L'écotrail de Paris : au coeur de la course

On vous annonçait l'écotrail de Paris et nous avons profité de l'inscription de notre reporter Robert Courtiau,  pour lui demander de nous raconter sa course... Engagé sur la plus longue distance, les 80 km, nous voulions connaître sa vision de trailer professionnel et engagé. "Pro", c'est certain car Robert à déjà 25 ans de compétition derrière lui. "Engagé", nos fidèles lecteurs le savent bien, car Robert est l'animateur du meilleur site consacré au célèbre circuit rouge dit des "25 bosses" dans les Trois Pignons. C'est sans doute celui qui peut le mieux vous guider sur les 25 bosses (amateur ou professionnel) en vous faisant partager ses connaissances du site et de la course tout en portant une attention particulière à la sauvegarde du site... S'il a aimé l'écotrail, on pourra vous assurer que les organisateurs auront respecté leurs engagement !



Samedi 16 mars 2013, 10h30, en regardant à travers les vitres du RER qui nous mène à la base de loisirs de Saint Quentin-en-Yvelines, je m’imagine que la journée qui s’annonce, ne va pas être de tout repos  en regardant les zones encore enneigées dans cette partie Ouest de la Région Parisienne. L’ambiance est festive dans les wagons du métro bondés de gens bizarrement vêtus et qui transportent presque tous, de petits sacs à dos bardés de tuyaux ou de bouteilles étranges. L’heure est encore à la plaisanterie et à la franche rigolade.

Quelques heures plus tard, toute cette foule se déverse par centaines sur l’aire de départ et la tension se fait désormais ressentir. Il faut dire qu’il y a de quoi car en effet tous ces sportifs et sportives de tout âge qu’on appelle « Trailers » se préparent pour une course de 80 km et pour un dénivelé positif cumulé de 1500 m qui doit les emmener à travers bois et forêt jusqu’au pied de la Tour Eiffel. Combien verront la Dame de Fer après ce long périple ?!



Le départ est donné aux environs de midi et les 2 000 concurrents s’élancent dans la bonne humeur pour 6 heures de course pour les meilleurs et pour quelques heures de plus pour le plus grand nombre d’entre nous. Et oui en effet, je fais partie de cette race de coureurs et j’ai décidé de coacher mon ami Bruno B. et de l’accompagner le plus loin possible car une mauvaise blessure récurrente au genou m’empêche de courir normalement. De surcroit, cette course n’est pour moi qu’un Trail d’entrainement qui devrait me mener à  mon objectif principal  de 2013, à savoir l’UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc – 168 km – 9600 m de dénivelé positif).

Le rythme est plutôt cool et les sensations sont plutôt bonnes, la température est parfaite et la pluie n’est annoncée que pour le début de soirée. La première partie est assez plate et le peloton s’étire sur plusieurs kilomètres de long. Petit à petit, en abordant les zones forestières, les chemins s’élèvent et les difficultés s’annoncent importantes d’autant plus que la fatigue commence à s’accumuler surtout avec toute cette boue qui jalonne et ruisselle sur les sentiers détrempés. Dans les côtes, la marche active est de rigueur et il n’est plus question de courir du moins pour la majorité d’entre nous. Les points de ravitaillement sont attendus avec impatience et quand ils arrivent,  la joie se lit sur les visages fatigués des Trailers. Quartiers d’orange, morceaux de banane, fruits secs, carrés de chocolat, gâteaux, eau, coca cola et soupe chaude préparée aux petits soins par de nombreux bénévoles tous chaleureux (merci à eux), sont pris d’assaut par les coureurs hagards et affamés. Mais il ne faut pas trainer et il est hors de question de s’attabler car sur ce type d’épreuve des barrières horaires peuvent vous empêcher de relier la ligne d’arrivée.

47 km de parcouru  et maintenant une petite pluie froide  a décidé de participer à la fête. Il ne faut surtout pas se refroidir… et pourtant mon ami Bruno B. a besoin d’un peu plus de temps au poste de ravitaillement pour s’étirer et se ravitailler. De mon côté, j’ai absolument besoin de repartir car il est hors de question de laisser mon genou qui me fait de plus en plus souffrir, plus de 2 à 3 minutes sans activité.  J’ai donc décidé de poursuivre mon chemin seul et de courir à mon rythme  tout en essayant de gérer la douleur sur les 30 derniers kilomètres. La lampe frontale vissée sur le front, je reprends la course en évacuant les idées négatives de mon esprit. Sur ce type de course et par expérience (25 ans de compétition), je sais que le mental est beaucoup plus important que le physique, il faut toujours en cas de « moins bien », essayer de visualiser des images positives (à chacun son truc) sinon c’est l’abandon assuré… Les 15 derniers kilomètres sont un véritable calvaire, le genou n’en fait qu’à sa tête, il refuse de coopérer et pour apaiser la douleur, il m’oblige régulièrement à marcher tout en regardant la Tour Eiffel illuminée qui scintille comme un arbre de Noël.

Il est 22 heures, je franchis la ligne d’arrivée sur l’esplanade de la Tour Eiffel. Sur les éditions précédentes, l’arrivée se faisait au premier étage et bien évidemment il fallait monter par l’escalier mais cette année des travaux en cours nous empêchent d’y accéder. Dommage, c’était tout de même plus Fun une arrivée au 1er étage ! J’aurais mis 10h00mn24s et mon ami Bruno B. est arrivé 40 minutes après moi…
Bravo à tous les Finishers et à tous les autres…
Merci à tous les bénévoles et à l’organisation.

De Saint Quentin-en-Yvelines à  la Tour Eiffel : Base de loisirs de Saint Quentin-en-Yvelines, Domaine de St Philippe, Observatoire de Meudon, Domaine national de Saint Cloud, Forêts Domaniales de Versailles, Chaville, Meudon, L'ile Saint Germain, la Tour Eiffel, autant de lieux exceptionnels que nous avons découvert dans le cadre de cette expérience unique d'un véritable Trail en milieu urbain empruntant à plus de 90% des sentiers.

L’engagement  de l’organisation pour le respect de la nature est concret et c’est pour cela que l’organisation nous a  invités à prendre les transports en commun (ticket gratuit) et elle a souhaité mettre en place une charte éthique que nous devions signer et respecter afin de démontrer s'il en était besoin que course de masse peut très bien rimer avec course « propre ».

Malgré tout, j’ai constaté sur le parcours quelques déchets laissés par des concurrents indélicats. Le développement durable au cœur de l'événement : l’organisation a pris l'engagement auprès de l'office national des forêts de les aider à réhabiliter le site de leur choix en prélevant 7500 euros sur les droits d'inscriptions de la course.

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