif de Marcilly et des associations Loire Vivante et de Decavipec. Les arguments utilisés par la préfète et les élus porteurs du projet pour lancer les travaux n’ont pas trompés le juge. Le tribunal conforte une nouvelle fois notre point de vue.
Depuis le début, ce dossier est déni de démocratie, ce dernier épisode montre l’acharnement des porteurs du projet contre les habitants et les associations qui se battent du coté du droit et de la justice.
Rappel des faits :
·  2 octobre : 2e suspension et respect de l’engagement du préfet Matalon de ne pas écrire de 3e arrêté
·  17 octobre : pourvoi de Nièvre aménagement rejeté par le Conseil d’état
·  14 janvier : par un artifice que nous n’expliquons pas, les porteurs du projet réussissent à faire glisser une petite phrase sur l’intérêt public majeur dans le nouvel avis, toujours négatif demandé au CNPN (conseil National de Protection de la Nature) alors que ce point ne relève pas de sa compétence.
·  4 février, la préfète Kirry dans le même temps retire le 2e arrêté, en publie un 3e (daté du 31 janvier), autorisant Nièvre aménagement à défricher une parcelle du bois, ce qui est fait dans l’instant. Elle vend le coup de force aux médias en prétextant que « l’intérêt public majeur est reconnu par le CNPN » ...
Le juge du tribunal administratif ne s’y est pas laissé prendre et motive sa décision en réaffirmant le « doute sérieux » sur les « raisons impératives d’intérêt public majeur ».

Pour en savoir plus :

ZAD (Zone A Défendre) du bois du Tronçay
Pétition en ligne Non à l’incinérateur-scierie de Sardy à l’attention des élus locaux et du préfet de la Nièvre
ZAD (Zone A Défendre) du bois du Tronçay




Association pour
le Développement
dans le Respect
de l'Environnement
en Territoire Morvan

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La Zone à Défendre en images
Site Adret Morvan
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Centrales électriques au bois en Questions & Brèves
Pour vous faire une idée, voici les liens vers les articles écrits par Le journal du Centre sur cette affaire ! 
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